Devant un cercle de réflexion politique, à Hambourg, Valéry Giscard d’Estaing a déclaré que le premier président du Conseil européen, désigné par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE en vertu du traité de Lisbonne, devrait être une personnalité forte. « Beaucoup de dirigeants se satisferaient d’une personnalité effacée, ne faisant pas d’ombre à leurs propres activités sur le plan national, mais ce serait un recul, pire, une blessure grave infligée au beau rêve d’union. » Car le rêve d’union, c’est toujours celui des Etats-Unis d’Europe, dirigés par un vrai président.
Cette désignation, dit-il, « sera observée dans le monde pour savoir si l’Europe est capable de se doter d’une présidence efficace. L’Europe doit rechercher et inventer son George Washington. »
Voilà qui est clair. Un George Washington à la tête de l’UE, et des gouverneurs à la tête des Etats membres.
Et d’ajouter sans rire : « Cette recherche doit s’inscrire dans une culture démocratique, et non dans des manœuvres de couloir. »
Mais le président sera choisi en secret par les chefs d’Etat et de gouvernement. Et qui a décidé de cela ? Au premier chef Valéry Giscard d’Estaing, dans son projet de Constitution européenne, repris par le traité de Lisbonne.
Telle est la différence avec le président américain, qui est élu.
Pour ce qui est de la « culture démocratique », elle est en voie de disparition pure et simple dans ce qui apparaît désormais de plus en plus au grand jour comme une authentique dictature.
Le député anglais Daniel Hannan a été exclu de son groupe le PPE. Il avait osé critiquer, avec la vigueur qui convenait, la décision du président du Parlement européen d’interdire de parole les élus lorsqu’il déciderait de son propre chef qu’il s’agit d’une manœuvre d’obstruction.
Daniel Hannan est ce député qui souligne qu’après le vote du Parlement européen sur le traité de Lisbonne, le président a solennellement déclaré que ce vote était « l'expression de la volonté des citoyens de l'Europe » : « Inutile de dire que la chambre s'est mise à applaudir frénétiquement. Les eurodéputés adorent qu'on leur dise qu'ils parlent pour le peuple. Ça les console de ce que les peuples s'obstinent à voter Non. » Il est aussi celui qui a qualifié le Kosovo indépendant de « satrapie de l’UE ».
Après ce vote du Parlement, le chef de l’UKIP, Nigel Farage, a été interviewé par un journaliste freelance. Alors que l'interview se terminait a surgi Anne-Margrete Wachtmeister, qui est à la tête de l'Unité Audiovisuelle du Parlement, dont la mission officielle est de « fournir des services et des produits aux médias audiovisuels afin de faciliter leur couverture du PE ». « Vous ne devez pas diffuser cette interview ! », lance-t-elle au journaliste. « Mais pourquoi ? » « Parce que l'équipe caméra est employée par le Parlement, et ne doit pas être utilisée pour filmer des opposants. » Sic. Toutefois, Mme Wachtmeister a dû faire marche arrière, que parce qu'une journaliste de la BBC a entendu le dialogue et protesté.