Une ONG égyptienne, le Centre Al-Kalima (la parole) pour les droits de l'homme s'est retirée de la défense d'un jeune musulman qui veut obtenir de l'Etat égyptien la reconnaissance de sa conversion au christianisme.
Al Kalima avait déposé une plainte, au nom de Mohammed Ahmed Higazi, 25 ans, réclamant que celui-ci, qui affirme s’être converti à l’âge de 16 ans, soit reconnu comme chrétien copte dans ses papiers d'identité.
Le directeur du Centre al-Kalima, Mamdouh Nakhla, justifie son retrait de l'affaire en affirmant ne pas vouloir casser les liens familiaux du jeune homme et faute d'un certificat de l'Eglise certifiant sa conversion. Mais un autre responsable de ce centre, Roumani Gad el-Rabb, a affirmé à l'AFP que l'ONG avait « reçu des menaces par téléphone avertissant ses membres qu'ils seront liquidés s'ils ne retiraient pas la plainte ». Quant à « Mohammed Ahmed » Higazi, il a reçu des menaces de mort sur son téléphone portable. Il a qualifié de « farce » l'annonce du retrait de l'ONG, se déclarant aussi très déçu de l'absence de soutien d'autres ONG égyptiennes dans une affaire qu'il considère un « test de la liberté de religion ».
C’est bien ce que comprennent les médias, qui évoquent largement l’affaire. Dans le cadre du réveil copte, l’Egypte est confrontée à d’autres affaires de ce genre. Début septembre, la justice égyptienne doit examiner l'appel de douze coptes « convertis à l'islam » qui veulent redevenir officiellement chrétiens. En avril, leur demande a été rejetée. Mais la Cour suprême a demandé que la mention « chrétien » soit de nouveau portée sur leurs cartes d’identité, appelant toutefois à ce qu’une loi interdise de « jouer » avec la religion.
Selon la charia, l’« apostasie » est punie de mort. Mais en Egypte, ce n’est pas officiellement un crime : on punit les coupables pour outrage à la religion, ou subversion. Le 24 juillet dernier, le grand mufti d’Egypte (qui est de fait l’adjoint du ministre de la Justice pour les affaires religieuses) a fait sensation en déclarant clairement qu’un musulman pouvait choisir une autre religion. « L'acte d'abandonner sa religion est un péché punissable par Dieu le jour du Jugement dernier. Dans le cas où quelqu'un rejette simplement sa foi, aucun châtiment n'est prévu en ce bas monde », a-t-il ajouté, tout en mettant en garde contre des conversions qui saperaient les fondements de la société…