Lundi, en Algérie, Nicolas Sarkozy reprenait une nouvelle fois sa proposition d’une Union méditerranéenne.
Mercredi, au cours d’un colloque, Angela Merkel rejetait ouvertement, pour la première fois, le projet du président français : elle soulignait qu’il devait être ouvert à tous les pays de l’UE et approuvé par tous, ce qui ne correspond plus du tout à une union des pays riverains de la Méditerranée , mais correspond très bien à la logique de la dictature européenne, de l’Etat européen dont les divers « Etats » ne sont que des provinces. Et elle soulignait le danger de laisser ces « Etats » monter de tels projets : cela pourrait « libérer dans l’UE des forces explosives ». L’explosion de l’Etat européen qui n’est même pas encore achevé.
Hier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés à l’Elysée, pour un sommet informel. Où il a été question de l’Union méditerranéenne. Et que s’est-il passé ? Le président français s’est rangé à l’avis de Mme Merkel. Parce que ce n’est pas l’avis de Mme Merkel, c’est le dogme européiste. Et l’européiste Sarkozy a obéi. Il a tout lâché d’un coup.
Il en a été manifestement vexé, comme le montre le ton de ses propos : « Qu’est-ce que dit Mme Merkel ? C’est que la question de la Méditerranée impacte la situation de tous les pays d’Europe et que donc, les pays d’Europe qui ne sont pas riverains de la Méditerranée veulent pouvoir aider à l’établissement d’une zone de paix, d’immigration choisie, de codéveloppement, d’environnement maîtrisé. Je ne vois pas comment la France pourrait se plaindre que l’Allemagne souhaite, avec d’autres pays d’Europe, participer à un projet parce qu’elle le juge important ; ça serait curieux. »
Il ne voit pas comment... ça serait curieux... Mais ce qu’il dit là est le contraire de ce qu’il affirmait encore l’avant-veille. Car il n’y a plus aucun rapport entre une Union des Etats bordant la Méditerranée , et une Union euro-méditerranéenne. La différence essentielle est que le premier projet reconnaît que l’Union européenne est composée d’Etats qui peuvent prendre des initiatives avec leurs voisins non membres de l’Union européenne, alors que le second, celui qu’impose Mme Merkel, se fonde sur le fait que les Etats de l’UE ne peuvent pas prendre ce genre d’initiative, car ils ne sont pas dotés de l’indépendance qui leur permettrait de le faire.
C’est évidemment Mme Merkel qui est dans la ligne des traités européens. Elle n’a donc pas eu beaucoup de mal à en convaincre Nicolas Sarkozy. Et de la chimère de l’Union méditerranéenne il ne reste qu’un rappel à l’ordre eurocratique.