Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 428

  • Saint Calixte

    On ne savait à peu près rien du pape Calixte 1er, sinon qu’il était le successeur de Zéphyrin, qu’il aménagea les catacombes qui portent son nom, qu'il fut à l'origine de ce qui deviendrait les quatre temps (jeûne le samedi qui précède les moissons, les vendanges, la cueillette des olives), qu’il construisit la basilique Saint-Marie du Transtévère, qu’il fut tué et jeté dans un puits en 222 puis enterré au cimetière de Calépode, que son culte fut fervent à Rome au cours des siècles qui suivirent, et donc qu’il était considéré comme un grand pape.

    Or au milieu du XIXe siècle on découvrit un texte en grec intitulé Philosophumena, ou réfutation des hérésies, qui dans son livre 9 contient un ahurissant pamphlet contre Calixte Ier. L’auteur (sans aucun doute le premier antipape Hippolyte, qui deviendra le martyr saint Hippolyte…) accuse Calixte de diverses hérésies, d’être « un imposteur et un bandit », le chef d’une secte immonde que lui, l’auteur, a chassée de l’Eglise, mais qui continue de faire des ravages…

    Une analyse fouillée de ce que les Philosophumena reprochent à Calixte a permis de retrouver en partie ce qui faisait la grandeur de ce pape, et qui était intolérable pour le rigoriste extrémiste qui avait écrit le pamphlet : Calixte avait notamment établi que les péchés d’adultère et de fornication pouvaient être remis après due pénitence (ce que Tertullien dénonça également), qu’il n’y avait pas à faire accomplir une pénitence publique à ceux qui revenaient de l’hérésie pour les péchés commis hors de l’Eglise, qu’il ne suffisait pas qu’un évêque ait commis un péché mortel pour qu’il soit déposé, que les patriciennes pouvaient se marier avec des esclaves, ce que la loi civile interdisait et que Hippolyte considérait comme une abomination (Calixte établissait ainsi la distinction entre la loi ecclésiastique et la loi civile, et la primauté de la première sur la seconde).

    D’autre part Hippolyte se plaint que Calixte l’accuse de « dithéisme », et affirme que c’est Calixte qui est hérétique, car il aurait inventé une nouvelle forme de sabellianisme (ou modalisme : les « Personnes » de la Trinité ne sont que différents modes du Dieu unique). Mais ce qui est attesté est que dans ses œuvres Hippolyte verse dans le subordinatianisme (le Fils, créé par le Père, est subordonné au Père)… Et, vu le culte dont il jouira, il est plus que probable que Calixte ait professé la doctrine catholique de la Trinité (ce qui n’était d’ailleurs pas évident à l’époque).

  • 21e dimanche après la Pentecôte

    C’est le dimanche de l’offertoire de Job, que j’avais évoqué l’année dernière, dont il ne reste dans les livres actuels que le répons. Voici le texte intégral, avec la traduction de l’Année liturgique. Il faut bien sûr le chanter ou l’entendre chanter (merci au lecteur qui m’a donné ce lien l’an dernier, ainsi que le lien vers le livre Offertoriale qui, p. 122, donne la partition correspondant au chant, légèrement différente de celle que j’avais donnée l’an dernier).

    . Vir erat in terra, nómine Job : simplex et rectus ac timens Deum : quem Satan pétiit ut tentáret : et data est ei potéstas a Dómino in facultátes et in carnem ejus : perdidítque omnem substántiam ipsíus et fílios : carnem quoque ejus gravi úlcere vulnerávit.

    .  1 Utinam appenderéntur peccáta mea, utinam appenderéntur peccáta mea, quibus iram mérui, quibus iram mérui, et calámitas et calámitas et calámitas, quam pátior, hæc grávior apparéret.

    .  2 Quæ est enim, quæ est enim fortitúdo mea, ut sustíneam ?Aut quis finis meus ut patiénter agam ? Aut finis meus, ut patiénter agam ?

    .  3 Numquid fortitúdo lápidum est fortitúdo mea ? aut caro mea ǽnea est? Aut caro mea ǽnea est ?

    .  4 Quóniam, quóniam, quóniam non revertétur óculus meus ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona, ut vídeat bona.

    R/. Il y avait un homme sur la terre, simple et droit, et craignant Dieu, que Satan demanda de tenter ; et puissance lui fut donnée sur ses biens et sur sa chair ; et il fît périr tout ce qui lui appartenait et ses enfants, et il frappa sa chair d’une plaie funeste.

    V/. I. Plût à Dieu que l’on pesât mes péchés, plût à Dieu que l’on pesât mes péchés par lesquels j’ai mérité la colère, par lesquels j’ai mérité la colère, et les maux, et les maux que je souffre : ceux-ci apparaîtraient plus grands !

    V/. II. Car quelle est, car quelle est, car quelle est ma force pour les porter ? ou quand sera ma fin, pour agir en patience ?

    V/. III. Est-ce que ma force est celle des rochers ? ou ma chair est-elle d’airain ? ou ma chair est-elle d’airain ?

    V/. IV. Parce que, parce que, parce que mon œil ne se retrouvera plus à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur.

  • Le bienheureux Charles de Blois

    Chez moi c’est la fête du bienheureux Charles de Blois, qui disputa pendant vingt ans la couronne de Bretagne à Jean de Montfort – et ce fut un épisode de la guerre de cent ans : Blois était soutenu par la France, Montfort par l’Angleterre.

    On dit généralement que le procès en canonisation de Charles de Blois échoua en 1376, mais que saint Pie X, reconnaissant la pérennité de son culte, l’accepta comme bienheureux en 1904.

    En fait, Noële Denis-Boulet a semble-t-il établi que Charles de Blois avait été très régulièrement canonisé par Grégoire XI, le 10 septembre 1376, mais que c’était l’avant-veille du départ du dernier pape d’Avignon pour Rome, et que la bulle de canonisation s’est perdue…

    Ci-après un extrait d’un article anonyme publié sur Infobretagne.

    Au combat de La Roche-Derrien, il avait reçu jusqu'à dix-sept blessures. Epuisé, perdant son sang à flots, il fut fait prison­nier. Ses vainqueurs, émus de compassion, l'avaient étendu sur un matelas. Un Anglais s'en aperçut. Il lui enleva brutalement cette couche et le jeta sur une botte de paille. — Béni soit Dieu ! se contenta de dire le prince.

    « Béni soit Dieu ! » c'était son cri habituel, expression fidèle des sentiments de son cœur. Il expliquait à ses compagnons qu'il était toujours préférable de remercier Dieu ; de cette façon, disait-il, « tout nous reviendra à bien ».

    Guillaume Bérenger, dix-neuvième témoin dans le procès de 1371, affirme qu'il l'a vu malade, pendant environ un mois, au couvent des Frères Mineurs de Dinan. Non seulement il supportait sans la moindre plainte la maladie et la souffrance, mais encore, ayant reçu, pendant ce temps, la nouvelle de plusieurs revers, pertes de villes, incendies de châteaux, surprises de ses ennemis, il ne savait que joindre les mains, lever les yeux au ciel et répéter : — Dieu soit béni en toutes choses ! Il ne souffrait point qu'on attaquât en sa présence le duc de Montfort, son compétiteur. — Il croit défendre ses droits, comme je crois défendre les miens, se contentait-il de dire ; il ne nous appartient pas de le condamner.

    Et il comprenait, dans une commune prière, les âmes des siens tombés dans le combat et les âmes des soldats ennemis. Un jour, pendant sa captivité à Londres, passant près d'un cimetière, il commença le De profundis. Remarquant qu'un de ses compagnons ne s'unissait pas à sa prière, il lui en demanda la raison. —  Je ne puis, répondit celui-ci, prier pour ceux qui ont tué mes parents et mes amis, qui ont brûlé nos maisons, qui nous ont fait tant de mal

    Le pieux duc le reprit sévèrement de son peu de charité, lui rappelant que nous devions pardonner si nous voulions que Dieu nous pardonne un jour.

  • La Maternité de la Très Sainte Vierge Marie

    Pie XI, en 1931, avait introduit cette fête, 1.500 ans après le Concile d'Ephèse, qui avait légitimé pour Marie le titre de Theotókos, Dei Genitrix. Dans ce grand mot de Dei Genitrix, de Theotókos, le Concile d'Ephèse avait résumé toute la doctrine du Christ, de Marie, toute la doctrine de la rédemption. Et il vaut donc la peine de réfléchir un peu, pendant un instant, sur ce dont parle le Concile d'Ephèse, ce dont il parle en ce jour.

    En réalité, Theotókos est un titre audacieux. Une femme est la Mère de Dieu. On pourrait dire: comment est-ce possible? Dieu est éternel, il est le Créateur. Nous sommes des créatures, nous sommes dans le temps: comment une personne humaine pourrait-elle être la Mère de Dieu, de l'Eternel, étant donné que nous sommes tous dans le temps, que nous sommes tous des créatures? L'on comprend donc qu'il existait une forte opposition, en partie, contre ce mot. Les nestoriens disaient: on peut parler de Christotokos, oui, mais pas de Theotókos. Théos, Dieu, est au-delà, au-dessus des événements de l'histoire. Mais le Concile a décidé cela et précisément ainsi, il a mis en lumière l'aventure de Dieu, la grandeur de ce qu'Il a fait pour nous. Dieu n'est pas demeuré en lui: Il est sorti de lui, il s'est tellement uni, de manière si radicale avec cet homme, Jésus, que cet homme Jésus est Dieu, et si nous parlons de Lui, nous pouvons toujours également parler de Dieu. Ce n'est pas seulement un homme qui avait à faire avec Dieu qui est né mais, en Lui, Dieu est né sur la terre. Dieu est sorti de Lui-même. Mais nous pouvons également dire le contraire: Dieu nous a attirés en Lui, de sorte que nous ne sommes plus hors de Dieu, mais que nous sommes en lui, dans l'intimité de Dieu même.

    La philosophie aristotélicienne, nous le savons bien, nous dit qu'entre Dieu et l'homme existe seulement une relation non réciproque. L'homme se réfère à Dieu, mais Dieu, l'Eternel, est en Lui, Il ne change pas: Il ne peut avoir aujourd'hui cette relation et demain une autre. Il demeure en lui, Il n'a pas de relation ad extra. C'est un terme très logique mais qui conduit au désespoir: donc Dieu n'a pas de relation avec moi. Avec l'Incarnation, avec l'événement de la Theotókos, ceci a été modifié de manière radicale parce que Dieu nous a attirés en Lui-même et Dieu en tant que tel est relation, et nous fait participer de sa relation intérieure. Ainsi, nous sommes dans son être Père, Fils et Saint-Esprit, nous sommes à l'intérieur de son être en relation, nous sommes en relation avec Lui et Lui a réellement créé une relation avec nous. En ce moment, Dieu voulait être né d'une femme et être toujours Lui-même: tel est le grand événement. Ainsi, nous pouvons comprendre la profondeur de l'acte du Pape Jean XXIII qui confia l'assemblée conciliaire, synodale, au mystère central, à la Mère de Dieu qui est attirée par le Seigneur en Lui-même et ainsi nous tous avec Elle.

    Benoît XVI, le 11 octobre 2010

  • Saint François de Borgia

    Le P. François, de retour à Rome, ne vécut que deux  jours ; le cardinal Aldobrandini, neveu de Grégoire XIII, tous les autres cardinaux, les ambassadeurs des souverains vinrent d'abord lui rendre visite, mais il leur demanda de  lui laisser le temps de regarder la mort. Il la savait inévitable, et comme elle venait de la part de Dieu, il l'accueillait avec calme et avec joie : c'était la fin qu'il avait tant désirée, le but qu'il avait poursuivi; tranquillement et pieusement, il reçut les derniers sacrements, puis il adressa aux Pères de la Compagnie réunis autour de son lit une suprême  exhortation : il leur demanda pardon de toutes les fautes qu'il avait commises, disait-il, dans le gouvernement de l'ordre et du scandale qu'il avait pu leur donner. Ces religieux le prièrent de désigner son successeur. « J'ai, leur répondit-il, à rendre compte à Dieu d'assez  d'autres choses pour ne pas me charger encore de celle-là. »

    Enfin il pria tout le monde de s'éloigner de son lit, pour  qu'il pût rester seul un moment avec Dieu. Son âme détachée des choses terrestres s'éleva alors tout naturellement jusqu'au souverain bonheur qu'elle allait posséder pendant l'éternité; il fut visiblement ravi en extase pendant plusieurs heures ; vers le soir, il s'agita un peu et l'on crut entendre des plaintes; un de ses religieux lui  demanda s'il ne voulait rien et s'il n'avait besoin de rien. « Je ne veux que Jésus, répondit-il, je n'ai besoin  que de Jésus! »

    Un de ses frères, don Thomas de Borgia, qui se trouvait  à Rome, au cours d'un voyage, restait tout en pleurs à son chevet. Saint François, l'apercevant, le consola doucement. « Je pars de ce monde, lui dit-il avec beaucoup de joie. La Bonté divine m'a fait connaître que mon sort n'est  point à plaindre et ceux qui m'aiment véritablement ne doivent point pleurer ma mort. » Puis il prédit à son frère toute la suite de sa vie. « Je vous recommande de tout mon cœur d'être un fidèle ministre du Seigneur et de donner tous vos soins au gouvernement de l'Église qu'il veut vous confier. Il ne  vous a conservé la vie qu'afin que vous l'employiez à la conduite d'un grand diocèse ; c'est à vous de correspondre  à une si sainte vocation. » Don Thomas le supplia de lui accorder sa bénédiction et de la donner également à ses autres frères ainsi qu'à ses fils et à ses petits-fils. « Je le ferai volontiers, répondit-il, mais nommez-les-moi tous l'un après l'autre. » Saint François, à chaque nom, demandait à Dieu les  grâces qu'il croyait le plus utiles à la personne qu'on lui  désignait et chargeait don Thomas de lui porter ses suprêmes avis. Ensuite il nomma de lui-même ses anciens domestiques auxquels don Thomas n'avait pas pensé et les recommanda à son frère.

    Enfin, épuisé par celte conversation, il entra en agonie ; il continua à prier avec une touchante ferveur et garda tout son esprit jusqu'à la fin. Son dernier acte fut encore un acte  d'humilité : quelques minutes avant sa mort, on avait fait  entrer dans sa chambre un peintre qui devait reproduire ses traits; il s'en aperçut, fit de la main un signe de refus et  se retourna avec effort pour cacher sa figure. Quand le peintre se fut retiré, son visage reprit une expression de bonheur indicible ; et, souriant à Dieu, il expira doucement quelques minutes après minuit, le ler octobre 1572, à la fin de sa soixante-deuxième année.

    Extrait de “Saint François de Borgia, grand d’Espagne, vice-roi de Catalogne, supérieur général de la Compagnie de Jésus”, par Joseph Bon, 1897

  • Saint Denis

    Saint Denis fut le premier évêque de Paris, et sainte Geneviève fit édifier une église sur son tombeau, à… Saint-Denis.

    La confusion entre cet évêque martyr et saint Denys l’Aréopagite, philosophe converti par saint Paul et devenu premier évêque d’Athènes, remonte au IXe siècle, lorsque les écrits de saint Denys (on dit aujourd’hui le pseudo-Denys, car les œuvres qui portent cette signature ont été écrites plus tard) arrivèrent à l’abbaye de Saint-Denis, où elles furent l’objet de grandes études, et le point de départ d’études grecques. On a même des documents des XIIe-XIIIe siècles qui montrent que le monastère célébrait la fête de saint Denis en grec.

    Il est étonnant de constater que l’Orient a fait sienne la confusion entre les deux Denis (ou plutôt les trois Denis) au même moment, à partir du IXe siècle, signe d’une relation vraiment étroite entre les clercs d’Athènes et de Paris à cette époque.

    Depuis quelques années, des orthodoxes célèbrent un office à la basilique de Saint-Denis le jour de sa fête dans leur calendrier.

    Il est remarquable de voir certains orthodoxes tenir à ce que saint Denys l’Aréopagite soit le même que saint Denis de Paris. De son côté, la liturgie latine a en quelque sorte consacré l’assimilation entre les deux saints en choisissant comme épître de sa messe le passage de la conversion de Denys l’Aréopagite par saint Paul.

    Mais, quelle que soit l’aversion qu’on puisse avoir pour l’hyper-critique historique rationaliste, il n’est hélas pas possible que l’Aréopagite ait été évêque de Paris, car il est établi (depuis au moins saint Grégoire de Tours, au VIe siècle…) que Lutèce a été évangélisée au IIIe siècle. L'Aréopagite aurait eu au moins 200 ans. (Et ses oeuvres n'étaient pas encore écrites...)

  • Sainte Brigitte

    Paroles de la glorieuse Vierge Marie à sa fille sainte Brigitte, qui lui enseignent la manière d'être vêtue. Quels sont les vêtements et ornements dont une vierge doit être revêtue et parée.

    Je suis Marie, qui ai enfanté le vrai Dieu et le vrai homme, le Fils de Dieu. Je suis la Reine des anges. Mon Fils vous aime de tout son cœur, c'est pourquoi aimez-le aussi. Vous devez être ornée et revêtue de vêtements honnêtes ; je vous montrerai quels et comment ils doivent être ; car comme vous avez eu premièrement une chemise, puis une tunique, des souliers, un manteau, et un collier sur votre poitrine, de même maintenant, spirituellement, vous devez avoir la chemise de contrition : car comme elle est plus proche de la chair, de même la contrition et la confession est la première voie pour aller à Dieu, voie par laquelle l'âme qui se réjouissait dans le péché est purifiée, et la chair sale et sordide est revêtue. Les deux souliers sont les deux affections, savoir : la volonté de s'amender des fautes commises, et la volonté de faire le bien et de s'abstenir du mal. Votre tunique est l'espérance, avec laquelle vous aspirez à Dieu : car comme la tunique a deux manches, de même que la justice et la miséricorde se trouvent en votre espérance, afin que vous espériez en Dieu de telle sorte que vous ne négligiez pas sa justice. Et pensez tellement à sa justice et à son jugement que vous n'oubliiez sa miséricorde, car il ne se fait aucune justice sans miséricorde, ni aucune miséricorde sans justice. Le manteau est la foi : en effet, comme le manteau couvre tout, de même l'homme, par la foi, peut comprendre et atteindre toutes choses. Ce manteau doit être parsemé des signes de l'amour de votre cher époux, savoir : comment il vous a créée, comme il vous a rachetée, comment il vous a nourrie et vous a introduite en son esprit, et vous a ouvert les yeux de l'esprit. Le collier est la considération de la Passion, qui doit être incessamment en votre poitrine : comme mon Fils a été conspué et flagellé ; comment il a été ensanglanté ; comment, ayant tous les nerfs percés, il était debout sur la croix ; comment tout son corps trembla dans sa mort, à cause de sa douleur immense ; comment il mit son esprit entre les mains de son Père. Que ce collier soit toujours suspendu sur votre poitrine. Que sa couronne soit sur votre tête, c'est-à-dire, aimez tant la chasteté que vous aimiez mieux endurer les coups de verges que vous salir désormais. Et de là, soyez en tout pudique et honnête ; ne pensez à rien ; ne désirez rien que votre Dieu, votre Créateur : quand vous le posséderez, vous posséderez tout ; et ainsi parée et enrichie, vous attendrez l'arrivée de votre cher Époux.

    Révélations, I, 7

  • Notre Dame du Rosaire

    Aujourd’hui, comme à chacun des mois d’octobre que nous avons vécus ensemble, les circonstances me pressent à vous parler du Rosaire où, tandis que nous rappelons les mystères du salut, la Sainte Vierge les grave mystérieusement dans nos âmes. Comme mes ambitions pour vous seraient portées à leur comble si cette humble prière du chapelet prenait en chacune de vos vies une place capitale !

    D’aucuns, je le sais bien, jouets de cette subtile alchimie où Satan mêle l’orgueil et la paresse aux grands sentiments, se refusent à ce pieux exercice sous prétexte qu’il n’est qu’une récitation machinale pendant que glisse entre leurs doigts un collier de perles ou de boules de bois ; ils préférerait sans doute une prière plus personnelle et plus pensée qui, faute de temps ou d’imagination, est tant remise à plus tard qu’on ne la fait que rarement, sinon jamais. Or, si la prière est une élévation de l’âme vers Dieu, il s’agit bien d’une âme unie substantiellement à un corps situé dans le temps présent ; aussi, ces récitations répétées que je n’imagine pas faites par des gens qui ne se voudraient pas s’élever vers Dieu, est, à tout le moins, l’hommage du corps qui s’unit, par les paroles de la bouche, les gestes des mains, l’application de la volonté et le travail de la mémoire, et, en écrivant ces lignes, j’entends saint Thomas d’Aquin enseigner que nous confessons par là que Dieu est l’auteur de notre âme et de notre corps, lui offrant nos hommages spirituels et corporels. Par ailleurs, ces répétitions si simples et si faciles des mêmes prières, lorsque l’on en a pris l’habitude aux temps ordinaires, deviennent un apaisement dans les moments de sécheresse et de souffrance. Rappelez-vous l’Aveugle de Lamartine qui disait : Je prie le bon Dieu jusqu’à ce que mes lèvres se fatiguent sur son saint Nom et mes doigts sur les grains. Qui est-ce qui s’ennuierait en parlant tout le jour à son roi qui ne se lasse pas d’écouter ?

    Parfois, pour se dispenser de la récitation du chapelet, certains se plaignent de ne pas savoir le méditer, mais je crains, en leur accordant toutes sortes de circonstances atténuantes, qu’ils se fassent une bien haute idée de la méditation. Il s’agit d’inviter les facultés de l’âme, dans la seule mesure de ses aptitudes, à considérer la scène de l’Evangile évoquée par le mystère pour y cueillir les fruits de la sanctification. Chacun peut se représenter les scènes du Rosaire, mais, à votre avis, par quoi le Seigneur communique-t-il les fruits de la sanctification ? Par l’intelligence du fidèle ou par le ministère de la Vierge Marie ? La récitation du chapelet est le bréviaire des humbles, en ce sens que, appliqué à des exercices simples, l’on s’y laisse instruire mystérieusement par Marie, et vous remarquerez que les orgueilleux s’en éloignent et s’en dégoûtent, s’en moquent ou s’en scandalisent parce qu’ils leur semblent qu’il n’y mettent pas assez d’eux-mêmes, ils veulent briller quand il ne s’agit que de laisser la Sainte Vierge instruire doucement les cœurs. Tous ceux qui ont l’habitude du chapelet affirment qu’il alimente leur foi et développe en eux les vertus chrétiennes.

    Abbé Christian-Philippe Chanut (7 août 1948 - 17 août 2013)

    In memoriam

  • 20e dimanche après la Pentecôte

    Chez saint Matthieu et saint Luc, la scène se passe à Capharnaüm. Chez saint Jean, elle se passe à Cana (avec effet à Capharnaüm).

    Chez saint Matthieu et saint Luc, l’homme est un centurion. Chez saint Jean, c’est un « basilikos », dit le texte grec : ce mot est un adjectif qui veut dire « royal ». Il peut être employé comme nom, et ici il voudrait donc dire « officier royal » (d’Hérode Antipas). Mais la Vulgate a traduit par « regulus », littéralement « petit roi », « roitelet » (c’est aussi le nom de l’oiseau).

    Chez saint Matthieu et saint Jean, le centurion (ou basilikos) va en personne voir Jésus. Chez saint Luc, il envoie une ambassade.

    Chez saint Matthieu, la personne « près de mourir » est en grec un « pais » : un serviteur, ou un enfant. Chez saint Luc, c’est aussi un « pais », quand le centurion s’adresse à Jésus, mais au début et à la fin de l’histoire il est qualifié de « doulos » : esclave. Chez saint Jean, c’est clairement le « fils » du « basilikos ».

    Chez saint Matthieu et saint Luc, Jésus s’émerveille de la « grande foi » de ce païen de centurion. Chez saint Jean, il reproche un manque général  de foi, chez le basilikos comme chez les autres : « Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croyez pas. »

    Il s’agit pourtant d’un seul et même épisode, raconté de façon différente selon le projet de chaque évangéliste. Saint Jean reconstruit l’histoire pour faire un parallèle avec le miracle de Cana : les deux épisodes montrent la progression de la foi, depuis l’incrédulité jusqu’à l’épanouissement dans la vie éternelle. Ici, quand Jésus dit : « Ton enfant vit », saint Jean emploie le verbe « vivre » habituel, mais c’est le mot qui partout ailleurs dans son évangile désigne explicitement la vie éternelle. La vie de l’enfant est ici l’équivalent du vin de Cana.

    Ce qui montre indiscutablement qu’il s’agit d’un seul et même épisode, c’est l’emploi des mêmes mots au même moment crucial où le centurion-roitelet croit à la parole de Jésus. « Cet homme crut en la parole que Jésus lui avait dite », lit-on chez saint Jean. « Dis, par (ta) parole », et mon serviteur (ou mon enfant) sera guéri, lit-on dans saint Matthieu et saint Luc. Avec cette construction étrange qui attire l’attention : non pas « dis une parole », mais « dis, par (ta) parole » : par le Verbe, car il n’y a pas d’adjectif possessif dans le texte. Et c’est bien le mot Logos qui est utilisé, les trois fois au datif dans les trois évangiles, et c’est aussi le même mot qui est utilisé pour « dire » (alors qu’il y a plusieurs autres mots en grec pour dire « parole » ou « dire ») : « eipe logo » (Matthieu), « eipe logo » (Luc) « to logo ho eipen » (Jean).

    Au centre du récit était le Verbe. La foi dans le Verbe qui est dit. La foi qui est ex auditu, par l’audition de la Parole. La Parole qui a guéri l’enfant (ou serviteur) du centurion, et qui me guérit, comme je l’affirme en reprenant à mon compte le mot du centurion avant de communier au Verbe fait chair : « Domine, non sum dignus (…) sed tantum dic verbo et sanabitur anima mea »…

    N.B. Histoire de poursuivre une discussion récurrente sur ce blog, on remarquera que le dialogue de cet évangile ne peut être qu’en grec. Qu’il s’agisse d’un officier de l’armée romaine qui parle grec pour se faire comprendre partout dans l’empire, ou d’un officier royal de la cour d’Hérode Antipas, souverain hellénisé jusqu’à l’os régnant dans sa toute nouvelle capitale Tibériade entièrement gréco-latine.

  • Le 11 octobre, un nouveau monastère français en forme extraordinaire

    L’abbaye Saint-Paul de Wisques :

    Depuis le mois de janvier dernier, tous les deux mois environ, les frères de Fontgombault destinés à venir en aide à notre communauté sont venus, par équipe de quatre, passer trois semaines-un mois chaque fois, à l’Abbaye Saint Paul, en vue de préparer leur arrivée définitive. C’est ainsi que l’orgue de la chapelle vient d’être restaurée, grâce à la générosité de l’Association des Amis de Wisques.

    L’arrivée des frères est fixée au Jeudi 10 octobre prochain. Dom Jean Pateau, Abbé de Fontgombault, accompagné de son prédécesseur, Dom Antoine Forgeot, conduira les 13 frères qu’il a choisis pour mener à bien la reprise de notre Abbaye.

    À 9 h 45 notre évêque, Mgr Jaeger, présidera la messe où les prêtres des deux communautés concélébreront.  Tous les fidèles qui le désirent pourront assister à cette eucharistie et s’unir à notre prière.

    Par la suite, mais en privé, dans la salle du Chapitre, le Père Abbé de Solesmes, Dom Philippe Dupont, supérieur général de la Congrégation bénédictine de Solesmes, nommera Dom Jean Pateau, Abbé de Fontgombault, comme « Abbé administrateur de l’Abbaye Saint Paul ». Et il reviendra à ce dernier  d’organiser le monastère en donnant à chacun de ses moines les diverses charges nécessaires à la bonne marche de l’Abbaye.

    A compter du Vendredi 11 octobre, l’Abbaye Saint Paul adoptera les us et coutumes de l’Abbaye de Fontgombault ; en particulier la messe selon le ‘Rite extraordinaire’.