Beáti mundo corde, quóniam ipsi Deum vidébunt ; beáti pacífici, quóniam filii Dei vocabúntur : beáti, qui persecutiónem patiúntur propter iustítiam, quóniam ipsórum est regnum cælórum.
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Le chant de communion reprend les trois dernières béatitudes, en écho de l’évangile de ce jour.
Une attention particulière doit être accordée au triple beati. Le premier, comme s'il était chanté par des voix d'anges, s'installe sur la dominante du mode, transcendant la misère du péché. Le mouvement descendant qui suit amène, en quelque sorte, la pureté du ciel sur la terre. La béatitude embrasse ici l’amplitude d'une quarte. La paix et la simplicité caractérisent la deuxième phrase, qui s'inscrit dans une tierce mineure. Être un signe avant-coureur de la paix est l'œuvre tranquille mais bénie des enfants de Dieu. Le troisième beati a une résonnance tout à fait différente. Il proclame que même si vous devez subir des persécutions, si vous devez vous sacrifier pour être juste et faire respecter ce qui est juste, si vous devez souffrir pour protéger et défendre l'Église, alors vous êtes également bénis, car le royaume des cieux vous attend. Cette troisième béatitude, l'Église souhaite qu'elle soit profondément gravée dans l'âme. Aucune persécution, aussi véhémente soit-elle, ne peut étouffer sa résonnance triomphante. Elle semble nous encourager avec les paroles de Tertullien : « Un chrétien est plus grand que le monde entier. » Même si do-la, do-dol, la-sol, la-sol sur persecutionem patiuntur peuvent ressembler à des coups de fouet, au choc de la pierre contre la pierre, le cœur du martyr est plein d'espoir et de joie quand il chante : beati !
(1958)