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Liturgie - Page 122

  • Les saints anges gardiens

    Custodes hominum psallimus angelos,
    Naturæ fragili quos Pater addidit
    Cælestis comites, insidiantibus
    Ne succumberet hostibus.

    Nous célébrons les Anges qui gardent les humains. Le Père céleste les a donnés pour compagnons à notre faible nature, de crainte qu'elle ne succombât dans les embûches ennemies.

    Nam quod corruerit proditor angelus,
    Concessis merito pulsus honoribus,
    Ardens invidia pellere nititur
    Quos cælo Deus advocat.

    Car, depuis que l'ange mauvais fut justement précipité de ses honneurs, l’envie le ronge et il s'efforce de perdre ceux que le Seigneur appelle aux cieux.

    Huc custos igitur pervigil advola,
    Avertens patria de tibi credita
    Tam morbos animi, quam requiescere
    Quidquid non sinit incolas.

    Vous donc volez vers nous, gardien qui jamais ne dormez; écartez de la terre à vous confiée les maladies de l'âme et toute menace pour la paix de ses habitants.

    Sanctæ sit Triadi laus pia jugiter,
    Cujus perpetuo numine machina
    Triplex hæc regitur, cujus in omnia
    Regnat gloria sæcula. Amen.

    Soit toujours louange et amour à la Trinité sainte, dont la puissance éternelle gouverne ce triple monde des cieux, de la terre et de l'abîme, dont la gloire domine les siècles. Amen.

    Hymne des vêpres, attribuée à saint Robert Bellarmin, par la schola des séminaristes du grand séminaire des pères Paulins de Cracovie.

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  • Saint Remi

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    Saint Remi convertit à Jésus-Christ le roi et la nation des Francs. En effet ce roi avait épousé une femme très chrétienne nommée Clotilde qui employait inutilement tous les moyens pour convertir son mari à la foi. Ayant mis au monde un fils, elle voulut qu'il fût baptisé ; le roi s'y opposa formellement : or, comme elle n'avait pas de plus pressant désir, elle finit par obtenir le consentement de Clovis ; et l’enfant fut baptisé ; mais peu de temps après, il mourut subitement. Le roi dit à Clotilde : « On voit maintenant que le Christ est un dieu de maigre valeur, puisqu'il n'a pu conserver à la vie celui par lequel sa croyance pouvait être accrue. » Clotilde lui dit : « Bien au contraire, c'est en cela que je me sens singulièrement aimée de mon Dieu, puisque je sais qu'il a repris le premier fruit de mon sein ; il a donné à mon fils un royaume infiniment meilleur que le tien. » Or, elle conçut de nouveau et mit au monde un second fils qu'elle fit baptiser au plus tôt ainsi que le premier ; quand tout à coup, il tomba si gravement malade qu'on désespéra de sa vie. Alors le roi dit à son épouse : « Vraiment ton dieu est bien faible pour ne pouvoir conserver à la vie quelqu'un baptisé en son nom : quand tu en engendrerais un mille et que tu les ferais baptiser, tous ils périront de même. » Cependant l’enfant entra en convalescence et recouvra la santé ; il régna même après son père.

    Or, cette femme fidèle s'efforçait d'amener son mari à la foi, mais celui-ci résistait d'une manière absolue.

    Et quand le roi Clovis eut été fait chrétien, il voulut doter l’église de Reims, et dit à saint Remi : « Je vous veux donner tout le terrain dont vous pourrez faire le tour pendant ma sieste. » Ainsi fut fait. Mais sur un point du terrain que Remi parcourait, se trouvait un moulin, et le meunier repoussa le saint avec indignation. Saint Remi lui dit : « Mon ami, souffre sans te plaindre que nous partagions ce moulin. » Cet homme le repoussa encore, mais aussitôt la roue du moulin se mit à tourner à rebours ; il appela alors saint Remi en lui disant : « Serviteur de Dieu, venez, et possédons le moulin en commun. » Le saint lui répondit : « Ce ne sera ni à toi, ni à moi. » Et à l’instant la terre s'entrouvrit et engloutit entièrement le moulin.

    Saint Remi, prévoyant qu'il y aurait une famine, amassa beaucoup de blé ; des paysans ivres, pour se moquer de la prudence du vieillard, mirent le feu au magasin. Quand saint Remi apprit cela, à raison des glaces de l’âge et du soir qui était arrivé il se mit à se chauffer et dit tranquillement : « Le feu est bon en tout temps, cependant les hommes qui ont agi ainsi et leurs descendants auront les membres virils rompus et leurs femmes seront goitreuses. » Il en fut ainsi jusqu'au temps où ils furent dispersés par Charlemagne.

    Or, il faut noter que la fête de saint Remi qui se célèbre au mois de janvier est le jour de son bienheureux trépas tandis que ce jour est la fête de sa translation. Après son décès, son corps était porté dans un cercueil en l’église des saints Timothée et Apollinaire ; mais arrivé à l’église de saint Christophe, il devint tellement pesant qu'il n'y eut plus possibilité de le mouvoir. On fut donc forcé de prier le Seigneur de daigner indiquer si, par hasard, il ne voulait pas que Remi fût inhumé dans cette église où il n'y avait encore aucune autre relique de saint : et à l’instant, on souleva le corps avec grande facilité, tant il était devenu léger, et on l'y déposa avec beaucoup de pompe. Or, comme il s'y opérait une infinité de miracles, on agrandit l’église et on construisit une crypte derrière l’autel ; mais quand il fallut lever le corps pour l’y placer, on ne put le remuer. On passa la nuit en prières et à minuit, tout le monde s'étant endormi, le lendemain, c'est-à-dire le 1er octobre, on trouva que le cercueil avait été porté dans cette crypte par les anges avec le corps de saint Remi.

    Ce fut longtemps après qu'on en fit, à pareil jour, la translation, avec une châsse d'argent, dans la crypte qui avait reçu de riches décorations.

    Saint Remi vécut vers l’an du Seigneur 490.

    Jacques de Voragine, Légende dorée, au 1er octobre.

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  • Saint Jérôme

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    Saint Jérôme lisant, dessin d’Andrea Montegna (1500). On y voit le lion apprivoisé, comme sur nombre de représentations occidentales du saint, qui ont même gagné l’orient. Cela est dû à la notice de la Légende dorée, qui attribue à Jérôme (Hieronymos) ce qui appartient à Gerasimos, un siècle plus tard.

    Début de la deuxième catéchèse de Benoît XVI sur saint Jérôme, le 14 novembre 2007:

    Il consacra sa vie à l’étude de la Bible, au point d’être reconnu par l’un de mes prédécesseurs, le Pape Benoît XV, comme "docteur éminent dans l’interprétation des Saintes Écritures". Jérôme soulignait la joie et l’importance de se familiariser avec les textes bibliques : "Ne te semble-t-il pas habiter - déjà ici, sur terre - dans le royaume des cieux, lorsqu’on vit parmi ces textes, lorsqu’on les médite, lorsqu’on ne connaît ni ne recherche rien d’autre ?" En réalité, dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une présence du Ciel, c’est-à-dire une présence de Dieu. S’approcher des textes bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car "ignorer l’Écriture, c’est ignorer le Christ". C’est à lui qu’appartient cette phrase célèbre, également citée par le Concile Vatican II dans la Constitution Dei Verbum.

    Réellement "amoureux" de la Parole de Dieu, il se demandait : "Comment pourrait-on vivre sans la science des Écritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants". La Bible, instrument "avec lequel Dieu parle chaque jour aux fidèles", devient ainsi un encouragement et la source de la vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire l’Écriture signifie converser avec Dieu : "Si tu pries - écrit-il à une noble jeune fille de Rome -, tu parles avec l’Époux ; si tu lis, c’est Lui qui te parle". L’étude et la méditation de l’Écriture rendent l’homme sage et serein. Assurément, pour pénétrer toujours plus profondément la Parole de Dieu, une application constante et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien : "Lis avec une grande fréquence les divines Écritures ; ou mieux, que le Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois enseigner". Il donnait les conseils suivants à la matrone romaine Leta pour l’éducation chrétienne de sa fille : "Assure-toi qu’elle étudie chaque jour un passage de l’Écriture... Qu’à la prière elle fasse suivre la lecture, et à la lecture la prière... Au lieu des bijoux et des vêtements de soie, qu’elle aime les Livres divins". Avec la méditation et la science des Écritures se "conserve l’équilibre de l’âme". Seul un profond esprit de prière et l’assistance de l’Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible : "Dans l’interprétation des Saintes Écritures, nous avons toujours besoin de l’assistance de l’Esprit Saint".

    Un amour passionné pour les Écritures imprégna donc toute la vie de Jérôme, un amour qu’il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il recommandait à l’une de ses filles spirituelles : "Aime l’Écriture Sainte et la sagesse t’aimera ; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera ; honore-la et tu recevras ses caresses. Qu’elle soit pour toi comme tes colliers et tes boucles d’oreille". Et encore : "Aime la science de l’Écriture, et tu n’aimeras pas les vices de la chair".

    Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l’interprétation des Écritures était l’harmonie avec le magistère de l’Église. Nous ne pouvons jamais lire l’Écriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l’erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Ce n’est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le "nous" au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l’Église catholique. Il ne s’agit pas d’une exigence imposée à ce Livre de l’extérieur ; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n’est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l’Écriture Sainte. Il admonestait donc : "Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t’a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent".

  • Le livre de l’abbé Cekada

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    Les éditions Via Romana publient opportunément (ou non) une traduction du livre de l’abbé Anthony Cekada sur la messe, qui avait fait forte impression dans le monde tradi anglophone lorsqu’il était paru, en 2010. J’en avais entendu parler comme de la critique de référence de la nouvelle messe, le fait que l’auteur soit sédévacantiste n’ayant aucune influence sur sa démonstration.

    Honnêtement, ce n’est pas vrai. Le propos n’est pas ouvertement sédévacantiste, mais il l’est en profondeur. Car, au terme de son étude, l’abbé Cekada conclut que la messe de Paul VI est sacrilège et invalide. On ne voit pas bien comment elle peut être sacrilège si elle est invalide (« Ni Corps, ni Sang, ni Messe »), mais surtout, il est impossible de considérer que depuis 50 ans les papes célèbrent à Rome une parodie de messe. Sinon à en conclure que ces papes ne sont pas des papes…

    Or l’argument de l’abbé Cekada ne tient pas. Selon lui la messe de Paul VI est invalide parce que les paroles de la consécration ont été modifiées et qu’on les appelle « Récit de l’institution » et non plus « Consécration ». Mais on ne voit pas comment les paroles « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », pourraient être invalides, et chaque liturgie a ses propres formules d’introduction de ces paroles. En outre, l’ensemble s’appelle « Prière eucharistique » (et non plus canon, puisqu’il y en a plusieurs dans le nouveau rite), ce qui est par exemple aussi le cas dans la liturgie byzantine.

    Ce qui est irrecevable aussi est sa façon de présenter les 11 étapes qu’il voit dans la révolution liturgique (la 11e étant la nouvelle messe), comme s’il s’agissait d’une ligne continue, alors qu’il y a évidemment une différence essentielle entre les réformes très partielles qui laissent intact l’ordo missae (et l'essentiel de tout le reste), et la révolution proprement dite qui impose un nouvel ordo missae et démolit une bonne partie de tout le reste). D'ailleurs, quand il en arrive à son exposé sur la nouvelle messe, il le montre bien.

    L’abbé Cekada compare méticuleusement les deux ordos et montre pas à pas comment le nouveau a été fabriqué selon les présupposés idéologiques des novateurs. Le plus impressionnant est sans doute son analyse du début des deux ordos. Il montre que tout est déjà là : l’orientation vers le peuple et non vers Dieu, le primat de l’assemblée et non du prêtre, et donc la fin de la préparation du prêtre à monter à l’autel (du reste il n’y monte pas avant l’offertoire… qui est supprimé en tant que tel, remplacé par une cérémonie indigente entièrement nouvelle).

    La démonstration, sur toute la messe, est remarquable, magistrale. Cela ne va pas toutefois sans quelques crispations. Il dénonce « la notion fausse que le peuple offre le sacrifice », ce qui d’une certaine façon est juste, mais il omet de citer la prière du canon qui dit précisément que les fidèles présents « offrent eux-mêmes ce sacrifice de louange pour eux et pour tous les leurs, pour la rédemption de leurs âmes… ». Il ne supporte pas qu’on compare la vie sur terre à un pèlerinage, alors que saint Augustin, pour ne citer que lui, le souligne vingt fois… Et la haine du sédévacantiste se manifeste quand il prétend que pour Joseph Ratzinger, et il cite L’esprit de la liturgie, l’orientation traditionnelle n’est rien d’autre qu’un symbole cosmique, à la Teilhard de Chardin. Ceci est un mensonge caractérisé. Dans L’esprit de la liturgie, Joseph Ratzinger écrit notamment : « Dieu s’est manifesté à nous, (…) c’est pour cela qu’il est toujours raisonnable dans la prière d’exprimer que l’on se tourne vers ce Dieu qui s’est révélé à nous. Et comme Dieu lui-même a pris un corps, qu’il est entré dans l’espace et le temps de notre terre, ainsi convient-il – au moins dans le culte communautaire – que nous parlions à Dieu de façon incarnée, que notre prière s’accomplisse de manière christologique et que, par la médiation de celui qui est devenu homme, elle se tourne vers le Dieu trinitaire. Le symbole cosmique du soleil levant exprime l’universalité qui transcende tout lieu et affirme que Dieu s’est révélé de manière concrète. Notre prière s’insère dans la procession des peuples vers Dieu. »

    L’abbé Cekalda définit très bien l’idéologie des novateurs : il faut modifier la liturgie dans le sens de l’œcuménisme (avec les protestants) ; il faut restaurer la liturgie qui a été corrompue au cours du moyen âge, et l’adapter aux besoins et à la mentalité de l’homme contemporain. Ces deux desseins sont a priori contradictoires : les plus anciens textes liturgiques sont aux antipodes de la mentalité contemporaine. En fait, la « restauration » est un mensonge : on fait du nouveau en tripatouillant et défigurant de l’ancien. Et d’abord à grands coups de ciseaux. L’abbé Cekalda a dressé la liste de toutes les expressions qui ont été supprimées des oraisons parce qu’elles ne correspondaient pas à la mentalité contemporaine. C’est un travail impressionnant. Et très utile.

    Il semble qu’il n’ait pas connu les textes de dom Antoine Dumas sur la façon dont ont été fabriquées les nouvelles oraisons. Il le cite pour les préfaces : « Les meilleurs textes, s’ils avaient été reproduits sous leur forme originale, auraient été insupportables, pour ne pas dire défectueux. » Pour les oraisons, Antoine Dumas a décrit plus en détail la charcuterie des textes et la confection des oraisons Frankenstein qui n’ont plus rien de ce qui faisait la valeur des textes antiques. Cela fait l’essentiel du livre indispensable de Lauren Pristas sur Les oraisons du missel romain, publié trois ans après la parution du livre de l’abbé Cekalda. (Voir mes petites études "Il y a 50 ans", en haut de la colonne de droite de ce blog.)

    L’auteur se penche aussi sur le lectionnaire, et il dresse une liste de passages du Nouveau Testament censurés dans la néo-liturgie parce qu’ils sont trop déplaisants pour les hommes de notre temps. Le comble (ou l’incroyable aveu) étant cette phrase supprimée au beau milieu d’une lecture de l’Apocalypse : « Si quelqu’un retranche quelque parole du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie et de sa cité sainte. »

    Le problème est que, dans le contexte actuel, il est impossible de citer ce livre dans le cadre de négociations avec des évêques ou avec Rome, puisque toute la démonstration est orientée vers la conclusion que la messe de Paul VI est invalide.

    Il convient même d’avertir au préalable le lecteur potentiel que cette trajectoire en droite ligne que prétend tracer l’abbé Cekalda en 11 étapes depuis la première réforme jusqu’au nouvel ordo est fausse : elle résulte du présupposé sédévacantiste de l’auteur. Elle n’est d’ailleurs pas sans provoquer un certain amusement. Car 4 des 11 étapes ont eu lieu sous Pie XII (le dernier pape…). L’auteur doit donc ramer pour expliquer que Pie XII était « trop crédule », « trop impressionné par les grands intellects » et « trop rêveur » (sic !), et surtout qu’il a été abusé par les novateurs quand il était malade (sic, en 1951, en 1954, en 1955, en 1958), alors que (l’antipape) Paul VI a voulu absolument et personnellement toutes les étapes après Vatican II…

  • Saint Michel

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    Vers 1300. Berlin, cabinet des estampes.

    Allelúia, allelúia. Sancte Míchaël Archángele, defénde nos in prǽlio : ut non pereámus in treméndo judício. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, que nous ne périssions pas au jour du jugement terrifiant. Alléluia.

    Par les moines de Saint-Wandrille en 1966. (Ce chant est évidemment banni de la néo-"liturgie", qui ne connaît ni combat, ni jugement, surtout pas effrayant.)

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  • Saint Venceslas

    A la mort de son père Vratislas, les Tchèques nommèrent Venceslas duc de Bohême. Et, par la grâce de Dieu, sa foi chrétienne était parfaite. Il faisait du bien à tous les pauvres, vêtait ceux qui étaient nus, nourrissait les affamés recueillait les voyageurs, selon la parole de l'Évangile. Il ne souffrait pas qu'on fasse du tort aux veuves. il aimait tous les hommes, riches et pauvres, il servait les ministres de Dieu, il embellissait beaucoup d'églises. Mais les seigneurs de Bohême se révoltèrent et insinuèrent à son frère cadet, Boleslav : «Ton frère Venceslas va te faire assassiner, il conspire avec sa mère et ses soldats.» Comme il y avait dans toutes les villes des fêtes pour la consécration des églises. Venceslas allait séjourner dans toutes ces villes. Il fit donc son entrée dans la cité de Boleslav, un dimanche, en la fête des saints Côme et Damien. Après avoir entendu la messe, il voulut retourner à Prague. Mais Boleslav le retint avec perfidie, en lui disant: « Pourquoi veux-tu partir, mon frère?» Le lendemain, on sonna la cloche pour les Matines. En entendant la cloche, Venceslas dit: « Louange à toi, Seigneur, qui m'as donné de vivre jusqu'à ce matin.» Il se leva et se rendit aux Matines. Aussitôt Boleslav le rejoignit à la porte. Venceslas le regarda et lui dit: «Mon frère, tu étais hier un bon compagnon pour nous.» Le diable parla à l'oreille de Boleslav et pervertit son cœur. Tirant son épée, Boleslav répondit:«Maintenant, je veux être pour toi un meilleur compagnon», et il lui donna un coup d'épée à la tête. Venceslas, tourné vers lui, dit alors: « À quoi penses-tu, mon frère?» Il l'empoigna et le jeta par terre. Mais un des conseillers de Boleslav accourut et frappa Venceslas à la main. Celui-ci, blessé à la main, épargna son frère et accourut vers l'église. Mais deux assassins l'abattirent à la porte de l'église. Un troisième accourut et de son épée lui transperça le côté. Alors Venceslas expira aussitôt en disant: « En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. »

    (Premier récit paléoslave)

    Le choral de saint Venceslas, dont les Tchèques sont légitimement fiers puisque c’est sans doute la plus ancienne pièce non liturgique chantée sans interruption depuis le XIIe siècle, est interprétée à toutes les sauces. Le voici dans sa pureté originelle par une chorale de Děčín (sur l’Elbe, à la frontière allemande), intitulée SaH.

    Svatý Václave,
    vévodo české země,
    kníže náš,
    pros za ny Boha,
    svatého Ducha!
    Kyrieleison.

    Saint Venceslas, Duc de Bohême, notre prince, prie pour nous Dieu le Saint-Esprit! Kyrie eleison!

    Nebeské toť dvorstvo krásné
    blaze tomu ktož tam pojde
    život věčny
    oheň jasný
    svatého Ducha
    Kyrieleison.

    La cour céleste est merveilleuse, bienheureux qui y va, vie éternelle, feu clair du Saint-Esprit, Kyrieleison!

    Pomoci tvé žádámy,
    smiluj se nad námi,
    utěš smutné,
    odžeň vše zlé,
    svatý Václave!
    Kyrieleison.

    Nous demandons ton aide, aie pitié de nous, réconforte ceux qui sont tristes, chasse tout mal, saint Venceslas! Kyrieleison!

  • Saints Côme et Damien

    Les saints frères Anargyres (médecins qui soignent gratuitement) sont célébrés deux fois dans la liturgie latine (27 septembre et jeudi de la 3e semaine de carême) comme dans la liturgie byzantine (1er novembre et 1er juillet). Voici le doxastikon des apostiches des vêpres de la fête byzantine du 1er novembre, en l’église Saint-Dimitri de Kilkis, dans la version de Lykourgos Petridis.

    Πάντοτε ἔχοντες Χριστόν, ἐνεργοῦντα ἐν ὑμῖν, Ἅγιοι Ἀνάργυροι, θαυματουργεῖτε ἐν κόσμῳ ἀσθενοῦντας θεραπεύοντες· καὶ γὰρ τὸ ἰατρεῖον ὑμῶν, πηγὴ ὑπάρχει ἀνεξάντλητος, ἀντλουμένη δὲ μᾶλλον ὑπερεκβλύζει, καὶ χεομένη περισσεύεται, καθ' ἑκάστην κενουμένη καὶ πληθυνομένη, πᾶσι χορηγοῦσα καὶ μὴ λειπομένη, καὶ οἱ ἀρυόμενοι κορέννυνται ἰάματα, καὶ αὕτη διαμένει ἀδαπάνητος. Τὶ οὖν ἡμᾶς καλέσωμεν; θεράποντας ἰατρους ψυχῶν τε καὶ σωμάτων, ἰατῆρας παθῶν ἀνιάτων, δωρεάν ἰωμένους ἅπαντας, εἰληφότας χαρίσματα, παρὰ τοῦ Σωτῆρος Χριστοῦ, τοῦ παρέχοντος ἡμῖν τὸ μέγα ἔλεος.

    Puisque le Christ ne cesse pas d'agir en vous, saints Anargyres, vous continuez à faire des miracles ici-bas, guérissant toute faiblesse ou maladie ; vos traitements sont une source inépuisable, en effet; lorsqu'on y puise, elle jaillit plus encore, déversée, elle surabonde en ses flots; vidée chaque jour, elle se répand de plus en plus, pourvoyeuse de tous et jamais dépourvue; ceux qui puisent sont abreuvés de guérisons, mais elle demeure inépuisable à jamais. Comment donc vous appeler ? Médecins des âmes et des corps, traitant les douleurs incurables, guérissant tout le monde gratuitement par les charismes reçus du Christ Sauveur qui nous accorde la grande miséricorde.

  • 18e dimanche après la Pentecôte

    La lecture du bréviaire au troisième nocturne (dans le bréviaire monastique ou dans le bréviaire romain avant 1960) est le début du 50e sermon de saint Pierre Chrysologue. Voici ce qui suit.

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    Basilique Saint Apollinaire le Neuf, Ravenne.

    Il vient dans sa ville, et voici qu’on Lui apporte un paralytique, étendu sur un grabat. Jésus regarda et vit leur foi. Puis il dit au paralytique : Aie confiance, mon fils. Tes péchés te sont remis.

    Le paralytique entend le pardon et se tait. Il ne remercie en aucune façon, parce qu’il recherchait plus la guérison du corps que celle de l’âme. Et il déplorait plus les misères temporelles d’un corps atrophié que les peines éternelles d’une âme paralysée, estimant la vie présente plus importante que la future. C’est avec raison que le Christ a eu égard à la foi des porteurs, et ne tint pas compte de la démence de celui qui était alité, pour que l’âme du paralytique soit guérie avant le corps par le suffrage d’une foi étrangère.

    Regardant leur foi. Vous voyez dans ce cas-ci, mes frères, que Dieu ne cherche pas les volontés de ceux qui sont déraisonnables, n’attend pas la foi des ignorants, ne scrute pas les désirs insensés des infirmes, mais Il n’a pas empêché que ce qu’Il conférait par la seule grâce soit une réponse à la foi d’un autre. Et en vérité, mes frères quand donc le médecin des maladies cherche-t-il à complaire à ses patients, quand l’infirme demande toujours et exige des choses contraires à sa santé ? Voilà pourquoi il présente et applique à ceux qui ne le veulent pas le fer, ou le feu ou un breuvage amer, pour qu’une fois guéris, ils se réjouissent de la cure qu’ils ne pouvaient pas supporter quand ils étaient malades. Et si le médecin fait fi des injures, méprise les malédictions pour apporter de plein gré le salut et la vie aux malades et aux infirmes, à bien plus forte raison le Christ- médecin attire-t-Il malgré eux au salut par sa bonté divine, ceux qui sont infectés par les péchés, et sont atteints de la frénésie des crimes. O si nous voulions, mes frères, si nous voulions observer attentivement toute la paralysie de notre esprit, examiner notre âme privée des vertus étendue dans les sentiers des vices, il nous arriverait de comprendre comment le Christ regarde continuellement nos volontés coupables, nous attire aux remèdes salutaires, et nous harcèle malgré nous.

    Mon fils, tes péchés te sont remis. En parlant ainsi, Il a voulu qu’on Le considère comme le Dieu que l’homme cachait aux yeux humains. Par les prodiges et les miracles, Il était comparable aux prophètes qui eux aussi, mais par Lui, avaient opéré des prodiges. Que pardonner aux péchés est une chose qui n’appartient pas à l’homme mais est une prérogative divine insigne, Dieu l’avait gravé dans les cœurs humains. La jalousie des Pharisiens en est une preuve : Tes péchés te sont remis. Les Pharisiens répondirent : Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés sinon Dieu ? Pharisien, toi qui ignores en sachant, qui renies en professant, tu réfutes en attestant. Si c’est Dieu qui remet les péchés, pourquoi le Christ n’est-Il pas Dieu pour toi, Lui qui par l’apport de sa seule miséricorde a enlevé tous les péchés du monde. Nous en avons la preuve. Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde.

    Pour que tu puisses comprendre de plus grandes marques de sa divinité, rends-toi compte qu’Il a pénétré le secret de ton cœur. Reconnais qu’il s’est introduit jusque dans les replis de ta pensée. Comprends qu’Il a mis à nu les projets camouflés de ton cœur.

    Et quand Jésus vit leurs pensées, il leur dit : Pourquoi ces mauvaises pensées dans vos cœurs ? Qu’est-ce qui est plus facile de dire : tes péchés te sont remis, ou bien : lève-toi et marche ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, il dit au paralytique : lève-toi, prends ton grabat et retourne dans ta maison. Et il se leva et retourna dans sa maison. Le scrutateur des âmes prévient les pensées malicieuses, et donne la preuve de sa divinité en faisant un miracle. Il raccorde les membres épars de son corps, resserre les nerfs, emboite les os, complète les viscères, ajuste les articulations, et répare le pied pour la course dans le cadavre redevenu vivant de ceux qui étaient ensevelis.

    Prends ton grabat. Ce qui signifie : porte Celui qui porte, chante l’ambivalence de ton action, pour que ce qui est un témoignage de l’infirmité soit une preuve de la santé, pour que le lit de ta douleur soit le signe de ma guérison, et que la grandeur du poids du lit atteste la grandeur de la force reçue.

    Va dans ta maison, de peur qu’une fois guéri par la foi chrétienne, tu demeures dans les voies de la perfidie judaïque.

  • Samedi des quatre temps de septembre

    Veníte, adorémus Deum et procidámus ante Dóminum, plorémus ante eum, qui fecit nos : quia ipse est Dóminus, Deus noster.
    Veníte, exsultémus Dómino : jubilémus Deo, salutári nostro.

    Venez, adorons Dieu et prosternons-nous devant le Seigneur, et pleurons devant lui qui nous a faits : car il est le Seigneur notre Dieu.

    Venez, réjouissons-nous dans le Seigneur ; chantons des hymnes à Dieu notre Sauveur. (psaume 94)

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    La mélodie de l’introït démarre sur la dominante (do) comme un coup de clairon, et revient ensuite sans cesse à cette note, pour redescendre en révérence devant le Seigneur (Deum, procidamus, ploremus…), sauf à la fin de la première phrase où l’on reste sur la dominante, regardant Dieu face à face. Mais la deuxième phrase descend plus bas : nous sommes des créatures, debout, mais par terre… La dernière révérence est très développée et me semble-t-il originale.

    Par le « Chœur grégorien Crescendo », de Douarnenez, à une date inconnue (mais après 1993, année de sa création), dans un enregistrement sur cassette (un autre ici).


    podcast

  • Vendredi des quatre temps de septembre

    Lætétur cor quæréntium Dóminum : quærite Dóminum, et confirmámini : quǽrite fáciem eius semper.
    Confitémini Dómino et invocáte nomen ejus : annuntiáte inter gentes ópera ejus.

    Que le cœur de ceux qui cherchent le Seigneur, se réjouisse : cherchez le Seigneur et soyez fortifiés, cherchez sans cesse sa face.
    Louez le Seigneur et invoquez son nom, annoncez ses pauvres parmi les peuples.

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    Par les moines de l'abbaye de Sept-Fons (le chant des trappistes est légèrement différent de celui de Solesmes):
    podcast

    L’antienne d’introït, commune au jeudi après le IVe dimanche de Carême, est tirée du psaume 104 et invite tous ceux qui cherchent le Seigneur à se réjouir, car ils le trouveront sûrement, et en Lui ils se désaltéreront à la source de tout bien. Beaucoup, dans un apparent service de Dieu, recherchent quae sua sunt et se trouveront eux-mêmes, c’est-à-dire la vanité et la misère.

    Cherchez uniquement le Seigneur, dit le Psalmiste ; cherchez son visage, c’est-à-dire cherchez-le avec sincérité et franchise ; cherchez-le toujours, sans duplicité du cœur, sans transaction entre Lui et la nature corrompue.

    Saint Benoît, dans sa Regula Monachorum fait de cette recherche de Dieu le mot d’ordre de son institut, l’unique condition pour juger de la vocation des aspirants à la vie monastique. Il ne regarde ni à la naissance, ni à l’âge, ni à la science du novice ; il est uniquement attentif à scruter l’esprit de celui-ci, pour savoir s’il recherche vraiment Dieu, et si, pour le trouver, il suit la route de l’humilité et de l’obéissance, celle-là même qui a été tracée par le Christ. Toute autre voie est mauvaise.

    Bienheureux cardinal Schuster