Embrassons les genoux de Marie, mes frères, et jetons-nous à ses pieds pour lui adresser nos très humbles prières. Tenons-la, et ne la laissons point aller qu’elle ne nous ait bénis ; car elle est puissante pour nous obtenir de grandes grâces. Marie placée entre Jésus-Christ et l’Eglise est cette toison de Gédéon qui était entre la terre et la rosée du ciel ; elle est cette femme de l’Apocalypse qui fut vue entre le soleil et la lune. Mais peut-être n’admirez-vous pas tant la toison couverte et non mouillée que la femme couverte et non brûlée du soleil. Union bien familière, mais en même temps bien étonnante de la femme avec le soleil. Car comment une nature si fragile peut-elle subsister avec une chaleur si véhémente ? Ce n’est pas sans raison, ô saint Moïse, que vous admirez le buisson qui brûle sans se consumer, et que vous voulez considérer de plus près cette merveille. Mais si vous désirez d’approcher, ôtez les souliers de vos pieds, c’est-à-dire, détachez votre esprit de toutes les pensées et de tous les fantômes de la chair.
Saint Bernard.
La lecture du bréviaire pour les samedis du mois d’octobre est ici dans la traduction du Breviarium benedictinum de 1725. On remarquera (texte latin et traduction plus précise ici) qu’elle ajoute des mots pour rendre le texte plus aisément compréhensible. En revanche « union bien familière » ne permet pas vraiment de comprendre « magna familiaritas » : il s’agit de la « grande intimité » entre Marie et le soleil. D'autre part il est assez curieux de traduire "vestigia", les pas, les traces des pas, par... genoux, d'autant qu'il faut une audace singulière pour embrasser les genoux de la Mère de Dieu...