Mardi dernier, répondant à des questions de journalistes concernant un horrible assassinat, Viktor Orban a déclaré tout à trac : « La question de la peine de mort devrait être examinée en Hongrie », car il est nécessaire de « dire clairement aux criminels que la Hongrie ne recule devant rien quand il s'agit de protéger ses citoyens ».
Un porte-parole de l’UE a d’abord rappelé que « l'interdiction de la peine de mort est un des piliers des droits fondamentaux de l'UE ».
Et ce matin Jean-Claude Juncker a déclaré : « La Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne interdit la peine de mort, et M. Orban devrait immédiatement dire clairement que ce n'est pas son intention, et si c'est son intention, il y aura une bataille. »
De son côté, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muižnieks, avait déjà déclaré : « L'idée de réintroduire la peine de mort, défendue par Viktor Orban, est incompatible avec les obligations de la Hongrie en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme, et va à l'encontre des valeurs défendues par l'Europe. »
Nils Muižnieks a également réagi à la « consultation nationale sur l'immigration et le terrorisme » prévue en Hongrie, qu'il a qualifiée de « preuve supplémentaire de la vision négative du gouvernement hongrois vis-à-vis des droits de l'homme » Car si « les consultations publiques sont bien sûr un aspect important d'une société démocratique », celle-là est « inacceptable », bien sûr, car elle pose les mauvaises questions et suggère les mauvaises réponses... Voici une traduction des 12 questions qui vont être posées aux 8 millions de citoyens hongrois :
1 – On entend beaucoup parler de l’augmentation des actes de terrorisme. Quelle importance accordez-vous à ce développement du terrorisme ?
2 – Selon vous, la Hongrie pourrait-elle devenir une cible d’attaques terroristes dans les années qui viennent ?
3 - Selon certains, l’immigration, qui est mal gérée par Bruxelles, a un lien avec le développement du terrorisme. Etes-vous d’accord avec cette opinion ?
4 – Saviez-vous que des immigrants économiques franchissent illégalement la frontière, et que récemment le nombre des immigrants a été multiplié par 20 en Hongrie ?
5 – On entend de nombreuses opinions à propos de l’immigration. Selon certains, les immigrants économiques mettent en danger les emplois et moyens d’existence du peuple hongrois. Etes-vous d’accord avec ces opinions ?
6 - Selon certains, la politique de Bruxelles concernant l’immigration et le terrorisme a échoué et une nouvelle approche est nécessaire pour gérer ces questions. Etes-vous d’accord avec cette opinion ?
7 - Soutiendriez-vous des mesures plus restrictives du gouvernement hongrois s’opposant à la politique permissive de Bruxelles ?
8 - Soutiendriez-vous le gouvernement hongrois s’il édicte de nouvelles lois plus restrictives sur la base desquelles ceux qui franchissent illégalement la frontière pourraient être mis en détention ?
9 - Etes-vous d’accord que ceux qui franchissent illégalement la frontière devraient être renvoyés dans leurs pays dans les plus brefs délais ?
10 - Etes-vous d’accord que, puisqu’il y a des migrants économiques en Hongrie, ils devraient subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins ?
11 - Etes-vous d’accord que le meilleur instrument possible pour combattre l’immigration est que l’Union européenne aide au développement de ces pays d’où viennent les migrants ?
12 - Êtes-vous d’accord avec le gouvernement hongrois qu’au lieu de soutenir les immigrants il est nécessaire de soutenir les familles hongroises, et que nous avons besoin de plus de naissances ?
Lors du sommet européen extraordinaire du 23 avril, Viktor Orban a notamment déclaré : « Nous estimons que si on nous confie la tâche de légiférer sur la situation des réfugiés qui viennent en Hongrie, nous sommes en mesure de le faire. Le problème est que nous sommes liés par les règlements de l’UE, qui compromettent l’efficacité du traitement par la Hongrie du problème des migrations. »
Lors du sommet du 16 janvier, il avait dit : « L’immigration économique est mauvaise pour l’Europe. Nous ne devrions pas la considérer comme utile, parce qu’elle est uniquement source de troubles et de danger pour les Européens. Elle devrait être stoppée, c’est l’opinion de la Hongrie. (…) Nous ne voulons pas intégrer de minorités dont la culture serait différente de la nôtre. Nous voulons que la Hongrie reste la Hongrie. »
Et l’on rappellera qu’en octobre, le porte-parole du Parlement hongrois, László Kövér, avait déclaré que « si l'Union compte dicter le comportement des gouvernements nationaux, Bruxelles ressemblera au bout du compte à Moscou au temps de l’ère soviétique », et que si c’est la direction que prend l’UE « la Hongrie ferait peut-être mieux d'en sortir ».