Remarquant l’absence de réaction de l’Elysée aux provocations du ministre algérien des Anciens combattants et du secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, Jean-Marie Le Pen se demandait dans un communiqué si Nicolas Sarkozy allait à Alger ou à Canossa.
La réponse est venue hier soir, avec les propos tenus par le président de la République devant des patrons français et algériens : « Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité. Mais il est aussi juste de dire qu’à l’intérieur de ce système, il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui ont aimé l’Algérie, avant de devoir la quitter. »
La deuxième partie du propos est censée « équilibrer » le constat. En réalité, elle insiste lourdement sur la culpabilité de la France. Nicolas Sarkozy dit en effet qu’il y avait un système injuste, et qu’à l’intérieur de ce système il y avait, individuellement, de bons Français. Ces bons Français ne rachètent pas le système, ils soulignent au contraire combien le système était injuste, combien c’est l’Etat français qui était profondément injuste.
Or la réalité est inverse. La colonisation a été globalement bénéfique pour les populations, depuis la libération du joug turc et barbaresque jusqu’à la création d’innombrables infrastructures. Et dans ce « système » il y a eu des Français qui, individuellement, ont mal agi, et des politiques qui ont pris de mauvaises décisions, sous l’influence de mauvaises idéologies.
On aura remarqué aussi le faux parallèle sur les « crimes » : « Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long de la guerre d’indépendance, qui a fait d’innombrables victimes des deux côtés. » Voilà donc reconnus les crimes de la France, en un odieux raccourci qui oublie que de très nombreuses victimes, du côté français, étaient algériennes.
Le président de la République est donc allé à Canossa. Mais il ne s’est pas humilié lui-même, comme l’avait fait l’empereur devant le pape. Il a même bien pris soin de préciser que lui n’y était pour rien puisqu’il avait 7 ans en 1962. C’est la France qu’il a humiliée. Et c’est cela qui est « profondément injuste ».