Cette prose pour le temps de l’Avent était souvent au moyen âge la séquence de l’alléluia du deuxième dimanche (et tous les vers finissent par a en écho de l’alléluia). Elle est attribuée à Notker (840-912).
Regnántem sempitérna
Per sæcla susceptúra
Cóncio, devóte cóncrepa :
Fáctóri reddéndo débita :
Prêt à recevoir celui qui règne dans les siècles éternels, peuple chrétien, chante-le dévotement, rends hommage à ton Créateur.
Quem júbilant ágmina cœlica,
Ejus vúltu exhilaráta :
Quem exspéctant ómnia térrea,
Ejus nútu examinánda
Distríctum ad judícia :
Cleméntem in poténtia.
C’est lui que bénissent avec jubilation les milices célestes, enivrées de sa vue. C’est lui qu’attendent toutes les choses terrestres, pour comparaître devant lui, sévère en ses jugements, clément en sa puissance.
Túa nos sálva, Chríste, cleméntia,
Propter quos pássus es díra.
Ad póli ástra súbleva nítida,
Qui sórde térgis sæcula.
Influe sálus véra, effuga perícula.
O Christ ! Sauvez-nous par votre clémence, vous qui souffrîtes pour nous une cruelle passion. Soulevez-nous jusqu’aux brillantes étoiles des cieux, vous qui effacez les souillures des siècles ; rosée du ciel, Sauveur véritable, chassez nos périls ;
Omnia ut sint munda tríbue pacífica :
Ut hic túa sálvi misericórdia,
Læti régna post adeámus súpera :
Quo régnas sæcula per infiníta. Amen.
Faites que tout soit pur, et donnez-nous la paix ; afin que, sauvés ici-bas par votre miséricorde, nous puissions, après cette vie, monter joyeux aux célestes royaumes : vous qui régnez dans les siècles infinis. Amen.
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Qui regis sceptra forti dextra solus cuncta,
Tu plebi tuam ostende magnam excitándo poténtiam.
Præsta illi dona salutária.
Toi qui seul, par la force de ta dextre, règnes sur tous les sceptres, réveille ta grande puissance et montre-la à ton peuple. Donne-lui les dons salutaires.
Quem prædixérunt prophética vaticínia,
A clara poli régia :
In nostra Jesum mitte, Dómine, arva. Amen.
Celui qu’ont prédit les oracles prophétiques, des cieux, de ton éclatant royaume, envoie, Seigneur, Jésus sur notre terre. Amen.
(Cette prose était souvent chantée comme séquence de l’alléluia du troisième dimanche de l’Avent.)
Commentaires
Superbe. Le traducteur, sans doute influencé par le Rorate (XVIII° siècle), s'est permis une fantaisie : introduire de la rosée dans cette prose. Influe, salus vera : coule (sur nous), vraie Rédemption (je cherche un mot féminin pour traduire Salus)