Christa Müller est la femme du célèbre homme politique allemand Oskar Lafontaine, qui fut ministre-président du Land de Sarre, ministre des Finances de Schroeder et président du SPD, avant de créer en 2005 un parti d’extrême gauche (WASG : Alternative électorale pour l’emploi et la justice sociale) qui a aussitôt fusionné avec le PDS (l’ancien parti communiste d’Allemagne de l’Est) pour former Die Linke : La Gauche , dont il est co-président.
Christa Müller, qu’on appelait « l’éminence blonde » quand son mari était ministre, est tout naturellement devenue porte-parole de La Gauche pour les affaires familiales dans le Land de Sarre. Mais voilà qu’elle a eu, tardivement, un enfant, qui a aujourd’hui 10 ans. Et ses positions sur les affaires familiales ont, peu à peu, radicalement changé. Devenue mère au foyer, elle dit que « c’est dans les familles où le père et la mère travaillent à temps partiel ou dans celles où la mère reste à la maison que les enfants se sentent le mieux ». En tant que porte-parole, elle a commencé à prendre position contre les crèches, soulignant que « l’encadrement de l’Etat » ne suffit pas à socialiser les jeunes, comme le montrent « les troubles de la jeunesse en France », et elle est devenue une militante du salaire parental.
Ces propos ont suscité de vives critiques dans le parti. Christa Müller a été accusée de développer des thèses rétrogrades « dignes de l’Eglise catholique », et une pétition a été lancée contre la « prime aux fourneaux ».
Critiques qui ont redoublé lorsqu’elle a publié un livre intitulé « Ton enfant te veut », d’autant que le livre est en effet « digne de l’Eglise catholique », puisqu’il est édité par les éditions Saint-Ulrich, qui appartiennent au diocèse d’Augsburg...
Récemment, elle comparait le préjudice moral des enfants mis à la crèche au préjudice physique des filles excisées (elle est la présidente fondatrice de l’ONG Action internationale contre l’excision).
Dimanche avait lieu le Congrès de La gauche, à Cottbus. Pas moins de 200 délégués et fédérations ont présenté une motion réaffirmant que « La Gauche veut des crèches pour tous » et condamnant tout discrédit qui serait porté sur cet instrument capital de socialisation et d’émancipation des femmes.
Ce fut le texte vedette du congrès, et il a été adopté à la quasi unanimité, sous un tonnerre d’applaudissements. Non sans panache, Christa Müller est montée à la tribune pour plaider la liberté de choix. « J’ai toujours compris La Gauche comme étant un parti de liberté », a-t-elle tenté de dire sous les sifflets...
Oskar Lafontaine, au premier rang, est resté impassible.