L’évangile, comme l’épître et les oraisons, est celui du 5e dimanche après l’Epiphanie, qui n’a pas été célébré cette année. C’est l’évangile du bon grain et de l’ivraie (Matthieu 13, 24-30), sans son explication donnée par Jésus lui-même, ensuite, à ses disciples. Il peut paraître bizarre, d’ailleurs, que les disciples demandent cette explication, puisque d’une part la parabole n’est pas difficile à comprendre, et que, surtout, Jésus vient déjà de leur donner l’explication de la parabole de la semence semée sur le chemin, sur les pierres, dans les épines, et dans la bonne terre.
Mais son explication souligne le côté eschatologique de la parabole, qui devient une prophétie sur la fin du monde : « Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. »
C’est ce qui donne tout son poids à la parabole en cette saison. Car après l’Epiphanie, on y voit surtout le développement de l’Eglise, au sein de laquelle vont cohabiter des bons et des méchants ; mais en cette fin d’année liturgique c’est l’épilogue qui nous presse, et qui fait de la parabole un enseignement qui ne concerne plus seulement l’Eglise, mais chacun de nous individuellement. Ce champ est aussi notre âme, dans laquelle poussent le bon grain des vertus et l’ivraie du diable. Après avoir semé il ne faut pas dormir, mais veiller toujours, car l’esprit est prompt mais la chair est faible, comme dira Jésus à ses apôtres à Gethsémani. La différence est que si dans l’Eglise on ne doit pas tenter d’éradiquer l’ivraie avec une violence qui nuirait au froment, dans notre âme il en va tout autrement : c’est même un labeur constant, et ce sont les violents qui s’emparent du royaume des cieux.