« Venez, retournons vers Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira ; il a frappé, il pansera nos plaies ; après deux jours, il nous fera revivre, et le troisième jour, il nous relèvera, et nous vivrons en sa présence. »
Telle est la traduction de Osée 6, 1-2 dans la Bible de Jérusalem. La Vulgate dit : « Il nous ressuscitera », et la Septante : « nous serons ressuscités ». Mais il faut éviter à tout prix cette prophétie de la résurrection le troisième jour. Cette expression « après deux jours... Le troisième jour », nous dit doctement une note de la Bible de Jérusalem, « désigne un court laps de temps ». Et rien d’autre. Certes, « depuis Tertullien, la tradition chrétienne a appliqué ce texte à la résurrection du Christ le troisième jour. Mais il n’est jamais cité dans le NT » (le Nouveau Testament). « Cependant il est possible » que la résurrection le troisième jour « selon les Ecritures », comme dit le kérygme, fasse allusion à ce verset, « interprété selon les règles exégétiques du temps ». Qui naturellement ne sont plus du tout les nôtres.
Au chapitre 13, le verset 14 est ainsi traduit : « Et je les libérerais du pouvoir du Shéol ? De la mort je les rachèterais ? Où est ta peste, ô mort ? Où est ta contagion, ô Shéol ? »
Une note nous explique : « Le contexte exige d’interpréter ce v. 14 comme une menace. Les deux premières questions appellent une réponse négative, les deux suivantes sont un appel invitant la mort et le Shéol à envoyer ses fléaux sur le peuple rebelle. Saint Paul cite ce texte pour annoncer que la mort est vaincue, 1 Cor 15 55 ; mais il l’interprète selon les usages de son temps où l’on ne craignait pas (sic) d’isoler une phrase de son contexte. »
Bref, on savait déjà que la tradition chrétienne à partir de Tertullien est dans l’erreur, à cause de son exégèse absurde, voici donc que cela commence avec saint Paul…
En réalité, saint Paul se contentait de citer le véritable texte de la Bible selon la Septante. Où il n’y a pas deux premières questions, mais deux affirmations : « Je les tirerai des mains de l’enfer, et je les délivrerai de la mort », suivies de ces deux questions reprises par saint Paul et qui sont donc des exclamations de la victoire contre la mort : « ô mort, où est ta victoire ? ô enfer, où est ton aiguillon ? »
Pour faire bonne mesure, ajoutons que, au début du chapitre 11, Dieu dit par la bouche d’Osée : « et d’Egypte j’appelai mon fils ». Il y a ici une longue note, qui ne fait pas la moindre allusion au fait que ce verset est cité explicitement par saint Matthieu comme une prophétie de la fuite en Egypte et du retour d’Egypte…
Mais la citation existe bien. Bref, c’est à partir de l’Evangile que l’exégèse commence à errer… Et il a fallu attendre le XXe siècle pour savoir que tout cela était bidon.
Cette traduction et ces notes sont a priori de « E. Osty PSS », autrement dit du chanoine Osty qui a par ailleurs donné une traduction complète de la Bible sous son nom. Et dans « sa » Bible, pour Osée 6, 1-2, c’est pire. Car après l’indication sur le « court laps de temps », il ajoute : « L’expression est peut-être empruntée au culte d’Hadad, dieu qui ressuscitait trois jours après sa mort ». Sic.
Ce que n’ose pas dire le chanoine Osty, ni aucun de ses confrères de l’exégèse moderne, c’est que l’exégèse qui a toujours été celle de l’Eglise n’a pas commencé avec Tertullien, ni avec saint Paul, ni même avec saint Matthieu. C’est le Christ lui-même qui en a donné le principe, sur le chemin d’Emmaüs : « Et, commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur interprétait dans toutes les Ecritures ce qui était dit de lui. » Ce qu’il avait déjà fait à maintes reprises, notamment en montrant comment David avait prophétisé à son sujet, dans des psaumes qui pour nos doctes exégètes ne sont pas de David et ne parlaient pas du Christ…