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Liturgie - Page 116

  • Saint André

    Apostiches des vêpres byzantines, par des chantres inconnus, enregistrés lors de la fête de saint André l’an dernier. On remarque qu’ils ont gardé l’ancienne coutume de la proclamation, pendant le chant, de ce qui va être chanté ensuite (ce qui n’avait de sens que lorsque les chantres étaient analphabètes).

    Χαίροις ὁ λογικὸς οὐρανός, δόξαν Θεοῦ διαπαντὸς διηγούμενος, ὁ πρῶτος Χριστῷ καλοῦντι, καθυπακούσας θερμῶς, καὶ ἀμέσως τούτῳ συγγενόμενος, ὑφ' οὗ πυρσευόμενος, καθωράθης φῶς δεύτερον, καὶ τοὺς ἐν σκότει, ἀστραπαῖς σου ἐφώτισας, ἀγαθότητα, τὴν αὐτοῦ ἐκμιμούμενος. Ὅθεν τὴν παναγίαν σου, τελοῦμεν πανήγυριν, καὶ τῶν λειψάνων τὴν θήκην, περιχαρῶς ἀσπαζόμεθα, ἐξ ἧς ἀναβλύζεις, σωτηρίαν τοῖς αἰτοῦσι, καὶ μέγα ἔλεος.

    Réjouis-toi, ciel mystique racontant sans cesse la gloire de Dieu, toi le premier qui répondis à l'appel du Christ avec ferveur et devins son intime compagnon, au point de réfléchir sa clarté sur ceux des ténèbres que tu illuminas, en imitant sa bonté. Aussi nous célébrons ta très sainte festivité et nous baisons pleins de joie la châsse de tes reliques d'où tu fais jaillir le salut et la grande miséricorde.

     

    Εἰς πᾶσαν τὴν γῆν ἐξῆλθεν ὁ φθόγγος αὐτῶν καὶ εἰς τὰ πέρατα τῆς οἰκουμένης τὰ ῥήματα αὐτῶν.

    Par toute la terre s’est répandue leur voix, et leurs paroles jusqu'aux limites du monde. (Psaume 18,5)

     

    Πρῶτον τῶν ὀρεκτῶν εὑρηκώς, δι' εὐσπλαγχνίαν τὴν ἡμῶν περικείμενον, Ἀνδρέα θεόφρον φύσιν, συνανεκράθης αὐτῷ, διαπύρῳ πόθῳ τῷ συναίμονι, βοῶν· Ὃν ἐκήρυξαν οἱ Προφῆται ἐν Πνεύματι, εὕρομεν δεῦρο, ταῖς αὐτοῦ ὡραιότησι καταθέλξωμεν καὶ ψυχὴν καὶ διάνοιαν, ὅπως φωταγωγούμενοι αὐτοῦ ταῖς λαμπρότησι, νύκτα τῆς πλάνης καὶ σκότος τῆς ἀγνωσίας διώξωμεν, Χριστὸν εὐλογοῦντες, τὸν παρέχοντα τῷ κόσμῳ, τὸ μέγα ἔλεος.

    Ayant trouvé le premier objet de tes désirs, celui qui revêtit notre nature, en la tendresse de son cœur, André, tu t'es uni à lui dans l'ardeur de ton amour; et tu crias à ton frère consanguin: Celui qu'ont annoncé les Prophètes dans l'Esprit, nous l'avons trouvé; allons, que sa beauté charme notre âme et notre esprit, afin qu'illuminés de sa splendeur nous chassions les ténèbres de l'ignorance et la nuit de l'erreur, bénissant le Christ qui accorde au monde la grande miséricorde.

     

    Οἱ οὐρανοὶ διηγοῦνται δόξαν Θεοῦ ποίησιν δὲ χειρῶν αὐτοῦ ἀναγγέλλει τὸ στερέωμα.

    Les cieux racontent la gloire de Dieu, l'œuvre de ses mains, le firmament l'annonce. (Psaume 18,2)

     

    Ἔθνη τὰ μὴ εἰδότα Θεόν, ὡς ἐκ βυθοῦ τῆς ἀγνωσίας ἐζώγρησας, σαγήνῃ τῶν σῶν λογίων, καὶ συνταράσσεις σαφῶς ἁλμυρὰς θαλάσσας, ἵππος ἄριστος, ὀφθεὶς τοῦ Δεσπόζοντος, τῆς θαλάσσης, ἀοίδιμε, καὶ σηπεδόνα ἀθεΐας ἐξήρανας, ἅλας τίμιον ἐμβαλὼν τὴν σοφίαν σου, ἣν περ καὶ κατεπλάγησαν, Ἀπόστολε ἔνδοξε, τῆς μωρανθείσης σοφίας, οἱ ἀναιδῶς ἀντεχόμενοι, Χριστὸν μὴ εἰδότες, τὸν παρέχοντα τῷ κόσμῳ, τὸ μέγα ἔλεος.

    Tu repêchas du gouffre de l'ignorance grâce au filet de tes paroles les nations qui vivaient sans connaître le vrai Dieu et bouleversas clairement les ondes salées de la mer, en excellent cavalier de celui qui domine la mer, ô digne d’être chanté; alors tu enlevas la pourriture de l’athéisme, lui appliquant ta précieuse sagesse comme sel, sagesse qui frappa de stupeur, ô glorieux apôtre, les tenants impudents de celle qui tournait à la folie, puisqu'ils méconnurent le Christ, qui accorde au monde la grande miséricorde.

  • Lundi de la première semaine de l’Avent

    Leva, Jerúsalem, óculos tuos, et vide poténtiam regis: ecce Salvátor venit sólvere te a vínculo.

    Lève les yeux, Jérusalem, et vois la puissance du Roi : voici que le Sauveur vient te délivrer de tes liens.

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    L’antienne de Magnificat de ce jour, dans la version de l’antiphonale monasticum de 1934, légèrement différente de la version « romaine », et différente aussi de celle du nouvel antiphonale monasticum (2005), qui a notamment le si bémol (et même deux si bémols) alors que je croyais que la mode était de les supprimer, particulièrement dans ce cas de figure… (Trouvé sur Gregorian Books, naturellement.)

  • Premier dimanche de l’Avent

    Dóminus dabit benignitátem : et terra nostra dabit fructum suum.

    Le Seigneur donnera sa bénignité, et notre terre produira son fruit.

    L’introït, le graduel et l’offertoire de la messe de ce jour viennent du psaume 24, qui est par excellence le psaume de l’Avent. Le verset d’alléluia et l’antienne de communion sont pris du psaume 84, qui est l’autre psaume de l’Avent, et dont la fin annonce l’Incarnation de façon particulièrement merveilleuse. L’avant dernier verset dit que le Seigneur donnera sa béniginité et que notre terre donnera son fruit. Ceci est préparé par les versets précédents : la miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées, la vérité est née de la terre, et la justice a regardé depuis le ciel.

    Naturellement, la terre qui donne son fruit est la Sainte Vierge, qui conçoit du Saint-Esprit, la bénignité de Dieu qui s’est posée sur son humble servante. Au lieu de « benignitatem », saint Augustin avait dans son psautier « suavitatem », et il remarque qu’on voit aussi « benedictionem » (comme le dit toujours le psautier mozarabe). Ces mots tentent de traduire le grec χρηστότητα, substantif formé d’après l’adjectif χρηστός. Lequel avait en effet toutes ces nuances de sens, que le dictionnaire Bailly résume dans la « bonté de cœur », qui est aussi la bonne qualité des fruits, dont leur « suavité », leur douceur. Telle est la bénédiction que Dieu envoie sur la terre pour qu’elle produise son fruit, le fruit des entrailles de la Vierge. Et il n’échappait pas aux premiers chrétiens (qui parlaient grec à Rome et à Jérusalem), comme toujours aux chrétiens de langue liturgique grecque, que χρηστός se prononce exactement comme Χριστός, Christos, le Christ.

    Mais il s’agit ici d’une antienne de communion. Et nous sommes fondés à l’interpréter à notre profit, et pour notre profit : en nous donnant le corps de son Fils, le Christ χρηστός, Dieu nous a donné sa « bénignité », afin que, dans la nouvelle année qui commence aujourd’hui, notre terre donne le fruit qu’il attend de nous.

    Par les moines de Solesmes, avec les deux premiers versets du psaume :

    Benedixisti, Domine, terram tuam ; avertisti captivitatem Jacob.

    Tu as béni, Seigneur, ta terre, tu as fais cesser la captivité de Jacob.

    Remisisti iniquitatem plebis tuæ ; operuisti omnia peccata eorum.

    Tu as remis l’iniquité de ton peuple, tu as couvert tous ses péchés.

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  • De la Sainte Vierge le samedi

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    (Novgorod, fin XVe.)

    Bonus regéndæ castitátis pudor est comes. Hic primus, in ipso cognitiónis ingréssu, Dómini Matrem comméndat legéntibus, et tamquam testis lócuples, dignam quæ ad tale munus eligerétur, ástruit; quod in cubículo, quod sola, quod salutáta ab Angelo tacet, et mota est in intróitu eius, quod ad virílis sexus spéciem peregrínam turbátur aspéctus Mariæ in sabbato Vírginis. Itaque, quamvis esset húmilis, præ verecúndia tamen salutántem non resalutávit, nec ullum respónsum rétulit, nisi ubi de suscipiénda Dómini generatióne cognóvit; ut qualitátem efféctus dísceret, non ut sermónem reférret.

    La pudeur a sa place bien marquée dans la conduite d’une vie chaste. Dès l’abord, elle fait découvrir aux lecteurs qu’il s’agit bien de la Mère du Seigneur et, telle un témoin autorisé, elle montre Marie digne d’être élue à une si haute fonction. En effet, la Vierge se tient dans la chambre secrète, et s’y tient seule ; saluée par l’ange, elle ne dit mot ; à son entrée, elle se trouble, son attitude trahit l’émotion à l’apparition insolite d’un être masculin. Aussi, malgré sa déférence, la pudeur la retient-elle de rendre le salut ; elle ne donne aucune réponse, avant d’apprendre qu’elle mettra au monde le Seigneur et alors, c’est pour interroger sur la réalisation de l’événement, non pour donner la réplique.

    Lecture des matines: saint Ambroise, De officiis, I, 18.

  • Saint Silvestre

    En 1890, Léon XIII étendait à toute l’Eglise latine la fête de saint Silvestre, fondateur de la branche « silvestrine » des bénédictins, le 26 novembre. (Sur saint Silvestre voir ici et .) L’abbé Silvestre prenait ainsi le pas sur saint Pierre évêque d’Alexandrie, martyr en 311.

    Dans le martyrologe de ce jour il y a aussi le pape saint Sirice, le successeur de saint Damase. Il n’a pas de fête au calendrier. Pourtant il a eu une action importante contre plusieurs hérésies, il est l’auteur de la première décrétale certainement authentique, et il construisit et consacra la première basilique Saint-Paul de Rome. En ces jours où un archevêque de Paris ose prétendre que c’est Grégoire VII qui imposa le célibat aux prêtres, on soulignera que le premier canon du concile convoqué par saint Sirice en 386 rappelle l’obligation de chasteté des clercs.

    A la fin du martyrologe on lit : A Hadrianopolis, en Paphlagonie, saint Stylien Anachorète, célèbre par ses miracles. En Arménie, saint Nicon, moine.

    Ces deux saints sont ceux qui sont fêtés ce jour dans le calendrier byzantin. Saint Stylien s’appelait en fait Alypius, comme le grand ami de saint Augustin, mais Alypius « le Kionite ». A savoir celui qui vit sur une colonne. Car kion est l’autre mot grec pour dire colonne, pour changer de « stylos » qui nous a donné plusieurs saints « stylites ». Mais dans le martyrologe romain le Kionite est devenu « Stylien » et c’est même devenu son nom… On dit que Alypius vécut pendant 53 ans sur sa colonne, dont les 13 dernières années paralysé, couché sur le même côté. Il serait mort en 640 à l’âge de 118 ans.

    Quant à saint Nicon, on l’appelle « le Métanoïté », parce qu’il allait partout en criant « Métanoïté !» : repentez-vous. Il finit par se fixer à Lacédémone (Sparte) où il construisit une église et il y vécut jusqu’à sa mort en 998. Il est le saint patron de Sparte.

    Saint Nicon, fresque de l’église Saint-Pierre de Gardenitsa de Mani (au sud de Sparte) :

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  • Sainte Catherine

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    Sainte Gertrude, Le héraut de l’amour divin, livre IV, 57 (traduction Solesmes):

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    Edition de 1667, Salzbourg.

  • Saint Jean de la Croix

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    Gravure de 1599.

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    Dessin de saint Jean de la Croix.

    D'où "Le Christ de saint Jean de la Croix" de Salvador Dali:

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    Frontispice de l'édition de ses œuvres en 1694. En deux volumes. (Un exemplaire chez AbeBooks à 3.300$...)

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    Le tombeau de saint Jean de la Croix au couvent des carmes de Ségovie.

  • Saint Clément

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    (Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev)

    Saint Irénée (Adversus Haereses III, 3) :

    Après avoir ainsi fondé et édifié l’Église, les bienheureux Apôtres transmirent à Lin la charge de l’épiscopat ; de ce Lin, Paul fait mention dans ses lettres à Timothée (2 Tim, 4, 21). Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu, à partir des Apôtres, c’est à Clément qu’échoit l’épiscopat. Il avait vu les Apôtres eux-mêmes, avait été en relation avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles ; leur Tradition était encore devant ses yeux. D’ailleurs, il n’était pas le seul ; il restait encore à l’époque beaucoup d’hommes qui avaient été instruits par les Apôtres. Du temps donc de Clément, une dissension assez grave se produisit entre les frères de Corinthe ; l’Eglise de Rome adressa alors aux Corinthiens un écrit très important pour les réconcilier dans la paix, ranimer leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait reçue récemment des Apôtres :
    un seul Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre,
    qui a modelé l’homme,
    produit le déluge, appelé Abraham,
    fait sortir son peuple d’Égypte, parlé à Moïse,
    établi l’économie de la Loi, envoyé les Prophètes,
    préparé le feu pour le diable et ses anges.
    Qu’un tel Dieu soit annoncé par les Eglises comme étant aussi le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tous ceux qui le veulent peuvent le constater d’après cet écrit même. Ils peuvent ainsi connaître la Tradition apostolique de l’Église puisque cette lettre est plus ancienne que les fauteurs des erreurs actuelles qui inventent mensongèrement un autre Dieu supérieur au Démiurge, au Créateur de notre univers.

    A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi ; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement son témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; et après lui, Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quel ordre et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Église à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous.

    Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité ».

    Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique 3,16) :

    Il existe de Clément une lettre longue et admirable, écrite au nom de l’Eglise de Rome à celle de Corinthe à propos d’une discussion qui s’était alors élevée à Corinthe. En beaucoup d’Eglises, depuis longtemps et de nos jours encore, on la lit publiquement dans les réunions.

    La lettre de Clément aux Corinthiens avait en effet quasiment le statut de celles de saint Paul, et on en a le texte dans l’un des plus importants codex de la Bible, l’Alexandrinus. Où elle est appelée « première » lettre de Clément, car lui fait suite une « seconde » lettre aux Corinthiens, qui en fait n’est pas de Clément, mais pourrait bien être du pape Soter (166-175), selon le témoignage de l’évêque Denys de Corinthe qui écrivait à Soter :

    « Aujourd’hui, nous avons célébré le saint jour du dimanche, auquel nous avons lu votre lettre. Nous continuerons à la lire toujours comme un avertissement, ainsi du reste que la première que Clément nous a adressée. » (Histoire ecclésiastique IV, 23).

  • Sainte Cécile

    Cantántibus órganis, Cæcília Dómino decantábat, dicens: Fiat cor meum immaculátum, ut non confúndar.

    Alors que retentissaient les instruments de musique, Cécile répétait dans son cœur : Que mon cœur devienne sans tache, pour que je ne sois pas confondue.

    Sainte Cécile est devenue la patronne des musiciens à cause de la première antienne (dans les livres d'avant 1960) de son office (et du premier répons des matines), parce qu’il y est question de musique. Mais il s’agit de la musique qu’on joue pour son mariage, et qu’elle n’entend pas, parce que son cœur est tout entier à sa prière de vierge qui entend le rester. Le texte joue sur le mot « cantare », qui veut dire « chanter ». Mais il s’emploie aussi, et ici, pour dire que les instruments de musique se font entendre, et « decantare » a fini par oublier son origine (chanter sans discontinuer) pour vouloir dire « répéter ».

    Voici l’antienne par la Schola cantorum de l’université catholique de Ružomberok, en Slovaquie.

    (Avec le premier verset du premier psaume des vêpres : Dixit Dominus Domino meo, sede a dextris meis.)

    Et le motet de Franz Liszt, qui aurait tant aimé être reconnu comme le grand compositeur du "mouvement cécilien" :

  • 26e et dernier dimanche après la Pentecôte

    Commentaire de l’épître par saint Jean Chrysostome (traduction Jeannin, 1864).

    « Rendant grâces à Dieu avec joie », dit-il. C'est là une conséquence de ce qu'il a déjà dit : Nous ne cessons de prier pour vous, et de rendre grâces à Dieu de ce qu'il a fait pour vous. Vous voyez comme il en vient à parler du Fils de Dieu. Si nous rendons grâces à Dieu, avec tant de (111) joie, c'est que ses bienfaits dont nous parlons sont grands. Il y a bien des motifs pour rendre grâces. On rend grâces, parce que l'on était dans la crainte. On rend grâces, même quand on est affligé. Voyez Job rendant grâces à Dieu au sein même de la douleur. Entendez-le, quand il dit : « Dieu m'a donné, Dieu m'a ôté ». N'allez pas dire qu'il était insensible à ses malheurs et qu'il n'était pas dans l'affliction ; vous ôteriez à ce juste ce qui fait son plus grand éloge. Mais, ce n'est point ici par crainte, ce n'est point seulement parce que Dieu est notre maître, c'est tout naturellement que « nous rendons grâces à celui qui nous a rendus dignes d'avoir notre part dans cet héritage de lumière échu aux saints ». Ce sont là de grands bienfaits. Non-seulement Dieu nous a donné, mais il nous a rendus dignes de recevoir. Pesez ces paroles : « Celui qui nous a rendus dignes ». Un homme, même de la plus basse extraction, devenant roi, peut donner à qui bon lui semble un rang élevé ; mais rendre son favori capable de bien remplir sa charge, voilà ce qu'il ne peut faire; car l'élévation du favori le rend quelquefois ridicule. Ah ! si le souverain nous donne en même temps la dignité, la capacité, l'aptitude, voilà des honneurs véritables ! C'est ainsi que Dieu agit, dit l'apôtre. Non-seulement il nous donne le plus honorable héritage, mais il nous rend dignes de l'accepter.

    Il y a donc ici un double honneur Dieu nous a donné; Dieu nous a rendus dignes de recevoir le don. L'apôtre n'a pas dit seulement. « Qui nous a donné »; il a dit : Qui nous a rendus aptes et propres à « prendre notre part dans l'héritage de lumière, échu aux saints ». Cela veut dire qu'il nous a mis au rang des saints. Mais ce n'est pas tout ; cela veut dire aussi qu'il nous a fait jouir des mêmes biens qu'eux. Car la part de l'héritage, c'est ce que chacun des cohéritiers reçoit. Il petit arriver en effet qu'on fasse partie de la même cité, sans jouir des mêmes avantages. Mais avoir la même part et ne pas jouir des mêmes biens, voilà qui est impossible. Il peut arriver encore qu'on ait à partager un même lot, mais que ce même lot ne soit pas également partagé. Exemple : nous sommes tous copartageants d'un même héritage ; mais la part de chacun de nous n'est pas la même. Mais ce n'est pas là ce que dit l'apôtre. Nous avons, dit-il, la même part au même héritage. Pourquoi ces mots de lot et d'héritage ? C'est pour montrer que nul homme ne doit à ses bonnes actions et à sa justice le royaume des cieux. Cet héritage est, pour ainsi dire, une bonne aubaine qui nous arrive. Nul homme, en effet, n'arrange assez bien sa vie pour être trouvé digne du royaume des cieux ; cet héritage est un pur bienfait de Dieu. C'est pourquoi il est dit : « Quand vous aurez fait tout ce qu'il faut »; dites: « Nous sommes des serviteurs inutiles; car nous n'avons fait que ce que nous devions faire ».

    « Notre part dans l'héritage de lumière échu aux saints »; c'est-à-dire « dans la connaissance de Dieu». Il parle là, ce me semble, du présent et de l'avenir. Puis il nous montre le prix du don que l'on a daigné nous faire. Ce qu'il y a d'étonnant, en effet, ce n'est pas seulement qu'on nous ait jugés dignes d'un royaume ; il faut encore penser à ce que nous étions, car cela fait beaucoup. « C'est à peine, en effet, si quelqu'un voudrait mourir pour un juste; peut-être néanmoins quel« qu'un aurait-il le courage de mourir pour un homme de bien».

    « Qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres », dit l'apôtre. Tous ces bienfaits, c'est à Dieu que nous les devons ; car le bien ne vient jamais de nous. « A la puissance des ténèbres», dit-il, c'est-à-dire à l'erreur, à la tyrannie du démon. Il n'a pas dit seulement Aux ténèbres ; mais: A leur puissance. C'est que le démon avait sur nous un grand pouvoir, un pouvoir tyrannique. C'est un grand malheur déjà que d'être soumis à l'influence du démon ; mais c'est un malheur plus grand encore que d'être soumis à sa puissance. « Et nous a fait passer», ajoute l'apôtre, dans le royaume de son Fils bien-aimé». Il ne suffit pas à Dieu de montrer sa tendresse pour nous, en nous délivrant des ténèbres. C'était déjà beaucoup ; mais nous introduire dans son royaume est bien plus encore. Voyez comme il a su multiplier ses dons. Nous étions dans l'abîme ; il nous en a délivrés, et non content de nous en délivrer, il nous a fait passer dans son royaume.

    « Qui nous a arrachés ». Il ne dit pas : « Qui nous a soustraits »; mais : « Qui nous a arrachés », pour montrer toute la grandeur de notre affliction et de notre misère, et toute la pesanteur de ces chaînes. Puis, pour faire voir combien tout est facile à la puissance de Dieu, il dit : « Il nous a fait passer » dans le royaume, comme on fait passer des soldats d'un lieu dans un autre. Il n'a pas dit : Il nous a « conduits », il nous a « placés », car alors nous n'y serions pour rien. Il « nous a fait passer », dit-il, ce qui montre que l'homme aussi y a mis du sien. « Dans le royaume de son Fils bien-aimé ». Il n'a pas dit : Dans le royaume des cieux ; il a donné plus d'éclat et de poids à son expression, en disant: « Dans le royaume de son Fils». Quoi de plus flatteur pour l'homme ? Ailleurs, du reste, il dit aussi : « Si nous persévérons, nous régnerons avec lui ». Il a daigné nous faire le même honneur, qu'à son Fils. Et l'apôtre ne se contente pas de dire : « De son Fils » ; il dit : « De son Fils bien-aimé ». A cette épithète il joint les titres naturels de ce Fils : « Qui est l'image du Dieu invisible ». Mais il n'aborde pas tout aussitôt ce chapitre. Il parle d'abord du grand bienfait de Dieu. — De peur qu'on ne s'imagine que ce bienfait tout entier vient du Père, et que le Fils n'y est pour rien, il l'attribua dans son entier au Père et dans son entier au Fils. Le Père nous a fait entrer dans le royaume du Fils ; mais le Fils nous a mis en état d'y entrer. Que dit l'apôtre en effet ? « Qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres ». Expression qui se lie intimement à celle-ci : « Par le sang duquel nous avons été rachetés et avons obtenu la rémission de nos péchés ». Voici le mot par lequel, par le sang duquel » qui revient ici. Et il parle d'une rédemption pleine et entière qui doit nous empêcher de faillir et de redevenir mortel.