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Liturgie - Page 7

  • Saint Jean Gualbert

    La mission de Jean Gualbert fut surtout dirigée contre la simonie en Toscane, et l’épisode le plus caractéristique de cette mission fut de démontrer que l’évêque Pierre de Florence avait acheté l’épiscopat ; dans ce but, il ordonna à son disciple, nommé Pierre lui aussi, de soutenir l’épreuve du feu. L’appel au jugement de Dieu fut accepté ; Pierre revêtit les ornements sacrés, célébra la messe et, ayant obtenu la bénédiction de son abbé, pénétra courageusement dans l’étroit et long chemin bordé et couvert par deux haies de fagots en feu. Il l’avait déjà traversé presque jusqu’au fond quand il s’aperçut qu’il avait perdu sa mappula que, selon l’ancien usage, il tenait à la main, au lieu de la porter attachée à son bras. Sans se troubler, Pierre retourna dans la fournaise, ramassa son manipule et, sorti sain et sauf par l’autre côté du bûcher, fut salué du nom d’Igné par le peuple joyeux. Cette scène est décrite par l’abbé du Mont-Cassin Didier (qui devint Victor III) dans son troisième livre des Miracles ; à cette époque Pierre était encore en vie et siégeait même sur le trône épiscopal d’Albano.

    Saint Jean Gualbert mourut en 1073 et fut canonisé par Célestin III en 1193. Rome chrétienne lui a élevé un insigne oratoire dans le titulus Praxedis, depuis de nombreux siècles déjà confié aux soins des moines de Vallombreuse.

    La messe est du commun des abbés. Seule la lecture évangélique (Matth., V, 43-48) est propre, et elle contient une allusion au pieux événement survenu dans la basilique de San Miniato à Florence, et qui décida de la conversion de saint Jean Gualbert.

    En ces temps de cruelles luttes civiles, un de ses proches parents avait été tué, et un jour Jean, entouré d’une bonne escorte de compagnons armés, rencontra l’homicide. Celui-ci se vit perdu, il tomba à genoux à ses pieds, et, étendant les bras en croix, demanda son pardon par la vertu de ce signe de leur commun salut. Jean, attendri, lui fit grâce de la vie et l’embrassa ; entré ensuite dans l’église de San Miniato, il vit l’image du Crucifix qui, en signe d’agrément, inclina par trois fois la tête vers lui. Cette vision touchante acheva le travail de la grâce commencé dans son cœur puisqu’il avait pardonné à son ennemi. Jean ne voulut plus s’éloigner de cet asile de miséricorde et de paix. Ayant donc enlevé son épée de chevalier, il se coupa lui-même les cheveux et revêtit le froc monastique.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • De la férie

    On fait mémoire du pape Pie Ier. Chez les bénédictins c’est la « Saint Benoît d’été ».

    « Sur le territoire de Sens, saint Sidroine martyr », nous dit aussi le martyrologe romain. En latin : Sidronius. Mais en Bourgogne il est devenu « Cydroine », pour faire plus chic. On voit une belle église romane sur le lieu de son martyre, avec un clocher octogonal. C’est l’église Saint-Cydroine de (Laroche-)Saint-Cydroine. Dans le chœur trône une peinture du martyre de ce citoyen de Sens, de la fin du XVIIe siècle, qui jure quelque peu avec le reste…

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    « Une petite fontaine surmontée d'une croix existe encore aujourd'hui, devenue lieu de pèlerinage des brodeuses ; les jeunes filles plongeaient des aiguilles dans l'eau ; si celles-ci surnageaient, elles savaient qu'elles auraient une chance de se marier dans l'année. » (Nominis)

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  • Les 7 frères martyrs

    Nuremberg_chronicles_-_Felicitas_with_her_Seven_Sons_(CXIIIIr).jpgFélicité, la mère des sept frères martyrs (sous Marc-Aurèle), était célébrée le 23 novembre, avant d’être supplantée par saint Clément. Elle est en fait très présente dans la messe des sept frères, messe propre très ancienne. Le bréviaire donne à lire le début de l’homélie de saint Grégoire pour la fête de sainte Félicité, le 23 novembre 590. Je l’ai cité notamment ici. Voici la suite. Pour la fin on se reportera au texte complet. (Illustration : Chronique de Nuremberg, 1493.)

    Quand l’épreuve de la persécution s’abattit sur elle, elle fortifia par ses exhortations le cœur de ses fils dans l’amour de la patrie céleste, et elle fit naître par l’esprit ceux qu’elle avait enfantés par la chair : par la parole, elle enfanta pour Dieu ceux que, par la chair, elle avait enfantés pour le monde. Considérez, frères très chers, ce cœur d’homme dans un corps de femme. Devant la mort, elle se tint debout sans effroi. Elle craignit de faire perdre la lumière de vérité à ses fils si elle les gardait vivants.

    Appellerai-je donc cette femme une martyre ? Mais elle est plus qu’une martyre. Le Seigneur a dit de même, en parlant de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. » (Mt 11, 9). Et Jean lui-même, ayant été interrogé, a répondu : « Je ne suis pas un prophète. » (Jn 1, 21). Se sachant plus qu’un prophète, il niait en être un. Si le Seigneur dit que Jean est plus qu’un prophète, c’est que le rôle d’un prophète est seulement d’annoncer l’avenir, non de le faire voir. Jean est ainsi plus qu’un prophète, parce qu’il montre du doigt celui qu’il a annoncé par sa parole. Quant à cette femme, je ne l’appellerai donc pas une martyre, mais plus qu’une martyre, puisque morte sept fois avant sa propre mort, par chacun des sept gages d’amour qu’elle envoya la précéder dans le Royaume, elle vint la première au supplice, mais n’y parvint que la huitième. La mère vit la mort de ses fils avec une grande souffrance, mais sans effroi ; elle mêla la joie de l’espérance à la douleur de la nature. Elle craignit pour eux durant leur vie, elle se réjouit pour eux au moment de leur mort. Elle souhaita n’en laisser aucun après elle, de crainte qu’à se conserver l’un d’eux comme survivant, elle ne pût le conserver comme compagnon.

    Que nul d’entre vous, frères très chers, n’aille se figurer qu’à la mort de ses fils, le cœur de cette mère n’ait pas vibré de tendresse naturelle. Ses fils, qu’elle savait être sa propre chair, elle ne pouvait sans douleur les voir mourir, mais elle avait au-dedans d’elle un amour assez fort pour surmonter la douleur de la chair. Dans le même sens, le Seigneur dit à Pierre, qui aurait un jour à souffrir : « Lorsque tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et il te conduira où tu ne voudras pas. » (Jn 21, 18). Si Pierre s’était entièrement refusé à le vouloir, il n’aurait pas pu souffrir pour le Christ ; mais le martyre, que par faiblesse de la chair il ne voulait pas, il l’aima par la force de l’esprit. Tout en éprouvant en sa chair une vive crainte de marcher au supplice, il exulta en son esprit d’avancer vers la gloire, et il arriva ainsi que le tourment du martyre, qu’il ne voulait pas, il le voulut quand même. Nous aussi, lorsque nous cherchons à retrouver la joie d’une bonne santé, nous prenons une potion médicinale très amère. Dans cette potion, l’amertume nous déplaît, bien sûr, mais la santé que nous rend cette amertume nous plaît. Félicité aima donc ses fils comme le veut la nature, mais pour l’amour de la patrie céleste, elle voulut que ceux qu’elle aimait mourussent, et même en sa présence. C’est elle qui ressentit leurs blessures, mais c’est elle aussi qui se grandit en la personne des fils qui la précédaient au Royaume. Oui, cette femme mérite que je dise qu’elle est plus qu’une martyre, car dans son ardeur, elle est morte en chacun de ses fils, et obtenant ainsi de multiplier son martyre, elle a emporté une palme qui dépasse celle des martyrs.

    A ce qu’on raconte, il était d’usage chez les anciens que les consuls exercent la charge de leur fonction pendant un temps déterminé. Mais si l’un d’eux était reconduit à l’honneur du consulat, devenu consul, non plus pour la première fois, mais pour la deuxième ou même la troisième fois, il surpassait en louange et en dignité ceux qui ne l’avaient été qu’une fois. Ainsi, la bienheureuse Félicité a dépassé les martyrs, puisqu’elle a donné et redonné sa vie pour le Christ par tant de fils morts avant elle. Se contenter de mourir elle-même était loin de suffire à son amour.

  • A Tikhvine

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    Dans le calendrier liturgique de l’Eglise orthodoxe russe c’est aujourd’hui la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Tikhvine. La divine liturgie patriarcale a donc eu lieu au monastère de Tikhvine. Avec le superbe chœur des moines, qui chante notamment pendant la communion du clergé (à 1h23) une magistrale version d'Agni Parthene en slavon (la traduction fut réalisée par les moines de Valaam).

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    C'est mardi, un jour de semaine...

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    *

    Il se trouve que ma dernière acquisition est une icône de la Mère de Dieu de Tikhvine, modestement de facture "populaire"...

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  • De la férie

    Le martyrologe romain de ce jour commence ainsi :

    Romæ ad Guttam júgiter manéntem, natális sanctórum Mártyrum Zenónis et aliórum decem míllium ac ducentórum trium.

    A Rome, au lieu-dit la "Goutte-qui-coule-toujours", l'anniversaire de saint Zénon et de dix mille deux cent trois autres martyrs.

    Dioclétien avait fait rechercher dans ses légions tous les soldats accusés d’être chrétiens et refusant d’apostasier. Il s’en trouva 10.203, dit-on, dont le tribun Zénon. Ils furent condamnés à construire des thermes gigantesques. Lorsque les travaux furent terminés, l'empereur les fit conduire aux Eaux Salviennes où ils furent exterminés.

    Les fidèles recueillirent leurs restes auprès d'une fontaine qui porta dès lors le nom de Goutte qui coule toujours : « Gutta jugiter manans », et on bâtit au-dessus une église dédiée à la Sainte Vierge, et qui s'appela ensuite Santa Maria scala cœli, Sainte Marie échelle du ciel. Le nom de l’église évoque une vision qu’eut saint Bernard en célébrant une messe de Requiem dans cette église. Elle est aujourd’hui le lieu de culte des orthodoxes roumains.

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  • Sainte Elisabeth de Portugal

    *

    Après sainte Elisabeth, le martyrologe romain indique :

    In Asia minóre sanctórum Aquilæ et Priscíllæ uxóris, de quibus in Actibus Apostolórum scríbitur.

    En Asie Mineure, les saints Aquila et Priscille son épouse, dont il est parlé aux Actes des Apôtres.

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    Les noms d’Aquilas et de Priscille sont latins, mais l’homme et la femme qui les portent étaient d’origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l’Anatolie septentrionale, qui s’ouvre sur la Mer Noire – dans la Turquie actuelle –, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une Juive venant de Rome (cf. Ac 18, 2). C’est en tout cas de Rome qu’ils étaient arrivés à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50 : c’est là qu’il s’associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage domestique, et il fut même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l’empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l’Urbs. L’historien romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu’il avait expulsé les Juifs car « ils provoquaient des tumultes en raison d’un certains Crestus » (cf. « Les vies des douze César, Claude », 25). On voit qu’il ne connaissait pas bien le nom – au lieu du Christ, il écrit « Crestus » – et qu’il n’avait qu’une idée très confuse de ce qui s’était passé. Quoi qu’il en soit, des discordes régnaient à l’intérieur de la communauté juive autour de la question si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l’empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avaient déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu’ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu’un qui partageait non seulement cette foi avec eux – que Jésus est le Christ – mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l’accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.

    Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du Juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, « Priscille et Aquilas l’entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d’exactitude la Voie de Dieu » (Ac 18, 26). Quand à Ephèse, l’Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d’« Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l’Eglise qui se rassemble chez eux » (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l’Eglise primitive : accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l’Eucharistie. C’est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec ekklesìa – le mot latin est ecclesia, le mot français « église » – qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d’Aquilas et de Priscille, se réunit donc l’Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. (…)

    De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l’Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut : « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus : pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c’est le cas de toutes les Eglises de la gentilité : saluez aussi l’Eglise qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5). Quel éloge extraordinaire des deux conjoints dans ces paroles ! Et c’est l’apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux, deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d’avoir risqué leur vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d’un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23 : 1 Co 15, 32 : 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu’à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l’expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d’action a été vaste, ainsi, en tous cas, que leur influence en faveur de l’Evangile.

    La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même si le problème de son identification avec une autre Priscille martyre, demeure. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l’Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d’une femme, qui a été certainement une personne active et d’une grande valeur dans l’histoire du christianisme romain. Une chose est certaine : à la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s’unir la nôtre, car c’est grâce à la foi et à l’engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d’époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas grandir uniquement grâce aux Apôtres qui l’annonçaient. Pour qu’il puisse s’enraciner dans la terre du peuple, se développer de façon vivante, l’engagement de ces familles, de ces époux, de cette communauté chrétienne, et de fidèles laïcs qui ont offert l’« humus » à la croissance de la foi, était nécessaire. Et c’est toujours et seulement ainsi que grandit l’Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l’action des époux chrétiens est importante. Lorsqu’ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l’Eglise et dans l’Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s’élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu’une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi. (…)

    Benoît XVI

  • 7e dimanche après la Pentecôte

    L’Introït donne souvent l’impression générale du jour. Aujourd’hui, c’est une impression pascale. Le Christ, le Roi glorifié, trône au-dessus de nous. La raison de la joie pascale, c’est la vie divine. Le psaume 46 dans son entier expose cette raison. Dieu a vaincu en nous l’ennemi de notre âme, il nous a choisis pour son héritage. Notre seul souci, notre seul désir doit être d’écarter l’ennemi de notre âme.

    Oraison : Les enfants de Dieu demandent à leur Père, dont la Providence sage veille sur eux, de leur donner les moyens convenables pour arriver à la véritable vie...

    Maintenant, notre docteur se présente de nouveau devant nous et, dans l’Épître (Rom. 6, 19-23), nous fait jeter un regard sur le passé pour nous rappeler tout notre bonheur et aussi la grande tâche qui s’impose à nous. Saint Paul nous présente dans une puissante antithèse deux images : l’esclave du péché et l’esclave de Dieu. Autrefois, avant notre conversion, nous étions soumis à la tyrannie du péché et nous mettions toutes nos forces à son service. Maintenant, nous servons Dieu et nous devons mettre notre âme, notre corps et notre vie à son service. C’est là la véritable liberté. Le fruit d’une telle vie, c’est la sainteté, et sa fin est la béatitude éternelle. « Mais maintenant que vous êtes délivrés du péché, vous avez comme fruit la sainteté, et comme fin la vie éternelle ». Ce sont là des paroles que le monde entier devrait méditer.

    Au Graduel, c’est notre Mère l’Église qui veut nous enseigner cet esclavage de Dieu, le « fruit du Seigneur ». Par là nous deviendrons des « hommes de lumière ». L’Alléluia, lui aussi, est un chant joyeux de Pâques.

    Le disciple nous a parlé des fruits de la vie au service du péché et de la vie au service de Dieu. Nous entendons maintenant le même enseignement de la bouche du Maître. L’Évangile est un extrait du Sermon sur la montagne. Jésus y parle des tentateurs (faux-prophètes) et nous indique à quels signes nous les reconnaîtrons : leurs œuvres. Que veut nous dire l’Église ? Elle nous enseigne à distinguer la véritable vie chrétienne de la fausse. On reconnaît l’arbre à ses fruits ; de même on reconnaît le vrai chrétien non pas à ses paroles pieuses, mais à la manière dont il accomplit la volonté de Dieu. L’Évangile nous propose un sérieux examen de conscience : Gardons-nous de l’illusion ; sommes-nous un bon arbre avec de bons fruits ?

    L’Offertoire et la Secrète sont aujourd’hui d’importantes prières sacrificielles, qui empruntent leurs images aux rites de l’Ancien Testament et nous rappellent de nouveau la supériorité de la messe. Le fruit du Saint-Sacrifice est, aujourd’hui, la force et la grâce d’accomplir la volonté de Dieu, d’être un esclave de Dieu, un bon arbre.

    Dom Pius Parsch

  • De la sainte Vierge le samedi

    Non excédit fidem, quod homo exívit de vírgine, quando petra fontem prófluum scaturívit, ferrum super aquas natávit, ambulávit homo super aquas. Ergo, si hóminem unda portávit, non pótuit hóminem virgo generáre? At quem hóminem? De quo légimus: Et mittet illis Dóminus hóminem, qui salvos fáciet eos, et notus erit Dóminus Ægýptiis. In véteri ítaque Testaménto virgo Hebræórum per mare duxit exércitum: in novo Testaménto Virgo, géneris aula cæléstis, elécta est ad salútem.

    Qu’un homme soit né d’une vierge, cela ne dépasse pas notre foi. Une pierre n’a-t-elle pas fait jaillir une source d’eau vive, un fer n’a-t-il pas flotté sur les eaux, et un homme n’a-t-il pas marché sur les flots ? Si l’eau a porté un homme, une vierge n’aurait-elle pu donner le jour à un homme, et à un homme dont nous lisons : « Il leur enverra un sauveur un défenseur qui les délivrera. Le Seigneur se fera connaître aux Égyptiens » ? Ainsi, dans l’ancien Testament, une vierge a conduit l’armée des Hébreux à travers les flots de la mer ; dans le Nouveau, une vierge, demeure royale d’un enfant céleste, fut élue pour l’œuvre du salut.

    Lettre de saint Ambroise au pape Sirice, leçon des matines.

    *

    Dans le calendrier de l’Eglise orthodoxe russe c’est aujourd’hui l’une des trois fêtes de l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir, celle qui commémore le miracle de 1521, quand elle sauva Moscou de Mahmet Guireï, khan de Crimée, venu avec une armée de 100.000 hommes.

    Днесь светло красуется славнейший град Москва,/ яко зарю солнечную, восприемши, Владычице,/ чудотворную Твою икону,/ к нейже ныне мы притекающе и молящеся Тебе, взываем сице:/ о пречудная Владычице Богородице!/ Молися из Тебе воплощенному Христу Богу нашему,/ да избавит град сей и вся грады и страны христианския/ невредимы от всех навет вражиих// и спасет души наша, яко Милосерд.

    En ce jour rayonne l’illustre cité de Moscou, car elle a reçu comme un rayon de soleil, notre Dame, ton icône miraculeuse, vers laquelle nous accourons pour te chanter, suppliants : Admirable Souveraine & Mère de Dieu, prie le Christ qui s’est fait chair en ton sein de protéger ta cité & de garder toute ville & contrée de tout malheur causé par l’ennemi & de sauver nos âmes, en la tendresse de ton cœur.

  • Saint Antoine Marie Zaccaria

    À mes Angéliques et divines Filles dans le Christ (…)
    qui sont aussi filles de saint Paul Apôtre,
    demeurant au Monastère de Saint-Paul Apôtre à Milan.

    Mes très douces et bien chères filles, qui êtes un unique esprit avec moi et mon réconfort, j'éprouve une grande consolation rien qu'à la pensée de pouvoir rencontrer brièvement le groupe si noble et si généreux de mes aimables Filles, ma couronne et ma gloire, au point de susciter la jalousie du divin Paul.

    Mes filles, en effet, n'ont pas moins d'amour pour le Christ que les siennes ni moins de désir de souffrir pour Lui. Elles ne le cèdent pas aux siennes pour le mépris de toute chose et même d'elles-mêmes. Elles n'ont pas moins que les siennes la volonté bien arrêtée d'entraîner le prochain à acquérir le véritable esprit du Christ, méprisé et crucifié. Que dis-je ? Mes filles, non seulement l'une ou l'autre, mais toutes, bannissant toute recherche d'amour-propre et toute consolation intérieure – dont les filles de saint Paul étaient pour la plupart avides – voudraient être des apôtres non seulement pour écarter des âmes l'idolâtrie et les autres gros défauts, mais pour détruire en elles la pire ennemie de Jésus Crucifié, cette peste qui règne aujourd'hui : je parle de « madame » la tiédeur.

    Très chères filles, déployez vos bannières car bientôt le Crucifié va vous envoyer répandre partout la ferveur et l'élan spirituel. Seigneur, je te remercie vivement de m'avoir donné une descendance si généreuse.

    En attendant, mes très chères filles, appliquez-vous à me contenter encore davantage pour qu'à mon arrivée parmi vous je puisse constater que vous avez progressé à l'envi. Je voudrais constater que l'une a acquis une telle fermeté et une ferveur si constante dans la vie spirituelle qu'elle ne soit plus jamais sujette à des variations d'humeur, tantôt pleine d'élan, tantôt n'ayant goût à rien, mais qu'elle soit animée d'une ferveur sainte et stable qui est comme une source d'eau fraîche d'où elle tire une vigueur toujours nouvelle.

    Qu'une autre, ayant reçu le don d'une foi puissante, trouve aisées les choses les plus difficiles, sûre qu'elle ne se laissera pas tenter par la présomption ou la vaine gloire.

    Qu'une troisième apporte toute la perfection possible dans les travaux manuels, même les plus insignifiants, qu'elle y mette avec constance le plus grand soin sans se laisser abattre par la fatigue ou se croire avilie parce qu'il s'agit d'humbles travaux.

    Qu'une autre encore s'oublie complètement elle-même, n'ayant plus en vue que le service du prochain. Qu'elle méprise son propre intérêt, convaincue qu'elle a tout à gagner à ne pas se soucier d'elle-même pourvu qu'elle aide les autres à faire des progrès. Mais qu'elle ne s'écarte pas de la discrétion et de la maturité dans tout ce qu'elle fait.

    Que d'autres enfin s'appliquent, qui à dompter une mélancolie dénuée de fondement, qui à réprimer sa susceptibilité, qui la peur de ne pas faire de progrès, qui à ne pas perdre courage devant la difficulté à se vaincre, qui à triompher de l'entêtement, qui à chasser les distractions, et ainsi de suite, chacune pour ses difficultés personnelles.

    Qu'il me soit donné ainsi de reconnaître que vous avez reçu le Maître de la justice, de la sainteté, de la perfection, je veux dire l'Esprit consolateur qui vous préservera de toute erreur et vous enseignera toute chose. Il ne vous laissera pas céder au découragement car il sera toujours avec vous. Vous n'éprouverez aucun besoin car il pourvoira à tout, vous donnant surtout une continuelle paix du cœur, tout en vous laissant sur la croix humiliante. Il vous fera mener une vie conforme à celle du Christ, à l'exemple des grands Saints. Alors vous pourrez dire, comme osait le dire votre Père : « Imitatores nostri estote, sicut et nos Christi – Soyez nos imitateurs comme nous le sommes du Christ » (1 Co, 4, 15 ; 11, 1).

    Souvenez-vous que l'un et l'autre de nos bienheureux Pères, [l'Apôtre Paul] et fra Battista ont témoigné une telle grandeur d'âme et une telle générosité envers le Crucifié, devant les difficultés et le mépris d'eux-mêmes, un tel désir de conquérir les âmes et de les mener à la perfection que, si nous n'avions pas un désir sans borne de ces choses, nous ne mériterions plus d'être appelés ses Fils et ses Filles mais des bâtardes et des mules.

    Cela, je suis sûr que vous ne le voudrez pas, surtout à cause de votre grand désir d'être à Jésus Christ et de me contenter, moi votre père que vous aimez et qui ne laisse pas passer une heure sans penser à vous avec tendresse, en attendant l'heureux moment de venir vous rejoindre.

    Je vous recommande au Christ Crucifié ainsi qu'à vos dignes supérieurs. Qu'ils ne cessent pas d'avoir bien soin de vous, selon leur habitude, car ils sont désireux de votre perfectionnement.

    Pour ma part, je m'unis à eux dans la prière, comme il convient à un fidèle ministre du Christ. À tout moment, je vous recommande à Lui. Je vous prie de nouveau de leur dire de contenter mon grand désir de vous voir faire des progrès, et que j'en fasse moi aussi.

    Que le Christ réalise cela. Qu'il vous accorde, à toutes, ses bénédictions les plus larges et les plus parfaites pour vous unir à Lui. Amen.

    Ma Mère ainsi que Cornelia et notre cher Battista vous saluent. Un bonjour tout spécial de ma chère Isabella et de Giuditta.

    Encore une fois, que le Seigneur vous bénisse.

    Crémone, le 26 mai 1537.

    Votre Père dans le Christ
    et même votre Esprit dans le Christ
    Antoine-Marie Zaccaria
    Prêtre

  • Un petit tour en Biélorussie

    La divine liturgie retransmise aujourd’hui par TV Soyouz était celle qui a été célébrée à Maryina Gorka, en Biélorussie, ce jour étant celui de la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Maryina Gorka. C’est l’une de ces nombreuses histoires d’icône qui illustrent toutes les régions du monde russe.

    On raconte qu’au début du XIXe un paysan nommé Isidore était très gravement malade. Il vit en songe une belle dame qui venait le guérir. Une fois rétabli, il peignit une icône de la Dame, et il construisit une modeste chapelle pour y mettre son icône. En 1812 la chapelle fut incendiée par les soldats de Napoléon, mais l’icône resta intacte. A l’époque soviétique elle trouva refuge dans l’église de Blon (le village voisin). Peu à peu on oublia son histoire. Au début des années 60, un étudiant du collège agricole et technique de Maryina Gorka, Igor, se rendait secrètement à l’église de Blon et priait devant l’icône. En 2004, alors qu’il était devenu évêque de Pinsk sous le nom d’Etienne, l’ancien étudiant avait été invité à l’anniversaire du collège. Il retourna à l’église de Blon et retrouva l’icône, dont il avait aussi retrouvé l’histoire. Et il fit construire une église, où elle fut transférée en 2010. Et l’église est devenue cocathédrale. C’est l’évêque Ambroise de Borissov et Maryina Gorka qui présidait la liturgie de ce jour, en compagnie d’autres évêques et de nombreux prêtres et diacres. (Avec un mégalynaire - l'hymne à la Vierge après la consécration - particulièrement festif, à 1h38.)

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