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Liturgie - Page 425

  • Saint Martin Ier

    Trois mois à peine après avoir été élevé sur le trône pontifical (649), il réunit dans la basilique Saint-Jean du Latran un concile d'une centaine d'Evêques, qui condamna l'hérésie monothélite et le Typos, édité par l'empereur, dans lequel on confondait la vérité et l'erreur par opportunité politique. Saint Martin, ayant été apocrisiaire de l'Evêque Théodore à Constantinople, était bien au fait des intentions de l'empereur et de ses théologiens qui, en proclamant une seule volonté dans le Christ, cherchaient à se rallier de manière détournée les monophysites d'Orient.

    Dès qu'il apprit la nouvelle, l'empereur envoya en Italie l'exarque Calliopas avec pour misssion d'arrêter l'E vêque. A son arrivée à Rome celui-ci se présenta devant le pontife et l'interrogea sur l'affaire du concile. Saint Martin lui répondit en prononçant l'anathème contre ceux qui oseraient l'accuser de la moindre variation dans la foi des Saints Pères. Par crainte du peuple qui était présent, l'exarque répondit avec hypocrisie que la foi de Martin était semblable à la sienne et à celle de tous les Chrétiens. Le Saint se retira alors, pendant trois jours, dans la basilique du Latran avec tout son clergé. Le lundi matin Calliopas demanda à perquisitionner dans le palais, sous prétexte d'y trouver des armes. Les soldats se précipitèrent dans la basilique, renversèrent dans un grand tumulte les objets de culte et s'emparèrent du prélat qui souffrait de la goutte. Le mercredi 19 juin 653, ils s'embarquèrent en direction de Constantinople. Pendant ce long et pénible voyage de trois mois, le Saint fut privé de toute consolation dans sa maladie et ne pouvait même pas se laver. Aux escales, ses gardes l'empêchaient de descendre et, en le couvrant d'injures, ils s'emparaient des provisions que des Prêtres et des fidèles lui avaient apportées. Lorsqu'ils arrivèrent à Constantinople, le 17 septembre, on laissa la populace l'insulter sur son grabat, puis on le mena dans la prison Prandiara, où il fut gardé au secret pendant 93 jours. Le 20 décembre, à la suite d'une parodie de jugement à l'Hippodrome, au cours duquel on l'empêcha de s'exprimer sur la foi, il fut condamné à mort, puis on déchira publiquement ses vêtements sacerdotaux et on le traîna à travers la ville jusqu'au prétoire, chargé d'une lourde chaîne au cou. Le vieillard malade et sous-alimenté pouvait à peine marcher, mais son visage était radieux de souffrir ainsi par amour du Christ et de la vérité. Transféré dans la prison Diomède, on le hissa, en lui écorchant les jambes, jusqu'à un cachot surélevé réservé aux condamnés à mort.

    Le lendemain, le Patriarche de Constantinople Paul, malade et redoutant le jugement de Dieu, obtint de l'empereur la commutation de la sentence de mort en exil. Après la mort de Paul et la nomination de Pyrrhus au Patriarcat, le Saint resta encore 85 jours captif, avant d'être expédié clandestinement à Cherson, en Crimée. Il y souffrit cruellement de la faim et des mauvais traitements que lui infligèrent les barbares, et remit à Dieu son âme apostolique le 13 avril 656.

    (Source)

  • Hommage à un résistant

    1155219200067.jpgOn apprend la mort de Domenico Bartolucci, « directeur perpétuel » du Chœur de la Chapelle Sixtine, et pourtant viré par le clan Marini (Piero) en 1997. En 2006, Benoît XVI lui demandait de diriger un concert à la Chapelle Sixtine. Au cours de ce concert fut créé un motet de Bartolucci lui-même : Oremus pro Pontifice nostro Benedicto. A l’issue du concert, Benoît XVI fit l’éloge du grand interprète et compositeur de musique sacrée (photo). En 2010 il le créait cardinal. L’année suivante le cardinal Bartolucci révélait qu’il avait toujours célébré la messe de saint Pie V. Au Vatican…

    Voici l’article que j’avais publié dans Daoudal Hebdo.

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  • Saint Martin

    Sulpice Sévère, qui connaissait personnellement saint Martin, a écrit plusieurs textes sur le grand évêque et thaumaturge. Il a raconté sa mort, non pas dans la lettre à Didier connue comme la Vie de saint Martin, mais dans une lettre à sa belle-mère… C’est de ce texte-là qu’ont été extraites les si belles antiennes des heures du jour.

    Il réunit alors ses disciples et leur annonça que sa mort était proche. Une profonde douleur s’empare aussitôt de tous les cœurs ; tous s’écrient en gémissant : « Ô tendre père ! pourquoi nous abandonner et nous laisser dans la désolation ? des loups avides de carnage se jetteront sur votre troupeau (1) ; si le pasteur est frappé, qui pourra le défendre ? Nous savons bien que vous souhaitez ardemment de posséder Jésus-Christ ; mais votre récompense est assurée, et elle ne sera pas moins grande pour être retardée ; ayez pitié de nous que vous allez laisser seuls. » Martin, touché de leurs larmes, et brûlant de cette tendre charité qu’il puisait dans les entrailles de son divin Maître, se mit aussi à pleurer. Puis, s’adressant au Seigneur : « Seigneur, s’écria-t-il, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse pas le travail : que votre volonté soit faite. » (2) (...)

    Ô homme admirable, que ni le travail ni la mort même ne peuvent, vaincre ! qui demeure indifférent, qui ne craint, ni la mort ni la vie ! (3) Ainsi, malgré l’ardeur de la fièvre qui le consumait depuis plusieurs jours, il poursuivait l’œuvre de Dieu avec un zèle infatigable. Il veillait toutes les nuits, et les passait en prière. Étendu sur sa noble couche, la cendre et le cilice, il se faisait obéir de ses membres épuisés par l’âge et la maladie. Ses disciples l’ayant prié de souffrir qu’on mît un peu de paille sur sa couche : « Non, mes enfants, répondit-il, il ne convient pas qu’un chrétien meure autrement que sur la cendre et le cilice ; je serais moi-même coupable de vous laisser un autre exemple. » Il tenait ses regards et ses mains continuellement élevés vers le ciel, et ne se lassait point de prier (4). Un grand nombre de prêtres qui s’étaient réunis près de lui, le priaient de leur permettre de le soulager un peu en le changeant de position : « Laissez-moi, mes frères, répondit-il ; laissez-moi regarder le ciel plutôt que la terre, afin que mon âme prenne plus facilement son essor vers Dieu. » À peine eut-il achevé ces mots, qu’il aperçut le démon à ses côtés. « Que fais-tu ici, bête cruelle ! tu ne trouveras rien en moi qui t’appartienne : je serai reçu dans le sein d’Abraham. » Après ces paroles, il expira. Des témoins de sa mort nous ont attesté qu’en ce moment son visage parut celui d’un ange, et que ses membres devinrent blancs comme la neige. Aussi s’écrièrent-ils : « Pourrait- on jamais croire qu’il soit revêtu d’un cilice et couvert de cendres ? » Car, dans l’état où ils virent alors son corps, il semblait qu’il jouît déjà de la transformation glorieuse des corps ressuscités. (…)

    Où trouverez-vous rien de comparable aux funérailles de Martin ? Que des héros vainqueurs s’avancent montés sur des chars de triomphe, précédés d’hommes enchaînés et suivis de leurs prisonniers : le corps de Martin est suivi de tous ceux qui, sous sa conduite, ont vaincu le monde. Pour les premiers, les peuples en démence font entendre des applaudissements et des cris confus : en l’honneur de Martin, les airs retentissent du chant des psaumes et des cantiques sacrés. Ceux-là, après leurs triomphes, sont précipités dans les gouffres de l’enfer ; Martin, rayonnant d’une joie céleste, est reçu dans le sein d’Abraham. Martin, si pauvre en ce monde, menant une vie si simple, entre riche dans le ciel, (5) d’où, je l’espère, il veille sur nous, sur moi qui écris ces lignes, sur vous qui les lisez.

    *

    (1) Dixerunt discipuli ad beatum Martinum: Cur nos pater deseris, aut cui nos desolatos relinquis? Invadent enim gregem tuum lupi rapaces.

    (2) Domine, si adhuc populo tuo sum necessarius, non recuso laborem: fiat voluntas tua.

    (3) O virum ineffabilem, nec labore victum, nec morte vincendum, qui nec mori timuit, nec vivere recusavit !

    (4) Oculis ac manibus in caelum semper intentus, invictum ab oratione spiritum non relaxabat, alléluia.

    (5) Martinus Abrahae sinu laetus excipitur: Martinus, hic pauper et modicus, caelum dives ingreditur, hymnis caelestibus honoratur

  • 25e dimanche après la Pentecôte

    Lectures et oraisons du 5e dimanche après l’Epiphanie, chants du 23e dimanche après la Pentecôte.

    L’Église et l’âme attendent « le jour du Christ ». Déjà nous entendons l’amicale invitation du Roi clément, déjà nous voyons les exilés se rendre dans la patrie (Intr.) ; l’Oraison implore protection pour les derniers jours : « Garde ta famille ; elle n’a d’autre appui que la grâce céleste. » Maintenant l’Église nous met au cœur deux enseignements : a) La fin est proche ; c’est maintenant qu’il faut atteindre l’idéal ; vivons donc comme si le jour du Christ devait venir demain. Menons, dans la perspective du retour, une vie chrétienne idéale ; « revêts-toi, pour recevoir le grand Roi, du vêtement de la miséricorde, de la bonté, de l’humilité, de la modestie, de la patience » b) Il y a un enfer et un ciel ; l’ivraie est brûlée, le bon grain va dans les greniers célestes. C’est une image saisissante du jugement dernier que le Sauveur esquisse ici : Là, les gerbes embrasées des malheureux damnés éclairent les profondeurs de la nuit de leurs abominables flammes rouges et les remplissent de leurs inutiles cris de désespoir ; mais, là-haut, brillant comme de magnifiques soleils à l’heure du coucher, les bienheureux franchissent la porte ouverte de l’éternel royaume. Les pensées de la parabole peuvent nous inspirer de réciter les versets suppliants du De profundis (Off., Allél.). Combien d’ivraie dans mon âme ! Puisse l’actuel sacrifice de « la réconciliation » écarter l’ivraie et relever nos « cœurs chancelants » (Secr.). L’Eucharistie est le « gage du salut » ; reportons-nous à l’Évangile : dès aujourd’hui, le Divin Moissonneur place nos gerbes mûres dans les greniers célestes (Postc.).

    Dom Pius Parsch

    A propos du De profundis de l’offertoire, un lecteur m’a fait découvrir dimanche dernier que l’offertoire complet comportait des versets. Comme l’offertoire de Job au 21e dimanche, et celui de Daniel au 17e. La différence est qu’ici le texte est celui de la Vulgate, à une exception près : « vocem », qui est le mot de la Vulgate, de l’ancienne version de saint Augustin, comme de celle de saint Jérôme d’après l’hébreu, a été intentionnellement remplacé, les deux fois, par « orationem ». Le texte n’est donc pas dramatisé comme dans l’offertoire de Job, mais cela n’empêche pas le dramatisme de la mélodie qui, dans les deux versets, descend à la-sol-la-sol-la…

     

  • Dédicace de l’archibasilique du Très Saint Sauveur

    Baldaquin_jean_latran.jpg

    Édifié sur le plan des luxueuses demeures patriciennes, le vaste palais des « Laterani » dominait de ses constructions et de sa basilique les flancs du Cœlius à l’intérieur de la cité.

    Le jour où S. Sylvestre (+ 337) dressa sa chaire, « le saint siège apostolique » au fond de l’abside de la basilique constantinienne, il fit du Latran le centre de l’enseignement et du gouvernement de l’Église. En y consacrant son autel (324) il en fit le foyer de la liturgie catholique.

    Comme l’enseignait le Pape Pie XI lors du XVIème centenaire de cette dédicace (9 novembre 1924) : « Basilicam... effectam esse Pontificis, ut Episcopi Romani et œcumenici, ut heredis integrae apostolicae potestatis, Cathedralem Eccesiam ». Elle est la cathédrale de l’Évêque de Rome, l’église œcuménique de la catholicité.

    Successivement, les Pontifes Romains agrandirent et enrichirent leur résidence en y construisant leurs oratoires, baptistères, cloîtres, bibliothèques, hospices et galeries.

    N’entrons pas dans toutes les vicissitudes que traversa l’Archibasilique, tour à tour détruite par les Vandales de Genséric et reconstruite par S. Léon le Grand (+ 461) et Adrien I (+ 795) ; ruinée par les Normands et rebâtie par Serge III (+ 911) ; incendiée une première fois en 1308 et réédifiée par Clément V (+ 1314) ; incendiée à nouveau en 1360 et reconstruite par Urbain V (+ 1370) et Grégoire XI (+ 1378).

    Signalons du point de vue liturgique les événements marquants de son histoire : la consécration de la basilique au S, Sauveur en 324 ; la translation des chefs de S. Pierre et de S. Paul dans le ciborium qui surmonte l’autel papal ; la nouvelle consécration de l’église à S. Jean-Baptiste par Serge III (+ 911) et la dédicace complémentaire à S. Jean l’Évangéliste par Lucius II (+ 1145).

    Par une solennité spéciale la liturgie a perpétué le souvenir de la première consécration de l’Archibasilique. Chaque année, en effet, le 9 novembre, l’Église universelle célèbre cet événement capital : « Dedicatio Archibasilicae S. Salvatoris », fête double de IIème classe.

    Malgré tous les revers, la première période de l’histoire du Latran est des plus glorieuses : du haut de 1’« Episcopium Lateranense », de S. Sylvestre à Boniface VIII (+ 1303), cent soixante papes gouvernèrent la chrétienté.

    Chanoine Auguste Croegaert

  • Sustinuimus pacem, et non venit

    ℟. Sustinuimus pacem, et non venit: quæsivimus bona, et ecce turbatio: cognovimus Domine peccata nostra: * Non in perpetuum obliviscaris nos.
    ℣. Peccavimus, impie gessimus, iniquitatem fecimus Domine in omnem justitiam tuam.
    ℟. Non in perpetuum obliviscaris nos.

    Nous attendions la paix, et elle n’est pas venue ; nous recherchions le bien, et voici le trouble. Nous reconnaissons, Seigneur, nos péchés. Ne nous oublie pas à jamais. Nous avons péché, nous avons agi de façon impie, nous avons fait l’iniquité dans toute ta justice ; ne nous oublie pas à jamais.

    Ce répons vient de Jérémie, 14, 19-20, dans une ancienne version latine. On remarquera l’emploi du verbe sustineo dans le sens d’attendre, comme dans les psaumes, alors que la Vulgate dit « exspectavimus ». Le verset vient quant à lui de Judith, 7, 19, dans une version allongée de la curieuse expression « iniquitatem fecimus Domine in omnem justitiam tuam ». Ce verset ne figure pas dans le texte grec de Judith, alors que celui-ci est plus long que le texte latin…

  • Aspice Domine de sede sancta tua

    ℟. Aspice Domine de sede sancta tua, et cogita de nobis: inclina Deus meus aurem tuam, et audi: * Aperi oculos tuos, et vide tribulationem nostram.
    ℣. Qui regis Israël, intende, qui deducis velut ovem Joseph.
    ℟. Aperi oculos tuos, et vide tribulationem nostram.

    Regarde, Seigneur, de ton saint trône, et pense à nous : incline, mon Dieu, ton oreille, et écoute : ouvre les yeux, et vois notre tribulation. Toi qui conduis Israël, prête l’oreille, toi qui mènes Joseph comme des brebis.

    (Répons des matines. Le répons est une ancienne version latine de Baruch 2, 16-17, ou plutôt une adaptation liturgique, car la fin paraît être un résumé du texte de Baruch. Le verset est le début du psaume 79.)

  • Indicabo tibi homo

    ℟. Indicabo tibi homo, quid sit bonum: aut quid Dominus requirat a te: * Facere judicium et justitiam, et sollicitum ambulare cum Deo tuo.
    ℣. Spera in Domino, et fac bonitatem, et inhabita terram.
    ℟. Facere iudicium et iustitiam, et sollicitum ambulare cum Deo tuo.

    Je t’indiquerai, homme, ce qui est bon, ou ce que le Seigneur réclame de toi : faire le jugement et la justice, et marcher dans la crainte avec ton Dieu. Espère dans le Seigneur, et fais ce qui est bon, et habite la terre.

    Le répons est une forme ancienne de Michée 6, 8, ou simplement sa forme liturgique. On la retrouve dans une lettre de l’archevêque Hincmar de Reims au roi Louis le Bègue, sans autre indication d’origine que la parole de Dieu ; il est vraisemblable que Hincmar cite le répons, et non la Bible. Le verset est le verset 3 du psaume 36, dont il manque la fin (qui paraît bien sous-entendue) : et pasceris in divitiis ejus : et tu seras nourri de ses richesses.

  • Saint Charles Borromée

    Le célèbre archevêque de Milan est un saint patron de la Suisse catholique, ce qui est peu connu. Voici le début du Message des évêques suisses pour le quatrième centenaire de sa canonisation.

    Charles Borromée, saint patron protecteur de la Suisse catholique, a été canonisé le 1er novembre 1610 (*2.10.1538 Arona, † 3.11.1584 Milan). Le 400e anniversaire de sa canonisation marque ainsi, pour la Conférence des évêques suisses (CES), l’occasion de mentionner, avec reconnaissance, l’impact de Borromée sur notre territoire confédéral. La CES invite les catholiques de Suisse à faire mémoire de ce réformateur de l’Eglise, qui a fidèlement promu les décisions du Concile de Trente. Nous vou­drions énumérer quelques aspects de cette œuvre.

      (1) Protector Helvetiae

    Alors archevêque de Milan et cardinal du titre de Sainte-Praxède à Rome, Charles Borromée est nommé Protector Helvetiae par le Pape Pie IV. On est en 1560 - encore sous le Concile - et cette nomination fait suite à la demande des cantons catholiques de la Confédération helvétique. Charles Borromée, particulièrement attentif aux événements suisses, se fit une image très personnelle des conditions de vie du clergé et de la population lors de visites pastorales et voyages diplomatiques dans les cantons catholiques de la Suisse centrale. Il prit des mesures disciplinaires fermes à l’encontre des prêtres qui menaient une vie dissolue plutôt que de faire paître, en bons pasteurs, leur troupeau (cf. Ez 34, 3ss.). Il réagit vivement devant la mauvaise constitution générale de l’Eglise, en réalisant avec perspicacité les décisions conciliaires concernant la formation du clergé et l’évangélisation. Il posa ainsi les fondements d’un renouveau spirituel durable. En 1579, Borromée créa à Milan le Collegium Helveticum destiné à la formation du clergé suisse et le dota de 50 bourses d’étude; en 1584, il soutint la fondation du Collegio Papio à Ascona. Toujours en 1579, il promut l’établissement d’une nonciature stable en Suisse (qui devint effective en 1586, après la mort du saint). Il soutint aussi l’ouverture d’un collège jésuite et d’un séminaire presbytéral. Les jésuites s’établirent à Lucerne en 1579, à Fribourg en 1580. Sur proposition de Borromée et grâce à l’appui du nonce apostolique en Suisse, Mgr Giovanni Francesco Bonhomini, les capucins ouvrirent leurs premières missions en Suisse alémanique : à Altdorf en 1581, à Stans en 1582, à Lucerne en 1583, à Schwyz en 1585. Ces nouveaux ordres religieux, axés sur l’éducation de la jeunesse et l’évangélisation, allaient façonner l’Eglise catholique en Suisse sur le long terme.

  • 24e dimanche après la Pentecôte

    [Les lectures et les oraisons sont celles du 4e dimanche après l’Epiphanie, qui a été omis cette année. Les chants sont ceux du 23e dimanche après la Pentecôte (qui a laissé la place au Christ Roi).]

    A la vérité, les deux dimanches, aussi bien le dimanche après l’Épiphanie que le dimanche après la Pentecôte, se rejoignent dans la pensée de Pâques, car chaque dimanche est une fête pascale. La scène de la tempête sur la mer est l’image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ à Jérusalem, mais aussi la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Et, si, pendant toute la semaine, nous avons été agités par la tempête et par les vagues, à la messe du dimanche, le Seigneur monte dans la barque, il commande à la tempête et réalise la paix de la résurrection. Chaque dimanche nous procure une part de cette paix pascale de l’âme. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du baptême au dernier combat et à la victoire.

    Les chants psalmodiques sont ceux du XXIIIe dimanche. Il importe de prêter grande attention à ces chants, car ils sont caractéristiques et nous indiquent l’esprit des dernières semaines de l’année liturgique. Aujourd’hui, en pénétrant dans le sanctuaire, nous sommes surpris de voir le Seigneur sur son trône avec le message de l’amitié : l’exil touche à sa fin ; il ne veut pas être un juge, mais un sauveur, un porteur de « paix ». Qu’ils sont charmants les accents du psaume 84 ! Le clergé, faisant son entrée en ornements de fête, est le symbole du retour des enfants de Dieu dans la patrie. Quel contraste entre l’Évangile de la tempête sur la mer et l’oraison s’accordant à cette pensée : ainsi en est-il de la vie de l’homme ; ainsi de l’Église sur terre, « menacée de toute part de si grands dangers ». Qu’il est saisissant le De profundis qui s’élève, à l’Alléluia et à l’Offertoire, de la barque engloutie par la tempête et les flots : « Du fond de l’abîme je crie vers toi ! » L’Église réussit vraiment aujourd’hui à mettre dans nos âmes le désir du ciel et à nous faire considérer la vie terrestre comme un exil, bien plus, comme l’abîme d’une mer démontée. Entre ces deux sentiments pénibles : la nostalgie de la patrie et la douleur de l’exil, se placent encore deux calmes leçons pour le temps présent : l’amour du prochain (Ép.) et la prière confiante (Comm.).

    Dom Pius Parsch