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Liturgie - Page 75

  • Samedi de la deuxième semaine de l’Avent

    Cette prose pour le temps de l’Avent était souvent au moyen âge la séquence de l’alléluia du deuxième dimanche (et tous les vers finissent par a en écho de l’alléluia). Elle est attribuée à Notker (840-912).

    Regnántem sempitérna
    Per sæcla susceptúra
    Cóncio, devóte cóncrepa :
    Fáctóri reddéndo débita :

    Prêt à recevoir celui qui règne dans les siècles éternels, peuple chrétien, chante-le dévotement, rends hommage à ton Créateur.

    Quem júbilant ágmina cœlica,
    Ejus vúltu exhilaráta :
    Quem exspéctant ómnia térrea,
    Ejus nútu examinánda
    Distríctum ad judícia :
    Cleméntem in poténtia.

    C’est lui que bénissent avec jubilation les milices célestes, enivrées de sa vue. C’est lui qu’attendent toutes les choses terrestres, pour comparaître devant lui, sévère en ses jugements, clément en sa puissance.

    Túa nos sálva, Chríste, cleméntia,
    Propter quos pássus es díra.
    Ad póli ástra súbleva nítida,
    Qui sórde térgis sæcula.
    Influe sálus véra, effuga perícula.

    O Christ ! Sauvez-nous par votre clémence, vous qui souffrîtes pour nous une cruelle passion. Soulevez-nous jusqu’aux brillantes étoiles des cieux, vous qui effacez les souillures des siècles ; rosée du ciel, Sauveur véritable, chassez nos périls ;

    Omnia ut sint munda tríbue pacífica :
    Ut hic túa sálvi misericórdia,
    Læti régna post adeámus súpera :
    Quo régnas sæcula per infiníta. Amen.

    Faites que tout soit pur, et donnez-nous la paix ; afin que, sauvés ici-bas par votre miséricorde, nous puissions, après cette vie, monter joyeux aux célestes royaumes : vous qui régnez dans les siècles infinis. Amen.

    *

    Qui regis sceptra forti dextra solus cuncta,
    Tu plebi tuam ostende magnam excitándo poténtiam.
    Præsta illi dona salutária.

    Toi qui seul, par la force de ta dextre, règnes sur tous les sceptres, réveille ta grande puissance et montre-la à ton peuple. Donne-lui les dons salutaires.

    Quem prædixérunt prophética vaticínia,
    A clara poli régia :
    In nostra Jesum mitte, Dómine, arva. Amen.

    Celui qu’ont prédit les oracles prophétiques, des cieux, de ton éclatant royaume, envoie, Seigneur, Jésus sur notre terre. Amen.

    (Cette prose était souvent chantée comme séquence de l’alléluia du troisième dimanche de l’Avent.)

  • Vox clara ecce intonat

    L'hymne des laudes au temps de l'Avent, chanté par les moines de Landévennec.


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    Vox clara ecce íntonat,
    obscúra quæque íncrepat:
    pellántur éminus sómnia;
    ab æthre Christus prómicat.

    Un saint éclat de voix à nos oreilles tonne,
    Il dissipe la nuit qui nous couvrait les yeux,
    Va, sommeil, et nous abandonne,
    Jésus prêt à partir brille du haut des cieux.

    Mens jam resúrgat tórpida
    quæ sorde exstat sáucia;
    sidus refúlget jam novum,
    ut tollat omne nóxium.

    Apprends, âme endormie, apprends à te soustraire
    Aux fantômes impurs dont tu te sens blesser :
    Le nouvel astre qui t'éclaire
    Ne lance aucun rayon que pour les terrasser.

    E sursum Agnus míttitur
    laxáre gratis débitum;
    omnes pro indulgéntia
    vocem demus cum lácrimis.

    L'incomparable agneau que du ciel on envoie
    Vient payer de son sang ce que chacun lui doit :
    Que les pleurs et les cris de joie
    S'efforcent de répondre aux biens qu'on en reçoit,

    Secúndo ut cum fúlserit
    mundúmque horror cínxerit,
    non pro reátu púniat,
    sed nos pius tunc prótegat.

    Afin que, quand son bras choisira ses victimes,
    Qu'on verra l'univers environné d'horreur,
    Loin de nous punir de nos crimes,
    Ce même bras nous cache à sa juste fureur.

    Summo Parénti glória
    Natóque sit victória,
    et Flámini laus débita
    per sæculórum sæcula. Amen.

    Gloire soit à jamais au Père inconcevable !
    Gloire au Verbe incarné ! gloire à l'Esprit divin !
    Gloire à leur essence ineffable,
    Qui règne dans les cieux et sans borne et sans fin !

    (Traduction Pierre Corneille.)

  • Saint Ambroise

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    Deuxième moitié du Xe siècle, musée diocésain de Milan.

    Commentaire de ce que dit l’ange à Zacharie à propos de son futur fils Jean :

    « Il sera rempli de l'Esprit saint dès le sein de sa mère. »

    II n'est pas douteux que cette promesse de l'ange soit véridique, puisque S. Jean, avant de naître, habitant encore le sein de sa mère, a manifesté le bienfait de l'Esprit qu'il avait reçu. En effet, tandis que ni son père ni sa mère n'avait accompli auparavant aucune merveille, en tressaillant au sein de sa mère il a annoncé la venue du Seigneur. C'est ce que vous lisez : quand la Mère du Seigneur vint à Elisabeth, celle-ci lui dit : « Voici qu'au moment même où votre salut atteignait mes oreilles, l'enfant a tressailli dans mon sein » ; il n'avait pas encore l'esprit de vie, mais l'Esprit de grâce. Aussi bien nous avons pu constater ailleurs la réalité de la vie précédée par la grâce qui sanctifie, puisque le Seigneur a dit : « Avant de te former dans les entrailles, je te connaissais et, avant que tu ne sortes du sein, je t'ai sanctifié et t'ai établi prophète parmi les peuples » (Jér., I, 5). Autre est l'esprit de cette vie, autre celui de la grâce : celui-là prend son principe à la naissance, expire à la mort ; celui-ci n'est pas limité par les temps ou les âges, ni éteint par le trépas, ni éclos du sein maternel. Aussi bien sainte Marie remplie du Saint-Esprit a prophétisé, Elisée a ranimé le cadavre d'un homme mort au contact de son corps (II Rois, XIII, 21), et Samuel déjà mort n'a pas, au témoignage de l'Écriture, gardé le silence sur l'avenir (I Sam., XXVIII, 16 sqq.). « Et il sera rempli de l'Esprit Saint » : à qui possède l'Esprit de grâce rien ne manque, et celui qui reçoit l'Esprit Saint a la plénitude des plus grandes vertus.

    Enfin, est-il dit, « il ramènera de nombreux enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu ». Que S. Jean ait converti bien des cœurs, les attestations n'en manquent pas. Sur ce point nous avons l'appui des Écritures, prophétiques et évangéliques ; car « une voix crie dans le désert : préparez le chemin au Seigneur, redressez ses sentiers » (Is., XL, 3), et la recherche du baptême par les foules montre qu'il se produisit un mouvement considérable de conversions dans le peuple. Or, en croyant à Jean, on croyait au Christ : car ce n'est pas lui-même, mais le Seigneur que prêchait le Précurseur du Christ.

    Aussi « il précédera la présence du Seigneur dans l'esprit et avec la vertu d'Élie ». Rapprochement heureux : car jamais il n'y a esprit sans vertu ni vertu sans esprit. Peut-être aussi « dans l'esprit et avec la vertu d'Élie » parce qu'Élie le saint a possédé une grande vertu et grâce : vertu pour détourner de l'impiété vers la foi l'âme des peuples, vertu d'abstinence et de patience, et esprit de prophétie. Élie était au désert, Jean au désert ; celui-là fut nourri par les corbeaux, celui-ci, dans les halliers, refoula tous les attraits du plaisir, préféra l'austérité et méprisa le luxe. L'un n'a pas cherché la faveur du roi Achab, l'autre a dédaigné celle d'Hérode. L'un a séparé les eaux du Jourdain, l'autre en a fait un bain sauveur. Celui-ci vit avec le Seigneur sur terre, celui-là apparaît avec le Seigneur dans la gloire. Celui-ci précède le premier avènement du Seigneur, celui-là le second. L'un a fait tomber la pluie sur la terre depuis trois ans desséchée, l'autre au bout de trois ans a baigné la terre de notre corps des eaux de la foi.

    Vous me demanderez : quels sont ces trois ans ? « Voici, est-il dit, trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier et je n'en trouve pas » (Lc, XIII, 7). Il fallait un nombre mystérieux pour donner le salut aux peuples : un an pour les patriarches — car enfin la récolte en hommes de cette année-là a été telle qu'il n'en fut jamais depuis sur terre — un autre pour Moïse et le reste des prophètes, le troisième à la venue du Seigneur et Sauveur : « Voici l'année favorable du Seigneur et le jour de la récompense » (Lc, IV, 19). De même le père de famille qui avait planté une vigne n'a pas envoyé qu'une fois recueillir les fruits, mais bien souvent : il a envoyé d'abord des serviteurs, une seconde fois d'autres serviteurs, en troisième lieu son Fils.

    Jean est donc venu dans l'esprit et avec la vertu d'Élie, car l'un ne peut aller sans l'autre, comme nous le verrons encore dans la suite, quand il sera dit :« L'Esprit Saint viendra sur vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre » (Lc, I, 35).

    Mais peut-être ce passage nous concerne-t-il et concerne-t-il les Apôtres. Car lorsqu'Élie partagea le courant (Il Rois, II, 14), le retour des eaux du fleuve vers leur source — selon le texte de l'Écriture : « Le Jourdain revint en arrière » (Ps. 113, 5) — signifiait les mystères à venir du bain sauveur, par lesquels les baptisés sont, comme des enfants, ramenés du mal à leur nature primordiale. Pourquoi encore le Seigneur lui-même a-t-il promis à ses Apôtres de leur accorder la vertu de l'Esprit ? « Vous recevrez, dit-il, la vertu par la venue en vous de l'Esprit Saint » (Act., 1,8), et, dans la suite « il se fit soudain un bruit venant du ciel, comme un souffle emporté avec grande puissance » (Act., II, 2) ; oui, grande puissance, car « c'est le souffle de ses lèvres qui a fait toute leur force » (Ps. 32, 6), et cette force est celle que les Apôtres ont reçue du Saint-Esprit.

    Il est également vrai que S. Jean marchera devant le Seigneur, précurseur par sa naissance et précurseur par sa mort. Et peut-être ce mystère s'accomplit-il aujourd'hui encore dans notre vie présente. Il y a comme une vertu de Jean qui vient d'abord en notre âme, quand nous sommes près de croire au Christ, pour préparer à la foi les chemins de notre âme et faire de la piste tortueuse de cette vie les voies droites de notre pèlerinage, de peur que nous ne tombions dans quelque ravin d'erreur : ainsi toutes les vallées de notre âme pourront être comblées par des fruits de vertu, et toute élévation des dignités de ce monde se prosternera devant le Seigneur dans une humble crainte, sachant que rien ne peut être élevé de ce qui est fragile.

  • La collecte de saint Nicolas

    Deus, qui beátum Nicoláum Pontíficem innúmeris decorásti miráculis: tríbue, quǽsumus; ut ejus méritis et précibus a gehénnæ incéndiis liberémur.

    O Dieu, qui avez rendu illustre par d’innombrables miracles le bienheureux Pontife Nicolas, accordez-nous, s’il vous plaît, par ses mérites et ses prières, d’être préservés des feux de l’enfer.

    La collecte de saint Nicolas, qui remonte au moins au XIe siècle, a été supprimée par la « réforme liturgique ». Pour deux raisons : on ne doit plus parler des miracles, et l’évocation des feux de l’enfer est trop négative et ne convient pas aux hommes d’aujourd’hui.

    On a donc fabriqué une nouvelle collecte, comme les « réformateurs » se sont acharnés à les faire sous la houlette de dom Antoine Dumas, à savoir à la mode Frankenstein : on a pris le début d’une postcommunion du Missel Gothique, une expression de la collecte de la Quinquagésime (supprimée), et une expression tirée des Actes des apôtres.

    Misericórdiam tuam, Dómine, súpplices implorámus, et, beáti Nicolái episcopi interveniénte suffrágio, nos in ómnibus custódi perículis, ut via salútis nobis páteat expedíta.

    Nous implorons ta miséricorde, Seigneur, et nous te supplions : à la prière de l'évêque saint Nicolas, garde-nous de tout danger, pour que le chemin du salut s’ouvre sans obstacle devant nous.

    La fin de l’oraison signe son origine, le manque de goût des fabricants et leur absence de sens poétique : ce « pateat expedita » final est une horreur.

    De toute façon personne ne dit cette oraison, ni en latin évidemment, ni même en français (sauf peut-être dans les églises dédiées à saint Nicolas), puisque ce n’est qu’une « mémoire facultative ».

    Comme le remarque Matthew Hazel à qui j’emprunte ces réflexions, cette suppression de toute allusion aux innombrables miracles de celui que les byzantins appellent « le faiseur de miracles », et la rétrogradation de la fête à un rang qui en réalité la supprime, est un exemple de plus que l’incantation « œcuménique » n’est qu’une des prétentions vides de sens des réformes post-Vatican II.

  • Saint Nicolas

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    Icône du monastère du Saint-Esprit de Novgorod, XIIe siècle.

    Le tropaire et le kondak de la fête de saint Nicolas, par les moines de Valaam sur le lac Ladoga (continuateurs de la tradition du chant znamenny), en la fête de saint Nicolas de 2018. (Il y a un troisième tropaire que je n’ai pas identifié.)

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    La justice de tes œuvres a fait de toi pour ton troupeau une règle de foi, un modèle de douceur, un maître de tempérance ; c'est pourquoi tu as obtenu par ton humilité l'exaltation et par ta pauvreté la richesse. Père saint, Pontife Nicolas, prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

    A Myre, saint Evêque, tu t'es montré comme le ministre du sacrifice divin ; car, accomplissant l'Evangile du Christ, tu donnas ta vie pour tes brebis et sauvas les innocents de la mort ; dès lors tu fus sanctifié, comme grand Pontife de la grâce de Dieu.

    Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

    (…)

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    Icône de l’église Saint-Nicolas de l’église de l’île de Lipno, près de Novgorod, 1294.

  • Rorate Cæli

    Le Rorate Cæli desuper, tel qu’il est dans le « Manuel des pieuses domestiques » d’Ozanam, publié en 1847, avec la même traduction que dans le bréviaire de Mgr de Vintimille un siècle plus tôt.

    Quant au chant c’est une curiosité. Le soliste se croit manifestement à l’Opéra, or il s’agit des moines d’En-Calcat… (L’enregistrement figure sur le 26e disque d’une collection de 76 disques 78 tours publiée en 1952 par le Studio SM.)


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  • Deuxième dimanche de l’Avent

    L’évangile est celui où saint Jean Baptiste envoie deux de ses disciples à Jésus pour lui demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Dans son homélie 36 sur saint Matthieu, saint Jean Chrysostome cite tous les passages des évangiles qui prouvent abondamment que le Précurseur savait parfaitement que Jésus était le Christ Sauveur attendu. Il poursuit :

    Mais quel est donc le sujet de cette ambassade ? Et puisqu’il est visible par tout ce que nous venons de dire qu’il ne pouvait plus rester, je ne dis pas à saint Jean, mais à la personne du monde la plus grossière, le moindre doute touchant Jésus-Christ, nous devons rechercher maintenant quel a pu être le dessein de Jean lorsqu’il a envoyé ses disciples vers le Sauveur. On voit clairement par l’Evangile que les disciples de ce saint avaient de l’éloignement pour Jésus-Christ, et qu’ils ont toujours nourri une secrète jalousie contre lui. Cette disposition paraît assez, par ce qu’ils disent à leur maître : "Celui qui était avec vous au-delà du Jourdain, à qui vous avez rendu témoignage, baptise maintenant, et tout le monde vient à lui." (Jean, II, 30.) Il s’éleva aussi quelque contestation entre eux et les Juifs au sujet de la purification. (Matt. XV.) On voit encore qu’ils vinrent dire à Jésus-Christ : "Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous souvent, et que vos disciples ne jeûnent pas ?" (Matth. IX, 14.) Comme ils ne savaient pas encore qui était Jésus-Christ, et qu’ils avaient de lui une opinion fort médiocre, et une très-grande, au contraire, de saint Jean, qu’ils regardaient comme plus qu’un homme, ils ne pouvaient souffrir de voir la réputation de Jésus-Christ croître de jour en jour et celle de saint Jean diminuer, selon la parole de celui-ci.

    C’est ce qui les empêchait de croire en Jésus-Christ ; leur envie était comme un mur qui leur fermait la voie pour aller à lui. Tant que saint Jean était avec eux, il les instruisait et les exhortait continuellement, sans qu’il pût rien gagner sur eux ; mais se voyant près de mourir, il s’y appliqua avec encore plus de soin. Il craignait qu’il ne restât dans leurs esprits quelque semence de schisme, et qu’ils demeurassent toujours séparés de Jésus-Christ. C’était l’unique but que ce saint homme avait eu dès le commencement, et il avait tâché dès le principe de mener tous ses disciples au Sauveur. N’ayant pu jusque-là les persuader, il fait ce dernier effort, lorsqu’il se voit près de mourir.

    S’il leur eût dit : "Allez trouver Jésus-Christ, parce qu’il est plus grand que moi", l’attachement qu’ils avaient pour saint Jean les eût empêchés de lui obéir. Ils eussent pris ces paroles comme un effet de son humilité, de sa modestie, et bien loin de les détacher de lui, elles eussent encore redoublé cette grande affection qu’ils avaient pour lui. Que s’il eût gardé le silence, ce silence ne lui aurait pas été plus avantageux. Que fait-il donc ? Il veut apprendre par eux-mêmes combien Jésus-Christ fait de miracles. Il ne veut pas même les envoyer tous à Jésus. Il en choisit deux qu’il savait être les plus disposés à croire, afin que s’acquittant de leur mission sans prévention, ils vissent eux-mêmes par des effets sensibles la différence qui était entre Jésus-Christ et lui.

    "Allez, leur dit-il, et dites-lui : Etes-vous celui qui doit venir, ou en attendons-nous un autre ?" Jésus-Christ, pénétrant dans la pensée de saint Jean, ne répond point à ces deux disciples : "Oui, c’est moi" : ce que naturellement il devait faire ; mais sachant qu’ils en auraient été blessés, il aime mieux leur faire connaître ce qu’il est par les miracles qu’il fait devant eux. Car L’Evangile remarque que plusieurs malades s’approchèrent alors de lui, et qu’il les guérit tous. Quelle conséquence aurait-on pu tirer lorsqu’on lui demande s’il est le Christ, et que pour toute réponse il guérit beaucoup de malades, sinon qu’il voulait faire entendre ce que je viens de dire ? Il savait que le témoignage des œuvres est moins suspect que celui des paroles.

    Jésus-Christ donc étant Dieu, et connaissant les pensées de saint Jean, qui lui envoyait ses disciples, guérit aussi beaucoup d’aveugles, de boiteux et d’autres malades, non pas pour apprendre à saint Jean qui il était, puisqu’il le savait déjà, mais seulement à ses disciples qui étaient encore dans le doute. C’est pourquoi après tous ces miracles il leur dit : "Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres. Et bienheureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute."

    Il leur montrait par ces paroles qu’il pénétrait dans leurs pensées. S’il leur eût dit : "Oui, c’est moi", cette réponse les eût blessés, et ils eussent pu dire, au moins en eux-mêmes, ce que lui dirent les Juifs : "Vous vous rendez témoignage à vous-même." (Jean VIII, 27.) Pour éviter cela, il ne leur dit rien de lui ; il les laisse juger eux-mêmes de toutes choses par les miracles qu’il fait devant eux, les instruisant ainsi de la manière la plus persuasive et la moins suspecte. Il leur fait même un reproche secret par ces paroles. Sachant qu’ils étaient scandalisés en lui, il leur découvre leurs maladies cachées, mais n’en rend témoin que leur propre conscience. Il leur fait voir à eux seuls le scandale où ils tombaient à son sujet, et il tâche en les épargnant de les attirer à lui davantage : "Heureux, leur dit-il en les désignant, celui qui ne tirera point de moi un sujet de chute et de scandale !"

    (Traduction Jeannin, 1865.)

  • Saint François Xavier

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    Extrait d'une longue lettre à un père jésuite, qui est un véritable traité de la confession envoyé à plusieurs personnes avec quelques variantes. (Lettre 6 du tome second des Lettres de saint François Xavier traduites par Léon Pagès, 1855.)

    Saint François Xavier et le nouveau bréviaire.

    Saint François Xavier à Goa.

  • Sainte Bibiane

    Deus, ómnium largítor bonórum, qui in fámula tua Bibiána cum virginitátis flore martýrii palmam coniunxísti : mentes nostras eius intercessióne tibi caritáte coniúnge ; ut, amótis perículis, prǽmia consequámur ætérna. Per Dóminum…

    O Dieu, dispensateur de tous les biens, qui avez uni en votre servante Bibiane la fleur de la virginité à la palme du martyre, daignez, par son intercession, vous unir nos âmes dans la charité, afin que, délivrés de tout péril, nous puissions obtenir les récompenses éternelles.

    Sainte Bibiane a été martyrisée le 2 décembre 363. Or deux autres saints importants sont morts un 2 décembre: saint Pierre Chrysologue et saint François Xavier. La fête de celui-ci a été transférée au 3, celle de celui-là au 4 (mais c'est Pierre Chrysologue qui est célébré le 2 dans le calendrier monastique).

    L'église Sainte Bibiane de Rome.

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    Voir aussi ici.

    Les peintures de Pierre de Cortone.

    Louis Veuillot.