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François (pape) - Page 74

  • Le pape, le pallium, et Kasper

    A priori la décision du pape de donner désormais le pallium aux archevêques en catimini, et de transférer la cérémonie publique dans les diocèses, n’attire pas tellement l’attention. Sinon, comme je l’ai dit, que le pape supprime un beau symbole, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il ne sait pas ce que c’est.

    Mais Luc Perrin, sur le Forum catholique, a mis le doigt sur ce qui est important :

    Déplacer l'accent de Rome à l'Église locale, c'est très exactement la thèse du théologien de référence du pape, à savoir le cardinal Kasper : thèse à laquelle saint Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger s'étaient opposés dans une controverse ecclésiologique majeure et publique au début des années 2000.

    La controverse était née du document publié en 1992 par la congrégation pour la doctrine de la foi (présidée par le cardinal Ratzinger) intitulé Lettre aux évêques de l’Eglise catholique sur certains aspects de l’Eglise comprise comme communion. Le texte rappelait, face à certaines dérives postconciliaires (notamment à Walter Kasper qui n’était pas nommé), en s’appuyant sur les textes de Vatican II (Lumen gentium et Christus Dominus) ainsi que des pères, de Paul VI et de Jean-Paul II, que « l’Eglise une et unique » précède ontologiquement et chronologiquement les « Eglises particulières ».

    En 1999, Walter Kasper publiait un livre où il reprenait une fois encore ses thèses. Le 27 février 2000, le cardinal Ratzinger, dans une conférence tenue en tant que préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, défendait le document de 1992 et condamnait explicitement la thèse inverse de Walter Kasper sur les Eglises particulières qui précèdent l’Eglise universelle.

    L’année suivante, Walter Kasper publiait un grand article (en anglais et en allemand) pour répondre à Joseph Ratzinger, c’est-à-dire au gardien du dogme.

    Il suffit de lire ce texte pour comprendre que le « débat » dont parle Kasper n’existe pas. Il s’agit de deux discours qui ne se situent pas du tout sur le même plan. Le cardinal Ratzinger parle d’abord de la révélation, de la théologie de l’Eglise mystère, corps du Christ. Le cardinal Kasper parle essentiellement de l’Eglise comme d’une réalité sociologique. De ce fait il ne voit qu’un jeu de pouvoir entre ce qu’il dit être l’Eglise universelle qui est pour lui le pape et la curie, et les Eglises locales, les diocèses, donc les évêques, qui sont brimés par Rome qui ne leur laisse prendre aucune initiative…

    Le discours du cardinal Kasper est en fait politique. Il est significatif que lorsqu’il parle des évêques il parle de leur « pouvoir », et non de leur charge.

    En fait il suffit même de lire le premier paragraphe de son texte (après le paragraphe introductif) pour comprendre de quoi il s’agit. Il explique en effet que sa position « ne résulte pas d’un raisonnement abstrait mais d’une expérience pastorale ». Ce que le cardinal Kasper appelle « raisonnement abstrait », c’est l’Eglise vue comme mystère, comme corps du Christ, comme communion. Et ce qu’il appelle « expérience pastorale », ce sont les revendications progressistes à l’égard du pouvoir central romain conservateur. Il est ainsi tout à fait remarquable que dès ce premier paragraphe le cardinal Kasper évoque… « le refus catégorique de la communion à toutes les personnes divorcées et remariées » !

    A la lumière de ce débat qui n’en est pas un, on comprend que l’initiative du pape quant au pallium s’inscrit dans cette tentative de subversion de la constitution divine de l’Eglise. C’est un petit pas vers la reconnaissance de l’autonomie politique, en quelque sorte, des évêques. Ce qui est souligné par le fait que c’est le nonce apostolique qui remettra publiquement le pallium à l’archevêque. Le nonce, représentant du pape auprès des autorités politiques d’un Etat, et auprès de l’épiscopat de la nation en question. Et cela permet aussi d’aller dans le sens d’une reconnaissance des Eglises non seulement locales mais nationales, et de leurs conférences épiscopales, auxquelles François veut donner même des compétences « doctrinales » - ce qui est évidemment contraire à la doctrine catholique. Même Kasper ne va pas aussi loin. Il parle plus prudemment de compétences en matière de « discipline » - c’est toute la manœuvre à laquelle on assiste avec les synodes sur la famille.

    N.B. - On constate que Walter Kasper a une conception de l'Eglise qui est celle de Vatican I et non de Vatican II, et une conception de l'épiscopat qui est la conception scolastique depuis longtemps obsolète.

  • Oui, c’était la volonté du pape

    On savait déjà que c’est François qui avait explicitement voulu que les paragraphes du rapport final du synode rejetés par les pères y figurent quand même. Il se confirme aujourd’hui que le pape avait explicitement approuvé l’immonde rapport intermédiaire (celui qui donnait le droit à la communion aux divorcés remariés et reconnaissait des « aspects positifs » aux paires homosexuelles).

    C’est le cardinal Baldisseri, le secrétaire général du synode, qui l’a avoué, à l’ouverture d’une conférence internationale de mouvements familiaux à Rome le 22 janvier, à la faveur d’une question sur l’approbation par le pape des 46 questions des Lineamenta pour le prochain synode :

    « Les documents ont tous été vus et approuvés par le pape. Même les documents pendant le synode, comme la Relatio ante disceptationem, et la Relatio post disceptationem, et la Relatio synodi, ont été vus par lui avant d’être publiés. »

    Et il a ajouté :

    « Ce point est important, non seulement à cause de son autorité, mais aussi parce qu’il met le secrétaire général à l’aise. »

    Sic. C’est pas nous. C’est lui.

  • Palliums de province…

    Burke_Pallium[1].jpgDésormais, a décidé François, les archevêques recevront leur pallium des mains du pape « en privé », et c’est le nonce qui le leur remettra publiquement au cours d’une cérémonie dans leurs diocèses respectifs.

    Il paraît que cela exprime mieux « la synodalité ». Ah bon. J’aimerais qu’on m’explique…

    Ce qu’on voit surtout, c’est que le pape supprime un beau symbole de communion catholique.

    Mais ça permettra aux nonces de se promener un peu…

    (Photo: Mgr Raymond Burke, archevêque de Saint-Louis, recevant le pallium des mains de saint Jean-Paul II.)

  • L’insulte aux évêques des Philippines

    Le célèbre jésuite Pierre de Charentenay, président du Centre Sèvres, l'institut d’études supérieures de la Compagnie de Jésus, entre 1991 et 1997, directeur de la revue "Études" entre 2004 et 2014 et, depuis lors, membre de la rédaction de "La Civiltà Cattolica", la revue des jésuites de Rome (dirigée par Antonio Spadaro, un proche du pape), a publié un livre sur les Philippines, juste avant le voyage de François dans ce pays. Le père Federico Lombardi, directeur du bureau de presse du Vatican, a conseillé la lecture de ce livre aux journalistes qui s’apprêtaient à couvrir l’événement, nous dit Sandro Magister.

    Or ce livre contient de virulentes attaques contre les évêques des Philippines, particulièrement pour stigmatiser leur combat contre la loi dite de « santé reproductive » (bien qu’il ne s’agisse pas des lapins), essentiellement sur la contraception.

    Le P. de Charentenay, ajoute Sandro Magister, « fait des considérations du même genre à propos d’autres controverses qui sont sur le point d’éclater dans ce pays sur des sujets comme le divorce, ou l’avortement, ou encore les mariages homosexuels. Il accuse les évêques d’être fermés et arriérés, non seulement par rapport aux poussées de la modernité mais également par rapport aux sollicitations de François. »

    Malicieuse conclusion de Sandro Magister :

    À ce sujet il aurait été intéressant de comprendre comment le pape Bergoglio concilie le fait qu’il valorise haut et fort les conférences épiscopales avec la spectaculaire critique qui est adressée à la ligne de conduite des évêques par un rédacteur faisant autorité de la revue "La Civiltà Cattolica" qui fait elle aussi autorité.

    C’est qu’il y a les bonnes conférences épiscopales et les mauvaises conférences épiscopales. Les premières auront droit à tous les égards. Les autres on les mettra au pas. On leur enverra les commandos jésuites.

  • Le trans de François

    Diego Neria Lejárraga est un transsexuel espagnol de 48 ans, qui vit à Plasence, en Estrémadure. Fervent catholique, selon ses dires, il a écrit au pape, en novembre dernier, pour se plaindre de sa paroisse qui le rejetait.

    Le pape lui a téléphoné le 8 décembre, le jour de la fête de l’Immaculée Conception, pour prendre contact et lui dire qu’il le rappellerait pour lui donner un rendez-vous. Le 20 décembre, qui était autrefois le samedi des quatre temps de l’Avent, jour d’ordinations, il lui a de nouveau téléphoné, pour lui donner rendez-vous au Vatican le 24 janvier. Samedi dernier, donc, François a reçu le transsexuel, avec sa « fiancée ». On ne sait pas ce qu’ils se sont dits, mais François l’a embrassé, et désormais il se dit « en paix ».

    Naturellement, l’histoire fait le tour des sites et des lobbies LGBT.

    C’est évidemment une belle victoire de l’idéologie du genre.

    (Essayez donc, pour voir, d’écrire à François pour vous plaindre que dans votre paroisse tout est sous la coupe de gens qui bafouent le dogme et la liturgie, et que vous en avez été méchamment exclu parce que vous demandiez seulement qu’on respecte le catéchisme et le missel…)

  • Sur le chemin de l’apostasie

    Extrait (ou plutôt cœur) de l’homélie de François, lors des vêpres œcuméniques du 25 janvier :

    Beaucoup de controverses entre chrétiens, héritées du passé, peuvent se dépasser en mettant de côté toute attitude polémique ou apologétique, et en cherchant ensemble à accueillir en profondeur ce qui nous unit, c’est-à-dire l’appel à participer au mystère d’amour du Père révélé à nous par le Fils dans l’Esprit Saint. L’unité des chrétiens – nous en sommes convaincus – ne sera pas le fruit de discussions théoriques raffinées dans lesquelles chacun tentera de convaincre l’autre du bien-fondé de ses propres opinions. Le Fils de l’Homme viendra et il nous trouvera encore en discussions. Nous devons reconnaître que pour parvenir à la profondeur du mystère de Dieu, nous avons besoin les uns des autres, de nous rencontrer et de nous confronter sous la conduite de l’Esprit Saint, qui harmonise les diversités et dépasse les conflits, réconcilie les diversités.

    Donc, il faut abandonner l’apologétique, c’est-à-dire la défense argumentée de la foi catholique. Dans les discussions œcuméniques ! Car finalement il ne s’agit pas de la foi. Nous croyons tous au « même évangile », comme il dit dans la même homélie… Ce qui reste alors du dialogue œcuménique, ce sont des « discussions théoriques raffinées », où l’on ne défend pas la foi, mais ses « opinions ».

    Par exemple : moi je crois que le Christ est réellement présent, corps, âme, esprit, divinité, dans l’hostie, et toi tu n’y crois pas. Ce ne sont que des opinions. Nous n’allons pas discuter là-dessus. L’important est de se laisser conduire par le Saint-Esprit qui « harmonise les diversités et dépasse les conflits », mettant d’accord ceux qui croient en la présence réelle et ceux qui n’y croient pas. Dans une même « Eglise » qui transcende les diverses « opinions » ?

    Désolé, mais tant que je vivrai je ne pourrai pas dire que le Christ, le Fils de Dieu qui s'est fait chair, corps et sang pour se donner à moi afin que je devienne un avec lui, est une opinion.

  • Les lapins et les sept césariennes

    Le journaliste Andrea Lambrano s’est senti insulté par la sortie de François sur ces cathos qui se reproduisent comme des lapins. Normal, puisqu’il était visé, parmi tant d’autres. Les lapins viennent seulement allonger la liste des insultes à François. Car ces lapins sont évidemment pharisiens, pélagiens, moralistes, légalistes, etc.

    Andrea Lambrano répond au pape avec beaucoup d’esprit et d’à propos.

    Mais il répond aussi à l’argument brandi par le pape : la femme aux sept césariennes. Et ce qu’il dit là mérite peut-être plus encore d’être relevé :

    Je n'ai non plus apprécié l'exemple de la femme qui a eu 7 césariennes. Je connais une dame qui en a eu 5 de césariennes et je voudrais lui dire: fais gaffe car si tu continue ils vont t'excommunier. Mais elle est médecin, avec la tête bien sur ses épaules et surtout avec cette même capacité de sacrifice qui a fait la grandeur de Sainte Gianna Beretta Molla et qui fera sainte Chiara Corbella. Cet exemple de la femme aux sept césariennes, comme si c'était la femme aux sept maris du livre de Tobit, ne convient pas car c'est un cas limite. Ce métier m'a appris que les cas limites sont utilisés par les Radicaux afin d'introduire un concept qui force le sentiment de sympathie des gens, provoquant un élan de tendresse face à une situation extraordinaire. Ce faisant ils introduisent un principe destructif: c'était ainsi avec l'avortement, le divorce, l'euthanasie, etc. je ne voudrais pas qu'ils fassent la même chose un jour avec la contraception aussi.

  • Les lapins stratégiques

    Les vertueux préposés à la publication des propos du pape sur le site du Vatican ont manifestement eu tort de censurer le pontife dans l’affaire des lapins. Car il se confirme que ces lapins, connectés avec Humanae Vitae, font partie de la stratégie de François pour subvertir la « pastorale » tout en faisant semblant de conserver la doctrine. Le coup de génie étant de brandir Humanae Vitae pour enseigner le contraire.

    On le voit par exemple dans un article de L’Avvenire, le quotidien de l’épiscopat italien, qui rapporte notamment des propos du P. Paolo Gentili, directeur de l’office national de l’épiscopat pour la pastorale de la famille.

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  • Mgr Le Vert a (été) démissionné…

    L’évêque de Quimper, en conflit avec ses prêtres archéo-progressistes, avait déjà été de facto remplacé, en mai dernier, par l’un des pires évêques français, Mgr Gueneley, l’ancien évêque de Langres, théoriquement à la retraite.

    Hier, François a « accepté la démission » de Mgr Jean-Marie Le Vert. Et il lui a demandé d’aller à Bordeaux se mettre au service du cardinal Ricard. En tant que quoi ? Enfant de chœur ?

  • On a deux papes !

    Ce matin, François a fait un éloge appuyé des familles nombreuses :

    « C’est une consolation et une espérance que de voir tant de familles nombreuses accueillir les enfants comme un vrai don de Dieu. » (Voir éventuellement la suite ici.)

    Mais ce n’est pas du tout contradictoire avec la sortie sur les lapins, affirme à CBS Mgr Anthony Figueiredo, directeur du collège pontifical nord-américain de Rome :

    « Quand le pape parle dans l’avion, il parle comme pasteur aux gens ordinaires. Quand il revient, il veut parler en tant que pape. »

    Donc le pasteur dit au vulgum pecus que les catholiques ne doivent pas se reproduire comme des lapins, et le pape dit que les familles nombreuses sont une bénédiction. On met le tout dans un chapeau, et il en ressort la doctrine à François.

    Enfin, non, ce n’est pas exactement cela. Mgr Figueiredo explique que si certains papes ont mis la doctrine d’abord, François met la personne d’abord.

    On connaît la chanson : ce qui compte c’est la personne, la pastorale, la miséricorde, etc., et ceux qui veulent mettre la doctrine en avant sont des rigides, des sans cœur, des pharisiens, etc.

    Mgr Figueiredo ajoute toutefois : « C’est risqué, sans aucun doute, parce que, si vous commencez par la personne, chacun a sa façon de le comprendre. »

    En fait il n’y a pas deux papes, mais une multitude.