Dans le cadre du débat actuel sur Vatican II (avec un Vigano à la dérive), Mgr Athanasius Schneider a écrit qu’on pouvait corriger certains textes conciliaires, et il a rappelé que l’Eglise avait corrigé des textes du concile de Constance et du concile de Florence.
Le cardinal Brandmüller lui répond que les textes dont il parle ne sont pas des textes conciliaires. Et Sandro Magister, qui relate cela, se moque des « fake news » de Mgr Schneider.
Mais c’est Mgr Schneider qui a raison.
Le cardinal Brandmüller affirme que l’assemblée qui a élaboré les décrets en cause à Constance « n’était en rien un concile œcuménique », « ne réunissait que les fidèles de Jean XXIII (Baldassare Cossa) » et « n’avait aucune autorité ». Or le concile de Constance avait été convoqué par l’empereur Sigismond et le pape Jean XXIII qui était reconnu par la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, une partie de l'Allemagne et de l'Italie. C’est bien un concile œcuménique, a décidé l’Eglise, sauf pour trois de ses sessions. On a décidé évidemment après coup que ces sessions n’étaient pas d’un concile œcuménique. Preuve en est qu’elles ont toujours leur numéro d’ordre (3, 5, 39) qui n’a pas été supprimé. On a bel et bien corrigé un concile œcuménique.
Plus important, à mon sens, est ce que dit le cardinal Brandmüller du décret pour les Arméniens du concile de Florence : il affirme que le concile, « au sujet de l’ordination sacerdotale, n’avait pas traité de l’aspect doctrinal. Il n’a fait que réglementer le rite liturgique ».
Or ce décret est manifestement doctrinal.
1. Il est doctrinal parce qu’il reprend la doctrine, en la matière, de saint Thomas d’Aquin, considéré alors comme autorité doctrinale suprême, sur le même plan que les Ecritures.
2. Il est doctrinal parce qu’il n’aurait pas été légitime de la part de Rome de modifier un rite oriental immémorial s’il n’y avait pas une raison doctrinale impérieuse de le faire.
3. Il est doctrinal parce que lorsque des théologiens ont fini par convenir que le rituel latin sur lequel on basait la validité (la porrection des instruments) n’était qu’une invention médiévale, ils ont affirmé que, à strictement parler, ce décret ne faisait pas partie du concile parce qu’il avait été publié après la fin du concile... Pour avancer une argutie aussi désespérée, il faut avoir conscience qu’on parle d’une question doctrinale, et non disciplinaire.
4 Il est doctrinal parce que la « constitution apostolique » de Pie XII Sacramentum ordinis, qui règle définitivement la question, est bien évidemment un texte doctrinal.
Le concile de Florence a donc été, heureusement quoique très tardivement, corrigé.