La tunique (funéraire) de sainte Bathilde, en lin, avec des broderies de soie imitant la joaillerie byzantine. (Musée Alfred Bono de Chelles)
Bathilde, la petite esclave saxonne devenue reine des Francs de Neustrie et des Burgondes et mère de trois rois. La notice du bréviaire de Paris de 1680, que dom Guéranger reproduit et traduit, est un résumé de la première Vita de sainte Bathilde, rédigée peu après sa mort, dépourvue des additions hagiographiques ultérieures. L’abbaye de Chelles avait un office de sainte Bathilde avec quelques antiennes et répons propres, ainsi que les hymnes et quatre proses (car il y avait une octave de la fête de la fondatrice).
Le propre de France des bénédictins a gardé une mémoire de sainte Bathilde qui prime la mémoire de saint Polycarpe, avec une oraison qui est la même que celle de sainte Elisabeth de Hongrie. C’est une variation sur le classique « terrena despicere et amare cælestia » (mépriser les choses de la terre et aimer les choses célestes), qu’on trouve dans plusieurs oraisons dont la collecte du commun des saintes femmes, et qui a été totalement banni par la néo-liturgie, qui montre ainsi qu’elle est la liturgie d’une néo-religion.
Bathilde naquit en Angleterre de la race des Saxons ; des pirates la vendirent à Archambaud, Maire du palais, qui lui confia l’emploi de présenter la coupe; et après la mort de sa femme, il lui offrit sa main. Bathilde, pour éviter cette alliance, s’enfuit dans la retraite ; mais bientôt les excellentes qualités de son esprit et de son corps la firent épouser par Clovis II, sans qu’elle s’y attendît. Elle employa tout son zèle à lui recommander les pauvres et les Églises : ce dont le Roi fut si charmé, qu’il lui donna pour l’aider dans ses œuvres de piété l’abbé Génésius, qui fut dans la suite évêque de Lyon. A la mort de Clovis, elle fut chargée de la tutelle de ses trois fils, Clotaire, Childéric et Thierry, dont le plus âgé avait à peine atteint sa cinquième année ; mais, aidée du conseil de Chrodobert, évêque de Paris, et de saint Ouen de Rouen, elle gouverna avec une rare sagesse le royaume et le palais.
Elle fit un grand nombre de règlements excellents; sur les instances des Évêques, elle abolit les ordinations simoniaques ; elle défendit de vendre les chrétiens aux étrangers, et de les conduire hors du pays pour les vendre ; elle en racheta elle-même plusieurs de l’esclavage, à ses propres frais. Elle excita le zèle des évêques et des abbés à conserver ou à rétablir la discipline régulière dans les monastères de Saint-Denys, Saint-Germain, Saint-Pierre, Saint-Médard, Saint-Aignan, Saint-Martin et plusieurs autres. Elle bâtit un monastère à Gorbie sur la Somme, et celui de Chelles sur la Marne. Puis, laissant le gouvernement du royaume à Clotaire qui était déjà adulte, elle prit elle-même, dans ce dernier monastère, l’habit de la religion; et là, sous l’obéissance de l’abbesse Bertille, elle parut un modèle de perfection et un sujet d’admiration. Elle y mourut en la cinquante-cinquième année de son âge.
Tuórum corda fidélium, Deus miserátor, illústra : et, beátæ Bathíldis précibus gloriósis ; fac nos próspera mundi despícere, et cælésti semper consolatióne gaudére. Per Dóminum.
Dieu de miséricorde, éclairez les cœurs de vos fidèles, et, touché des glorieuses prières de sainte Bathilde, faites-nous mépriser les prospérités du monde et jouir sans cesse des consolations célestes.