On ne peut aimer Jésus sans aimer et honorer sa divine Mère. Aussi la bienheureuse Françoise eut-elle une piété filiale envers la très sainte Vierge. Il ne se passait guère de jour, lorsqu'elle était à Nantes, qu'elle ne visitât la collégiale de Notre-Dame. Elle aima pareillement la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, dans la capitale de la Bretagne : « Le duc Pierre et la bienheureuse Françoise, dit Albert de Morlaix, étaient si affectionnés à ce saint lieu, qu'ils n'en bougeaient tous les jours, pendant qu'ils étaient à Rennes, et y donnèrent plusieurs riches ornements ». Pendant les dernières années de sa vie, Françoise travailla efficacement avec un religieux dominicain, le vénérable Alain de la Roche, à faire revivre et à propager la dévotion du Rosaire.
La Bienheureuse témoigna une dévotion particulière pour saint François d'Assise, son patron, et pour sainte Ursule, vierge et martyre. Elle honora aussi beaucoup saint Vincent Ferrier, que la duchesse Jeanne lui avait appris à connaître et à vénérer dans son enfance, et elle eut une grande part à sa canonisation, qui fut solennellement célébrée à Vannes, en 1456.
Françoise, si pieuse envers Dieu, fit le bonheur de la famille ducale par sa douceur et sa bonté. Sa mère, Marie de Rieux, eut des peines nombreuses ; la sainte obtint du duc Pierre de la faire venir près d'elle et l'entoura des soins de son affection filiale jusqu'à la mort. Sa belle-sœur Isabelle, veuve du duc François, se trouva si heureuse en Bretagne, qu'elle ne voulut jamais consentir à retourner en Ecosse, son pays natal, malgré les instances de son frère. Françoise s'occupa, avec une sollicitude toute maternelle, d'assurer l'avenir de ses nièces Marguerite et Marie, filles d'Isabelle ; elle procura le mariage de Marguerite avec le comte d'Etampes qui devint plus tard duc de Bretagne, sous le nom de François II ; et celui de Marie avec Jean de Rohan, l'un des seigneurs les plus puissants du duché.
La Bienheureuse couronna toutes les œuvres qu'elle avait accomplies pendant son règne, en fondant à Nantes un monastère de pauvres Clarisses. On aperçoit encore quelques débris de ce monastère dans la nouvelle rue qui conduit de la place Saint-Vincent à l'Hôtel-de-Ville, et on donne quelquefois à ce quartier le nom populaire des Saintes-Claires, souvenir de l'ancienne fondation de Françoise qui subsista jusqu'à la Révolution de 1789.
Pierre tomba malade au bout de six ans de règne. La maladie fut longue et dura une année entière. Avant de mourir, il réunit près de lui son oncle, le connétable de Richemond, et les seigneurs du duché ; et, prenant la main de la Bienheureuse : « Mon oncle, dit-il, je vous recommande mon épouse ; telle je l'ai prise, je vous la rends. Ne pensez pas que jamais elle épouse autre après moi : car je sais bien son intention et le vœu qu'elle a fait d'entrer en religion, si elle reste en vie après moi ». C'est ainsi que Pierre rendit un dernier témoignage à la vertu de sa sainte épouse ; et il ne paraît pas possible de révoquer en doute qu'elle ait gardé la virginité dans l'état de mariage. Pierre mourut le 22 septembre 1457. Françoise, après avoir assisté à la cérémonie des obsèques, rentra dans son oratoire, et là, tenant embrassé son crucifix, elle fit cette prière : « Mon Dieu, je vous supplie de placer en l'éternel repos l'âme de feu mon seigneur et mari. Quant à moi, je connais bien que vous désirez tout mon cœur et mon amour entier. Vous en avez toujours possédé la plus grande et meilleure part ; toutefois, il y en avait une partie pour celui avec lequel j'avais été conjointe par le lien sacré du mariage. Vous l'avez retiré à vous ; je n'en veux désormais d'autre et promets dès à présent de ne plus me remarier, ne voulant rien que pour vous et pour l'amour de vous ».
Extrait de la Vie de la bienheureuse Françoise d’Amboise par l’abbé Richard, alors vicaire général de Nantes, devenu ensuite évêque de Belley puis archevêque de Paris et cardinal.
"Le 16 juillet 1863, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, Pie IX confirma le décret de la sacrée Congrégation des Rites qui avait approuvé le culte immémorial rendu à la bienheureuse Françoise. L'année suivante un second décret de la sacrée Congrégation approuva la messe et l'office de la Bienheureuse sous le Rit double mineur, avec une oraison et des leçons propres. Sa fête se célèbre aujourd'hui, le 5 novembre, dans tout l'ordre des Carmes et dans les diocèses qui avaient sollicité sa béatification." (tous les diocèses bretons ainsi que ceux de Tours et de Poitiers).