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Les lapins stratégiques

Les vertueux préposés à la publication des propos du pape sur le site du Vatican ont manifestement eu tort de censurer le pontife dans l’affaire des lapins. Car il se confirme que ces lapins, connectés avec Humanae Vitae, font partie de la stratégie de François pour subvertir la « pastorale » tout en faisant semblant de conserver la doctrine. Le coup de génie étant de brandir Humanae Vitae pour enseigner le contraire.

On le voit par exemple dans un article de L’Avvenire, le quotidien de l’épiscopat italien, qui rapporte notamment des propos du P. Paolo Gentili, directeur de l’office national de l’épiscopat pour la pastorale de la famille.

L’auteur de l’article, Luciano Mola, explique que le pape a parlé de paternité responsable à partir de l’encyclique Humanae vitae, parce que les implications de cette encyclique « prennent une nouvelle force à la lumière de la nouvelle pratique pastorale qui met en avant l’accueil et la miséricorde ».

« C’est comme une grande claque sur la face de toutes les idéologies », commente le P. Gentili. D’au moins trois idéologies que François considère comme « particulièrement dangereuses », qui sont mises sur le même plan : l’idéologie du genre, l’idéologie qui juge « obligatoire d’avoir une famille nombreuse sans exercice de la responsabilité » (sic), et l’idéologie opposée du « No kids » qui au nom du bien-être prône l’absence d’enfants.

La « sage intégration pastorale », dit Luciano Mola résumant ce que lui dit le P. Gentili, consiste à reprendre d’Humane vitae la redécouverte de l’enfant comme un don, et de la combiner avec la responsabilité. « Et la responsabilité de l’accueil ne dérive pas d’une déférence acritique à un enseignement qui ressemblerait à une liste que vous avez à montrer à l’officier des douanes pour passer dans le hall d’arrivée, mais viendrait plutôt d’une adhésion intelligente à un mode de vie qui ne fait pas tellement attention à la rigidité de la lettre de la loi, comme le dit saint Paul, mais plutôt au dynamisme de l’Esprit », etc. bla-bla-bla. J’arrête là la citation de cette phrase interminable, qui reprend un discours qu’on commence à connaître par cœur (en enrôlant le pauvre saint Paul de façon totalement erronée). L’idéologie officielle du Vatican se rapproche de plus en plus dangereusement de ces hérésies qui ont jalonné l’histoire de l’Eglise, qui consistent à opposer une Eglise de l’Esprit à une Eglise de la loi, comme si la loi n’était pas tout simplement l’expression de ce qu’implique la docilité à l’Esprit (au véritable Saint-Esprit, pas à celui qu’on invente et qu’on rêve au gré de l’influence pentecôtiste).

Ainsi, poursuit l’article, le « Non aux familles de lapins » était intentionnellement un appel, rendu plus efficace par la familiarité du propos, pour la recherche d’un équilibre qui soit plus conscient de l’exercice de la sexualité conjugale qui doit toujours être lié aux processus biologiques (Humanae vitae) mais aussi à l’attirance érotique naturelle, et aux circonstances économiques, psychologiques et sociales…

Et ici on en remet une couche : « La parole de l’Eglise n’est pas une liste de lois à suivre sous menace de sanctions, mais une invitation à la redécouverte d’une humanité plus authentique, qui est en ce sens la vérité écrite par le créateur dans les profondeurs du cœur de chaque personne »…

Alors le P. Gentili reprend lui-même la parole : «  Marcher avec les couples sur la route de la redécouverte de cette vérité veut dire retrouver d’une façon pratique sans moralisme cette loi de gradualité que même Jean-Paul II avait enseigné dans Familiaris consortio, et que, malheureusement, nous n’avons pas eu la force ni les moyens de traduire dans une pratique pastorale. »

Ce qui veut dire, ajoute l’article, se référant à « l’enseignement de François », « prendre les couples par la main sans juger de leur situation de vie, appréciant les éléments positifs qui existent dans toute relation entre un homme et une femme basée sur la responsabilité » (ce qui est évidemment contraire à Familiaris consortio, à la loi de gradualité et à tout l’enseignement de Jean-Paul II).

Et l’on en revient bien sûr au synode, pour reprendre sans le dire ce qui a été précisément rejeté par les pères, mais qui sera refourgué dans le prochain synode à la faveur des 47 questions posées…

Le cardinal Burke vient quant à lui de dire, dans une superbe homélie sur le mariage de Joseph et de Marie : « Alors que le synode des évêques est appelé à souligner la beauté du mariage comme Dieu l’a établi depuis le commencement, il y a une forte tentative d’introduire des discussions sur les soi-disant “éléments positifs” de la cohabitation entre un homme et une femme, comme mari et épouse, sans respect pour le sacrement du Saint Mariage. Nous voyons dans le mariage de Marie et Joseph, d’une façon très remarquable, la beauté du mariage, établi par Dieu à la Création et restauré dans sa perfection originelle par Dieu le Fils Incarné lors de la Rédemption. »

La pastorale dont parle l’article de L’Avvenire est celle de la « miséricorde » de l’Eglise « hôpital de campagne », et François lui-même a souligné que Paul VI, après avoir promulgué Humanae vitae, était « très miséricordieux envers les cas particuliers et qu’il demandait aux confesseurs d’être très compréhensifs ».

Sandro Magister constate lui aussi qu’on a là l’exemple type de ce qui se profile : d’un côté on maintient fermement la doctrine (en faisant l’éloge d’Humanae vitae, sans toutefois dire de quoi il s’agit), de l’autre côté on prône et on applique une pastorale de « miséricorde » qui fait fi de la doctrine, au nom de l’accueil dans l’hôpital de campagne.

Sandro Magister conclut que Paul VI s’était attiré un déluge de critiques en publiant Humanae vitae, et que « pour François, c’est le contraire qui pourrait se produire, parce qu’il semble donner satisfaction à la fois aux intransigeants et aux novateurs ».

Commentaires

  • Vraiment le vers est dans le fruit et il n'est pas "solitaire"!

  • Excellent!
    Non, en fait, il est... solidaire (selon la vulgate proto humaniste laïcarde)
    Il faut être solidaire... :-)
    mais pas parler de Solidarité, çà c'est un gros mot.
    :-)

  • Bel exergue apposé au frontispice des futurs débats du synode à venir!!!
    Pour ceux qui n'auraient pas encore compris à qui et à quoi on a affaire......!!!!
    Merci, Seigneur, d'avoir permis cette horreur langagière : un signe pour le moins intelligible....

  • Vous pensez vraiment que tout cela est réfléchi et orchestré ?
    Est-ce qu'il ne faut pas voir plutôt quelqu'un de spontané qui se répand dans les média sans prendre le temps de réfléchir à ce qu'il dit ?
    C'est pourquoi est audiences générales ne souffriraient pas de ces défauts et sembleraient entrer en contradition.

  • C'est spontané et c'est une stratégie. La stratégie est cette dialectique entre ce que je dis dans l'avion ou dans une interview, ou chez mes amis protestants, qui ravit les journalistes et le monde, et ce que je dis devant les foules catholiques, qui renvoie à la doctrine traditionnelle. On a eu la preuve que c'était une stratégie avec l'affaire Scalfari. Les pompiers habituels ont souligné que ce que Scalfari faisait dire au pape n'était pas ce qu'avait dit le pape. L'interview fut retirée du site du Vatican... puis remise. Et, alors que l'affaire avait fait grand bruit et que les bisounours se rendormaient en sachant que le pape ne recommencerait pas un exercice aussi périlleux, il récidiva quelques semaines plus tard, montrant ainsi clairement que ce n'était pas une imprudence mais que c'était parfaitement volontaire. C'est cette même dialectique qu'on voit dans sa façon d'aborder le synode. Inutile de préciser que la dialectique n'est pas chrétienne.

  • "les cas particuliers": on est parti!

  • J'attends aussi l'encyclique annoncée sur l'écologie, une population trop nombreuse ne pouvant qu'épuiser notre mère la terre...
    (Il a raté le Nobel de la paix en 2014, je mise sur lui pour 2015, plus un poste à créer à l'ONU.)

  • En langage courant : François est un faux jeton

  • L'avenir le dira mais le plus grave chez ce Pape antiintellectualliste viscéral n'est-il pas la confusion?

  • oui c'est la nouvelle méthode de gouvernement. C'est une pratique de longue date chez l'archevêque de Buenos Aires !
    Le démon a compris qu'il ne pouvait atteindre la foi de Pierre alors il le fait gouverner dans l'ambiguïté ; tout devient relatif. Après la secousse du synode le pape n'a-t-il pas déclaré que l'on avait pas touché à l'indissolubilité du mariage !

  • pauvre analphabète savant ! on écrit le VER est dans le fruit; VERS est une proposition ou un pluriel; autrefois, les frangins ne t'auraient pas accepté, même avec la question d'une kolossale Finesse que tu m'as posée hier

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