Autrefois, toutes les grandes fêtes étaient pourvues d’une octave : on célébrait la fête pendant huit jours. La liturgie chrétienne montrait ainsi qu’elle s’enracinait dans la liturgie israélite, car l’octave en était un héritage. Le fait que la liturgie chrétienne reprenne l’octave israélite à son compte soulignait en outre que cette règle liturgique était en elle-même une prophétie christique, car le huitième jour est le jour de la résurrection.Au fil des siècles, de très nombreuses fêtes se virent pourvues d’une octave, au point qu’elles se chevauchaient, et que la récitation du psautier en était fortement perturbée.Et comme il y avait trop d’octaves, on est passé d’un extrême à l’autre : on a supprimé toutes les octaves (sauf celles de Noël et de Pâques).
La destruction a commencé avant même la révolution liturgique de 1969. Ainsi l’octave de l’Ascension a-t-elle été supprimée dès 1956. Je ne sais pas pourquoi ; mais cela montre une étonnante méconnaissance de l’importance capitale de cette fête, pourtant si magnifiquement soulignée par l’homélie de saint Grégoire le Grand qui était lue au long de cette octave, et par les lectures propres de ce jour de l'octave (Ephésiens 4 et saint Augustin). Huit jours ne sont pourtant pas de trop pour contempler les plus grands mystères et s'en imprégner.
La suppression des octaves a une implication concrète très particulière dans notre pays : c’est l’affaire du soi-disant « lundi de Pentecôte ». Depuis près de 40 ans, il n’y a plus de « lundi de Pentecôte » dans le calendrier officiel de l’Eglise. Cette année, c’est le lundi de la 8e semaine du temps ordinaire. Puisque c’est liturgiquement un lundi ordinaire, il n’y a aucune raison religieuse que ce jour soit chômé. La seule raison qui puisse être invoquée est celle des « acquis sociaux ». Les chrétiens qui prétendent vouloir que ce jour reste chômé ne peuvent pas mettre en avant d’autre justification que celle de la CGT : les « acquis sociaux » sont sacrés…