Revoilà l’ineffable Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne, commissaire à la Justice. Non, cette fois elle ne s’en prend pas à la Hongrie ou à un pays qui rejette l’homofolie, mais au… Royaume-Uni. Les Britanniques sont déjà remontés comme une pendule face à l’UE, les remontrances de Viviane Reding ne vont pas arranger les choses…
Ces derniers temps, David Cameron peste contre ce qu’il appelle le « tourisme social » : de plus en plus de ressortissants des pays européens les plus pauvres profitent de la liberté de circulation intérieure à l’UE pour s’établir en Grande-Bretagne afin de vivre aux crochets des Britanniques, grâce aux généreuses prestations sociales. Et il cherche à persuader d’autres gouvernements de faire pression avec lui sur la Commission européenne.
Hier, Theresa May, ministre britannique de l’Intérieur, était à Bruxelles, à une réunion des ministres de l’Intérieur :
« Nous venons participer à cette réunion pour demander de modifier l'application de la libre circulation dans l'UE. Nous devons être en mesure de la freiner tant que nous ne sommes pas en mesure d'éviter une immigration massive. » Et de proposer une solution : « Cela pourrait se faire par exemple en requérant des nouveaux Etats-membres qu’ils atteignent un certain niveau de PIB par habitant avant d’avoir un plein accès à la libre-circulation. »
Réplique cinglante de Viviane Redding :
« La liberté de circulation est un droit, et comme tous les droits il impose des obligations. Il ne signifie pas qu'il donne libre droit aux systèmes sociaux des États membres. Les règles européennes sont claires. Chaque État membre est libre de décider quelles prestations il veut accorder et de déterminer les conditions dans lesquelles il va les verser, à qui il va les verser et pendant combien de temps. Il faut arrêter d'accuser la Commission européenne ou les lois européennes lorsque les choix nationaux et les règles nationales sont en cause. Si les Etats membres veulent restreindre le bénéfice des prestations sociales, ils doivent modifier leurs systèmes de prestations sociales pour le rendre moins généreux… »
En bref : c’est nous qui décidons des règles de la libre circulation, qu’il n’est pas question de modifier, et c’est à vous de vous adapter, en cassant vos prestations sociales…
On imagine l’impact sur l’opinion publique britannique, au moment où l’on ne parle que du futur référendum sur l’appartenance du Royaume Uni à l’UE…
Parmi les pays qui manifestent un intérêt certain pour la doléance britannique, il y a l’Allemagne. Et l’on retiendra le commentaire du ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich :
« Nous avons besoin d’une position commune, de savoir comment protéger la liberté de mouvement et comment prévenir les abus. Et si c’est nécessaire, il faudra se mettre d’accord de manière multilatérale sur une approche commune, en dehors du cadre de l’Union européenne. »
(L'essentiel, Euronews)