Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 8

  • De la férie

    Dans le martyrologe de ce jour on lit notamment :

    A Madaure, en Afrique, saint Namphamon martyr, et ses compagnons, qu'il encouragea au combat et conduisit au triomphe.

    Madaure est aujourd’hui Mdaourouche, et il n’y a plus que quelques ruines. A l’époque de saint Augustin c’était une ville, où vivait notamment un philosophe païen du nom de Maxime. Dans une lettre à saint Augustin (XVI), il expliquait :

    Quand la Grèce nous conte que le mont Olympe est la demeure des dieux, on n'est pas obligé de l'en croire. Mais nous voyons et nous croyons que la place publique de notre ville est habitée par des divinités bienfaisantes. Qui serait assez insensé, assez dépourvu d'esprit pour nier l'existence d'un Dieu unique, d'un Dieu sans commencement et sans lignée, père puissant et magnifique de tous ? Nous adorons sous des noms différents ses perfections répandues dans le monde qui est son ouvrage, car son nom véritable nous est inconnu, à tous tant que nous sommes ; car Dieu est un nom commun à toutes les religions; et tandis que la diversité de nos prières s'adresse en quelque sorte à chacun de ses membres en particulier, il semble que notre adoration le comprend tout entier.

    Mais je ne vous cacherai pas qu’il est de grandes erreurs que je ne saurais supporter. Comment tolérer qu'on préfère un Mygdon à Jupiter qui lance le tonnerre, une Sanaë à Junon, à Minerve, à Vénus, à Vesta, et l'Archimartyr Namphamon (ô crime !) à tous les dieux immortels ? Parmi ces nouveaux et étranges personnages, Lucitas n'est pas en petit bonheur. Que d'autres dont on ne pourrait pas dire le nombre, et qui, portant des noms en horreur aux dieux et aux hommes, chargés de crimes et voulant en ajouter encore sur leurs têtes, ont trouvé une mort digne de leur vie avec les apparences d'une mort glorieuse ! Des fous, si tant est qu'on daigne le rappeler, visitent leurs tombeaux, en délaissant les temples, en négligeant les mânes de leurs ancêtres : ainsi s'accomplit le vers prophétique du poète indigné : « Rome, invoquant Dieu dans ses temples, a juré par des ombres. » Et quant à moi, il me semble retrouver cette bataille d'Actium où les monstres d'Égypte osaient lancer contre les dieux des Romains des traits peu redoutables. (…)

    Saint Augustin lui répondit (lettre XVII) :

    Faisons-nous quelque chose de sérieux ou bien voulons-nous nous amuser ? Votre lettre, soit par la faiblesse même de la cause qu'elle soutient, soit par les habitudes d'un esprit enclin au badinage, me fait douter si vous avez voulu rire ou chercher sincèrement la vérité. Vous avez commencé par comparer le mont Olympe à votre place publique, je ne sais pourquoi, à moins que ce ne soit pour me rappeler que Jupiter établit jadis son camp sur cette montagne, quand il était en guerre avec son père, comme l'enseigne cette histoire que les vôtres même appellent une histoire sacrée ; et pour me rappeler aussi qu'il y a sur votre place publique deux statues, l'une de Mars, tout nu, l'autre de Mars armé, dont le génie, ennemi des citoyens, est conjuré par une statue d'homme qui avance trois doigts vers les deux funestes images. Croirai-je jamais que vous m'ayez fait ressouvenir de cette place et de pareilles divinités autrement que pour vous moquer ? Quant à ce que vous dites de ces divinités qui seraient comme les membres d'un seul grand dieu, je vous avertis, puisque vous le permettez, qu'il faut se garder de ces plaisanteries sacrilèges. Ce Dieu unique sur lequel les savants et les ignorants s'accordent, comme l'ont dit les anciens, aura-t-il pour membres des divinités dont l'image d'un homme mort arrête la férocité, ou, si vous aimez mieux, la puissance ? Je pourrais dire ici bien des choses ; vous voyez vous-même combien cet endroit de votre lettre prête au blâme ; mais je me retiens, de peur d'avoir l'air de donner plus à la rhétorique qu'à la vérité.

    Et ces gracieuses railleries adressées à notre religion, à l'occasion de certains noms puniques portés par des hommes qui maintenant sont morts, dois-je les relever ou les passer sous silence ? Si ces choses paraissent à votre gravité aussi légères qu'elles le sont, je n'ai pas assez de loisir pour en rire avec vous. Si, au contraire, elles vous semblent sérieuses, je m'étonne que, occupé comme vous l'êtes de la bizarrerie des noms, vous n'ayez pas songé que vous avez des Eucaddires parmi vos prêtres, et des Abbadires parmi vos divinités. Vous y songiez certainement quand vous m'avez écrit, et vous avez voulu me le remettre en mémoire avec l'aimable enjouement de votre esprit, afin de donner quelque relâche à la pensée en l'égayant aux dépens de tout ce qu'il y a de risible dans votre superstition. Vous avez pu vous oublier vous-même jusqu'à attaquer les noms puniques, vous, homme d'Afrique écrivant à des Africains, et lorsque l'un et l'autre nous sommes en Afrique. Si on recherche le sens de ces noms, on trouvera que Namphamon signifie un homme qui vient d'un bon pied, c'est-à-dire dont la venue apporte quelque chose d'heureux : c'est ainsi que nous avons coutume de dire en latin qu'un homme est entré d'un pied favorable lorsque son entrée a été suivie de quelque bonheur. Si vous condamnez le punique, il faut nier ce qui est dit par de très-savants hommes, que les livres puniques renferment beaucoup de bonnes choses dont on se souvient ; il faut regretter d'être né ici au berceau de cette langue. S'il n'est pas raisonnable que le son du mot nous déplaise et si vous reconnaissez que j'en ai bien marqué le sens, fâchez-vous contre votre Virgile qui invite en ces termes votre Hercule au sacrifice offert par Evandre : « Sois-nous propice, viens avec nous et vers tes autels d'un pied favorable. »

    Il souhaite qu'Hercule vienne d'un pied favorable, comme Namphamon, au sujet duquel vous croyez devoir nous insulter. Pourtant, si vous aimez à rire, vous avez chez vous ample matière de facétie: le dieu Sterculius, la déesse Cloacine, la Vénus chauve, la déesse de la peur, la déesse de la pâleur, la déesse de la fièvre et une foule d'autres de cette sorte que les anciens Romains ont honorés par des temples et des sacrifices ; si vous ne les tenez pas tous en estime, vous manquez aux dieux de Rome ; vous passerez pour n'être pas initié aux mystères des Romains, et cependant vous méprisez et vous dédaignez les noms puniques, comme si vous étiez dévoué aux autels des divinités romaines. (…)

  • La messe de Stonewall

    20240628150640_26265fcca36f749471f140357c2d21b601982f4b7e8a0f4c52edfdb592c30737.jpeg

    20240628150648_b84c71c0d2812e74a5d33753e0ec1e0579ff85957c8223c4690f1ca7c69865ca.jpg

    C’était le 27 juin, dans le haut-lieu LGBT de Stonewall, à New York (près des fameuses statues d’un couple d’homme et d’un couple de femmes grandeur nature). L’officiant est le père Eric Andrews, président des Pères paulistes de 2014 à 2022, toujours pasteur de l’église mère des paulistes à New York.

    Il célèbre sur un autel formé de trois caisses en plastique, orné d’une étole LGBT et avec le drapeau LGBT comme antependium.

    L'année dernière, l'église Saint-Paul avait accueilli une exposition blasphématoire intitulée "Dieu est trans : Un voyage spirituel queer". A la suite des réactions, l'archidiocèse avait demandé que soit supprimée la mention "Dieu est trans"...

  • Thank you, Sir

    Le Times a publié une pétition signée par diverses personnalités britanniques demandant à Rome de ne pas interdire la messe traditionnelle.

    Un coup d’œil à la liste des signataires montre que les musiciens classiques (tous prestigieux) sont prépondérants. Si l’on y ajoute que la pétition s’accompagne d’un article de Sir James MacMillan qui lui ressemble beaucoup, il paraît clair que l’on doit cette initiative à celui qui est le plus grand compositeur britannique actuel.

    Voici le texte de la pétition et ses signataires. En dehors des musiciens, on remarque la présence de Sir Nicholas Coleridge, ancien président du Victoria and Albert Museum et prochain recteur de l’Eton College, Lord Stirrup, maréchal de la Royal Air Force et ancien chef d'état-major de la Défense, Michael Gove, ancien ministre et membre actuel du Conseil privé du roi, Rory Stewart, ancien diplomate, ancien précepteur de l'actuel prince de Galles et actuel membre du Conseil privé du roi, la princesse Michael de Kent, l’historien Tom Holland, ou… l’ex-femme de Mick Jagger.

    Le 6 juillet 1971, le Times a publié un appel au pape Paul VI en faveur de la messe en latin, signé par des artistes et des écrivains catholiques et non catholiques, dont Agatha Christie, Graham Greene et Yehudi Menuhin. Cette lettre est connue sous le nom de "lettre Agatha Christie", car c'est son nom qui aurait incité le pape à délivrer un indult, ou autorisation, pour la célébration de la messe en latin en Angleterre et au Pays de Galles. La lettre affirmait que "le rite en question, dans son magnifique texte latin, a également inspiré des réalisations inestimables... de poètes, de philosophes, de musiciens, d'architectes, de peintres et de sculpteurs dans tous les pays et à toutes les époques. Il appartient donc à la culture universelle".

    Récemment, des informations inquiétantes en provenance de Rome ont annoncé que la messe en latin allait être bannie de presque toutes les églises catholiques. C'est une perspective douloureuse et déroutante, en particulier pour le nombre croissant de jeunes catholiques dont la foi a été nourrie par cette messe. La liturgie traditionnelle est une "cathédrale" de textes et de gestes, qui s'est développée comme ces vénérables édifices au fil des siècles. Tout le monde n'apprécie pas sa valeur et c'est très bien ainsi ; mais la détruire semble être un acte inutile et insensible dans un monde où l'histoire peut trop facilement se perdre dans l'oubli.

    La capacité de l'ancien rite à encourager le silence et la contemplation est un trésor qu'il n'est pas facile de reproduire et qui, une fois disparu, est impossible à reconstruire. Cet appel, comme le précédent, est "entièrement œcuménique et apolitique". Les signataires comprennent des catholiques et des non-catholiques, des croyants et des non-croyants. Nous implorons le Saint-Siège de reconsidérer toute nouvelle restriction d'accès à ce magnifique patrimoine spirituel et culturel.

    Capture d’écran 2024-07-03 à 16.23.58.png

    Le texte de l’article de James MacMillan est réservé aux abonnés. Il commence ainsi :

    Il existe peu d'expériences plus poignantes que d'assister à la messe latine traditionnelle - une célébration religieuse dont le mélange de solennité et d'intimité laisse une impression profonde sur les non-catholiques comme sur les catholiques.

    Il poursuit en rappelant l’influence de cette liturgie sur l’art occidental, puis raconte l’épisode de l’« Indult Agatha Christie », puis l’initiative de Benoît XVI.

    En 2021, cependant, Rome a effectivement banni la messe latine traditionnelle de la vie paroissiale. Cette décision a été un coup dur pour les catholiques de la génération Z qui ont trouvé leur foyer spirituel dans l'ancienne liturgie. Ils sont déconcertés par la nouvelle hostilité à laquelle ils sont confrontés - mais il semble maintenant que le pire soit à venir. Selon certaines sources, le Vatican envisage d'interdire presque totalement la "messe des temps anciens", comme on l'appelle.

    Le fait que des fonctionnaires du Vatican se livrent à cet autoritarisme mesquin et philistin à l'encontre de leurs propres coreligionnaires est choquant pour un public non catholique. (…)

    De son côté, La Croix a publié un bref article citant des sources vaticanes selon lesquelles ce sont des « rumeurs infondées », du « bavardage », des « fantaisies ». La rumeur aurait également été démentie par Andrea Grillo, le fanatique gourou laïque de la néo-liturgie.

    Ou bien la rumeur était effectivement infondée, ce qui paraît difficile à croire. Ou bien c’était un ballon d’essai pour voir la réaction, mais c’est encore moins crédible, puisque les réactions ne pouvaient être que celles que l’on a vues. Ou bien il y a des tensions au Vatican entre ceux qui veulent en finir une fois pour toutes et ceux qui craignent un désastre. Ou bien l’oukase va tomber comme prévu.

    On verra bien…

    En attendant, merci à Sir James MacMillan, membre du comité de parrainage de la Latin Mass Society, mais lui-même pratiquant du nouveau rite dans le couvent dominicain où il est tertiaire ainsi que sa femme.

    (NB. En anglais, l'expression "latin mass" désigne la messe traditionnelle.)

  • Saint Irénée

    irenaeus.jpg

    Le Christ était auprès du Père, car il est la Parole du Père. Il devait se faire chair, se faire homme, supporter d'entrer dans l'histoire humaine, naître d'une Vierge et vivre avec les êtres humains. C'est le Père de toutes choses qui agira pour que le Fils devienne un homme. Tout cela, Isaïe l'a dit avec ces mots : C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la Vierge sera enceinte et elle mettra au monde un fils, et vous l'appellerez Emmanuel. Il mangera du beurre et du miel. Il ne connaîtra ni le bien ni le mal et déjà il choisira le bien. Car, avant que l'enfant ne connaisse le bien ou le mal, il repoussera le mal et choisira le bien (Isaïe 7, 14-16).

    Par là, le prophète fait connaître que le Christ naîtra de la Vierge. Il annonce qu'il sera vraiment homme. En effet, il dit qu'il mangera, qu'il sera un enfant et que même un nom lui sera donné. C'est la coutume de donner un nom à quelqu'un qui vient d'être mis au monde. Or, il aura deux noms : Messie, c'est-à-dire Christ, et Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Ces deux noms signifient ce que le Seigneur sera et fera. D'une part, en effet, l'enfant est appelé Christ parce que, par lui, le Père a consacré et rendu belles toutes choses. C'est aussi parce que, lors de sa venue comme homme, il a été consacré par l'Esprit de Dieu son Père. Cela, il le dit lui-même à son sujet par la bouche d'Isaïe : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a consacré pour porter la bonne nouvelle aux pauvres (Isaïe 51, 1; Luc 4, 18). D'autre part, il est appelé Sauveur pour deux raisons : il a été cause de salut pour ceux qui, en son temps, ont été sauvés par lui de toutes sortes de maladies et de la mort. Et aussi il donnera le salut à venir et sans fin à ceux qui, par la suite, croiront en lui.

    Voilà pourquoi il est Sauveur. Quant au nom d'Emmanuel, il se traduit Dieu avec nous. Mais on peut y voir aussi un souhait exprimé par le prophète : Que Dieu soit avec vous. Ce nom est l'explication de la bonne nouvelle. En effet, il est dit : La Vierge sera enceinte et mettra au monde un Fils. Oui, celui qui est Dieu est destiné à être avec nous. Le prophète est plein d'étonnement devant cette chose, et il annonce ce qui va arriver, c'est-à-dire que Dieu sera avec nous. Le même prophète dit encore au sujet de la naissance du Fils de Dieu, à un autre endroit : Avant que celle qui est dans les douleurs ne mette au monde son enfant, un fils s'est échappé de son ventre (Isaïe 66, 7). Le Prophète annonce par là sa naissance inattendue du ventre d'une Vierge.

    Exposé de la prédication des apôtres, 53-54

  • La Visitation

    Shevelkina_Image_2.jpeg

    Dionisius, monastère de Ferapontov (1500).

    Les deux kondakia des vêpres byzantines du 25 juin, par Dimitrios Fakinos. Le premier dans la version de Konstantinos Pringos, le second dans la version de Petros Lampadarios.

    Ἡ Ἐλισάβετ συνέλαβε τὸν Πρόδρομον τῆς χάριτος, ἡ δὲ Παρθένος τὸν Κύριον τῆς δόξης. Ἠσπάσαντο ἀλλήλας αἱ μητέρες, καὶ τὸ βρέφος ἐσκίρτησεν· ἔνδοθεν γὰρ ὁ δοῦλος ᾔνει τὸν Δεσπότην, θαυμάσασα ἡ μήτηρ τοῦ Προδρόμου, ἤρξατο βοᾶν· Πόθεν μοι τοῦτο, ἵνα ἡ Μήτηρ τοῦ Κυρίου μου ἔλθῃ πρὸς με; ἵνα σώσῃ λαὸν ἀπεγνωσμένον· Ὁ ἔχων τὸ μέγα ἔλεος δόξα σοι.

    Elisabeth a conçu le Précurseur de la grâce de Dieu, la Vierge, le Seigneur de gloire, le Christ. Les mères s'embrassent et l'enfant a tressailli ; dans les entrailles, le serviteur acclame son Seigneur ; et, dans sa surprise, la mère du Précurseur demande : Comment m'est-il donné que la Mère de mon Maître vienne jusqu'à moi ? Le Seigneur sauve son peuple du désespoir. Trésor de miséricorde, gloire à toi.

    Βλέπε τὴν Ἐλισάβετ, πρὸς τὴν Παρθένον Μαριὰμ διαλεγομένην. Τὶ παραγέγονας πρὸς με, ἡ Μήτηρ τοῦ Κυρίου μου; σὺ βασιλέα βαστάζεις, κἀγὼ στρατιώτην, σὺ τόν νομοδότην, κἀγὼ τὸν νομοθέτην, σὺ τὸν λόγον, κἀγὼ τὴν φωνήν, τὴν κηρυξασαν τὴν βασιλείαν τῶν οὐρανῶν.

    Voici les paroles qu'Elisabeth adressait à la Vierge Marie : Pourquoi viens-tu vers moi, toi la Mère de mon Seigneur ? Tu portes le Roi et moi, le messager ; tu portes l'Auteur de la Loi et moi, celui qui en fixe l'application ; tu portes le Verbe et moi, je porte la voix qui annonce le royaume des cieux.

  • Le Très Précieux Sang

    Veux-tu apprendre la vertu du sang du Christ ? Remontons à ce qui l’a figuré et rappelons-nous sa première image, en puisant aux récits de l’Écriture ancienne. C’était en Égypte, Dieu menaçait les Égyptiens d’une dixième plaie, il avait résolu de faire périr leurs premiers-nés, parce qu’ils retenaient son peuple premier-né. Mais afin que le peuple juif qu’il aimait ne risquât pas d’être frappé avec eux (car ils habitaient tous un même pays), le Seigneur lui indiqua un remède qui devait servir au discernement des Israélites et des Gentils. C’est un exemple admirable et propre à vous faire véritablement connaître la vertu du sang de Jésus-Christ. Les effets de la colère divine étaient attendus, et le messager de la mort allait de maison en maison. Que fait donc Moïse ? « Tuez, dit-il, un agneau d’un an, et de son sang, marquez vos portes. » Que dis-tu, Moïse ? Le sang d’un agneau peut-il donc préserver l’homme doué de raison ? Certainement, nous répond-il ; non parce que c’est du sang, mais parce que le sang du Seigneur y est représenté. Comme les statues des rois, inertes et muettes, protègent d’ordinaire les hommes doués d’une âme et de raison qui se réfugient près d’elles, non parce qu’elles sont d’airain, mais parce qu’elles sont l’image du prince ; ainsi ce sang privé de raison délivra des hommes ayant une âme, non parce que c’était du sang, mais parce qu’il annonçait pour l’avenir le sang du Christ. Et alors l’Ange destructeur, en voyant les portes teintes, passa plus loin et n’osa pas entrer.

    Si donc aujourd’hui, au lieu de voir des portes teintes du sang d’un agneau figuratif, l’ennemi voit les lèvres des fidèles, portes des temples de Jésus-Christ, reluire du sang de l’Agneau véritable, cet ennemi s’éloignera bien plus. Car si l’Ange se retira devant la figure, à combien plus forte raison l’ennemi sera-t-il saisi de frayeur s’il aperçoit la réalité elle-même ?

    Voulez-vous sonder encore une autre vertu de ce sang ? Je le veux bien. Voyez d’où il s’est d’abord répandu, et de quelle source il est sorti. C’est de la croix même qu’il commença à couler ; le côté du Seigneur fut sa source. Car, est-il dit, Jésus étant mort et encore suspendu à la croix, un soldat s’approche, lui frappe le côté avec sa lance, et il en sort de l’eau et du sang : l’une, symbole du baptême ; l’autre, du Sacrement. C’est pourquoi l’Évangile ne dit pas : Il en sortit du sang et de l’eau, mais de l’eau d’abord, et puis du sang ; parce que nous sommes d’abord lavés dans l’eau baptismale, et consacrés ensuite par le très saint Mystère. Un soldat ouvre le côté, il fait une ouverture dans la muraille du temple saint. Et moi j’ai trouvé un trésor précieux, et je me félicite de découvrir de grandes richesses.

    Ainsi a-t-il été fait de cet Agneau. Les Juifs ont tué l’Agneau, et moi j’ai connu le fruit du Sacrement. Du côté coulèrent le sang et l’eau. Je ne veux pas, mon auditeur, passer si rapidement sur les secrets d’un si grand mystère, car il me reste encore à vous dire des choses mystiques et profondes. J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des Mystères. D’eux, en effet, a été fondée l’Église, par la régénération du bain et la rénovation du Saint-Esprit : je dis par le baptême et les Mystères, qui paraissent être sortis du côté. De son côté donc le Christ a édifié l’Église, comme du côté d’Adam fut tirée Ève, son épouse. Saint Paul atteste aussi cette origine, lorsqu’il dit : « Nous sommes les membres de son corps, formés de ses os », faisant allusion au côté du Christ. Oui, ainsi que Dieu fit la femme du côté d’Adam, de même le Christ nous donna de son côté l’eau et le sang, destinés à l’Église comme éléments réparateurs.

    Saint Jean Chrysostome, leçons des matines (homélie aux néophytes).

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    C’est après que cette femme qui figurait l’Église, eut été guérie d’un flux de sang ; c’est après que les Apôtres eurent été choisis pour prêcher l’Évangile du royaume de Dieu, que Jésus-Christ distribua l’aliment de la grâce céleste. Et remarquez à qui il le dispense : ce n’est point à ceux qui demeurent oisifs, à ceux qui restent dans la ville, c’est-à-dire à ceux qui s’attardent dans la synagogue ou se complaisent dans les honneurs du siècle ; mais c’est à ceux qui, pour chercher le Christ, pénètrent jusqu’au désert. Ceux qui surmontent toute répugnance, ceux-là sont accueillis par le Christ, c’est avec eux que le Verbe de Dieu s’entretient, non des affaires de ce monde, mais du royaume de Dieu. Et si parmi eux il en est qui soient affligés de quelque infirmité corporelle, il leur accorde d’abord le bienfait de la guérison.

    Il était naturel qu’il tint en réserve un aliment spirituel, pour faire cesser le jeûne de ceux dont il venait de guérir les blessures. Personne donc ne reçoit la nourriture du Christ, s’il n’a d’abord été guéri, et tous ceux qui sont appelés au banquet, sont auparavant guéris par l’appel divin. Celui qui était boiteux a reçu, pour venir, la faculté de marcher ; celui qui était privé de la vue n’a pu entrer dans la maison du Seigneur, qu’après que la lumière lui a été rendue.

    C’est donc un ordre mystérieux toujours observé : d’abord la rémission des péchés guérit les blessures spirituelles, ensuite la céleste nourriture est accordée avec largesse. Et cependant, cette foule n’est pas encore appelée à se nourrir des aliments les plus substantiels : ces cœurs, vides d’une foi solide, ne sont pas restaurés par le corps et le sang du Christ. « Je ne vous ai donné que du lait, dit l’Apôtre, vous ne pouviez encore supporter autre chose, et d’ailleurs vous en êtes encore incapables ». Ici, les cinq pains rappellent le lait : la nourriture plus substantielle, c’est le corps du Christ ; le breuvage plus fortifiant, c’est le sang du Seigneur.

    Saint Ambroise, leçons des matines.

    L'introït

    Le graduel

    L'alléluia

    L'offertoire

    La communion

  • Saints Pierre et Paul

    Благочестия истинныя проповедники и Церкве пресветлыя звезды песньми похвальными почтим, Петра, каменя веры, и Павла, истиннаго учителя и таинника Христова. Сии бо истинное слово всеявше в сердца верных, всем плодоносие дарующа, и молят Христа Бога спастися душам нашим.

    Honorons par des chants de louange les vrais prédicateurs et glorieuses étoiles de l'Église : Pierre, le rocher de la foi, et Paul, le vrai maître et ministre des mystères du Christ. Car ils ont inculqué au cœur des fidèles la vraie parole, féconde pour tous, et ils prient le Christ Dieu pour le salut de nos âmes.

    Stichère des matines des saints Pierre et Paul, en 2019, en l’église du Réfectoire de la laure supérieure des Grottes de Kiev, aujourd’hui interdite aux moines et aux fidèles.

  • Vigile des saints Pierre et Paul

    Quoique le Missel actuel assigne à la vigile des saints Pierre et Paul une unique messe, nous savons toutefois, par le Lectionnaire de Würzbourg et par Alcuin, qu’au VIIIe siècle, à Rome, on célébrait cette nuit deux synaxes distinctes, l’une au Vatican, l’autre sur la voie d’Ostie.

    Mais quand, vers le temps d’Hadrien Ier, on fit à Rome un travail de simplification de l’antique liturgie, on confia volontiers la célébration de la messe vigiliale de saint Paul aux moines chargés des divins offices dans la splendide basilique de l’Apôtre, et les manuscrits se bornèrent à reproduire le texte de celle qui se célébrait au Vatican, et à laquelle effectivement intervenait le peuple. Telle est la situation représentée par le Gélasien, par le Grégorien et par le Comes de Würzbourg, dont dépend notre Missel actuel.

    Les chants de la messe se rapportent de préférence à saint Pierre, mais les collectes sont communes aux deux Apôtres, car les Romains tenaient à ne jamais séparer leur souvenir, Pierre et Paul étant comparés, même en Orient, aux deux yeux qui resplendissent sur le visage virginal de l’Église.

    Bienheureux cardinal Schuster

    L’introït

    La communion

    « Le Comes de Würzbourg, dont dépend notre Missel actuel », est daté du milieu du VIIIe siècle. (Une fois encore, la liturgie latine traditionnelle n'est pas "tridentine".)

    comes-romanus-wirziburgensis-akademische-druck-u-verlagsanstalt-adeva-m-p-th-f-62-universitaetsbibliothek-wuerzburg-germany_csm_001950_01_69cd14a64d-53ed135ffa.jpg

  • De la férie

    Gisant_de_saint_Jean_de_Chinon.jpg

    Ce jour, le martyrologe romain, qui commence par saint Crescent, disciple de saint Paul qui le fit évêque des Galates, se termine ainsi :

    In castro Cainóne, in Gállia, sancti Joánnis, Presbyteri et Confessóris.

    Dans la place forte de Chinon, en France, saint Jean, prêtre et confesseur.

    Venu de Grande-Bretagne, il se fit ermite dans une grotte près de Chinon (ce n’est pas ça qui manque…) où il vécut une trentaine d’années. Vers 530 il eut la visite de sainte Radegonde. Au XIIe siècle on y aménagea une chapelle dédiée à sainte Radegonde. Détruite par les protestants, elle fut restaurée au XVIIe siècle, et au XIXe siècle on donna à l’ermite un tombeau digne de sa réputation.

    On raconte que saint Jean avait un beau laurier. Quand il mourut un homme des environs s’installa dans sa grotte et pour changer le manche de sa hache abattit le laurier, qui était vieux et en mauvais état. Mais saint Jean apparut à l’homme et lui reprocha vivement d’avoir détruit cet arbre qui égayait ses journées. L’homme enterra le bois du laurier à son emplacement initial, et en quelques jours il repoussa plus beau qu’il n’avait été…

    9bc975e343a90096aefbd328e6532824-chinon-chapelle-ste-radegonde-grand-angle-interieur-claire-en-dos-ville-de-chinon-fabienne-bouerroux-2030-800x900.jpg

    autel.jpeg

    Chasse_royale,_fresque_de_la_chapelle_Sainte-Radegonde.JPG