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Vigile de l’Ascension

Bien qu’elle ne soit pas primitive, puisqu’elle ne s’accorde pas avec l’antique caractère de la liturgie papale qui considérait comme festifs les cinquante jours séparant Pâques de la Pentecôte, la messe de la vigile de l’Ascension, indiquée dans certaines listes romaines du milieu du VIIe siècle, est pourtant antérieure à l’introduction même de la procession des Rogations à Rome sous Léon III.

L’origine post-grégorienne de cette messe se trahit par l’absence de chants et de prières propres. Sauf les deux lectures, tous les textes sont empruntés à la messe du dimanche précédent.

Dans la lecture (Eph., IV, 7-13) l’Apôtre nous enseigne que divers sont les dons de Dieu aux âmes ; cette variété a pour but la perfection et l’intégrité même du corps mystique de Jésus-Christ qui requiert une infinie variété d’organes et de fonctions vitales. Cela non seulement doit nous rendre généreux envers les natures et les caractères différents des nôtres, mais nous oblige aussi à respecter en chacun la grâce et la fonction particulière que lui a attribuées le Christ, sans prétendre vouloir ramener tout le monde à nos goûts et à nos caprices.

La lecture évangélique (Ioan., XVII, 1-11) continue la dernière prière de Jésus après la Cène. Ici-bas, l’âme humaine tente vainement de s’élever si haut, aux sommets sublimes de la vision béatifique, d’où le Rédempteur nous adresse pourtant un appel plein d’amour. Connaître Dieu et son Christ, voici la suprême félicité. Mais pour le connaître dans la splendeur de la gloire, il est nécessaire auparavant de le connaître à travers les voiles de la foi ; et de même que la lumière de la gloire est la vie des bienheureux dans le ciel, qu’ainsi celle de la foi soit la vie de l’âme croyante durant ce pèlerinage mortel.

Jésus prie pour moi ! Quelle espérance ne doit pas nous inspirer une telle pensée ? Jésus prie afin que je ne me sépare jamais de lui, que je n’aie jamais rien de commun avec l’esprit du monde. Quelle horreur ne dois-je donc pas concevoir pour ce monde maudit, que le miséricordieux Rédempteur a positivement exclu de l’objet de sa prière !

Bienheureux cardinal Schuster

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