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L’Immaculée Conception

Comme je l’ai plusieurs fois évoqué, les pièces de plain chant de la messe de l’Immaculée Conception sont l’œuvre de dom Pothier, le moine de Solesmes (puis abbé de Saint-Wandrille) qui fit revivre le chant grégorien et mourut un 8 décembre à 88 ans. L’antienne de communion est un exemple de son travail. Il reprend la mélodie de l’antienne de communion de l’Assomption, Optimam partem. Or celle-ci était une reprise de l’antienne de communion d’une messe pour plusieurs martyrs, Dico autem vobis. Mais, vers la fin, l’antienne de l’Assomption, dont le texte est plus court, avait omis la reprise sur vos du motif de vobis. Le texte de l’antienne de l’Immaculée Conception le permettant, Dom Pothier a rétabli la reprise de ce motif. Lequel monte par degrés jusqu’à la dominante et tombe sur la tonique, illustrant magnifiquement les mots « gloriosa » et « magna ». Ici encore, si l’on ne sait pas d’où vient la mélodie, on pense qu’elle a été conçue d’après ce texte. Des trois, en effet, c’est celle-ci qui illustre le mieux le texte. Il y a donc ce « gloriosa », dont le début est judicieusement raccourci parce qu’il faut tout de suite monter dans la gloire, puis il y a ce qu’on dit, ce qu’on proclame en haut du mode, sur la dominante, puis un début de révérence à Marie, sur « te », puis la profonde révérence, sur « Maria ». Puis la descente du Saint-Esprit en Marie qui fait en elle de grandes choses (reprise du motif de gloriosa sur magna), œuvre de Dieu qui est puissant, sur une mélodie de pleine affirmation, qui conclut royalement l’antienne.

L’antienne de l’Immaculée Conception :

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Des choses glorieuses ont été dites de toi, Marie, parce qu'il t'a fait de grandes choses celui qui est puissant.

L’antienne de l’Assomption :

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L’antienne des martyrs :

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Le chœur de Solesmes sous la direction de dom Gajard en 1958 :

Commentaires

  • Dom Pothier met en œuvre ici les techniques de psalmodie très ornée des versets des réponse prolixes, qui ont des intonations, des cadences et des finales extrêmement complexes, le plus souvent calées par rapport à l'accent du mot.
    La complexité impose souvent de modifier ou adapter les formules ; et la longueur des formules fait que les teneurs psalmodiées se réduit souvent à une ou deux notes, au point d'être méconnaissable.
    Les récitatifs ne sont alors plus nécessairement sur une corde modale unique. Ici, par exemple, le Sol est clairement une corde modale récitative, mais également le Do, que l'on devine sur le passage "dicta sunt" au fait que la finale non accentuée de "dicta" reste stable sur cette note, et que le "sunt" développe une formule d'accent partant du même niveau.

    Dans tous les cas, la mélodie doit s'adapter au texte, avec la synchronisation des accents linguistiques et des formules musicales accentuées. L'adaptation d'une formule de verset est un travail complexe, mais ce n'est pas de la composition, ni du recollage de formules types, de centons. C'est du préfabriqué musical, dont la longueur est réglable.

    Soit dit en passant, inversement, l'antienne de communion des martyrs présente un "loupé" de composition sur "ànimi", dont l'accent tonique se retrouve sur le Mi grave, dans une position aberrante (à comparer avec les deux autres). Une adaptation correcte du motif aurait rattaché le Mi au mot précédent par une clivis, posant correctement l'accent sur le salicus suivant, qu'il aurait fallu prolonger par un punctum sur le Sol pour poser la deuxième syllabe du "ànimi" - position naturelle, puisque le Sol est ici une corde récitative.
    À moins qu'il ne s'agisse d'une erreur d'accentuation du compositeur, faisant porter l'accent sur la pénultième?
    Bon, personne n'est parfait...

  • Un cadeau de Bach (diabolique ?) à la Sainte Vierge ? Laquelle des trois violonistes est-elle la plus belle (à six point zéro) ?
    https://www.bing.com/videos/search?q=abbado+carmignola+allegro&&view=detail&mid=83FFA747E61BD136451783FFA747E61BD1364517&&FORM=VRDGAR&ru=%2Fvideos%2Fsearch%3Fq%3Dabbado%2520carmignola%2520allegro%26qs%3Dn%26form%3DQBVR%26sp%3D-1%26pq%3Dabbado%2520carmignola%2520allegro%26sc%3D0-25%26sk%3D%26cvid%3DBD109E8E1DE7472D8F5B7AAA894BD498

  • "Alternative" (je sais, un tel emploi de ce terme est critiqué) intéressante à ces pièces néo-grégoriennes : les compositions de sainte Hildegarde. Ainsi avons-nous chanté hier, après la communion, l'antienne "O frondens virga".

    Quant aux interprétations domgajardiennes, impossible de ne pas les trouver terriblement datées : ces appuis, ces à-coups (qui n'ont aucun fondement dans la tradition neumatique, bien au contraire) que c'est pesant… et laid !

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