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Liturgie - Page 120

  • Impetum inimicorum

    Les répons des matines.

    ℟.  Impetum inimicórum ne timuéritis: mémores estóte, quómodo salvi facti sunt patres nostri: * Et nunc clamémus in cælum et miserébitur nostri Deus noster.
    . Mementóte mirabílium eius, quæ fecit pharaóni et exercítui eius in Mari Rubro.
    ℟.  Et nunc clamémus in cælum et miserébitur nostri Deus noster.

    Ne craignez pas l’assaut des ennemis : souvenez-vous comment nos pères ont été sauvés, et crions maintenant vers le ciel, et notre Dieu aura pitié de nous. Souvenez-vous de ses merveilles, qu’il fit à Pharaon, et à son armée dans la mer Rouge.

    (Maccabées I, 4 8-10)

     

    ℟. Congregátæ sunt gentes in multitúdine, ut dímicent contra nos, et ignorámus quid ágere debeámus: * Dómine Deus, ad te sunt óculi nostri, ne pereámus.
    . Tu scis quæ cógitant in nos: quómodo potérimus subsístere ante fáciem illórum, nisi tu ádiuves nos?
    ℟. Dómine Deus, ad te sunt óculi nostri, ne pereámus.

    Les nations se sont rassemblées en grand nombre pour nous attaquer, et nous ne savons pas ce que nous devons faire. Seigneur Dieu, nous tournons les yeux vers toi, afin que nous ne périssions pas. Tu sais ce qu’ils cogitent contre nous : comment pourrions-nous tenir devant eux, si tu ne nous aides pas ? Seigneur Dieu, nous tournons les yeux vers toi, afin que nous ne périssions pas.

    (Formé d’après une ancienne version latine des Maccabées, I, 3, 52-53.)

     

    ℟. Tua est poténtia, tuum regnum, Dómine: tu es super omnes gentes: * Da pacem, Dómine, in diébus nostris.
    . Creátor ómnium, Deus, terríbilis et fortis, iustus et miséricors.
    ℟. Da pacem, Dómine, in diébus nostris.
    . Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Da pacem, Dómine, in diébus nostris.

    A toi la puissance, à toi le règne, Seigneur : tu es au-dessus de tous les peuples. Donne la paix, Seigneur, en nos jours. Créateur de tout, Dieu, terrible et fort, juste et miséricordieux, donne la paix, Seigneur, en nos jours.

    (Le début est plus ou moins inspiré du début de la prière de David à la fin du premier livre des Chroniques, et le verset reprend des expressions qui se trouvent dans la prière de Néhémie au début du second livre des Maccabées.)

  • Saint Hilarion

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    Hilarion était d'un bourg nommé Tabate qui est assis, du côté du midi, à cinq milles ou environ de Gaza, ville de Palestine. Son père et sa mère étant idolâtres, cette rose, ainsi que l'on dit communément, fleurit au milieu de ces épines. Ils l'envoyèrent apprendre les lettres humaines à Alexandrie, où il donna des preuves d'un grand esprit et d'une grande pureté de mœurs, autant que son âge le pouvait permettre ; ce qui le rendit en peu de temps aimé de tous et savant en rhétorique. Mais, ce qui est incomparablement plus estimable, étant entré dans la foi de Jésus-Christ, il ne prenait plaisir ni aux fureurs du cirque, ni au sang des gladiateurs, ni aux dissolutions du théâtre, mais toute sa joie était de se trouver à l'église en l'assemblée des fidèles.

    Ayant entendu parler de saint Antoine, dont le nom était si célèbre dans toute l'Égypte, l'extrême désir qu'il eut de le voir le fit aller dans le désert ; et aussitôt qu'il eut reçu cette consolation, il changea d'habit et demeura près de deux mois auprès de lui, observant avec grand soin sa manière de vivre et la gravité de ses mœurs, quelle était son assiduité en l'oraison, son humilité à recevoir ses frères, sa sévérité à les reprendre, sa gaîté à les exhorter, et comme nulle infirmité n'était capable d'interrompre son abstinence en toutes choses et l'âpreté de ses jeûnes.

    Mais, ne pouvant souffrir davantage l'abord et la multitude de ceux qui venaient de tous côtés chercher saint Antoine pour être soulagés de diverses maladies, et particulièrement de l'obsession des démons, et disant que, puisqu'il n'y avait point d'apparence de voir dans le désert autant de monde que dans les villes, il fallait qu'il commençât ainsi qu'avait commencé Antoine, lequel, comme un vaillant soldat, pouvait alors jouir du fruit de ses victoires, au lieu que lui n'était pas encore seulement entré dans le combat, il s'en retourna en son pays avec, quelques solitaires; et ses parents étant déjà morts, il donna une partie de son bien à ses frères et l'autre aux pauvres, sans se réserver chose quelconque, à cause que cet exemple ou ce supplice d'Ananias et de Saphira, que nous voyons dans les Actes des apôtres, lui faisait peur, et principalement parce qu'il avait gravé dans son esprit cette parole de notre Seigneur : « Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne saurait être mon disciple. »

    Il n'avait lors que quinze ans ; et, s'étant en cette sorte dépouillé de toutes choses et armé de Jésus-Christ, il entra dans cette solitude qui, étant sur la main gauche lorsque l'on va en Egypte le long du rivage, est éloignée de sept milles de Majma, où se fait tout le trafic de Gaza. Ces lieux étant remplis de meurtres par les brigandages qui s'y faisaient, et ses proches et ses amis l'ayant averti d'un si grand péril, il méprisa la mort pour éviter une autre mort. Chacun s'étonnait de son courage ; et on eût encore plus admiré qu'il fût capable en cet âge de prendre une telle résolution, si l'on n'eût vu reluire dans ses yeux cette flamme qui brûlait son cœur, et ces étincelles de sa foi si vive et si ardente. Si son teint était délicat, son corps et sa complexion ne l'étaient pas moins ; et, étant très sensible à toutes les injures de l'air, le moindre froid ou le moindre chaud était capable de lui donner beaucoup de peine.

    Ainsi, se couvrant seulement d'un sac et prenant une tunique de poil (que le bienheureux Antoine lui avait donnée lorsqu'il prit congé de lui) avec un sayon de paysan, il s'arrêta, entre la mer et les marais, dans une vaste et effroyable solitude où il ne mangeait que quinze figues par jour après que le soleil était couché. Et comme cette contrée, ainsi que j'ai déjà dit, était toute pleine de voleurs, nul autre homme que lui n'avait jamais demeuré en ce lieu-là. Que pouvait faire le démon eu le voyant vivre de la sorte ? de quel côté se pouvait-il tourner ? Il en enrageait, et celui qui avait dit autrefois avec tant d'insolence et de vanité « Je monterai dans le ciel, j'établirai mon trône sur les astres et serai semblable au Très-Haut », se voyait vaincu par un enfant, qui le foulait aux pieds avant que son âge lui permît de pécher.

    Début de la Vie de saint Hilarion par saint Jérôme, traduction de Benoît Matougues, 1838.

  • Saint Jean de Kenty

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    Notice du Musée national de Cracovie

    Un ecclésiastique en toge de professeur dépose une cruche cassée, dont les morceaux lui sont remis par une femme aux pieds nus agenouillée à côté de lui. Leurs efforts sont observés avec intérêt par quelques garçons et trois anges planant au-dessus d'eux. Un miracle est sur le point de se produire dans un instant...

    Le petit tableau représentant le miracle de saint Jean de Kenty se distingue par une grande classe artistique ; l'art de l'artiste se manifeste, entre autres, dans les effets de lumière et d'ombre, dans le modelage du teint des personnages, dans l'élégance de leurs silhouettes allongées. Cette œuvre illustre la légende selon laquelle saint Jean de Kenty aurait rencontré une fois une femme en train de se lamenter. C'est la servante qui a accidentellement fait tomber le pot de lait ; le vaisseau s'est cassé et le lait s'est écoulé. Le saint eut pitié de la femme, et afin de la sauver de la colère de l'employeur, il assembla la cruche, priant sur elle, et le vaisseau se recolla miraculeusement. Ensuite, Jean de Kenty dit à la femme de puiser de l'eau dans la rivière Rudawa, puis il pria de nouveau, et l'eau se transforma en lait.

    L'auteur du tableau est Tadeusz Kuntze-Konicz, né en 1727 à Zielona Góra - le nom de famille polonais Konicz a été changé en Kuntze à consonance allemande. Il a passé la majeure partie de sa vie en Italie, connu sous le nom de Taddeo Pollaco. Il a terminé ses études artistiques à Rome et y a principalement travaillé. Cependant, il a conservé ses liens avec la Pologne, a créé des œuvres commandées par des mécènes polonais et, dans les années 1757-1759, il a également été actif à Cracovie. Le tableau du Miracle de saint Jean de Kenty a été créé plus tard, à l'occasion de la canonisation de ce saint, c'est-à-dire vers 1767. Saint Jean de Kenty venait de Kęty, où il naquit en 1390, et il mourut à Cracovie en 1473. En tant qu'érudit de l'Académie de Cracovie, saint Jean de Kenty est le saint patron des professeurs et des étudiants, des enseignants et des étudiants. Il est béatifié en 1680 et canonisé en 1767. Ses reliques reposent dans l'église Sainte-Anne de Cracovie, dans un magnifique mausolée baroque. La peinture de Tadeusz Kuntze-Konicz était très populaire, et donc de nombreuses copies ont été faites (il existe plus de 20 versions de cette composition). Les versions originales se trouvent aujourd'hui à Cracovie : l'une se trouve dans l'église Saint Florian, et le deuxième dans la collection du Musée national, dans la galerie d'art polonais ancien du palais de l'évêque Erazm Ciołek.

  • Saint Pierre d’Alcantara

    Le remède contre les tentations des pensées importunes qui ont coutume de nous assaillir dans l'oraison, est de les combattre avec courage et avec persévérance. Toutefois cette résistance ne doit pas se faire avec trop de fatigue et d'angoisse d'esprit, parce que ce n'est pas tant une œuvre de la force que de la grâce et de l'humilité. C'est pourquoi, lorsque quelqu'un se trouve dans cet état, attendu qu'en cela il n'y a point de sa faute, ou qu'elle est très légère, il doit, sans scrupule et sans désespoir, se tourner vers Dieu, et lui dire en toute humilité et dévotion : « Vous voyez ici, ô Seigneur de mon âme, ce que je suis. Que pouvait-on attendre de ce fumier, sinon de semblables odeurs ? Que pouvait-on espérer de cette terre que vous avez maudite, sinon des ronces et des épines ? Voilà, Seigneur, le fruit qu'elle peut produire, si vous n'avez la bonté de la purifier. » Et cela dit, qu'il reprenne le fil de son oraison comme auparavant, et qu'il attende avec patience la visite du Seigneur qui jamais ne manque aux humbles. Si cependant les pensées continuent de vous inquiéter, et si de votre côté vous leur résistez avec persévérance, faisant ce qui dépend de vous, vous devez tenir pour certain que vous avancez beaucoup plus par cette résistance, que si vous étiez à jouir de Dieu, le cœur tout inondé de délices.

    Traité de la dévotion, chapitre 4, deuxième avis.

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    Par Pedro de Mena (Grenade 1663-1673), musée Frederic Marès de Barcelone.

  • Saint Luc

    Doxastikon des laudes, par Thrasyvoulos Stanitsas (né en 1910 à Constantinople, mort en 1987 à Athènes), « arkhon protopsalte de la Grande Eglise de Constantinople » de 1960 à 1964, date à laquelle il fut expulsé de Turquie. Il fut le premier chantre patriarcal à être longuement enregistré.

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι…
    Δαυϊτικῶς συνελθόντες οἱ Πιστοὶ ἐν ᾄσμασι, τῷ μυστικῷ ῥήτορι τοῦ Λόγου, Λουκᾶ ἐκβοήσωμεν· Ἡ γλῶσσά σου κάλαμος γραμματέως ἐδείχθη, Χριστοῦ τοῦ ὀξυγράφου, ὡραΐζουσα τὰς ὄψεις, πρὸς τὴν γνῶσιν τῶν ἐθνῶν, τῆς θείας ἐπιγνώσεως, ἐν ᾗ ἀνεκήρυξας τὸ Εὐαγγέλιον, καὶ τῶν συναποστόλων σου τὰς Πράξεις συνεγράψω. Διὸ παριστάμενος τῇ Τριάδι καὶ Θεῷ, πρέσβευε ὑπὲρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit...
    Fidèles, tous ensemble réunis, par nos chants, à la manière de David, acclamons l'orateur mystique du Verbe, saint Luc. Ta langue s’est montrée le calame rapide du scribe du Christ, illuminant les regards des païens pour les amener à la connaissance divine, avec laquelle tu as proclamé l'Evangile et rédigé les Actes des Apôtres, tes compagnons ; désormais en présence de la Trinité qui est Dieu, intercède pour nos âmes.

  • 21e dimanche après la Pentecôte

    In voluntáte tua, Dómine, univérsa sunt pósita, et non est, qui possit resístere voluntáti tuæ : tu enim fecísti ómnia, cælum et terram et univérsa, quæ cæli ámbitu continéntur : Dominus universórum tu es.

    Tout est soumis à votre volonté, Seigneur, et nul ne peut lui résister, car vous avez tout créé, le ciel et la terre et toutes les choses qui sont comprises dans le cours des cieux ; vous êtes le Seigneur de l’univers.

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    Comme quelques autres, dont le plus célèbre est celui de Pâques, cet introït du quatrième mode a sa véritable dominante sur fa, au lieu de la, et comme la tonique est mi, l’essentiel du mode tient en un demi-ton, ce qui ne peut pas être plus réduit… La deuxième et la troisième phrase brodent toutefois au-dessus, sur fa-la, pour illustrer l’affirmation que personne ne résister à la volonté de Dieu. Mais dès la deuxième incise de la troisième phrase on retombe sur le fa, avec un récitatif qui va toutefois s’animer pour évoquer tout ce que contiennent le ciel et la terre. La dernière phrase, en dehors de l’élargissement vers le haut sur universorum, revient quasiment à l’ambiance du début.

    A propos du texte de cette antienne, voir ma note de 2016, où je donnais l’interprétation des moines de Kergonan. En voici une autre, celle du « Stepping Stone Project ». Il s’agit en fait de Michael Olbash, directeur musical de deux séminaires aux Etats-Unis et chef de chœur, et de six autres chanteurs, en 2007 à la chapelle de la Sainte Famille de Lyndonville, dans le Vermont, qui venait tout juste d’être construite.

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  • Sainte Hedwige de Silésie

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    La Pologne a cette heureuse fortune, qu'à chaque époque décisive de son histoire, un saint apparaît pour lui tracer la voie qui la conduira à l'accomplissement de sa glorieuse destinée. Sur le champ de bataille de Legnica plane la douce image de sainte Hedwige. Mère du duc Henri le Pieux, elle s'était retirée depuis son veuvage au monastère cistercien de Trzebnica, qu'elle avait fondé. Trois années avant l'arrivée des barbares, elle eut révélation du sort qui attendait son fils. Elle offrit silencieusement son sacrifice, et, bien loin d'arrêter le courage du jeune duc, elle fut la première à l'animer à la résistance.

    La nuit qui suivit la bataille, elle éveilla une de ses compagnes et lui dit : « Demundis, sachez que j'ai perdu mon fils. Mon fils chéri s'est éloigné de moi comme un oiseau qui fuit à tire d'aile; je ne verrai plus mon fils en cette vie. » Demundis essaya de la consoler. Aucun courrier n'était arrivé de l'armée, et ces inquiétudes étaient vaines. « Ce n'est que trop vrai, lui répondit la duchesse, mais n'en parlez à personne. »

    « Trois jours après, la fatale nouvelle était confirmée. C'est la volonté de Dieu, dit Hedwige; ce que Dieu veut et ce qui lui plaît doit aussi nous plaire. » Et tressaillant dans le Seigneur : « Je vous rends grâces, ô mon Dieu, dit-elle en levant les yeux et les mains au ciel, de ce que vous m'aviez donné un tel fils. Il m'a aimée toujours durant sa vie, il m'eut toujours en « grand respect, jamais il ne m'a affligée. J'aurais beaucoup désiré l'avoir avec moi sur la terre; mais je le félicite, de toute mon âme, de ce que par l'effusion de son sang il vous est uni au ciel, à vous son créateur. Je vous recommande son âme, ô Seigneur mon Dieu. » Il ne fallait pas moins qu'un tel exemple pour soutenir la Pologne en face des nouveaux devoirs qu'elle venait d'accepter.

    A Legnica, elle avait relevé le glaive de la chrétienté, tombé des mains défaillantes de la Ruthénie, et elle se tenait désormais comme une sentinelle vigilante, prête à défendre l'Europe contre les barbares. Quatre-vingt-treize fois les Tartares s'élancèrent sur la chrétienté, toujours avides de sang et de pillage ; quatre-vingt-treize fois la Pologne les repoussa de vive force, ou eut la douleur de les voir saccager ses campagnes, incendier ses villes, emmener en captivité la fleur de ses enfants. Par ces sacrifices, elle amortissait au profit de l'Europe le coup de l'invasion. Tant qu'il fallut du sang, des larmes et des victimes, la Pologne en donna sans compter, pendant que les nations européennes jouissaient de la sécurité, achetée par cette continuelle immolation.

    (Extrait de l’introduction de S. Josaphat et l'Eglise grecque unie en Pologne, par dom Guépin, cité dans L’Année liturgique. Dom Alphonse Guépin, moine de Solesmes, avait été chargé par dom Guéranger de rédiger une vie de saint Josaphat, à l’occasion de sa canonisation en 1867. En 1880 il fut envoyé en Espagne pour trouver un lieu de repli suite aux décrets contre les congrégations ; il restaura l’abbaye de Silos – supprimée en 1836 comme tous les ordres religieux – dont il devint abbé sous le nom d’Ildefonso. Il devint aussi membre de l’Académie royale d’histoire.)

  • Sainte Thérèse de Jésus

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    Portrait par frère Jean de la Misère, au couvent de Séville, en 1576.

     

    Fin de la quatrième et dernière « Relation » (1575).

    Voici maintenant, mon Père, puisque vous désirez le savoir, comment a lieu la vision dont j’ai parlé. On ne voit rien, ni intérieurement ni extérieurement, parce qu’elle n’est point imaginaire ; mais l’âme, sans rien voir, conçoit l’objet et sent de quel côté il est, plus clairement que si elle le voyait, excepté que rien de particulier ne se présente à elle. C’est, pour me servir d’une comparaison, comme si, étant dans l’obscurité, on sentait quelqu’un auprès de soi : quoiqu’on ne pût pas le voir, on ne laisserait pas pour cela d’être sûr de sa présence. Cette comparaison n’est pourtant pas tout à fait juste ; car celui qui est dans l’obscurité peut juger qu’une personne est auprès de lui par quelque moyen, soit par le bruit qu’elle fait, soit parce qu’il l’entrevoit et l’a connue auparavant : au lieu qu’ici il n’y a rien de tout cela ; et sans le secours d’aucune parole, ni intérieure, ni extérieure, l’âme conçoit très clairement quel est l’objet qui se présente à elle, de quel côté il est, et quelquefois ce qu’il veut lui dire. Par où et comment elle conçoit cela, c’est ce qu’elle ignore ; mais la chose se passe ainsi, et elle dure assez longtemps pour que l’âme ne puisse en douter ; et quand une fois l’objet s’est éloigné d’elle, elle a beau vouloir se le présenter encore de la même façon, elle n’en peut venir à bout. Ce n’est plus qu’un effet de son imagination, et non pas, comme auparavant, une représentation indépendante du concours de l’homme.

    Il en est de même de toutes les choses surnaturelles ; et de là vient que l’âme à qui Dieu fait ces sortes de grâces en devient plus humble qu’auparavant, parce qu’elle reconnaît que c’est un don de Dieu, dont elle ne peut se dégager, comme elle ne peut se le procurer en aucune manière. Il lui en reste un plus grand amour et un plus vif désir de servir un si puissant Seigneur, qui peut faire ce que nous ne pouvons même pas concevoir en ce monde. C’est ainsi que, quelque savant qu’on soit, on reconnaît toujours qu’il y a des sciences où l’on ne peut atteindre. Que celui qui donne ces biens précieux soit à jamais béni ! Amen.

  • (Saint Just)

    Aujourd’hui c’est la fête de saint Calixte Ier (le vrai pape de la miséricorde). Mais dans le martyrologe de ce jour la plus longue notice, l’une des plus longues du martyrologe romain, est consacrée à un personnage étonnant, saint Just de Lyon :

    Lugdúni, in Gállia, sancti Justi, Epíscopi et Confessóris, miræ sanctitátis et prophétici spíritus viri; qui, Episcopátu demísso, in erémum Ægypti, una cum Lectóre suo Viatóre, secéssit, ibíque, cum áliquot annos próximam Angelis egísset vitam, et dignus suórum labórum finis advenísset, corónam justítiæ perceptúrus migrávit ad Dóminum. Ipsíus sanctum corpus, una cum óssibus beáti Viatóris, qui ejúsdem Epíscopi fúerat miníster, Lugdúnum póstea quarto Nonas Septémbris delátum fuit.

    A Lyon, en Gaule, saint Just, évêque et confesseur, homme d'une admirable sainteté et doué du don de prophétie. Renonçant à son évêché, il se retira dans un désert de l'Egypte, avec Viateur, son lecteur, et, après y avoir mené pendant quelques années une vie presque semblable à celle des anges, il y trouva l'heureux terme de ses travaux, et s'en alla vers le Seigneur pour recevoir de lui la couronne de justice. Son saint corps, avec les ossements du bienheureux Viateur, son ministre, fut plus tard rapporté à Lyon, le 2 septembre.

    Saint Just était né à Tournon, où son père était gouverneur de la province appelée aujourd’hui Vivarais. Il étudia auprès de saint Paschase évêque de Vienne, et il se fit remarquer par sa science et sa piété, au point que vers 350, alors qu’il était encore très jeune, il fut élu archevêque de Lyon. En 381 il fut l’un des trois évêques de Gaule députés au concile d’Aquilée. Ce concile avait été demandé par deux évêques ariens qui avaient les faveurs de la femme de l’empereur. Le concile fut ouvert par saint Ambroise, qui demanda à Just de s’exprimer. Celui-ci demanda que les deux évêques soient destitués comme blasphémateurs, ce qui fut fait. Just revint à Lyon comme champion de la vraie doctrine.

    Peu après, un homme dans un accès de démence tue plusieurs personnes dans la rue. Puis il se réfugie dans une église. La foule menace de briser les portes si l’évêque ne le fait pas sortir. Just refuse qu’on viole le lieu saint. Un magistrat, pour apaiser la foule, dit à Just qu’il va emmener l’individu en prison puis qu’il le ramènera dès que les gens se seront calmés. L’évêque acquiesce, mais dès que le meurtrier est sorti la foule le lynche.

    Considérant qu’il est responsable de la mort de cet homme et donc indigne de l’épiscopat, Just quitte son évêché et se retire dans sa maison natale. Personne ne peut le faire revenir sur sa décision. Et une nuit il s’en va, avec un lecteur nommé Viator. Ils vont à Marseille et s’embarquent pour l’Egypte. Là ils vont devenir des moines anonymes du célèbre désert de Scété. Un jour arrive un Lyonnais qui le reconnaît, se prosterne devant lui et lui demande sa bénédiction. Stupéfaction des moines, qui apprennent que l’homme qui s’est soumis à toutes les servitudes monastiques et aux austérités du désert est le métropolite de Lyon. Just leur demande de se conduire avec lui comme avant. Quelques années plus tard, le troisième successeur de Just à Lyon décide d’aller voir son étonnant prédécesseur. « Sois le bienvenu, la fin de ma vie approche et Dieu t'a envoyé pour me rendre les devoirs de la sépulture », lui dit Just. De fait il meurt quelques jours plus tard, le 2 septembre 390. C’est à cette date qu’il est fêté à Lyon, notamment à la collégiale… Saint-Just, qui est l’église de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.

  • Saint Edouard le Confesseur

    Quelques-unes des 64 miniatures du livre « La estoire de seint aedward le rei translatee de latin », en vers, d’après la Vie de saint Edouard de Aelred de Rievaulx. Peut-être de Matthieu Paris. Commande de Henry III, milieu du XIIIe siècle.

    Le couronnement de saint Edouard.

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    Saint Edouard voit le Christ dans l’hostie au moment de l’élévation.

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    Le roi guérit un aveugle.

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    Saint Edouard avait promis de ne jamais refuser l’aumône demandée au nom de saint Jean l’évangéliste ; un jour, un pauvre lui ayant tendu la main au nom de l’apôtre, le roi, dépourvu d’argent, retira de sa main un riche anneau et le lui donna. Plus tard, saint Jean apparut à deux pèlerins qui se mettaient en voyage pour les Lieux Saints ; il leur remit un anneau en leur disant : « Portez cet anneau au roi, c’est lui qui me l’a donné un jour que je lui demandais l’aumône en habit de pèlerin ; dites-lui que, dans six mois, je le visiterai et le mènerai avec moi à la suite de l’Agneau sans tache. » Edouard mourut en effet six mois après. A droite de la troisième vignette, les libéralités de saint Edouard envers les pauvres.

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    Edouard reçoit les derniers sacrements. Derrière lui la reine en pleurs. Il meurt le 5 janvier 1066.

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    Le livre va jusqu’à la mort d’Harold à la bataille d’Hastings, neuf mois après la mort d’Edward, dernier roi anglo-saxon d’Angleterre.

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    En 1102 le tombeau d’Edward est ouvert et l’on trouve son corps sans corruption. Le 13 octobre 1163 a lieu la translation dans un nouveau tombeau à Westminster, l’abbaye qu’il avait créée. Ce jour a été choisi pour sa fête, le 5 janvier étant la vigile de l’Epiphanie.

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