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Liturgie - Page 71

  • Sainte Prisque

    Aujourd’hui on fait mémoire de sainte Prisque. Mais je voudrais signaler une curieuse notice du martyrologe de ce jour :

    Au même lieu [dans le Pont], saint Athénogène, vénérable théologien. Avant d'être jeté dans le feu, où il devait consommer son sacrifice, il chanta avec joie une hymne qu'il laissa par écrit à ses disciples.

    Il y a au 16 juillet un autre Athénogène :

    A Sébaste, en Arménie, saint Athénogène évêque, et dix de ses disciples également martyrs, sous l'empereur Dioclétien.

    Le nouveau martyrologe romain mélange les deux au 16 juillet. Il a malencontreusement pris modèle sur les synaxaires byzantins. Il y a pourtant clairement deux Athénogène, comme on le voit dans le Traité du Saint-Esprit de saint Basile. Vers la fin de son livre, saint Basile recense les plus anciens témoignages montrant le Saint-Esprit sur le même plan que le Père et le Fils. Et il dit : « Tous ceux qui connaissent l’hymne d’Athénogène, celle qu’il a laissée à ses disciples comme second discours d’adieu, alors qu’il se hâtait vers son perfectionnement par le feu, savent aussi quelle est la pensée des martyrs sur l’Esprit. » Il ne peut pas s’agir de l’évêque victime de Dioclétien en 305, donc 70 ans avant le traité : ce ne serait pas un antique témoignage.

    Mais quelle est cette hymne ? On lit ici et là que ce serait le Phos hilaron, Lumière joyeuse, l’hymne du lucernaire aux vêpres byzantines. Et l’on ajoute même que c’est saint Basile qui le dit. Mais c’est une confusion. Saint Basile parle de Phos hilaron, une « antique formule », juste avant d’évoquer l’hymne d’Athénogène, parce que Phos hilaron chante le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il ne dit pas de qui est Phos hilaron, et ensuite il ne dit pas quelle est l’hymne d’Athénogène.

    Puisque les deux plus anciennes hymnes liturgiques toujours usitées sont Phos hilaron et la Grande Doxologie, qui de fait est trinitaire, il est possible qu’Athénogène soit l’auteur de la forme la plus ancienne de celle-ci, qui est devenue notre Gloria in excelsis.

  • Saint Antoine

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    Icône crétoise fin XVIe début XVIIe.

    Idiomèle avant le canon des matines, selon le Doxastarion de Pierre le Péloponésien (1730-1778), publié en 1820, interprété par le Pr Antoine Hantzopoulos.

    Ὅσιε Πάτερ, εἰς πᾶσαν τὴν γῆν ἐξῆλθεν ὁ φθόγγος τῶν κατορθωμάτων σου, δι᾿ ὧν ἐν τοῖς οὐρανοῖς, εὗρες μισθὸν τῶν καμάτων σου. Τῶν δαιμόνων ὤλεσας τὰς φάλαγγας, τῶν Ἀγγέλων ἔφθασας τὰ τάγματα, ὧν τὸν βίον ἀμέμπτως ἐζήλωσας. Παρρησίαν ἔχων πρὸς Κύριον, εἰρήνην αἴτησαι ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν.

    Père saint, par toute la terre a retenti la renommée de tes justes actions : par elles tu as trouvé dans les cieux la récompense de tes efforts ; tu as détruit les phalanges des démons et tu as rejoint les chœurs des Anges, pour en avoir imité la pure vie. Par le crédit que tu possèdes auprès du Christ notre Dieu, demande-lui la paix pour nos âmes.

    *

    Dans mon diocèse c'est la fête de Notre Dame de Pontmain.

  • Saint Marcel Ier

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    "Marcel Ier, Romain, fils de Benoît, créé (pape) le 21 novembre 304, siégea 5 ans, un mois et 25 jours. Mort le 16 janvier 309." (En réalité il ne fut élu évêque de Rome qu’en 308, quatre ans après la mort de saint Marcellin.) Marcel admettait que ceux qui avaient renié leur foi pendant la terrible persécution de Dioclétien puissent être absous. Cela suscitait la fureur des donatistes, qui fomentèrent des émeutes. L’empereur Maxence prit prétexte des émeutes pour bannir Marcel, qui mourut en exil.

    Preces pópuli tui, quǽsumus, Dómine, cleménter exáudi : ut beáti Marcélli Mártyris tui atque Pontíficis méritis adiuvémur, cuius passióne lætámur. Per Dóminum nostrum.

    Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer, dans votre clémence, les prières de votre peuple, afin que nous soyons aidés par les mérites du bienheureux Marcel, votre Martyr et Pontife, dont la passion est pour nous une source de joie.

  • 2e dimanche après l’Epiphanie

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    Icône d'Isaac Fanous

    L'Evangéliste Jean nous rapporte les curieuses noces à Cana, où Marie était là et Jésus fut invité aussi avec ses premiers disciples, André, Simon, Philippe et Nathanael. La finale de notre péricope indique l'importance du miracle de Cana. "Voilà quel fut à Cana de Galilée, le principe, arkhé (prototype), des signes de Jésus, il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui". Jean utilise pour désigner le premier miracle du Sauveur le mot arkhé, principe ; c'est le premier mot de la Genèse, "dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre" et aussi le premier mot de son Evangile, "dans le principe était le Logos".

    L'arkhé de la gloire du Seigneur se trouve dans l'éternité, mais la manifestation de cette gloire dans la chair a pour arkhé le miracle accompli à Cana. Ce signe comme l'appelle Jean est le prototype qui préfigure toute l'action sur la terre du Logos incarné. Par le signe de Cana, Jésus se révèle lui-même. Ce miracle que les cœurs secs peuvent qualifier d'inutile, symbolise la gratuité et la surabondance de la vie que Dieu communique à l'homme.

    Origène a bien senti cela :

    "Le principe des miracles est la joie du Fils de Dieu, le miracle de Cana est l'arkhé, non seulement début chronologique, mais le principe métaphysique des autres celui qui les entraîne tous.  Jésus est venu deux fois à Cana, la première désigne la première parousie dans son Incarnation..."

    Maintenant que nous avons pris conscience de la fonction primordiale du signe de Cana, regardons en détail le récit du bienheureux apôtre Jean.

    Trois jours plus tard, il y avait un mariage à Cana. Ces trois jours nous séparent probablement du moment du baptême de Jésus par Jean dans le Jourdain. Jean a vu l’Esprit descendre sur celui dont la voix qui lui avait donné la vocation avait dit : Lui baptisera dans l'Esprit Saint. La liturgie des Eglises d'Orient considère le baptême de Jésus comme le bain nuptial de toute l'humanité qui ainsi se prépare aux noces mystiques ; elle confesse que le Theanthropos n'a pas besoin d'être purifié mais qu'il reçoit le baptême pour nous tous : "Celui qui se revêt de lumière comme d'un vêtement, a daigné, pour nous, devenir semblable à nous. Il se couvre aujourd'hui des flots du Jourdain, non qu'il en ait besoin pour se purifier, mais pour en sa personne pourvoir à notre renaissance".

    Le thème du baptême, mystère nuptial, est explicité dans l'office des noces de Cana:

    "Eglise, Epouse parée, Epouse du Roi des siècles et Fille de la lumière, loue et chante le céleste époux qui, dans le baptême d'eau, t'a purifiée et sanctifiée dans sa miséricorde."

    En Occident, Fauste, évêque de Riez au Ve siècle, expose dans son homélie sur Cana:

    "Le Logos descend jusqu'à l'Eglise en assumant l'incarnation, il va s'unir à celle qu'il a gratifiée d'un contrat de mariage et d'une dot.  Un contrat quand Dieu s'est uni à l'homme. Une dot quand il a été immolé pour le Salut."

    Les pères ont aussi fait un rapprochement avec le grand mystère du troisième jour où le Christ manifeste sa gloire dans la résurrection d'entre les morts. Cana annonce cette grande joie.

    La mère de Jésus était là, et Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Jésus, explique saint Cyrille, ne vient pas sans invitation: les saints le désiraient, il est l'attente des nations pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort. Marie, l'aboutissement de la pureté de la Première Alliance, le fruit immaculé de l'humanité était là, icône de l'Eglise.

    Le vin vient à manquer, alors la mère de Jésus lui dit: ils n'ont pas de vin.  Jésus lui répond: Femme, quoi à toi et à moi? Mon heure n'est pas encore venue.

    Jésus laisse entendre que parler de carence de vin de noces alors qu'il est là, n'est guère à propos. Marie, ne se décourage pas, elle montre la puissance de la foi.

    Faites tout ce qu'il vous dira. Il y avait là six  cuves de pierres pour les ablutions des juifs, remplissez d'eau ces cuves, dit Jésus. Puisez et portez à l'intendant du festin. Quand il eut goûté l'eau devenue vin... 

    Si l'on tient compte que l'eau contenue dans les cuves était destinée aux purifications cultuelles prescrites dans la Loi, nous pouvons avec Origène croire qu'elle représente les Ecritures. La Thora et les prophètes sont comme une eau pure qui rafraîchit, purifie et entretient la vie. L'eau changée (ou mieux métamorphosée = transfigurée pour suivre le grec) en bon vin par le Christ est le signe du sceau des Ecritures : l'Evangile par qui tous les textes de la Première Alliance, par référence à la personne du Messie, Logos incarné, prennent  leur sens et même enivrent.

    L'Esprit par-delà la lettre des mots ouvre les mystères célestes. Le vin délicieux de Cana est une préfiguration du don de l'Esprit. La liturgie dit encore :

    "Jésus n'est pas venu pour remplir de bon vin les jarres, mais pour arroser les coeurs de la joie parfaite de l'Esprit Saint."

    Une autre des clefs de la signification du l'eau changée en vin est fournie par le sage Philon quand il parle de Melkisédeq qui apporta du pain et du vin à notre père Abraham. Il rappelle que

    "les peuples de Moab et Ammon à l'est de la mer morte, ont refusé le pain et l'eau, mais Melkisedeq offre du vin à la place de l'eau et apportera à nos âmes une boisson pure, afin qu'elles soient remplies d'une ivresse divine plus sobre que la sobriété même; car il est le Logos-prêtre et possède l'être par soi pour partage".

    Melkisedeq est la figure du Grand Prêtre des choses à venir, l'eau changée en vin est donc aussi l'annonce de la coupe eucharistique. Avec saint Ephrem, l'Eglise chante dans sa liturgie:

    "Bienheureuse es-tu, illustre cité de Cana, c'est chez toi que le Premier-Né a donné la figure du sacrement nouveau. Au cours du repas, il a exprimé la figure de son sang. Les sacrements célestes constituent l'union nuptiale, car lorsque nous mangeons son corps et buvons son sang, lui est en nous et nous en lui."

    Saint Ephrem élargit le signe de Cana au mystère fondamental de l'union mystique. La première venue à Cana selon Origène symbolise la première parousie dans son Incarnation, le seconde où Jésus guérit le fils de l'officier royal qui représente le peuple d'Israël sauvé quand la plénitude des nations sera entrée dans l'Eglise, l'ultime parousie. Cana c'est aussi les deux venues du Logos dans l'âme : la première au baptême pour l'illumination, la seconde, dans le mystère des noces mystiques du bienheureux face à face.

    Le miracle de Cana est bien le principe des autres, sans la première venue du Logos dans l'âme pour éclairer les Ecritures, comment la montée spirituelle serait possible ? Le Messie a foulé le vin dans sa Pâque par la croix ; la résurrection a ouvert le royaume, il nous y attend pour boire le fruit de la vigne, le fruit de la vraie vigne qu'il est, la joie viendra quand il aura achevé son œuvre.

    Eliyâs-Patrick, prêtre copte (extraits)

  • Saint Hilaire

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    Pour résumer l'essentiel de sa doctrine, je voudrais dire qu'Hilaire trouve le point de départ de sa réflexion théologique dans la foi baptismale. Dans le De Trinitate, Hilaire écrit:  Jésus "a commandé de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (cf. Mt 28, 19), c'est-à-dire dans la confession de l'Auteur, du Fils unique et du Don. Il n'y a qu'un seul Auteur de toutes les choses, car Dieu le Père est un seul, dont tout procède. Et Notre Seigneur Jésus Christ est un seul, à travers lequel tout fut fait (1 Co 8, 6), et l'Esprit est un seul (Ep 4, 4), don en tous... En rien on ne pourra trouver qu'il manque quelque chose à une plénitude aussi grande, dans laquelle convergent dans le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit l'immensité de l'Eternel, la révélation dans l'Image, la joie dans le Don" (De Trinitate 2, 1). Dieu le Père, étant entièrement amour, est capable de communiquer en plénitude sa divinité au Fils. Je trouve particulièrement belle la formule suivante de saint Hilaire:  "Dieu ne sait rien être d'autre qu'amour, il ne sait rien être d'autre que le Père. Et celui qui l'aime n'est pas envieux, et celui qui est le Père l'est dans sa totalité. Ce nom n'admet pas de compromis, comme si Dieu pouvait être le Père sur certains aspects, mais ne l'était pas sur d'autres" (ibid. 9, 61).

    C'est pourquoi, le Fils est pleinement Dieu sans aucun manque ni diminution:  "Celui qui vient de la perfection est parfait, car celui qui a tout, lui a tout donné" (ibid. 2, 8). Ce n'est que dans le Christ, Fils de Dieu et Fils de l'homme, que l'humanité trouve son salut. En assumant la nature humaine, Il a uni chaque homme à lui, "il s'est fait notre chair à tous" (Tractatus in Psalmos 54, 9); "il a assumé en lui la nature de toute chair, et au moyen de celle-ci il est devenu la vraie vie, il possède en lui les racines de chaque sarment" (ibid. 51, 16). C'est précisément pour cette raison que le chemin vers le Christ est ouvert à tous, - car il a attiré chacun dans sa nature d'homme - même si la conversion personnelle est toujours demandée:  "A travers la relation avec sa chair, l'accès au Christ est ouvert à tous, à condition qu'ils se dépouillent du vieil homme (cf. Ep 4, 22) et qu'ils le clouent sur sa croix (cf. Col 2, 14); à condition qu'ils abandonnent les oeuvres de jadis et qu'ils se convertissent, pour être ensevelis avec lui dans son baptême, en vue de la vie (cf. Col 1, 12; Rm 6, 4)" (ibid. 91, 9).

    La fidélité à Dieu est un don de sa grâce. C'est pourquoi saint Hilaire demande, à la fin de son Traité sur la Trinité, de pouvoir rester toujours fidèle à la foi du baptême. C'est une caractéristique  de ce livre:  la réflexion se transforme en prière et la prière redevient réflexion. Tout le livre est un dialogue avec Dieu. Je voudrais conclure la catéchèse d'aujourd'hui par l'une de ces prières, qui devient ainsi également notre prière:  "Fais, ô Seigneur - récite saint Hilaire de manière inspirée - que je reste toujours fidèle à ce que j'ai professé dans le symbole de ma régénération, lorsque j'ai été baptisé dans le Père, dans le Fils et dans l'Esprit Saint. Fais que je t'adore, notre Père, et en même temps que toi, que j'adore ton Fils; fais que je mérite ton Esprit Saint, qui procède de toi à travers ton Fils unique... Amen" (De Trinitate 12, 57).

    Benoît XVI, fin de sa catéchèse du 10 octobre 2007.

  • Commémoraison du Baptême du Seigneur

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    Fin du XVIe siècle. Musée de Rybinsk.

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    Во Иорда́не креща́ющуся Тебе́, Го́споди,/ Тро́йческое яви́ся поклоне́ние:/ Роди́телев бо глас свиде́тельствоваше Тебе́,/ возлю́бленнаго Тя Сы́на имену́я,/ и Дух в ви́де голуби́не,/ изве́ствоваше словесе́ утвержде́ние./ Явле́йся Христе́ Бо́же, и мир просвеще́й, слава Тебе.

    Dans le Jourdain lorsque, Seigneur, tu fus baptisé, * à l'univers fut révélée la sainte Trinité; * en ta faveur se fit entendre la voix du Père * te désignant comme son Fils bien-aimé; * et l'Esprit sous forme de colombe * confirma la vérité du témoignage. * Christ notre Dieu qui t'es manifesté, * illuminateur du monde, gloire à toi.

    Le tropaire de la fête du Baptême du Seigneur, par le chœur du monastère de la Trinité Saint-Serge (avec la bénédiction de l’eau) :

    Par le chœur du monastère de Valaam :

    Par le chœur byzantin Pacôme le Logothète de Saint-Pétersbourg :

  • Fit porta Christi pervia

    Fit porta Christi pervia
    Referta plena gratia,
    Transitque rex, et permanet
    Clausa ut fuit per saecula.

    Le Christ a franchi la porte virginale, la porte pleine de grâce ; le roi a passé, et cette porte demeure fermée à jamais, comme elle le fut toujours.

    Genus superni numinis
    Processit aula virginis,
    Sponsus, redemptor, conditor,
    Suae gigas Ecclesiae.

    Le Fils du Dieu suprême est sorti du sanctuaire de la Vierge ; il est l’époux, le rédempteur, le fondateur, le géant de son Église.

    Honor matris et gaudium,
    Immensa spes credentium,
    Per atra mortis pocula
    Resolvit nostra crimina.

    Gloire et joie de sa mère, espoir immense des croyants, en épuisant le noir breuvage de la mort, il guérira nos crimes.

    Lapis de monte veniens
    Mundumque replens gratia,
    Quem non praecisum manibus
    Vates vetusti nuntiant.

    Il est cette pierre détachée de la montagne qui couvre de grâce le monde entier ; cette pierre que la main de l’homme n’a pas taillée, qu’avaient annoncée les anciens prophètes.

    Qui verbum caro factus est
    Praeconio angelico,
    De claustris virginalibus
    Virginis virgo natus est.

    Le Verbe fait chair à la parole de l’ange, naissant vierge, s’est élancé de la retraite sacrée d’un sein virginal.

    Rorem dederunt aethera
    Nubesque justum fuderunt,
    Patens excepit dominum
    Terra salutem generans.

    Les cieux ont versé leur rosée, les nuées ont répandu le Juste ; la terre altérée, enfantant son salut, a reçu celui qui est son Seigneur.

    Mirabilis conceptio:
    Christum protulit sobolem
    Ut virgo partem funderet,
    Post partum virgo sisteret.

    Ô merveilleuse conception ! Elle a produit le Christ ; et la Vierge dans l’enfantement, est demeurée vierge après l’enfantement.

    Exultet omnis anima,
    Nunc redemptorem gentium
    Mundi venisse dominum
    Redimere quos condidit.

    Que toute âme tressaille de joie ; le rédempteur des nations, le Seigneur du monde, est venu racheter ceux qu’il a formés.

    Creator cuncti generis,
    Orbis quem totus non capit,
    In tua, sancta genitrix,
    Sese reclusit viscera.

    Le créateur de la race humaine, celui que l’univers ne saurait contenir, Mère sainte, il s’est renfermé dans vos entrailles.

    Quem pater ante tempora
    Deus Deumque genuit,
    Matris almae virginitas
    Cum tempore partum edidit;

    Celui que le Dieu Père a engendré Dieu avant tous les temps, la virginité d’une mère féconde l’a mis au jour dans le temps.

    Tollens cuncta facinora
    Et donans sancta munera,
    Augmentum lucis afferens,
    Tenebris damnum inferens.

    Il ôtera tous les péchés, il apportera les trésors de la grâce ; par lui la lumière recevra son accroissement, l’empire des ténèbres sera ruiné.

    Cette hymne a été attribuée à saint Ambroise, dit dom Guéranger. Elle était célèbre, comme en témoigne le fait qu’à la fin du moyen âge on ne garda que les deux premiers vers de chaque strophe, y ajoutant « fulget dies » (que ce jour brille) et « Diei solemnia celebret Ecclesia » (que l’Eglise célèbre ce jour solennel), pour en faire un Noël populaire. Comme en Hongrie (avec comme partout luminis au lieu de numinis) :

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  • Jesus refulsit omnium

    Hymne de saint Hilaire, traduction dom Guéranger.

    Jesus refulsit omnium
    Pius redemptor gentium
    Totum genus fidelium
    Laudes celebret dramatum

    Le miséricordieux rédempteur des peuples, Jésus, brille aujour­d’hui d’une triple splendeur. Que la race entière des fidèles lui consacre ses louanges et ses cantiques.

    Quem stella natum fulgida
    Monstrat micans in æthera
    Magosque ducit prævia
    Ipsius ad cunabula.

    Une étoile brillante, qui scintille au ciel, annonce sa naissance ; elle précède les mages et les conduit à son berceau.

    Illi cadentes parvulum
    Pannis adorant obsitum
    Verum fatentur ut Deum
    Munus ferendo mysticum.

    Ils tombent aux pieds de cet enfant ; ils l’adorent dans les langes, ils le confessent pour un Dieu, et lui offrent de mystiques présents.

    Denis ter annorum cyclis,
    Jum parte vivens temporis,
    Lympham petit baptismatis,
    Cunctis carens contagiis.

    Ayant trente fois parcouru le cycle de l’année, et avancé dans les jours de sa vie mortelle, Jésus demande l’eau du baptême, lui qui est exempt de toute souillure.

    Felix Joannes mergere
    Illum tremiscit flumine,
    Petest suo qui sanguine
    Peccata cosmi tergere.

    L’heureux Jean frémit à la pensée de plonger dans le fleuve celui dont le sang a la vertu d’effacer les péchés du monde.

    Vox ergo Prolem de polis
    Testatur excelsa Patris.
    Virtus adestque Pneumatis,
    Sancti datrix charismatis.

    La voix imposante du Père proclame le Fils du haut des cieux, et la vertu de l’Esprit, source des dons sacrés, descend visiblement.

    Nos Christe subnixa prece
    Omnes precamur protege,
    Qui præcipis rubescere
    Aquas potenter hydriæ.

    Vous dont les ordres tout-puissants font rougir l’eau dans les vases du festin, ô Christ, nous vous en supplions, étendez sur nous tous votre protection.

    Laus Trinitati debita,
    Honor, potestas omnium,
    Perenniter sint omnia
    Per sæculorum sæcula. Amen.

    À la souveraine Trinité, louange, honneur, puissance et gloire, à jamais, dans tous les siècles des siècles. Amen.

    *

    On trouve une partie de cette hymne dans un disque du Chœur de Saint-Thomas de Leipzig, entre deux cantates de Bach pour l’Epiphanie. La musique n’est pas de Bach mais de Erhard Bodenschatz : ses motets furent publiés à Leipzig en 1618 et 1621, et on sait que Bach en avait fait faire des copies pour le chœur de Saint-Thomas.

  • Les Mages rois des Perses

    Doxastikon de la litie des vêpres byzantines de Noël, par le Chœur byzantin de Grèce, direction Lycourgos Angelopoulos.

    Μάγοι Περσῶν Βασιλεῖς, ἐπιγνόντες σαφῶς, τὸν ἐπὶ γῆς τεχθέντα, Βασιλέα οὐράνιον, ὑπὸ λαμπροῦ ἀστέρος ἑλκόμενοι, ἔφθασαν ἐν Βηθλεέμ, δῶρα προσφέροντες ἔγκριτα, χρυσὸν καὶ λίβανον καὶ σμύρναν, καὶ πεσόντες προσεκύνησαν· εἶδον γὰρ ἐν τῷ Σπηλαίῳ, βρέφος κείμενον τὸν Ἄχρονον.

    Les Mages, rois des Perses, reconnaissant clairement la naissance terrestre du Roi des cieux, guidés par l'éclat de l’étoile, accoururent à Bethléem et lui portèrent de rares présents: de l'or et de la myrrhe et de l'encens; et tombant à terre ils se prosternèrent ; car ils virent couché dans la Grotte le nouveau-né hors du temps (a-chronon).

  • Crudelis Herodes

    Le « temps après l’Epiphanie » (inventé en 1960 après la suppression de l’octave de l’Epiphanie) garde les hymnes de la fête, dont celle-ci, qui évoque les trois mystères de ce temps. Par le groupe grégorien et la manécanterie de la cathédrale de Rennes.


    podcast

    Crudélis Heródes, Deum
    Regem veníre quid times ?
    Non éripit mortália,
    Qui regna dat cæléstia.

    Hérode, roi cruel, pourquoi crains-tu
    L'arrivée d'un Dieu qui vient régner ?
    Il ne ravit pas les sceptres mortels,
    Lui qui donne les royaumes célestes.

    Ibant Magi, quam víderant,
    Stellam sequéntes prǽviam :
    Lumen requírunt lúmine :
    Deum faténtur múnere.

    Les Mages s'avançaient, suivant l'étoile
    Qu'ils avaient vue et qui marchait, devant eux :
    La lumière les conduit à la Lumière ;
    Leurs présents proclament un Dieu.

    Lavácra puri gúrgitis
    Cæléstis Agnus áttigit :
    Peccáta, quæ non détulit,
    Nos abluéndo sústulit.

    Le céleste Agneau a touché l'onde
    Du lavoir de pureté ;
    Dans un bain mystique, il lave en nous
    Des péchés qu'il n'a point commis.

    Novum genus poténtiæ :
    Aquæ rubéscunt hýdriæ,
    Vinúmque jussa fúndere,
    Mutávit unda oríginem.

    Nouveau prodige de puissance !
    L'eau rougit dans les urnes de pierre.
    Jésus ordonne de verser ;
    L'eau coule et c'est du vin.

    Jesu tibi sit glória,
    Qui apparuísti Géntibus,
    Cum Patre, et almo Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    O Jésus, à vous soit la gloire,
    Vous qui vous fîtes voir aux Gentils,
    Avec le Père et le Saint Esprit,
    Dans les siècles sempiternels.
    Ainsi soit-il.