L'édition du propre de Vannes imprimée en 1848 touchait à sa fin, lorsque Mgr Bécel, évêque de Vannes en 1876, voulant donner satisfaction au désir qui lui avait été maintes fois manifesté, de voir dans le nouveau missel et le nouveau bréviaire figurer les noms des bienheureux qui avaient disparu depuis le XVIIe siècle, publia avec l'approbation du Saint-Siège un nouveau propre diocésain. Saint Gildas y eut une place de choix ; et c’était justice. N'avait-il pas été pour le diocèse de Vannes où se trouvait sa tombe, un apôtre ardent, un infatigable fondateur de monastères. Sept paroisses l'avaient choisi pour patron : Ruis, Auray, Peneslin, Gâvres, Gueltas, Loqueltas et Bohal ; plusieurs chapelles, d'autre part, lui étaient dédiées.
Du rite semi-double, le nouveau propre de Vannes élevait l’office de saint Gildas au rite double de deuxième classe, ce qui permettait de célébrer sa fête au jour même de sa mort. « Deux anciennes hymnes, écrivait alors M. l'abbé Chauffier, ancien élève de l'Ecole des Chartes, deux anciennes hymnes bretonnes, des antiennes bretonnes, des antiennes propres au Magnificat et au Benedictus, les leçons du Ier nocturne, extraites de l'épître aux Philippiens, chap. III, et la légende du saint au IIe nocturne, forment avec l’oraison un ensemble qui donne un cachet particulier à cet office. »
Saint Gildas de Ruis et la société bretonne au VIe siècle, par J. Fonssagrives, chanoine honoraire de Paris, aumônier de l’Association générale des Etudiants catholiques de Paris, 1908.
Voici l’hymne de laudes, avec la traduction donnée par le chanoine Fonssagrives.
Beate Gildasi Pater,
Audi preces quas fundimus,
Fac quam fovebas ferveat
Fides apud nos integra.
Bienheureux Père Gildas, écoutez les prières que nous vous adressons, faites brûler en nous, bien entière, cette foi que vous réchauffiez jadis.
Uti seges nos insiti
Tuo labore crescimus,
Dignare larga desuper
Nos irrigare dextera.
Daigne d'en haut votre droite arroser abondamment la moisson qui croit en nous, et qui est le fruit de votre labeur.
De sedibus quas incolis
Vultu pio nos respice ;
Tuosque cives quæsumus
Semper benignus adjuva.
Des demeures que vous habitez, jetez sur nous un regard compatissant et ne cessez pas, comme nous vous en supplions, de secourir avec bienveillance nos compatriotes.
Tanti Deus da filios
Patris sequi vestigia,
Da per preces Gildasii
Æterna nobis gaudia.
Donnez, ô mon Dieu, aux enfants d'un tel père, de marcher sur ses traces. Accordez-nous, par les prières de Gildas, les joies éternelles !
Præsta Pater piissime,
Patrique compar Unice,
Cum Spiritu Paraclito,
Regnans per omne sæculum. Amen.
Exaucez-nous, Père très miséricordieux ; Fils unique égal au Père exaucez-nous; Esprit exaucez-nous, vous qui régnez dans tous les siècles. Ainsi soit-il !
Le tombeau de saint Gildas en l’abbatiale romane de Saint-Gildas de Rhuys.