La Cour fédérale de la charia du Pakistan a pris un arrêt exigeant du gouvernement qu’il amende l’article 295C du code pénal, celui qui prévoit une peine de prison à vie ou la peine de mort pour quiconque diffame le Prophète : la peine de mort est la seule punition possible de ce crime, décrète la Cour, il faut donc enlever la mention « prison à vie ». Le gouvernement a deux mois pour le faire.
La Cour fédérale de la charia avait en fait pris la même décision en 1990. Mais un prélat anglican avait fait appel devant la Cour suprême. Laquelle examina l’affaire en… 2009, et constata que l’appelant n’apportait aucun argument… pour la bonne raison qu’il était mort. L’appel fut donc rejeté. Mais il ne se passa rien pour autant.
C’est pourquoi, profitant du changement de gouvernement (le retour au pouvoir de Nawaz Shariff, considéré comme ayant des sympathies pour les islamistes), le juriste islamiste Hashmat Habib, qui est conseiller à la fois de la Cour de la charia et de la Cour suprême, avait introduit devant la Cour de la charia une requête pour outrage à la cour (« contempt of court » : mépris de l’arrêt rendu en 1990).
Reste à voir maintenant si, face à l’opinion mondiale, Nawaz Shariff va obtempérer…