A lire sur le blog de Sandro Magister, une fort intéressante recension du livre que publie le cardinal Biffi, ancien archevêque de Bologne, qui a quelquefois défrayé la chronique, notamment sur l’islam et l’immigration. Ce sont ses mémoires, et il dit sans langue de bois ecclésiastique ce qu’il pense d’un certain nombre de personnages et d’événements (Sandro Magister relève aussi d’éloquents silences). Quelques extraits du livre sont donnés ensuite : sur sa perplexité devant Jean XXIII dénonçant les « prophètes de malheur », appelant à voir « ce qui nous unit plus que ce qui nous divise », et à « distinguer l’erreur et celui qui se trompe », sur les pièges du concile (« aggiornamento », « pastoral », silence sur le communisme), sur Jean-Paul II et la repentance, et le texte de ce qu’il a dit « au futur pape » lors du dernier conclave. Les deux derniers paragraphes de ce texte (c’est presque la moitié de la brève allocution) sont consacrés à l’importance de la déclaration Dominus Jesus et aux vifs remerciements qu’il adresse à son auteur : le cardinal Ratzinger...
J’attire particulièrement l’attention sur sa très fine analyse des propos de Jean XXIII, dont il montre ce qu’ils ont de vrai et en quoi ils sont critiquables. (Même chose en ce qui concerne « aggiornamento » et « pastoral », mais la réflexion a déjà été faite dans le même sens à plusieurs reprises. Même chose sur la repentance.)
NB 1. On est surpris de la surprise de Sandro Magister découvrant que, archevêque de Bologne, le cardinal Biffi « a logé un groupe important de maghrébins sans domicile dans une église pendant de nombreuses nuits au plus froid de l’hiver, lui qui a été tellement critiqué pour avoir dit qu’il valait mieux accueillir en Italie des immigrés chrétiens plutôt que musulmans ». C’est pourtant là un exemple très clair de ce qu’est la véritable charité chrétienne, et de la distinction (que refusent les évêques français dans leur récente déclaration) entre le devoir personnel d’être un bon Samaritain, et le devoir politique de refuser une immigration dommageable au bien commun. (A rebours, les politiciens immigrationnistes sont des gens qui ne portent jamais secours au moindre immigré.)
NB 2. C'est au cardinal Biffi que le pape Benoît XVI avait demandé les homélies pour la retraite du dernier carême au Vatican.
Commentaires
Merci de cette note M.Daoudal.
Le cardinal Biffi affirme que le concile Vatican II n'a pas parlé du communisme.
Il me semble que les déclarations "Dignitatis Humanae" et même "Gaudium et Spes" condamnent implicitement le communisme.
A mon avis, c'est le levain de "Dignitatis Humanae" qui a fini par faire exploser l'Union Soviétique (sans cependant réduire le communisme à néant, bien au contraire)
ce livre est il publié en français ? ou en anglais...
[Le livre sort demain 30 octobre en Italie, en italien:
Giacomo Biffi, "Memorie e digressioni di un italiano cardinale", Cantagalli, Sienne, 2007, 640 pages, 23,90 euros. YD]
@ Denis Merlin
Ces deux encycliques, par leur contenu, condamnent implicitement le communisme, mais aussi le socialisme, l'étatisme, et le primat du marché sur le respect de la dignité de l'homme et de la nature.
Cependant, il restera comme un motif de repentance réelle, celle-ci, de l'Eglise, que les Pères du Concile aient ''oublié'' d'utiliser le mot, alors que ce système persécutait non seulement des chrétiens, mais tous les peuples qu'il dominait, et alors que des catholiques en Indochine se battaient pour demeurer libres, avant d'être submergés dans l'indifférence des clergés et des chrétiens européens particulièrement.
Sans ce soutien indirect (par défaut) au communisme, sans doute Mai 68 et sa culture permissive n'auraient pas anéanti les valeurs morales des peuples européens, entrainant l'avortement de masse, et la décadence suprême du mariage homosexuel.
En ce sens, cette non condamnation du communisme fut une grave faute des Pères de l'Eglise, laquelle doit maintenant combattre le relativisme dont elle a contribué à répandre les illusions, en trahissant l'enseignement de Pie X sur l'ouverture au monde déjà pronée par Marc Sangnier à la fin du XiXème.
Ben voyons, c'est bien connu il suffit de dire "oh la la c'est pas joli joli tout ça" et l'idéologie n'y résiste pas...
@ dessinateur : inspirons-nous de saint Jean-Baptiste, il a témoigné, il s'est contenté de cela. "Il n'est pas permis" [de prendre la femme de ton frère, c'est de l'inceste] Son témoignage ne lui a pas valu une amie, qui a eu sa peau.
Car en attendant, que pouvons-nous faire à part témoigner pour la justice ?