L’histoire de cette statue a quelque chose de surréaliste.
C’est à Faucon de Barcelonnette, le village natal de saint Jean de Matha, où l’on montre sa maison natale :
En 1684 a été construit un couvent de Trinitaires, qui prit naturellement le nom de Saint-Jean de Matha.
En 1898 c’était le 7e centenaire de la fondation de l’ordre de la rédemption des captifs.
Le Père Xavier de l’Immaculée Conception eut l’idée d’ériger une statue de saint Jean de Matha dans le village. Idée accueillie avec enthousiasme par les élus et la population. Mais sur le plan national c’est la grande persécution des « congrégations », qui a commencé en 1880. En novembre 1880 le couvent est fermé mais… les religieux peuvent rester comme « gardiens », sans pouvoir utiliser la chapelle. Néanmoins la chapelle sera ouverte pour la fête du 7e centenaire. Le 12 mars 1900 c’est le décret d’expulsion. Les moines ont devancé l’inéluctable. Il ne reste que le P. Félix Fusano, qui est reconduit à la frontière italienne le 14 mars.
Mais le projet de statue suit son cours. En 1904 elle est installée en plein milieu du village, sur la place du beffroi médiéval, et inaugurée par les autorités religieuses et civiles locales… Alors qu’on est en plein triomphe du laïcisme extrémiste, la plaque dit ceci :
A ST JEAN DE MATHA
Bienfaiteur
de l'humanité
Apôtre de la liberté
Rédempteur
des esclaves
Fondateur de l'ordre
de la
très sainte Trinité
Faucon son pays natal
et la vallée
de Barcelonnette
lui ont élevé ce monument
— 1904 —
Posuerunt me custodem
Cette expression latine (qui vient du Cantique des cantiques) se trouve sur le pied de nombre de statues. Au centre du village, après l'expulsion des religieux, "Ils m'ont fait gardien" a une saveur toute spéciale...