La Constitution apostolique Anglicanorum coetibus a été édictée il y a six ans (le 4 novembre 2009), et voici que va être publié, dans les prochains jours, le Missel qui sera officiellement en usage, à partir du premier dimanche de l’Avent, dans les ordinariats issus de l’anglicanisme.
Ce missel a été élaboré par une commission intitulée Anglicanae Traditiones, présidée par Mgr Di Noia, secrétaire adjoint de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En font partie notamment des représentants des différents ordinariats (Angleterre, Etats-Unis, Australie) ainsi que le P. Uwe Michael Lang de l’Oratoire de Londres. Afin que « soient maintenues au sein de l'Eglise catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la Communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l'ordinariat et comme un trésor à partager », comme dit la Constitution de Benoît XVI.
Un premier livre, « Occasional Services », qui est le rituel pour le baptême, le mariage, les funérailles, avait déjà été publié fin avril.
En bref il s’agit d’une adaptation catholique de la liturgie anglicane, qui avait développé une forme particulière, y compris pour la messe, quant au chant, mais aussi quant au rite. Par exemple les prières préparatoires (avec notamment le Décalogue) ne comprennent pas de rite pénitentiel : celui-ci a lieu avant la Préface eucharistique.
L’une des questions qui ont été posées, et qui se sont posées, à la commission est de savoir si la langue serait l’anglais de la Renaissance utilisé jusque dans les années 60, ou l’anglais moderne utilisé depuis cette époque dans de nombreuses églises anglicanes.
La réponse a été que si l’on voulait perpétuer les traditions liturgiques anglicanes il fallait garder l’ancien anglais, et que si des prêtres voulaient célébrer en anglais moderne ils devraient prendre le nouveau Missel romain. Un aveu de plus, émanant de Rome, que la Constitution de Vatican II pour la liturgie n’était qu’un chiffon de papier quand elle édictait que la langue propre de la liturgie latine était le latin…
On constate d’autre part que, dans ce missel des ordinariats, la prière eucharistique normale est le canon romain. C’est lui qui est utilisé pour la grand-messe. Le missel comporte aussi ce qui est la prière eucharistique II du nouveau Missel romain, mais c’est éventuellement pour les messes de semaine ou les messes avec des enfants. Alors que dans la plupart de nos paroisses c’est la très brève prière eucharistique II qui est devenue la norme, le canon romain ayant quasiment disparu.
On notera aussi que l’année liturgique conserve la Septuagésime, les Quatre-Temps, les Rogations, et qu’on n’y trouve pas de « temps ordinaire » : il y a un temps après l’Epiphanie, et un temps « après la Trinité ».
Bref, c’est une sorte de « forme extraordinaire »… issue d’un protestantisme plus traditionnel que la néo-liturgie catholique… (Mais le cycle des lectures sur trois ans n'est pas issu des "traditions anglicanes...)
Commentaires
Merci Yves pour ces infos.Juste une remarque, depuis quelques années (2005 ?) le canon romain revient dans la liturgie ordinaire en France, notamment quand elle est célébrée par de jeunes prêtres ...
Bien sûr, car la tradition anglicane (de même d'ailleurs que les orthodoxes) n'a pas connu la rupture (liturgique) de Vatican II.
Ils ont eu une rupture autrement plus grave au XVIe siècle, avec non seulement d'importantes modifications de la liturgie, mais la dénaturation complète de la messe.
Rien à voir avec les orientaux (ceux que vous appelez "orthodoxes").
C'est plutôt pas si mal, alors !?
Pour moi c'est même très bien. J'ai toujours soutenu les ordinariats anglicans, dès l'origine. Benoît XVI a fait une politique uniatiste avec les anglicans, et il a eu raison (sur ce point).
Peut-être qu'un jour, avec de très bons prédicateurs, le catholicisme deviendra majoritaire en Angleterre et qu'alors la loi excluant les catholiques du trône sera abolie... On peut toujours rêver mais on doit prier pour cela et cette nouvelle est déjà une bonne base de départ pour un retour à la tradition enracinée dans l'histoire et la Vérité.
Pourquoi voulez-vous un catholique sur le trône d'une monarchie constitutionnelle inféodée aux loges? Cela nous suffit avec les parjures Bourbons espagnols.
à Dauphin : mieux vaut les Espagnols et les Anglais "inféodés" que la France actuelle et ses évêques pleutres et politiquement corrects qui vont finir par dire comme le FN que LMPT était mondaine et vaine... Par ailleurs, il ne faut pas tout confondre, la maçonnerie anglo-saxonne n'est pas l'anti religieuse forcenée que l'on trouve en France. Pour avoir fréquenté les paroisses catholiques romaines anglaises, la liturgie y a quand même été moins saccagée que chez nous.