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Liturgie - Page 121

  • Le bienheureux Charles de Blois

    Si Charles de Blois dut faire la guerre, il la fit à son corps défendant, à l’encontre de ses goûts et de ses attraits. Pendant la guerre il travaillait pour la paix, il n’aspirait qu’à la paix.

    Sa vie renferme des leçons tout aussi opportunes pour la paix que pour la guerre.

    Notre Jeunesse ardente et généreuse veut refaire une âme à la Bretagne. Où trouvera-t-elle un modèle plus séduisant ?

    Charles fut un chaste. Pour dompter ses passions il recourut à la prière et à la pénitence. Ses contemporains ont pris soin de noter son inaltérable fidélité à son épouse. Après saint Louis, mort en 1270, il est peut-être, en France, le seul homme marié et père de famille qui ait été mis sur les autels depuis six cents ans.

    L’homme public ne fut pas inférieur à l’homme privé. La passion de la justice, base de la prospérité des Etats, le domina constamment. Il la voulait éclairée, prompte et gratuite.

    Nul plus que ce grand seigneur n’eut la haine de l’arbitraire et de l’autoritarisme. Son respect profond de la dignité humaine, sa crainte du jugement de Dieu qu’il aurait à subir, le faisaient recourir en toute occasion au conseil de ses barons. Promoteur des institutions municipales, il ne crut pas diminuer l’autorité ducale en concédant les franchises populaires. Jamais gouvernement ne fut plus doux, jamais prince ne fut plus bienveillant et plus accessible.

    Les pauvres ne connurent pas seulement sa charité, ils éprouvèrent les mille nuances de sa délicatesse. Précurseur de nos modernes confrères de Saint-Vincent-de- Paul, il avait la liste des malheureux de sa ville de Guingamp et les visitait dans leurs logis. Sachant que l’aumône ne doit être qu’un secours transitoire, il s’appliquait à rendre sa charité ingénieuse et féconde, mariant les orphelines sans dot, mettant les jeunes gens en apprentissage, faisant étudier ceux qui paraissaient intelligents.

    Les artistes peuvent saluer en lui un amateur du beau sous toutes ses formes. Si, malgré les dépenses nécessitées par la guerre, il trouva moyen de déployer tant de luxe pour le culte divin, que n’aurait-il pas fait en temps de paix ?

    Les liturgisants peuvent à bon droit se réclamer du prince pieux dont toute la religion, sans amulettes, visions ni révélations, reposa uniquement sur l’office divin, pratique officielle et authentique de l’Eglise.

    A leur tour les régionalistes ont de qui tenir. Ils aimeront à se rappeler qu’en épousant Jeanne de Penthièvre, le fils du comte de Blois épousa la Bretagne avec ses traditions et le culte de ses saints.

    Tous trouveront dans le Bienheureux Charles de Blois un des plus beaux spécimens de l’humanité.

    Extrait de l'introduction des

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    par le R.P. Antoine de Sérent (en lecture libre)

    Les miracles post mortem de Charles de Blois.

    Le tombeau de Charles de Blois.

    La canonisation de Charles de Blois.

     

  • Maternité divine

    Le cantique Agni Parthéné (Vierge pure), par Petros Gaïtanos et le chœur Idymelon de Thessalonique. Le texte de cette hymne parut en 1905 dans un recueil de chants à la Mère de Dieu écrits par saint Nectaire d’Egine. La mélodie fut ensuite composée par un moine de Simonopetra (Athos). L’un et l’autre affirmèrent que c’était le résultat d’une apparition de la Mère de Dieu. C’est devenu un des chants les plus célèbres du monde byzantin.

    La traduction suit le découpage du texte grec sur la vidéo afin de pouvoir le suivre.

    Ô Vierge Pure, Souveraine
    Immaculée et Mère de Dieu,
    Salut, Épouse inépousée.
    Ô Vierge Mère Reine,
    Toison couverte de rosée,
    Salut, Épouse inépousée.

    Plus élevée que les cieux,
    plus brillante que le soleil,
    Salut, Épouse inépousée.
    Ô joie des vierges
    surpassant les chœurs angéliques,
    Salut, Épouse inépousée.

    Plus splendide que les cieux,
    plus pure que la lumière,
    Salut, Épouse inépousée.
    Plus sainte que les multitudes
    des armées célestes,
    Salut, Épouse inépousée.

    Marie toujours Vierge,
    Souveraine de l'univers,
    Salut, Épouse inépousée.
    Épouse Vierge Immaculée,
    très sainte Reine toute pure,
    Salut, Épouse inépousée.

    Marie Épouse Souveraine,
    Source de notre joie,
    Salut, Épouse inépousée.
    Ô jeune Vierge vénérable,
    très sainte Mère Souveraine,
    Salut, Épouse inépousée.

    Plus vénérable que les Chérubins
    et combien plus glorieuse
    Salut, Épouse inépousée.
    Que les Séraphins incorporels,
    plus élevée que les Trônes.
    Salut, Épouse inépousée.

    Salut, chant des Chérubins,
    Salut, hymne des Anges,
    Salut, Épouse inépousée.
    Salut, cantique des Séraphins.
    Salut, joie des Archanges,
    Salut, Épouse inépousée.
    Salut, Paix et Joie.
    Salut, Port du Salut,
    Salut, Épouse inépousée.
    Du Verbe sainte Chambre nuptiale,
    Fleur d'incorruptibilité,
    Salut, Épouse inépousée.

    Salut, Paradis de joie
    de l'éternelle vie,
    Salut, Épouse inépousée.
    Salut, Arbre de vie,
    Source d'immortalité,
    Salut, Épouse inépousée.

    Je Te prie, ô Souveraine,
    je T'invoque maintenant,
    Salut, Épouse inépousée.
    Je Te prie, ô Reine du monde,
    j'implore Ta grâce,
    Salut, Épouse inépousée.

    Ô Vierge pure, vénérable,
    très sainte Souveraine,
    Salut, Épouse inépousée.
    Avec ferveur je Te supplie,
    ô Temple sanctifié,
    Salut, Épouse inépousée.

    Secours-moi, délivre-moi
    de celui qui me fait la guerre,
    Salut, Épouse inépousée.
    Et fais de moi un héritier
    de la Vie éternelle,
    Salut, Épouse inépousée

  • 20e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, allelúia. Parátum cor meum, Deus, parátum cor meum : cantábo, et psallam tibi, glória mea. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt ; je te chanterai un psaume, toi qui es ma gloire. Alléluia.

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    La mélodie de l’alléluia de ce dimanche a été reprise avec d’autres mots pour le 4e dimanche de l’Avent. L’alléluia lui-même est également connu par ailleurs. D’autre part la mélodie du verset se termine par une longue formule finale de graduels du 1er mode (avec un bel ajout avant la descente vers le si). En effet le verset est du premier mode (de ré), alors que l’alléluia est du troisième mode (de mi), ce qui est assez étrange (surtout au moment de la reprise de l’alléluia), mais explique pourquoi le jubilus n’est pas repris à la fin du verset.

    On remarque aussi le très long mélisme sur « gloria », avec la même formule répétée trois fois, mais amenée les trois fois de façon différente. Au 4e dimanche de l’Avent, ce mélisme illustre le mot « facinora » : le fardeau. Ce sont deux façons opposées de considérer la mélodie, mais toutes deux légitimes.

  • Saints Denis, Rustique et Eleuthère

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    Graduel de l'abbaye de Saint-Denis, XIe siècle. Ce sont tous les chants de la messe d’alors. L’introït est celui de la première messe du commun de plusieurs martyrs (la messe actuelle est la deuxième du commun). On remarque que n’y figure pas l’incipit (« Intret », parce que chanté par un soliste, sans doute), et que seule la première phrase est donnée : (Intret) in conspectu tuo , Domine, gemitus compeditorum, à savoir le tiers de l’antienne, avant l’indication du verset de psaume : Deus, venerunt gentes. Il y a ensuite le début du graduel Gloriosus, avec le début du verset Dextera tua, Domine, puis l’Alléluia dont le verset est Justi epulentur donné en entier (actuellement c’est celui de la deuxième messe du commun), l’offertoire Mirabilis Deus, la communion Posuerunt mortalia qui n’est actuellement celle d’aucun commun mais est notamment celle de la messe des saints Côme et Damien le 27 septembre. Comme pour les autres pièces en dehors de l’Alléluia, il n’en est donné que la première ligne.

    Je suis toujours abasourdi que des sauvages théoriquement spécialistes des manuscrits mettent (ou laissent mettre) d’horribles tampons rouges baveux sur des chefs-d’œuvre…

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  • Saints Serge et Bacchus

    Aujourd’hui c’est la fête de sainte Brigitte de Suède, que François ne doit guère apprécier : c’est elle en effet qui, faisant parler le Fils de Dieu, appela le pape de son temps meurtrier des âmes, pire que Lucifer, plus injuste que Pilate, plus ennemi que Judas, plus abominable que les juifs (qui crucifièrent seulement son corps alors que Clément VI crucifie les âmes de ses élus).

    On fait aussi mémoire des saints Serge et Bacchus, dont c’était la fête hier dans le calendrier byzantin. Serge et Bacchus étaient le premier et le deuxième officier d’une unité militaire d’élite de Maximien, autour de l’an 300. Comme ils refusaient d’abjurer ils furent torturés et tués. C’était dans la ville syrienne que Isaïe appelle Reseph, et qui s’appelle aujourd’hui en arabe Resafa, mais qui fut appelée Sergiopolis puisqu’elle avait le tombeau de saint Serge, sur lequel on construisit une grande basilique, dont les ruines sont encore impressionnantes.

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    L'apolytikion, par le P. Grigorios Karalis:

    Τριάδος τῆς Ἁγίας ὀπλίται τροπαιοῦχοι, ἡ λαμπρὰ δυὰς τῶν Μαρτύρων, ὠράθητε ἐν ἄθλοις, Σέργιος ὁ θεῖος ἀριστεύς, καὶ Βάκχος ὁ γενναῖος ἀθλητής, διὰ τοῦτο δοξασθέντες περιφανῶς, προΐστασθε τῶν βοώντων Δόξα τῷ ἐνισχύσαντι ὑμᾶς, δόξα τῷ στεφανώσαντι, δόξα τῷ ἐνεργούντι δι' ὑμῶν, πάσιν ἰάματα.

    Soldats de la Sainte Trinité, victorieux dans le combat, et brillant duo de martyrs, Serge le divin chef, et Bacchus le noble athlète, dans l’éclat de votre gloire vous protégez ceux qui vous crient : Gloire à celui qui vous a donné la force, gloire à celui qui vous a couronnés, gloire à celui qui par vous donne la guérison à tous.

  • Notre Dame du Rosaire

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    (Eglise Notre Dame du Rosaire à Paris.)

    Les antiennes des psaumes aux matines et aux laudes sont des extraits de la Sainte Ecriture qui évoquent les 15 mystères du Rosaire : les mystères joyeux au premier nocturne, les mystères douloureux au deuxième nocturne, les mystères glorieux aux laudes.

    Pour les vêpres (dont il ne reste plus hélas, pour ceux qui suivent la réforme de 1960, que celles qui étaient naguère les secondes), la liturgie a des antiennes qui ont été composées à partir de diverses expressions de l’Ecriture.

    Quæ est ista, speciósa sicut colúmba, quasi rosa plantáta super rivos aquárum ?

    Qui est celle-ci, belle comme une colombe, comme une rose plantée sur les rives des eaux ? (Cantique des cantiques, Ecclésiasique.)

    Virgo potens, sicut turris David : mille clípei pendent ex ea, omnis armatúra fórtium.

    Vierge puissante, comme la tour de David, mille boucliers pendent d’elle (sur son cou), toute l’armure des forts. (Cantique des cantiques)

    Ave, María, grátia plena; Dóminus tecum: benedícta tu in muliéribus.

    Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes.

    Benedíxit te Dóminus in virtúte sua, quia per te ad níhilum redégit inimícos nostros.

    Le Seigneur t’a béni, dans sa puissance, car par toi il a réduit à néant nos ennemis. (Judith.)

    Vidérunt eam fíliæ Sion vernántem in flóribus rosárum, et beatíssimam prædicavérunt.

    Les filles de Sion t’ont vue florissant de roses comme le printemps, et elles t’ont appelée bienheureuse. (Ecclésiastique, Cantique des cantiques.)

  • Saint Bruno

    Maître Bruno, de nationalité allemande, naquit de parents nobles, dans l'illustre ville de Cologne. Très érudit dans les lettres aussi bien séculières que divines, il fut chanoine de l'Église de Reims dont l'importance ne le cède à nulle autre parmi les églises de Gaule ; puis il y fut maître de l'enseignement. Ayant quitté le monde, il fonda l'ermitage de Chartreuse et le gouverna pendant six ans. Sur l'ordre du pape Urbain II, dont il avait été jadis le précepteur, il se rendit à la curie romaine, pour aider le Pontife de son soutien et de ses conseils dans les affaires ecclésiastiques. Mais il ne pouvait supporter les tumultes et le genre de vie de la curie ; brûlant de l'amour de la solitude naguère abandonnée et du repos contemplatif, il quitta la curie, après avoir même refusé l'archevêché de l'Église de Reggio auquel il avait été élu par la volonté du pape. Il se retira dans un désert de Calabre dont le nom est La Tour. Puis là, après avoir réuni de nombreux laïcs et clercs, il s'appliqua tant qu'il vécut à la vocation de la vie solitaire. Il y mourut et y fut enseveli, onze années environ après son départ de Chartreuse.

    Chronique Magister. (Notices sur les cinq premiers prieurs de Chartreuse, début du XIIe siècle. C'est le seul texte de l'époque sur la vie de saint Bruno.)

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    Saint Bruno en prière (les autres travaillent…) : l’un des 22 tableaux sur la vie de saint Bruno, première commande importante du jeune Eustache Le Sueur (pour la chartreuse de Paris). Le plus connu est le dernier : la mort de saint Bruno.

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  • Saint Placide et ses compagnons

    A Messine, en Sicile, l'anniversaire des saints martyrs Placide moine, l'un des disciples du bienheureux abbé Benoît, Eutyche et Victorin, ses frères, la vierge Flavie, leur sœur ; Donat, Firmat diacre, Fauste, et trente autres moines, tous massacrés pour la Foi du Christ par le pirate Manucha.

    Pendant longtemps la liturgie a fait de ce Placide le jeune disciple de saint Benoît. Il est curieux que le martyrologe de 1960 le dise encore alors que le bréviaire bénédictin ne le prétendait plus.

    Le Placide de Sicile, évoqué dans le martyrologe hyéronimien, mourut martyr au moins deux siècles avant saint Benoît. On ne sait pas qui était le « pirate Manucha », ou « Mamucha », si tant est que le fait ne fût pas une des nombreuses persécutions du temps (des hérétiques ou des empereurs).

    Quoi qu’il en soit le monastère fut reconstruit, puis il fut détruit de nouveau en 669, par les « Sarrasins ». Une troisième fois reconstruit, il fut une troisième fois détruit, en 880, et ses moines une troisième fois massacrés.

    On peut bien célébrer tous ces martyrs – dont une bonne partie étaient donc bénédictins - le 5 octobre.

  • Saint François d’Assise

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    (Giotto, Assise)

    S’exposant avec courage aux dangers de tous les instants, François voulait se rendre chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l’une à l’autre. Mais dans l’espoir d’obtenir sans tarder ce qu’il désirait, François résolut de s’y rendre. Après avoir prié, il obtint la force du Seigneur et, plein de confiance, chanta ce verset du Prophète : « Si j’ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi ».

    S’étant adjoint pour compagnon frère Illuminé, homme d’intelligence et de courage, il s’était mis en route traversant la mer et se retrouvant dans le pays du sultan. Lorsqu’ils se furent avancés plus loin, ils trouvèrent les gardes avancés des Sarrasins, qui, comme des loups, accoururent et se saisirent brutalement des serviteurs de Dieu, leur firent subir des traitements cruels, et après les avoir accablés d’injures et de coups, les chargèrent de chaînes. Enfin, après les avoir maltraités et affligés de toute façon, par une disposition de la divine Providence ils les conduisirent au sultan, selon le désir du saint.

    Celui-ci leur ayant demandé qui les avait envoyés et quel était le but de leur voyage, François lui répondit sans s’effrayer :

    « Je ne viens point de la part d’un homme, mais de la part du Dieu Très-Haut, afin de vous montrer à vous et à votre peuple la voie du salut, et de vous annoncer l’Évangile de vérité. »

    Ensuite il prêcha avec un tel courage, une telle force et une telle ardeur au sultan le Dieu en trois Personnes et Jésus-Christ Sauveur de tous les hommes, qu’en lui s’accomplissait clairement cette promesse du Seigneur : Je mettrai en votre bouche des paroles et une sagesse auxquelles vos ennemis ne pourront résister, et qu’ils ne pourront contredire. En effet, le sultan voyant le zèle admirable et la vertu du serviteur de Dieu, l’écoutait volontiers et le pressait avec instance de prolonger son séjour auprès de lui ; mais François, éclairé d’en haut, lui dit :

    « Si vous voulez vous convertir à Jésus-Christ, vous et votre peuple, je demeurerai de grand cœur avec vous. Mais si vous hésitez à abandonner la loi de Mahomet pour la foi du Sauveur, faites allumer un grand feu : je le traverserai avec vos prêtres, et vous serez à même de juger alors quelle est la croyance la plus certaine et la plus sainte, et celle qui mérite l‘adhésion de vos cœurs. »

    « Je ne pense pas, répondit le sultan, qu’aucun de nos prêtres consentît pour la défense de sa foi à s’exposer au feu ou à subir quelque autre genre de tourment. »

    En effet, il avait vu un de ses prêtres, homme de zèle et déjà avancé en âge, prendre la fuite, en entendant les propositions de François. Alors le saint ajouta :

    « Si vous voulez me promettre pour vous et pour votre peuple d’embrasser la foi de Jésus-Christ dans le cas où je sortirai sain et sauf du milieu des flammes, je les traverserai seul. Si le feu me fait sentir ses ardeurs, vous l’attribuerez à mes péchés ; mais si la puissance du Seigneur me protège, vous reconnaîtrez que le Christ est la vertu et la sagesse de Dieu, qu’il est le Dieu véritable et le Sauveur de tous les hommes. »

    Le sultan déclara qu’il n’osait accepter une telle proposition dans la crainte de voir son peuple se soulever. Cependant il lui offrit des présents considérables et d’un grand prix. L’homme de Dieu, plein de mépris pour les choses de ce monde, et avide seulement du salut des âmes, méprisa tout cela comme de la boue. Mais ce refus, qui montrait en lui un si parfait contempteur des biens terrestres, lui gagna encore davantage l’affection du sultan ; et quoiqu’il ne voulût ou n’osât embrasser la foi chrétienne, il supplia cependant le saint d’accepter ses dons afin de les distribuer pour son salut aux pauvres chrétiens ou aux églises. François, qui avait en horreur de porter le fardeau des richesses et ne voyait d’ailleurs aucun sentiment de vraie piété dans l’âme du sultan, n’acquiesça en aucune façon à ce qu’il souhaitait. Ensuite, reconnaissant qu’il n’aurait aucun succès auprès de cette nation et qu’il ne pouvait obtenir l‘objet de ses désirs, averti par une révélation du ciel, il revint en Europe.

    Saint Bonaventure

  • 19e dimanche après la Pentecôte

    Antienne de communion

    Tu mandásti mandáta tua custodíri nimis : útinam dirigántur viæ meæ, ad custodiéndas iustificatiónes tuas.

    Vous avez ordonné que vos commandements soient très fidèlement observés ; puissent mes voies être dirigées de manière à ce que je garde vos justes ordonnances. (Psaume 118,4-5 avec le premier verset du psaume et la doxologie dans l’enregistrement des moines de Triors.)

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    La mélodie s'installe sur la dominante du mode, mettant ainsi en valeur les premiers mots : Tu as donné Tes commandements. Tu as en effet le droit de le faire, car Tu es le Seigneur. Mais Tes commandements sont la source de notre joie et de notre bonheur. Si seulement nous pouvions en prendre conscience et suivre fidèlement la voie que Tu as tracée pour nous ! La solennité, voire la majesté, marque le début de la première phrase, et la quinte avec cu-(stodiri) souligne le même sentiment. Selon les manuscrits annotés, les notes sur (ni)-mis doivent être rendues de manière large.

    Par la répétition fréquente du si bémol, la deuxième phrase est rendue tendre, presque oppressante, car le chanteur sait qu'il n'a pas toujours dirigé ses pas selon les ordonnances de Dieu. Il lui est pénible de constater que, comme les hommes de l'Évangile de ce jour, il a accordé plus de soin à ses champs et à ses affaires qu'à l'invitation au banquet du Roi. Il se repent amèrement d'avoir perdu plusieurs fois l'habit de noces. Aussi, rempli de contrition et conscient de sa propre faiblesse, il demande la grâce de Dieu. Dans l'esprit de la Postcommunion qui suit, il prie pour que les effets salutaires de la Sainte Eucharistie servent à le libérer de ses mauvais penchants, le renouvellent dans le Christ et le fassent imiter le Christ, afin qu'il s'attache toujours aux commandements de Dieu. La deuxième moitié de la troisième phrase a exclusivement des intervalles de seconde. Justificati-(énes) répète fidèlement la mélodie de (cus)-todién-(das). L’un dans l’autre, il s'agit d'une prière simple et humble.

    Dom Dominic Johner (The Chants of the Vatican Gradual)