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Liturgie - Page 212

  • 3e dimanche après la Pentecôte

    Réspice in me et miserére mei, Dómine : quóniam únicus et pauper sum ego : vide humilitátem meam et labórem meum : et dimítte ómnia peccáta mea, Deus meus. Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.
    Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.

    Jetez un regard sur moi et ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis seul et pauvre, voyez mon humiliation et mon labeur et pardonnez-moi tous mes péchés.
    Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme, ô mon Dieu, en vous je me confie, je ne serai pas confondu.

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    L’introït de ce dimanche est un modèle de prière humble, suppliante et confiante. Le texte du psaume, qui est un chef-d’œuvre en soi, est sublimé par la mélodie. L’homme pécheur arrive sur la pointe des pieds, murmurant sur la tonique : « Regarde-moi. » Puis il s’anime : « Aie pitié de moi, Seigneur », dans ton amour miséricordieux, dans ta tendresse, car je t’aime malgré mes péchés. Et alors je m’enhardis, et je monte à la dominante, et je te crie, jusqu’à crever le sommet du mode, de voir combien je suis dans ma solitude et dans ma misère. Vois dans quels bas-fonds je suis (la mélodie plonge au plus bas), et quelle est ma peine – sur la même mélodie que le « ai pitié de moi Seigneur » du début. On retrouve la tonique, celle du tout début, mais désormais affirmée, avec confiance : « Remets tous mes péchés, mon Dieu », je sais que tu le feras, parce que je les ai confessés avec humilité (quand je me regarde) et amour (quand je te regarde). C’est ce que confirme le premier verset du psaume chanté ensuite. (Et c'est l'atmosphère de tout ce psaume 24.)

    Voici cet introït dans une interprétation inattendue : celle de la « chorale » de Roger Wagner, en 1952. Fils de l’organiste de la cathédrale de Dijon, né en 1914, mort à Dijon en 1992, Roger Wagner a vécu toute sa vie aux Etats-Unis, et plus précisément à Hollywood, où il fut d'abord, à 12 ans, organiste de l’église Saint-Ambroise. Puis il fonda une « chorale » surtout connue pour ses prestations dans les films, un disque de Noëls vendu à plus de 500.000 exemplaires, et en accompagnement de célèbres chanteurs, puis sous la direction des plus grands chefs de musique classique. Dès 1951 il avait enregistré la « Messe du pape Marcel » de Palestrina, disque qui fut inscrit au « Registre des enregistrements nationaux » de la Bibliothèque du Congrès, et en 1952 il enregistra huit introïts grégoriens sur les huit modes, dont celui-ci.


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  • Saints Pierre et Paul

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    En 2017 j’avais évoqué l’introït de cette messe, dont le texte est a priori surprenant, et donné l’explication du cardinal Schuster.

    Voici cet introït par les moines de Solesmes, et quelques enluminures qui l’ornaient dans les manuscrits. On remarquera que dans celui de Saint-Gall la lettrine remplace les trois premiers mots… qui ne sont pas notés : ils sont entonnés par le chantre qui connaît l’intonation par cœur.

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    Graduel d’Ekkehard Ier de Saint-Gall, Xe siècle :

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    Graduel des séquences de Notker, Einsiedeln, Xe siècle :

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    Graduel d’Albi, XIe siècle :

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    Codex 376 de Saint-Gall, XIe siècle :

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    Graduel de Tyniec, XIVe siècle

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  • Fête du Sacré Cœur

    En 1929 Pie XI promulgua un nouvel office et une nouvelle messe du Sacré Cœur, remplaçant l’office et la messe bricolés lorsque Pie IX étendit la fête à toute l’Eglise. Il y avait déjà un office et une messe du Sacré Cœur, que Clément XIII avait octroyés à la Pologne en 1765, et qui s’étaient immédiatement répandus, notamment dans tous les diocèses français. Or les trois hymnes retenues alors par la Congrégation des rites, œuvres du piariste italien Philippe Bruni, ont été conservées en 1856 puis en 1929.

    Voici l’hymne des matines, dans une interprétation inconnue.

    Auctor beáte sǽculi,
    Christe, Redémptor ómnium,
    Lumen patris de lúmine,
    Deúsque verus de Deo :

    Bienheureux créateur du monde,
    Christ, universel rédempteur,
    lumière jaillie de la lumière du Père,
    Dieu vrai sorti de Dieu :

    Amor coégit te tuus
    Mortále corpus súmere,
    Ut, novus Adam, rédderes,
    Quod vetus ille abstúlerat.

    C’est votre amour qui vous a contraint
    à prendre un corps mortel,
    pour nous rendre, nouvel Adam,
    ce que l’ancien, nous avait pris.

    Ille amor almus ártifex
    Terræ marísque et síderum,
    Erráta patrum míserans
    Et nostra rumpens víncula.

    Cet amour, auguste artisan
    de la terre, de la mer et des astres,
    prit en pitié les égarements de nos pères
    et rompit nos liens.

    Non Corde discédat tuo
    Vis illa amóris íncliti :
    Hoc fonte gentes háuriant
    Remissiónis grátiam.

    Que de votre Cœur ne se retire pas
    la force de ce merveilleux amour ;
    qu’à cette source les nations
    puisent la grâce du pardon.

    Percússum ad hoc est láncea
    Passúmque ad hoc est vúlnera,
    Ut nos laváret sórdibus,
    Unda fluénte et sánguine.

    Si la lance le frappa,
    s’il endura ses blessures,
    c’était pour nous laver de nos taches
    par l’eau et le sang répandu.

    Decus Parénti et Fílio
    Sanctóque sit Spirítui,
    Quibus potéstas, glória
    Regnúmque in omne est sǽculum.
    Amen.

    Honneur au Père et au Fils,
    et au Saint-Esprit,
    dont la puissance, la gloire,
    et le règne demeurent dans tous les siècles.
    Amen.

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  • Ancien jour octave...

    Il est tout de même étonnant qu’on ait supprimé l’octave de la Fête Dieu (en 1955), alors que, si l’on en croit sainte Marguerite Marie, c’est Jésus lui-même qui a demandé qu’on instaure une fête de son Sacré Cœur le lendemain de l’octave de la Fête Dieu… (Et non pas le lendemain de la Fête Dieu, comme cela aurait été également compréhensible, et aurait rendu acceptable la suppression de l’octave.)

    Tout en gardant l’octave, Pie XI avait déjà modifié les matines du bréviaire romain. Sous prétexte que la fête du Sacré Cœur empêchait au premier nocturne la lecture biblique occurrente, il l’avait mise au premier nocturne de l’octave de la Fête Dieu. Alors que non seulement elle n’a rien à voir (il s’agit de l’institution de la royauté en Israël), mais en outre cela ne correspond plus avec la lecture du deuxième nocturne, où saint Cyrille de Jérusalem rappelle le texte « que nous venons d’entendre chanter » : l’institution de l’eucharistie dans la première épître aux Corinthiens, qui est également le thème de la lecture du troisième nocturne. Voici ces lectures.

    De la 4e catéchèse mystagogique de saint Cyrille de Jérusalem :

    La seule doctrine du bienheureux Paul me paraît suffire largement à vous donner une foi certaine en ces mystères sacrés dont vous avez été rendus dignes, et qui ont fait de vous des êtres concorporels et consanguins du Christ, pour ainsi parler. L’Épître du bienheureux Apôtre que nous venons d’entendre chanter nous rappelle « que notre Seigneur Jésus-Christ, la nuit qu’il fut livré, prenant du pain et rendant grâces, le rompit et le distribua à ses disciples, disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps ». Prenant ensuite le calice et rendant grâces, il ajouta : Prenez et buvez, ceci est mon sang. Or, puisqu’en parlant du pain, il a dit nettement : Ceci est mon corps ; qui osera hésiter dans sa foi ? Et puisqu’il a dit d’une manière positive : Ceci est mon sang ; qui jamais en pourra douter et dire que ce n’est pas son sang ?

    Autrefois, à Cana de Galilée, il changea l’eau en vin (le vin n’est pas sans quelque ressemblance avec le sang), et nous estimerions peu digne de lui, de croire qu’il a changé le vin en son sang ? C’est invité à des noces terrestres qu’il a fait ce miracle qui étonna tous les convives. Et nous n’aurions pas une conviction beaucoup plus ferme qu’il a mis à notre disposition son corps et son sang, pour que nous les prenions avec une entière certitude, comme étant bien son corps et son sang ? Car sous l’espèce du pain il nous donne son corps, et sous l’espèce du vin il nous donne son sang ; de sorte que lorsque tu manges le corps, lorsque tu bois le sang du Christ, c’est réellement à son corps et à son sang que tu participes. C’est ainsi que nous devenons en effet christifères, c’est-à-dire porteurs du Christ en nos personnes, quand nous faisons passer dans nos membres son corps et son sang ; c’est ainsi d’après le bienheureux Pierre, « que nous devenons participants de la nature divine ».

    Autrefois, s’entretenant avec les Juifs, le Christ leur disait : « Si vous ne mangez pas ma chair, et ne buvez mon sang, vous n’aurez point la vie en vous ». N’ayant pas compris spirituellement ces paroles, ils se retirèrent offensés, s’imaginant qu’il les exhortait à manger des morceaux de chair humaine. L’ancienne alliance elle-même, avait des pains de proposition : appartenant à l’ancienne alliance, ils ont disparu avec elle. Dans le nouveau Testament, nous avons un pain céleste et un calice de salut, qui sanctifient l’âme et le corps. Ces saintes choses étant le corps et le sang du Christ, de grâce, ne les regarde pas comme si elles étaient purement et simplement du pain, purement et simplement du vin. Quoi qu’en disent les sens, que ta foi se rassure. Ne juge pas d’après le goût ; mais que la foi, ne laissant subsister aucun doute, te rende absolument certain que tu as l’honneur de participer au corps et au sang du Christ.

    Du commentaire de l’évangile de saint Jean par saint Cyrille d’Alexandrie :

    « Qui mange ma chair et boit mon sang, dit Jésus-Christ, demeure en moi et moi en lui. » De même, en effet, que si l’on verse dans de la cire en fusion d’autre cire, il arrive nécessairement que l’une se mêle tout à fait avec l’autre ; ainsi celui qui reçoit la chair et le sang du Seigneur, s’unit si intimement à lui, que le Christ réside en lui, et qu’il est lui-même dans le Christ. On trouve une comparaison analogue dans saint Matthieu : « Le royaume du ciel, dit-il, est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine. » Comme « un peu de levain, dit saint Paul, fait lever toute la pâte », de même une petite eulogie attire en elle l’homme tout entier et le remplit de sa grâce ; et de cette façon le Christ demeure en nous, et nous dans le Christ.

    Si donc nous voulons atteindre à la vie éternelle, si nous désirons posséder en nous le dispensateur de l’immortalité, accourons avec ardeur pour recevoir la divine eulogie ; prenons garde que le diable, nous tendant un piège, ne nous arrête par une crainte préjudiciable à nos âmes. Ce que tu affirmes est juste, dira-t-on ; il est cependant écrit, nous ne l’ignorons pas, « qu’il mange et boit son jugement, celui qui mange de ce pain et boit de ce calice indignement ». En conséquence, je m’éprouve moi-même, et je me trouve indigne. Toi qui parles ainsi, qui que tu sois, quand donc seras-tu digne ? Quand viendras-tu te présenter au Christ ? Car tu es indigne à cause de tes péchés, et si tu pèches toujours (qui, en effet, comprend ses fautes ? a dit le psalmiste) tu seras à jamais privé de cette vivifiante sanctification. Prends donc, je t’en conjure, de saintes pensées, applique-toi à mener une vie pure, et participe à la communion, laquelle, crois-moi, n’écarte pas seulement la mort, mais aussi les maladies. Car le Christ, lorsqu’il demeure en nous, comprime la tyrannie de nos membres révoltés, fortifie la piété, éteint dans l’âme les passions ; il guérit les malades, refait et ranime les cœurs brisés, et comme le bon pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis, nous relève de toutes nos chutes.

  • Saints Jean et Paul

    Les répons des matines avant 1960 :

    . Isti sunt duo viri misericórdiæ, qui assístunt ante Dóminum, * Dominatórem univérsæ terræ.
    . Isti sunt duæ olívæ, et duo candelábra lucéntia ante Dóminum.
    * Dominatórem univérsæ terræ.

    Ce sont là deux hommes de miséricorde, ils se tiennent devant le Seigneur, le Souverain de l’univers. Ce sont deux oliviers, deux flambeaux allumés devant le Seigneur, le Souverain de l’univers.

    . Vidi coniúnctos viros, habéntes spléndidas vestes, et Angelus Dómini locútus est ad me, dicens : * Isti sunt viri sancti facti amíci Dei.
    . Vidi Angelum Dei fortem, volántem per médium cælum, voce magna clamántem et dicéntem.
    * Isti sunt viri sancti facti amíci Dei.

    Je vis des hommes assemblés, portant des vêtements splendides, et l’Ange du Seigneur me dit : Voici les Saints, les amis de Dieu. Je vis un Ange de Dieu, vêtu de puissance, qui volait au milieu du ciel, il criait d’une voix forte et il disait : Voici les Saints, les amis de Dieu.

    . Tamquam aurum in fornáce probávit eléctos Dóminus, et quasi holocáusti hóstiam accépit illos ; et in témpore erit respéctus illórum, * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.
    . Qui confídunt in illum, intélligent veritátem : et fidéles in dilectióne acquiéscent illi.
    * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.

    Le Seigneur a éprouvé les élus comme l’or dans la fournaise, et il les a reçus comme une victime offerte en holocauste ; et dans le temps ils auront un regard favorable : car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu. Ceux qui se confient en lui auront l’intelligence de la vérité : et ceux qui sont fidèles dans son amour lui demeureront attachés. Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu.

    . Propter testaméntum Dómini et leges patérnas, Sancti Dei perstitérunt in amóre fraternitátis : * Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides.
    . Ecce quam bonus et quam jucúndum habitáre fratres in unum !
    * Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides.

    A cause de l’alliance du Seigneur et des lois de leurs pères, les Saints de Dieu demeurèrent fermes dans l’amour de leurs frères :car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères vivent dans une parfaite union ! Car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi.

    . Hæc est vera fratérnitas, quæ numquam pótuit violári certámine : qui, effúso sánguine, secúti sunt Dóminum : * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.
    . Ecce quam bonum et quam jucúndum habitáre fratres in unum !

    * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.

    Elle est bien réelle, cette fraternité qui n’a jamais pu subir d’atteinte dans le combat : ces frères ont suivi le Seigneur jusqu’à l’effusion du sang : méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent ensemble ! Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste.

  • Saint Guillaume

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    Deus, qui infirmitáti nostræ ad teréndam salútis viam in Sanctis tuis exémplum et præsídium collocásti : da nobis, ita beáti Guliélmi Abbátis mérita venerári ; ut eiúsdem excipiámus suffrágia et vestígia prosequámur. Per Dóminum.

    O Dieu, pour aplanir à notre faiblesse la voie du salut, vous nous avez donné l’exemple et la protection de vos Saints : faites que nous honorions les mérites du bienheureux Guillaume, Abbé, de manière à mériter le secours de ses prières et à marcher sur ses traces.

    Je ne crois pas avoir vu d’autre oraison avec le verbe tero, qui veut dire frotter, user, broyer, et habituellement, quand il s’agit d’une route, simplement la fouler souvent. Il exprime bien, ici, l’ascèse chrétienne qui doit broyer – ou user peu à peu avec autant de détermination que de patience - tout ce qui fait obstacle sur la route du salut.

  • Saint Jean Baptiste

    Les tressaillements de joie du Baptiste dans le sein d’Elisabeth, à la suite de la salutation de Marie, étaient un témoignage rendu au Christ, témoignant de la divinité de sa conception et de sa nativité. Qu’est donc Jean, sinon en tout lieu un témoin et un précurseur ? Il prévint sa naissance et mourut peu de temps avant la mort du Fils de Dieu : afin que, en séjournant avant le Christ non seulement parmi les hommes qui vivent sur terre mais aussi parmi ceux qui attendent d’être délivrés de la mort par le Christ, il prépare partout au Seigneur un peuple bien disposé. Le témoignage de Jean précède également le second avènement du Christ, le plus divin : « Si vous voulez me croire, dit-il, c’est lui Elie qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ».

    Origène, Commentaire sur saint Jean, II, 224.

    « Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. » Le peuple juif ne voyait absolument pas que notre Seigneur accomplissait « des miracles et des prodiges » et guérissait leurs maladies, mais Jean, encore dans le sein maternel, exulte de joie, on ne peut pas le retenir et, à l'arrivée de la mère de Jésus, l'enfant tente de sortir du sein d'Elisabeth. « Dès l'instant que ta salutation a frappé mes oreilles, dit Elisabeth, l'enfant a tressailli de joie dans mon sein. » Jean était encore dans le sein de sa mère et il avait déjà reçu le Saint-Esprit. (…)

    « Et il marchera le premier en présence du Christ dans l'esprit et la puissance d'Elie. » Il ne dit pas dans l'âme d'Elie mais « dans l'esprit et la puissance d'Elie ». Il y eut en Elie puissance et esprit comme en tous les prophètes et, de même, selon l'économie de l'Incarnation, en notre Seigneur et Sauveur lui-même. A ce sujet, il est dit à Marie, quelques versets plus loin : « L'Esprit-Saint viendra en toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » L'Esprit, qui avait reposé sur Elie, vint sur Jean et la puissance qui habitait Elie apparut en lui. L'un fut transporté au ciel mais l'autre fut le précurseur du Seigneur et il est mort avant lui pour descendre aux enfers annoncer son avènement.

    Pour ma part, je pense que le mystère de Jean s'accomplit dans le monde jusqu'à maintenant. Quiconque est destiné à croire au Christ Jésus, il faut qu'auparavant l'esprit et la puissance de Jean viennent en son âme pour préparer au Seigneur un peuple parfait et, dans les aspérités du cœur, aplanir les chemins et redresser les sentiers. Ce n'est pas seulement en ce temps-là que les routes furent aplanies et les sentiers redressés, mais aujourd'hui encore l'esprit et la puissance de Jean précèdent l'avènement du Seigneur Sauveur. O grandeur du mystère du Seigneur et de son dessein sur le monde ! Les anges précèdent Jésus, les anges chaque jour montent ou descendent pour le salut des hommes dans le Christ Jésus, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen. »

    Origène, Homélie IV sur saint Luc

    Ces derniers mots indiquent une assimilation entre saint Jean Baptiste et les anges. Cela vient de ce que la plus célèbre prophétie sur saint Jean Baptiste, en Malachie, dit littéralement « Voici que j’envoie mon ange, et il préparera la voie devant ma face ». (Ange – angelos – veut dire messager.) De ce fait, sur les icônes, et sur les iconostases où il est à droite du Christ, saint Jean Baptiste est souvent représenté avec des ailes d’ange.

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  • 2e dimanche après la Pentecôte

    Dómine, convértere, et éripe ánimam meam : salvum me fac propter misericórdiam tuam.
    Revenez à moi, Seigneur, et sauvez mon âme ; délivrez-moi à cause de votre miséricorde.

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    Par la Schola Cantorum Achel :

    podcast

    La mélodie de l’offertoire de ce dimanche est unique en son genre. On peut voir ici ou là (introït de la Vigile de Noël, introït du 23e dimanche après la Pentecôte, offertoire du 16e dimanche) que le 6e mode est très accroché à sa tonique fa, et à la tierce fa-la (tonique-dominante). Mais ici c’est à un degré extrême : on a quasiment un récitatif sur le fa avec une broderie minimale. La seule exception est le mot « propter » (qui se risque à descendre au ré et même au do) : c’est en effet le mot le plus important, puisque c’est uniquement en raison de sa miséricorde que Dieu me sauve.

    Au moyen âge cette antienne d’offertoire avait deux versets, qui étaient les deux premiers versets de ce psaume 6 (l’antienne est le verset 5) :

    Domine, ne in ira tua arguas me, neque in furore tuo corripias me.
    Seigneur, ne me reprenez pas dans votre courroux, et ne me punissez pas dans votre indignation.

    Miserere mihi, Domine, quoniam infirmus sum, sana me, Domine, quoniam conturbata sunt omnia ossa mea;
    Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force, Seigneur : guérissez-moi, Seigneur, parce que tous mes os sont troublés.

    Le premier verset reprenait seulement la descente (ré-do), sur « Domine », puis sur « furore tuo ». Mais le deuxième verset s’envolait dans des vocalises, d’abord sur « Domine » qui montait au do-ré à l’octave, et surtout sur « ossa », avec un mélisme de… 67 notes.

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  • Saint Paulin

    Lettre de saint Augustin à saint Paulin, en 395.

    O homme bon et bon frère, vous étiez inconnu à mon âme, je lui dis de supporter que vous soyez encore inconnu à mes yeux, et c'est à peine si elle m'obéit, ou plutôt elle ne m'obéit pas. S'y résigne-t-elle, puisque je suis tourmenté par le désir de vous voir? Si j'éprouvais des souffrances corporelles sans en être intérieurement ému, je pourrais dire à bon droit que je les supporte; mais je ne subis pas avec un esprit tranquille la douleur de ne point vous voir; il ne m'est pas permis de parler ici de ma patience. Mais ne serait-ce point intolérable qu'on se résignât à vivre loin d'un homme comme vous? Il est donc bien que je le supporte mal : sans cela je ne serais pas supportable. Ce qui m'arrive est étrange et cependant bien vrai : je souffre de ne pas vous voir, et ma douleur elle-même me console. Je n'aime pas le courage qui fait supporter aisément l'absence de ceux qui sont lions comme vous. Nous désirons la Jérusalem future, et nous la désirons avec d'autant plus d'impatience que nous endurons plus patiemment tout pour elle. Qui pourrait n'être pas dans la joie en vous voyant, ni dans la douleur, en ne vous voyant pas? Je ne puis donc ni l'un ni l'autre; et comme je me trouverais dur de le pouvoir, j'aime à ne le pouvoir pas, et ceci est pour moi un soulagement. Ce n'est pas en souffrant moins, c'est en considérant ma douleur que je me console. Ne me blâmez pas, je vous prie, avec cette sainte gravité qui vous élève au-dessus des autres, et ne dites pas que je m'afflige à tort de ne pas vous connaître encore, puisque vous m'avez laissé voir votre esprit qui est l'intérieur de vous-même. Mais si je me trouvais dans un endroit où vous seriez, dans votre terrestre cité ou partout ailleurs, vous que je saurais mon frère et mon ami, vous si grand dans le Seigneur et d'un si haut mérite, pensez-vous que je ne sentirais aucune douleur de ne pas découvrir votre demeure? Comment ne m'affligerais-je donc pas de ne point avoir vu encore votre visage, la demeure même de votre âme que je connais comme la mienne?

    Car j'ai lu votre lettre où coulent le lait et le miel, où se révèle cette simplicité de cœur avec laquelle vous cherchez le Seigneur dont vous sentez la bonté, et où tout concourt à rendre à Dieu honneur et gloire. Nos frères l'ont lue aussi, et se réjouissent des dons si abondants et si excellents que Dieu a répandus sur vous. Tous ceux qui l'ont lue me l'enlèvent, parce qu'elle les enlève chaque fois qu'ils la lisent. On ne saurait dire la suave odeur du Christ qui s'en échappe; plus elle vous révèle à nous, plus elle nous excite à vous chercher, car elle vous rend bien digne qu'on vous regarde et qu'on vous désire. Et comme cette lettre nous fait sentir votre présence, votre absence n'en devient que plus malaisée à supporter. Tous vous aiment dans cet écrit, et veulent être aimés de vous. On y loue et on y bénit Dieu qui vous a fait tel que vous êtes; on y réveille le Christ pour qu'il daigne calmer les vents et tes mers et vous permettre d'arriver à son repos. On y voit une femme qui ne mène pas son époux à la mollesse, mais qui revient à la force en revenant aux os de son mari. Elle s'est fondue en vous et vous est unie par des liens spirituels d'autant plus forts qu'ils sont plus chastes, et nous la saluons en vous encor: aune fois pour remplir tous nos devoirs envers votre sainteté. Là les cèdres du Liban, couchés par terre et devenus une arche par le travail de la charité, fendent les flots de ce monde sans craindre la corruption. Là on méprise la gloire pour l'acquérir, et on délaisse le monde pour en être l'héritier. Là sont écrasés contre la pierre les petits enfants de Babylone et même ceux qui sont un peu grands, c'est-à-dire les vices de la confusion et de l'orgueil du siècle.

    Voilà les sacrés et doux spectacles que votre lettre nous donne, cette lettre d'une foi véritable, d'une bonne espérance, d'une pure charité. Comme elle nous fait respirer votre soif, votre désir des tabernacles du Seigneur et les saintes langueurs de votre âme ! Comme on y sent le souffle du saint amour et les brûlants trésors d'un cœur sincère! Quelles grâces elle rend à Dieu et quelles grâces elle en obtient ! On ne sait si elle est plus suave qu'ardente, plus lumineuse que féconde; car elle caresse notre âme autant qu'elle l'embrase, elle verse autant de rosée qu'elle a de purs rayons. Comment vous la payer, je vous prie, sinon en me donnant tout entier à vous en Celui à qui vous vous êtes tout entier donné ? Si c'est peu, je n'ai rien de plus. Vous avez si bien fait que cela ne saurait me paraître peu de chose, à moi que vous avez daigné combler de louanges dans votre lettre; et quand je me donne à vous, si j'estimais que c'est peu, je serais forcé d'avouer que je ne vous crois pas. J'ai honte de croire tout le bien que vous dites de moi, mais j'aurais encore plus de honte de ne pas vous croire. Voici ce que je ferai : je ne me jugerai pas tel que vous me jugez, parce que je ne me reconnais pas dans vos louanges; et je penserai que vous m'aimez, parce que je le sens et je le vois; par là je ne serai ni téméraire envers moi, ni ingrat envers vous. Et quand je m'offre à vous tout entier, ce n'est pas peu : car j'offre celui que vous aimez vivement; et j'offre à vous, sinon celui qui est tel que vous le pensez, au moins celui qui vous demande de prier Dieu de le rendre tel. Je vous conjure de le faire, de peur que vos souhaits pour ce qui me manque ne soient moins vifs, pensant que je suis déjà ce que je ne suis pas.

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  • Saint Louis de Gonzague

     

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    Extrait de la Vie de saint Louis de Gonzague par le P. Virgile Cépari, nouvelle édition, 1809. (Le tableau ci-dessus n’est pas celui dont il est question dans le texte, puisque le peintre, Gehard Seghers, est né l’année de la mort de saint Louis de Gonzague. Mais il a sans doute été inspiré par cette anecdote.)