Je le suggérais, mais l’évêque de Caacupé le confirme : pour la hiérarchie catholique du pays, les responsables des émeutes sont les dirigeants, et eux seuls. Il est normal d’organiser des manifestations violentes et de prendre d’assaut le Parlement et de l’incendier, pour défendre la démocratie menacée par un amendement… qui permet à un ancien président de se présenter à nouveau (comme aux Etats-Unis, comme en France, etc.).
L’évêque de Caacupé est Mgr Claudio Giménez Medina. Il exprimait le sentiment de la conférence épiscopale, qui avait mis de l’huile sur le feu en condamnant de façon virulente le projet d’amendement constitutionnel. Car c’est au cours de la messe télévisée, dimanche, qu’il a tenu ces propos, donc au nom de la hiérarchie ecclésiastique du Paraguay (mais on l’avait vu venir et l’antenne a été coupée pendant son « homélie » - sic) :
« Nombreux sont les coupables de ce qui s’est produit : en général, ceux qui exercent une certaine autorité mais en particulier ceux qui conduisent le pays, les différents pouvoirs de gouvernement, exécutif, législatif et judiciaire. A mon avis, ce sont eux les premiers responsables à conduire le peuple sur les chemins de la justice. Il n’y a pas de doute. Mais les partis politiques sont, eux aussi, responsables, en particulier ceux qui veulent violer la Constitution [car voter un amendement c’est violer la Constitution…], les chefs respectifs de ces partis, qui ne sont pas parvenus à écouter les préoccupations de notre peuple, en particulier la voix de l’Eglise catholique, qui a plusieurs fois déclaré que la Constitution et les lois doivent être respectées. La soif de pouvoir à tout prix et l’incohérence ont fait le reste. Je réaffirme que les trois pouvoirs de gouvernement sont responsables de la situation. Ne cherchons pas à adosser la responsabilité à d’autres. Les autorités qui nous gouvernent sont les véritables responsables, il n’y a pas de doute. »