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Liturgie - Page 215

  • Sainte Clotilde

    Réspice, quǽsumus, Dómine, ad Francórum benignus natiónem : et quibus per devótam sanctæ Clotíldis instántiama donum fídei contulísti ; per eius intercessiónem tríbue sincérum christiánæ pietátis afféctum.

    Regardez avec bonté, Seigneur, le peuple de France ; Vous qui lui avez fait le don de la foi sur les instances de sainte Clotilde, accordez-lui maintenant, par son intercession, un attachement sincère à la religion chrétienne.

    Antiennes du Magnificat des premières vêpres, du Benedictus et du Magnificat des deuxièmes vêpres dans le propre bénédictin de la Congrégation de France :

    Sanctificatus est rex Clodovæus, vir infidelis, per Clotildem mulierem fidelem, alleluia.

    Le roi Clovis, homme qui n’a pas la foi, est sanctifié par Clotilde, femme qui a la foi, alléluia.

    Rex Clodovæus, elevatis ad cælum oculis, ait : Domine Jesu Christe, quem Clotildis prædicat esse Filium Dei vivi : da mihi victoriam, et serviam tibi, alleluia.

    Le roi Clovis, élevant les yeux au ciel, dit : Seigneur Jésus-Christ, que Clotilde proclame être le Fils de Dieu, donne-moi la victoire, et je te servirai, alléluia.

    Clotildis, mater patriæ, in cælis coronata, fecisti viriliter : adsis, et salva populum, alleluia.

    Clotilde, mère de la patrie, couronnée dans les cieux, tu t’es montrée virile, viens sauver ton peuple, alléluia.

    Voici les hymnes (de dom Le Bannier ?) que j’essaierai peut-être de traduire un jour… (Mais si quelqu’un veut s’y coller…)

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  • Dimanche après l’Ascension

    Pater, cum essem cum eis, ego servábam eos, quos dedísti mihi, allelúia : nunc autem ad te vénio : non rogo, ut tollas eos de mundo, sed ut serves eos a malo, allelúia, allelúia.

    Père, lorsque j’étais avec eux, je les gardais en votre nom, eux que vous m’avez donnés, alléluia. Mais maintenant je viens à vous ; je ne vous prie point de les ôter du monde, mais de les préserver du mal, alléluia, alléluia.

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    Il arrive souvent que l’antienne de communion de la messe soit empruntée à l’évangile du jour. Celle de la messe de ce jour, très longue par rapport à beaucoup d’autres, vient de l’évangile (Jean 17), mais pas du jour. Ni d’aucun jour de l’année liturgique. Ici, la prière de Jésus après la Cène devient un propos du Christ ressuscité après son ascension. « Quand j’étais avec eux… » Il dit au Père qu’il a accompli sa mission et il lui demande de garder du mal ceux qu’il lui a donnés comme disciples. Le sommet de la mélodie est sur « Venio », sur un do qui outrepasse largement la gamme du mode 4, et se détend sur le sol comme dans les bras du Père. L’autre accent principal était sur « eis » : les disciples. L’antienne est clairement divisée en deux par un alléluia qui sera aussi l’alléluia final. Le Christ fait deux demandes à son Père, qui sont globalement sur la même mélodie : non pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal (ou du Mauvais). Ils sont dans le monde, mais ils ne sont pas du monde (du mal), dit Jésus juste après dans l’évangile : les deux propositions se superposent.

  • Sainte Angèle Merici

    Moretto da Brescia - Portrait of Saint Angela Merici 1540 by Moretto da Brescia (1498-1554) Italy 16th century - (MeisterDrucke-202403).jpg

    Portrait de sainte Angèle Merici par Alessandri Bonvicino, dit Le Maure de Brescia, en 1540. Il s’agit sans doute de la sainte sur son lit de mort – et semble-t-il du seul portrait qu’on ait d’elle.

    La Poste vaticane s’est inspiré de cette "toile d'un inconnu" (sic) pour un timbre édité en 1950.

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    Sur sainte Angèle voir aussi l’échelle, le testament, la règle.

  • Marie Reine

    Salve, Regína, Máter misericórdiæ
    Víta, dulcédo, et spes nóstra, sálve.
    Ad te clamámus, éxules, fílii Hévæ.
    Ad te suspirámus, geméntes et flentes
    in hac lacrimárum válle.
    Eja ergo, Advocáta nóstra,
    íllos túos misericórdes óculos
    ad nos convérte.
    Et Jesum, benedíctum frúctum véntris túi,
    nóbis post hoc exsílium osténde.
    O clémens, O pía, O dúlcis Vírgo María.

    Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut !
    Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ;
    vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.
    Ô vous, notre Avocate, tournez vers nous vos regards compatissants.
    Et, après cet exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles,
    Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

    A Citeaux

    Franz Liszt

    Francis Poulenc

    Arvo Pärt

  • Ascension

    L’hymne dont voici le texte, la traduction, et le chant par les moines de Solesmes en 1955, est originaire de Milan. C’est l’hymne des vêpres de l’Ascension dans le bréviaire ambrosien édité par saint Charles Borromée. Elle remonte au moins au IXe siècle. Elle s’est répandue en Italie, et dans divers diocèses français. Les moines l’ont mis dans leur Processionnal, ce qui convient parfaitement à son rythme majestueux.


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    Optatus votis omnium
    Sacratus illuxit dies
    Quo Christus, mundi spes, Deus,
    Conscendit cælos arduos.

    Nous l’appelions de tous nos vœux, ce jour rayonnant de lumière, où le Christ, espoir du monde, s’élève jusqu’au sommet des cieux.

    Scandens in altum Dominus,
    Sedem recurrit propriam :
    Gavisa sunt cæli regna
    Reditu unigeniti.

    Le Seigneur montant dans les hauteurs revient à son propre trône ; le royaume des cieux est plein de joie au retour du Fils unique.

    Magni triumphum prælii
    Mundi perempto principe
    Patris præsentat vultibus
    Victricis carnis gloriam.

    Comme trophée du grand combat où il terrassa le prince de ce monde, il présente aux regards du Père la gloire de sa chair victorieuse.

    Est elevatus nubibus
    Fecitque spem credentibus :
    Et paradisum aperit,
    Quem protoplasti clauserant.

    Elevé par la nuée il devient l’espoir des croyants ; il ouvre le paradis que nos premiers parents avaient fermé.

    O grande cunctis gaudium,
    Quod partus almæ Virginis
    Post sputa, flagra, post crucem,
    Sedi Paternæ jungitur.

    Quelle immense joie pour tous : le Fils que la Vierge enfanta, après les crachats, les fouets, la croix, monte s’asseoir auprès du Père.

    Agamus ergo gratias
    Nostræ salutis vindici,
    Nostrum corpus quod vexerit
    Sublimem ad cæli regiam.

    Donc rendons grâces au garant de notre salut; notre corps fut porté bien haut jusqu’au palais du roi du ciel.

    Sit nobis cum cælestibus
    Commune manens gaudium,
    Illis quod semet obtulit,
    Nobisque se non abstulit.

    Avec les habitants des cieux, exultons d’une même joie : il va se montrer à eux, il ne s’éloigne pourtant pas de nous.

    Nunc provocatis actibus
    Christum operiri nos decet,
    Vitaque tali vivere,
    Quæ possit cælos scandere.

    Maintenant nous devons produire les actes qui nous ferons revêtir le Christ, et vivre de la vie qui puisse monter au ciel.

    Gloria tibi Domine,
    Qui scandis super sidera,
    Cum Patre et Sancto Spiritu,
    In sempiterna sæcula. Amen.

    Gloire à toi Seigneur, qui es monté au-dessus des étoiles, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles éternels. Amen.

  • Vigile de l’Ascension

    Bien qu’elle ne soit pas primitive, puisqu’elle ne s’accorde pas avec l’antique caractère de la liturgie papale qui considérait comme festifs les cinquante jours séparant Pâques de la Pentecôte, la messe de la vigile de l’Ascension, indiquée dans certaines listes romaines du milieu du VIIe siècle, est pourtant antérieure à l’introduction même de la procession des Rogations à Rome sous Léon III.

    L’origine post-grégorienne de cette messe se trahit par l’absence de chants et de prières propres. Sauf les deux lectures, tous les textes sont empruntés à la messe du dimanche précédent.

    Dans la lecture (Eph., IV, 7-13) l’Apôtre nous enseigne que divers sont les dons de Dieu aux âmes ; cette variété a pour but la perfection et l’intégrité même du corps mystique de Jésus-Christ qui requiert une infinie variété d’organes et de fonctions vitales. Cela non seulement doit nous rendre généreux envers les natures et les caractères différents des nôtres, mais nous oblige aussi à respecter en chacun la grâce et la fonction particulière que lui a attribuées le Christ, sans prétendre vouloir ramener tout le monde à nos goûts et à nos caprices.

    La lecture évangélique (Ioan., XVII, 1-11) continue la dernière prière de Jésus après la Cène. Ici-bas, l’âme humaine tente vainement de s’élever si haut, aux sommets sublimes de la vision béatifique, d’où le Rédempteur nous adresse pourtant un appel plein d’amour. Connaître Dieu et son Christ, voici la suprême félicité. Mais pour le connaître dans la splendeur de la gloire, il est nécessaire auparavant de le connaître à travers les voiles de la foi ; et de même que la lumière de la gloire est la vie des bienheureux dans le ciel, qu’ainsi celle de la foi soit la vie de l’âme croyante durant ce pèlerinage mortel.

    Jésus prie pour moi ! Quelle espérance ne doit pas nous inspirer une telle pensée ? Jésus prie afin que je ne me sépare jamais de lui, que je n’aie jamais rien de commun avec l’esprit du monde. Quelle horreur ne dois-je donc pas concevoir pour ce monde maudit, que le miséricordieux Rédempteur a positivement exclu de l’objet de sa prière !

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Augustin de Cantorbéry

    On trouvera ici l’hymne composée par un moine de Solesmes pour les matines de la fête de saint Augustin au propre de la « Congrégation de France ». Voici les antiennes du Magnificat et du Benedictus :

    Augustinus et quadraginta monachi procedebant ut oves ad victimam, spectaculum mundo, angelis et hominibus, aereis potestatibus terribiles ut castrorum acies ordinata, alleluia.

    Augustin et 40 moines s’avançaient comme des brebis qu’on mène au sacrifice, spectacle pour le monde, les anges et les hommes, terribles aux puissances de l’air comme une armée rangée en ordre de bataille, alléluia.

    (En dehors des premiers mots, toutes les expressions sont des citations de l’Ecriture : Isaïe et Jérémie, I Corinthiens, Ephésiens, Cantique des cantiques.)

    Dux pacifer Augustinus cum beato sanctorum choro, elato crucis Domini triumphali vexillo, ingrediebatur civitatem, alleluia.

    Augustin, chef qui apporte la paix, avec le bienheureux chœur des saints, ayant levé l’étendard triomphal de la Croix du Seigneur, entrait dans la ville, alléluia.

    (Pour cette antienne je ne trouve aucune référence biblique. Le seul « dux pacifer » qu’on trouve sur internet est Adolphe IV de Holstein, qui après sa victoire sur les Danois en 1227 se fit prêtre et se retira dans un couvent de cordeliers conformément au vœu qu’il avait fait…)

  • Lundi des Rogations

    Nous voyons que, dans les temps de calamités publiques, les évêques ordonnent des processions extraordinaires pour apaiser la colère de Dieu, ou pour obtenir de sa miséricorde quelque grâce particulière. Dans ces processions, l’on porte quelquefois les reliques des saints, afin que le bon Dieu, à la vue de ce dépôt précieux, se laisse fléchir en notre faveur. L’Eglise a fixé quatre jours dans l’année pour faire ces processions de pénitence, qui sont : le jour de Saint-Marc et les trois jours des Rogations. Dans ces processions, l’on porte une croix et des bannières, où est peinte l’image de la sainte Vierge et du patron de la paroisse : c’est pour avertir les fidèles qu’ils doivent toujours marcher à la suite de Jésus-Christ crucifié, et s’efforcer d’imiter les saints que l’Eglise nous a donnés pour patrons, protecteurs et modèles. Nous devons regarder toutes les processions que nous faisons comme une espèce de triomphe où nous accompagnons Jésus-Christ et les saints ou saintes. Jésus-Christ se plaît à répandre les bénédictions dans tous les lieux où son image ou celle des saints a passé : c’est ce qui s’est vu d’une manière particulière à Rome, lorsque la peste semblait ne vouloir laisser personne. Le Pape voyant que ni les pénitences, ni les autres bonnes œuvres, ne pouvaient faire cesser ce fléau, ordonna une procession générale, où l’on porta l’image de la sainte Vierge peinte par saint Luc. Dès que l’on fut en route, partout où l’image de la sainte Vierge passait, la peste cessait et l’on entendit des anges qui chantaient : « Regina cæli lætare, alleluia. » Alors la peste cessa entièrement. Cette marche, que nous faisons en suivant la croix, nous rappelle que notre vie ne doit être autre chose qu’une imitation de celle de Jésus-Christ qui s’est donné pour être notre modèle, et en même temps notre guide ; et que, toutes les fois que nous le quittons, nous sommes sûrs de nous égarer. La croix et les bannières, mes frères, que nous voyons à la tête des processions, sont pour les vrais fidèles un grand sujet de joie, parce que nous faisons un petit corps d’armée qui est formidable au démon et nous donne droit aux grâces de Dieu, puisqu’il n’y a rien de si puissant que les prières qui se font, tous réunis ensemble, sous la conduite des pasteurs (Rodriguez, t. IV, p. 620). Voyez, mes frères, ce qui arriva aux Israélites sous la conduite de Josué : ils firent pendant sept jours le tour des remparts de la ville de Jéricho avec l’arche, marchant respectueusement avec les ministres sacrés. Les Cananéens s’en moquaient du haut de leurs murailles ; mais ils changèrent bientôt de sentiments. A la fin de cette étrange procession, les fortifications tombèrent au seul son des trompettes, et le Seigneur livra leurs ennemis entre leurs mains avec la même facilité que des agneaux sans aucune résistance. Tel est, mes frères, la victoire que Jésus-Christ nous fait remporter sur les ennemis de notre salut, lorsque nous avons le bonheur d’assister à ces processions avec beaucoup de religion et de respect.

    Saint Jean-Marie Vianney

  • 5e dimanche après Pâques

    Vocem jucunditátis annuntiáte, et audiátur, allelúia : annuntiáte usque ad extrémum terræ : liberávit Dóminus pópulum suum, allelúia, allelúia.
    Jubiláte Deo, omnis terra, psalmum dícite nómini eius : date glóriam laudi eius.

    Avec des cris de joie, publiez-le, faites-le savoir, alléluia ; proclamez-le jusqu’aux extrémités de la terre : le Seigneur a délivré son peuple, alléluia, alléluia.
    Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière ; chantez un hymne à son nom ; rendez glorieuse sa louange.

    L’introït de ce dimanche, dit dom Johner, est un « appel de clairon de l’authentique joie de Pâques qui résonne jusqu’aux plus lointaines extrémités de la terre, comme ayant conscience du fait qu’il n’y a jamais eu de message plus consolant venant réconforter l’humanité ». La joie est en effet claironnée dès la montée initiale de la mélodie, et elle se développe jusqu’à l’extrémité du mode… sur le mot « extremum ». Puis vient le message qui a été ainsi annoncé à coups de trompes. On pourrait penser qu’il va y avoir un nouveau renforcement de la joie triomphale. Or ce n’est pas possible, car on est déjà arrivé aux « extrêmes ». Mais, dit dom Johner, « comment un message royal est-il annoncé ? D’abord c’est une fanfare et un roulement de tambour, puis la solennelle et tranquille proclamation du message. » Et ce message, c’est que nous sommes libérés de l’esclavage du péché, que nous sommes devenus citoyens du Royaume de l’amour éternel. Nous ne chantons pas cela avec une joie débordante, mais plutôt avec une profonde émotion et gratitude.

    (C’est la mélodie de cet introït qui a été adaptée à un autre texte pour l’introït de la fête de l’Immaculée Conception.)

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  • Saint Grégoire VII

    Le Pape Grégoire VII, connu d’abord sous le nom d’Hildebrand, était né à Sovana en Toscane. Se distinguant au plus haut degré par sa science, sa sainteté et par tous les genres de vertus, il illustra merveilleusement l’Église de Dieu toute entière. Dans sa petite enfance, alors qu’il ne connaissait pas encore ses lettres, jouant un jour aux pieds d’un ouvrier qui travaillait le bois, il forma, dit-on, comme par hasard, avec des copeaux, cette parole prophétique de David : « Il dominera d’une mer à l’autre ». Dieu conduisait la main de l’enfant et voulait montrer par là qu’il posséderait plus tard la plus haute autorité qui soit au monde. S’étant rendu à Rome, il y fut élevé sous la protection de saint Pierre.

    Dans sa jeunesse, s’affligeant profondément de voir la liberté de l’Église gênée par l’oppression laïque, et les mœurs du clergé tendre à la dépravation, il se retira à l’abbaye de Cluny, où l’observance et l’austérité de la vie monastique étaient alors en pleine vigueur sous la règle de saint Benoît. Une fois revêtu de l’habit monastique, il se consacra au service de la majesté divine avec une piété si ardente, que bientôt les saints religieux de ce monastère le choisirent comme prieur ; mais la divine Providence le destinait au salut d’un plus grand nombre. Hildebrand fut enlevé au monastère de Cluny, et d’abord élu Abbé du monastère de Saint-Paul-hors-les-murs, puis créé Cardinal de l’Église romaine et chargé des missions les plus importantes, sous les Pontifes Léon IX, Victor II, Etienne IX, Nicolas II et Alexandre II. Saint Pierre Damien l’appelait l’homme du conseil très saint et très pur. Envoyé en France, comme légat a latere, par le pape Victor II, il amena miraculeusement l’Évêque de Lyon, coupable de simonie, à reconnaître son crime ; et, dans le concile de Tours, contraignit Bérenger à abjurer une seconde fois son hérésie ; son énergie arrêta l’essor du schisme de Cadaloüs

    Alexandre II étant mort, le moine Hildebrand fut élu souverain pontife à l’unanimité, malgré sa résistance et ses larmes, le dix des calendes de mai de l’an du Christ mil soixante-treize. Resplendissant alors comme un soleil dans la maison de Dieu, puissant en œuvres et en paroles, il travailla avec tant de zèle à affermir la discipline ecclésiastique, à répandre la foi, à reconquérir la liberté pour l’Église, à extirper les erreurs et les vices, que, depuis le temps des Apôtres, aucun Pontife, assure-t-on, ne soutint de plus grands travaux pour l’Église de Dieu, ou ne lutta plus fortement pour son indépendance, il délivra plusieurs provinces de la lèpre de la simonie. S’opposant avec constance, comme un athlète intrépide, aux entreprises sacrilèges de l’empereur Henri, Grégoire ne craignit pas de se placer comme un mur de protection devant la maison d’Israël : et quand ce même Henri fut tombé tout à fait dans le crime, il l’excommunia, le déclara privé de son royaume, et releva ses peuples du serment de fidélité.

    Pendant qu’il célébrait le saint Sacrifice, de pieux personnages virent une colombe descendre du ciel, se reposer sur son épaule droite et voiler sa tête de ses ailes étendues : prodige signifiant que l’Esprit-Saint lui-même, et non la sagesse humaine, le guidait dans le gouvernement de l’Église.

    Rome se trouvant serrée de près par les troupes du criminel Henri, le Saint Pontife éteignit d’un signe de croix un incendie allumé par l’ennemi. Quand Robert Guiscard, chef des Normands, l’eut arraché aux mains de son persécuteur, il gagna le mont Cassin, et de là se rendit à Salerne pour y dédier une église en l’honneur de saint Matthieu. Épuisé par tant d’épreuves, il se vit, un jour que dans cette ville, il parlait au peuple, saisi d’un mal qu’il sut d’avance être mortel. Les dernières paroles de Grégoire expirant, furent : « J’ai aimé la justice et j’ai haï l’iniquité : voilà pourquoi je meurs en exil »*. Innombrables furent, et les contradictions qu’eut à souffrir, et les sages décrets que porta, dans beaucoup de conciles qu’il tint à Rome, cet homme véritablement saint, ce vengeur des crimes et ce très vaillant défenseur de l’Église. Il avait passé douze années dans le souverain pontificat, lorsqu’il partit pour le ciel, l’an du salut mil quatre-vingt-cinq. Beaucoup de miracles illustrèrent sa vie et sa mort, et sa sainte dépouille fut ensevelie avec honneur dans l’église principale de Salerne.

    Bréviaire

    * Dilexi justitiam et odivi iniquitatem, propterea morior in exilio. La première partie de la phrase est une citation du psaume 44 (mise à la première personne), utilisée dans la liturgie notamment comme introït de la messe des vierges.