On ne sait pas tout sur l’affaire de « l’arche de Zoé », loin de là, notamment en ce qui concerne les dessous de la position tchadienne (s’il y en a). Toutefois il semble bien qu’il s’agisse d’une affaire d’enlèvement d’enfants. Il ne s’agissait pas de sauver des orphelins mourants du Darfour : la majorité d’entre eux, sinon tous, sont tchadiens, beaucoup ne sont manifestement pas orphelins (et selon les spécialistes de la région il n’y a pas d’orphelins dans des familles qui sont des tribus), on leur avait mis des pansements et sous ces pansements on n’a trouvé aucune pathologie. L’ONG, dont on dit que son siège social est en Australie, se targuait de faux soutiens, et Médecins du monde a dû aller devant la justice pour faire retirer son logo. Les documents tchadiens montrent que le Tchad avait autorisé l’atterrissage d’un avion immatriculé en Islande, avec équipage espagnol, pour une évacuation sanitaire d’enfants organisée par « Children Rescue » (l’Arche de Zoé ne s’est jamais présentée sous son nom au Tchad), et c’est un avion immatriculé aux Antilles qui est arrivé... Enfin, l’ambiguïté était totale sur le fait de savoir s’il s’agissait de faire accueillir provisoirement des enfants, pour raison humanitaire (par des familles qui ont dépensé des milliers d’euros pour cela), ou s’il s’agissait d’adoption (illégale). Même l’avocat de l’association (eh oui c’est encore Gilbert Collard...) n’en sait rien...
Cette affaire montre l’anarchie qui règne dans le monde tentaculaire des ONG. Si Rama Yade se montre combattive contre cette opération « illégale et irresponsable », on peut se demander pourquoi elle est montée seule au créneau (de façon assez remarquable, d’ailleurs). Certes, Nicolas Sarkozy a fini par lui apporter son soutien, mais on attend toujours que le ministre en titre, Bernard Kouchner, s’exprime. Or celui-ci porte une part de responsabilité dans la dérive qui conduit à de telles aberrations. C’est lui le théoricien de « l’ingérence humanitaire », qui donne le droit, ou donne l’impression que n’importe qui a le droit, de faire n’importe quoi dans le tiers monde, sous couvert de « bons » sentiments.
D’autre part, cette affaire est liée aussi au déboussolement moral des Français. On avorte à tour de bras, il y a un « droit à l’avortement » qui permet de tuer légalement plus de 200.000 enfants par an, et dans le même temps il y a les couples qui veulent absolument avoir un enfant, qui font valoir le « droit à l’enfant », et qui sont prêts à tout pour en trouver un, n’importe où, d’autant qu’il est très difficile d’adopter des enfants français, ce qui est une autre aberration. A cela s’ajoute l’idéologie dominante de l’antiracisme, de la discrimination positive, de l’accueil sans frein des immigrés, du soutien aux clandestins, qui finit par imposer l’idée qu’il est très vertueux d’adopter illégalement des enfants africains dont on ne sait rien. La frontière avec les réseaux d’achat et de vente d’enfants du tiers monde devient ténue. Avec l’affaire de l’Arche de Zoé », il semble qu’elle s’efface. Car, au départ, l’intention de l’association était probablement d’arracher des enfants à la misère et à la guerre, et à l’arrivée il s’agit d’une opération d’immigration illégale destinée à fournir des enfants à des familles qui les achètent...