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Saint Romuald

Recension par André Cantin du livre rassemblant le texte et la traduction de La vie du B. Romuald, de saint Pierre Damien, et de La vie des cinq frères, de saint Bruno de Querfurt (éd. Soleil levant, Namur, 1962), dans les Cahiers de civilisation médiévale, juillet-septembre 1964.

Sur la spiritualité de Romuald, les témoignages de Bruno et de Damien se confirment l'un l'autre. Dom Giabbani en montre l'essentiel, et trouve ici l'occasion d'exposer ce qu'il appelle « l'idée maîtresse » du fondateur de sa famille spirituelle. « II ne peut y avoir aucun doute », dit-il, « sur la place absolument centrale de l'ermitage dans la conception monastique du saint » (p. 11). Ce n'est pas assez de quitter le monde ; on n'entre dans la communauté monastique que pour s'y préparer à la vie solitaire. Dans cette vie, la patience précède longuement le don de la contemplation ; on y tend par une lecture quotidienne de l'Écriture et des Pères, et spécialement par la récitation des psaumes et l'écoute intérieure qui doit en ouvrir le sens. « L'unique chemin : le psautier ; si toi qui es novice ne peux tout comprendre, cherche à psalmodier en esprit et en vérité, tantôt ici, tantôt là, et tâche de faire attention de tout ton esprit. » (Vie des cinq frères, p. 215). Comment s'est donc formée chez Romuald cette conception de la vie contemplative ? Si elle est de tous les temps, pourquoi une telle ferveur s'y est-elle attachée en son temps ? Il y avait en Italie de nombreux monastères bénédictins et basiliens, et quelques ermites, surtout des grecs, comme saint Nil. C'est Romuald, en Italie, qui « rétablit la vie érémitique chez les Latins » (p. 141, n. 4). Pour Damien déjà ce moment est en train de passer : « Siècle d'or qui parmi les bêtes sauvages des montagnes et des forêts nourrissait tant de citoyens de la Jérusalem céleste » (p. 120). L'état des monastères rendait souvent plus nécessaire la solitude à ceux qui cherchaient Dieu. C'est ce qui s'est produit pour Romuald au début de sa conversion (p. 37) ; de même pour Benoît, selon Bruno : « La ferveur indomptable que le Saint-Esprit avait allumée en lui ne lui permettant plus de supporter la faiblesse de ses frères et leur tiédeur de vie, il fut forcé de gagner le désert » (p. 138). D'autre part, la vie au désert s'inspirait des Conférences, largement reproduites, des Pères du désert. La ferveur des moines insatisfaits du monastère faisait alors revivre ces vieux textes ; de leur côté, ils excitaient une émulation et fixaient une règle de vie peu suivie jusque-là chez les Latins. Il nous manque de voir la rencontre de cette ferveur nouvelle des moines latins et de cette spiritualité d'origine orientale qui allait lui donner ce qu'elle cherchait. Ce que disent les deux Vies est vague, et le commentaire ne précise rien. « Romuald lisait les Pères », dit Pierre Damien (p. 45) ; « Romuald a vécu à l'école des Conférences des Pères du désert », dit Bruno (p. 141). Dom Giabbani, qui n'avait point dessein d'éclaircir la nature de ces textes, nous dit simplement : « Romuald est disciple des Pères de l'Église d'Orient. » Est-ce par une tradition surtout orale ? Que lisait-on au juste autour de lui ? N'était-ce rien de plus que les Conférences et Institutions de Jean Cassien ? Outre les nombreuses vies de saints traduites alors du grec, les manuscrits contemporains de recueils de sentences, d'exhortations, d'exemples des Pères orientaux (dont l'étude fut seulement commencée par dom Wilmart) pourraient montrer bien des similitudes ; elles apparaissent déjà très grandes entre la doctrine de la contemplation de Pierre Damien et celle de Syméon le Nouveau théologien par exemple.

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Saint Romuald par Fra Angelico. C'est un exemple du génie de Fra Angelico: ce portrait n'est qu'un petit détail de sa grande Crucifixion (le premier en blanc à partir de la droite):

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