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Saint Guillaume

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(Saint-Pierre de Rome)

Personnellement et par ses disciples, Guillaume eut pour mission d’infuser au royaume de Sicile, qui se fondait alors, l’élément de la sainteté que tout peuple chrétien réclame à sa base. Au Midi comme au Nord de l’Europe, la race normande venait d’être providentiellement appelée à promouvoir le règne de Jésus-Christ. C’était le moment où Byzance, impuissante à protéger ses dernières possessions d’Occident contre l’invasion sarrasine, n’en prétendait pas moins garder les églises de ces contrées dans les liens du schisme, où l’avait récemment engagée l’intrigante ambition de Michel Cérulaire. Le Croissant s’était vu contraint de reculer devant les fils de Tancrède de Hauteville ; et la perfidie grecque fut déjouée à son tour parla rude simplicité de ces hommes, qui apprirent vite à n’opposer d’autre argument que celui de leur épée aux fourberies byzantines. La papauté, un instant hésitante, comprit bientôt également de quel secours lui seraient les nouveaux venus, dans les querelles féodales qui s’agitaient depuis deux siècles autour d’elle, et préparaient la longue lutte du sacerdoce et de l’empire.

C’était l’Esprit-Saint qui, comme toujours depuis les temps de la Pentecôte, dirigeait ici les événements au plus grand bien de l’Église. Il inspirait aux Normands d’établir leurs conquêtes sur la fermeté de la Pierre apostolique, en se reconnaissant les feudataires du Saint-Siège. Mais en même temps, pour récompenser la fidélité de ce début, pour les rendre aussi plus dignes de la mission qui eût continué de faire leur honneur et leur force, s’ils eussent continué de la comprendre, il leur donnait des saints. Roger Ier avait vu saint Bruno intercéder pour son peuple dans les solitudes de Calabre, et le sauver miraculeusement lui-même des embûches dressées par la trahison ; Roger II eut pour le ramener dans les sentiers de la justice, dont il s’écartait trop souvent, l’exemple et les exhortations du fondateur du Mont-Vierge.

A la suite de Jean vous comprîtes les attraits du désert, ô Guillaume, et Dieu voulut montrer par vous l’utilité que renferment ces existences qui, dans leur fuite du monde, semblent se désintéresser des affaires humaines. Le détachement complet des sens, dégageant l’âme, la rapproche du souverain Être ; la solitude, éteignant les bruits de la terre, permet d’entendre la voix du Créateur. L’homme alors, éclairé par l’Auteur même du monde sur les grands intérêts mis en jeu dans son œuvre, devient en ses mains un instrument aussi puissant que docile pour la poursuite de ces intérêts, qui ne sont autres que ceux de la créature elle-même et des nations. Ainsi devîntes-vous, illustre Saint, le boulevard d’un grand peuple qui trouva dans votre parole la règle du droit, dans vos exemples le stimulant des vertus les plus hautes, dans la surabondance de votre pénitence une compensation devant Dieu aux écarts de ses princes. Pour ce peuple nouveau, en qui le succès de ses armes excitait la violence et la fougue de toutes les passions, les miracles sans nombre qui accompagnaient vos exhortations avaient, eux aussi, leur éloquence : témoin ce loup qui, après avoir dévoré l’âne du monastère, fut condamné à le remplacer dans son humble service ; témoin la malheureuse qui, au jour où sur un lit de charbons ardents vous parûtes inaccessible à l’action de la flamme, renonça à sa vie criminelle et fut conduite par vous jusqu’à la sainteté.

Bien des révolutions sont venues depuis lors montrer en cette contrée, dans laquelle vous aviez souffert et prié, l’instabilité des royaumes et des dynasties qui ne cherchent pas avant tout le royaume de Dieu et sa justice. Malgré l’oubli où trop souvent, depuis que vous avez quitté la terre, ont été mis vos enseignements et vos exemples, protégez le pays où Dieu vous accorda des grâces si grandes, et qu’il daigna confier à votre intercession puissante. La foi reste vive en ces peuples : conservez-la, malgré les efforts de l’ennemi contre elle en nos jours ; faites-lui produire ses fruits dans le champ des vertus.

Dom Guéranger

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(La Martorana, Palerme)

Commentaires

  • Dom Guéranger fait un curieux rapprochement entre St Guillaume de Montevergine, abbé (1085-1142) et le royaume de Sicile conquis par Robert dit Guiscard (1019-1085) et son frère Roger, fils de Tancrède de Hauteville (+1041), le "patriarche" qui eut 2 fils prénommés Guillaume, frères de Robert et Roger. C'est le Roger Ier (1031-1101) cité par Dom Guéranger.
    Le Pape Nicolas II signa un accord avec les normands en 1059.
    Robert en guerre contre Byzance est rappelé à l’aide par le pape Grégoire VII, assiégé à Rome par l’empereur germanique Henri IV en juin 1083. Robert oblige Henri IV à se retirer, mais Rome est mise à sac en 1084 par ses mercenaires musulmans. Et pour corser le tout le petit-fils de Robert qui prit part à la 1ère croisade se nommait Tancrède de Hauteville (+1112).
    Roger II (1095-1154) est le fils de Roger 1er,( roi de Sicile à la mort de son frère Robert) et il eut maille à partir avec la papauté. C'est donc ce dernier qui a pu bénéficier de l'arbitrage de St Guillaume. C'est bien embrouillé. Bref ces ambitieux normands ressemblaient plus à des brigands qu'à de nobles chevaliers.

  • Les Normands ne sont pas les Francs. Les Guillaume, Roger II et autre Frédéric de Hohenstaufen, sous un vernis catholique qui se craquèle beaucoup, sont les ancêtres de nos mondialistes d'aujourd'hui. On ne leur donne pas le Bon Dieu sans confession.

  • Sauf que Roger Ier et Roger II, petit-fils et arrière petit-fils de Viking, avec leur bande d'aventuriers "normands", ont fait de la Sicile entièrement musulmane une île entièrement catholique. Et que l'on doit à Roger II, qui se prenait pour une sorte d'empereur byzantin des deux Siciles (couronné par le Christ lui-même), parmi les plus belles mosaïques byzantines, dont le plus beau Pantacrator, dans la sublime cathédrale de Cefalù qui est un ex-voto de Roger II. Voilà en quoi ils ont droit à notre reconnaissance éternelle.

  • Je suis d'accord et j'en ai déjà parlé ici. Outre la Sicile, j'avais aussi évoqué l'abbatiale Saint-Etienne de Caen, chef-d’œuvre incomparable de l'architecture normande, dont la façade orgueilleuse et austère est un peu enclavée, hélas, entre les habitations.
    Il est certain que les réalisations de ces princes tranchent avec le Centre Pompidou, les colonnes de Buren et la pyramide du Louvre. Cela n'en fait pas pour autant des saints.

  • Euh... Personne n'en a fait des saints. Dom Guéranger lui-même le souligne. Je ne vois pas à qui vous répondez....

  • Et vous savez bien que rien de ce qui est humain n'est éternel.

  • Je voulais juste dire que j'étais d'accord avec Dauphin sur les aventuriers normands. Et je vous ai répondu à vous, parce que votre post commençait par "sauf que". Vous semblez d'accord avec gmarie sur le fait que les grands apports à l'art et à la civilisation occidentale sont peu compatibles avec les mauvaises mœurs, les vices et les défauts du caractère. Le premier rejette parmi les créateurs à oublier l'un des plus grands peintres de tous les temps sous prétexte que de mauvaises langues ont dit qu'il était homosexuel ; vous, vous faites souvent le contraire.

  • j'ai seulement souligné que l'homosexualité limitait souvent le plein épanouissement de certains artistes, leur "petit défaut", comme on disait au XVIIIème siècle, tournant facilement à l'obsession et limitant leurs perspectives (Virgile, Proust, Caravage, Platon même ?... - pour ne parler que des plus grands.

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