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Liturgie - Page 63

  • Mardi de la Passion

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    Mosaïque du Xe siècle, monastère de saint Luc (du nom de l’ermite qui le fonda), non loin de Delphes.

    Les plus anciennes représentations de Daniel dans la fosse aux lions représentent presque toujours le prophète dans la position de l’orant. Le texte biblique n’évoque pas sa prière, mais il est évident que dans cette épreuve le prophète prie, et que Dieu exauce sa prière : « De ore leonis libera me Domine » (psaume 21) - véritable refrain de l'office au temps de la Passion.

    Pendant le carême, cet épisode illustre donc l’importance de la prière, et aussi du jeûne : Daniel jeûne six jours, et le septième il est miraculeusement nourri par Habacuc que l’ange a pris par les cheveux en Palestine au moment où il allait porter à manger aux moissonneurs. Plusieurs pères diront que c’est par le jeûne que Daniel a fermé la gueule des lions (auxquels il a même appris à jeûner…).

    Dans l’iconographie, le repas des moissonneurs est un pain ou plusieurs pains dans une corbeille : c’est le pain qui vient du ciel, le pain des anges, donc l’eucharistie.

    Le lion est la figure de la mort, du diable qui « rôde comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » et faire descendre aux enfers : c’est le symbolisme insistant de la fosse dans les psaumes, c’est donc la fosse où Daniel a été jeté.

    Mais Daniel en ressort indemne : il est la figure de la mort, de la descente aux enfers et de la résurrection du Christ, il est une icône pascale. (La fosse de Daniel a été scellée par l’empereur, comme le tombeau du Christ par Pilate.)

    Les lions perdent leur agressivité et lèchent les pieds de Daniel. Le prophète est la figure du Christ qui rétablit la création dans son innocence principielle : « Daniel fut jeté dans la fosse, mais les lions n’osaient le toucher, car ils voyaient briller en lui l’ancienne image du roi de la nature ; ils reconnaissaient les nobles traits qu’ils avaient vus sur le visage d’Adam avant le péché ; ils s’approchèrent de Daniel avec la même soumission qu’auprès d’Adam lorsque le premier homme leur imposa leurs noms » (saint Jean Chrysostome sur la Genèse).

    Daniel au milieu des lions est dans la paix, comme le sera le fidèle au paradis.

    Tel est à grands traits (plus de détails ici) l’enseignement qui était délivré aux catéchumènes pendant le carême en préparation de leur baptême à Pâques, ce qui explique la présence de cet épisode dans une messe du carême, et la très grande quantité de représentations de Daniel dans la fosse aux lions dans les églises antiques.

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    Première page du commentaire de Daniel par saint Jérôme ; Derrière Daniel il y a un A : « Anno tercio regni io(A)chi regis Iude… » On voit l’ange qui tient Habacuc par les cheveux, et qui porte trois pains. Daniel est ici manifestement une figure du Christ. (Manuscrit de Cîteaux, premier tiers du XIIe siècle.)

    N.B. Aux matines byzantines du mercredi de la sixième semaine de carême (demain), on chante: "Daniel scellé par le jeûne ferma la bouche des fauves. Imite-le, mon âme, et chasse par le secours de la croix le serpent qui rugit comme le lion et cherche à faire sa proie de toute âme."

  • Lundi de la Passion

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    La lecture est prise de Jonas (III, 1-10) dont l’histoire était si familière à l’antiquité chrétienne que nous en retrouvons le cycle exprimé bien des fois sur les sarcophages de marbre et sur les parois des cimetières. Les Ninivites qui, au moyen de la pénitence et du jeûne, éloignent de leur cité l’extermination dont elle était menacée, invitent le peuple chrétien à imiter leur exemple. On sait qu’avant le Carême quelques peuples orientaux, Arméniens, Abyssins, etc., pratiquent un jeûne spécial, dit jeûne de Ninive.* Les Grecs l’ont âprement combattu, mais quoi qu’il en soit, les différentes liturgies, la liturgie latine comprise, se sont plu à reconnaître dans le jeûne des Ninivites une des anticipations typiques de l’abstinence pénitentielle chrétienne.

    Il faut remarquer le caractère social que prend la pénitence à Ninive, où Jonas l’ordonne par l’autorité du roi et des notables. En effet, il ne suffit pas que la religion et les pratiques du culte soient le tribut privé et personnel de l’individu, mais il faut qu’elles soient en outre collectives et sociales, puisque la société, la famille, la cité, la nation, etc. sont des entités réelles, et pour cela ont, comme telles, à rendre à Dieu le culte dû.

    En outre, Dieu n’a pas créé l’homme en l’isolant en lui-même, mais il l’a constitué membre d’une société, tant dans l’ordre naturel que dans l’ordre surnaturel, et c’est seulement au moyen de cette double société que l’homme peut arriver au perfectionnement qu’il doit atteindre. Il s’ensuit que, surtout quand il s’agit de l’âme, il convient d’adhérer intimement et de donner la plus grande importance à tous les actes qui expriment le culte surnaturel et parfait rendu à Dieu par l’Église. Il faut se sanctifier, se mortifier, prier, méditer, jeûner, penser avec l’Église toujours, puisque c’est du Chef que se répandent dans les membres la vie, la santé, et la joie qui en découle.

    Bienheureux cardinal Schuster

    * En fait le jeûne de Ninive (de trois jours, trois semaines avant le carême) est spécifiquement syriaque.

  • Premier dimanche de la Passion

    Considérez, mes très chers frères, la mansuétude de Dieu. Le Sauveur était venu effacer les péchés du monde, et il disait : « Qui de vous me convaincra de péché ? » Il ne dédaigne pas de montrer par le raisonnement qu’il n’est pas un pécheur, lui qui, par la vertu de sa divinité, avait le pouvoir de justifier les pécheurs.

    Les paroles qui suivent sont vraiment terribles : « Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les écoutez point c’est que vous n’êtes point de Dieu. » Si donc celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu, et si au contraire celui qui n’est pas de Dieu ne peut les entendre, que chacun se demande si l’oreille de son cœur perçoit les paroles de Dieu, et il connaîtra à qui il appartient.

    La Vérité ordonne de désirer la patrie céleste, de fouler aux pieds les désirs de la chair, de fuir la gloire du monde, de ne point convoiter le bien d’autrui, et de donner généreusement ce que l’on possède. Que chacun de vous examine donc en lui-même si cette voix de Dieu frappe fortement l’oreille de son cœur, et il connaîtra s’il est déjà de Dieu.

    Il y en a quelques-uns qui ne daignent pas même écouter des oreilles du corps, les préceptes divins. Il en est d’autres qui les entendent, il est vrai, de l’oreille du corps, mais sans avoir dans l’âme aucun désir de les pratiquer. Il y en a d’autres encore, qui reçoivent volontiers les paroles de Dieu, au point même d’en être touchés jusqu’aux larmes, mais, aussitôt que ce moment d’émotion est passé, ils retournent au péché. Tous ceux-là n’écoutent assurément point les paroles de Dieu, puisqu’ils négligent de les mettre en pratique par leurs œuvres. Remettez donc votre vie passée devant les yeux de votre âme, mes très chers frères, et imprimez profondément dans vos cœurs, le sentiment de crainte que doivent inspirer ces paroles qui ont été prononcées par la Vérité même : « Si vous ne les écoutez point, c’est que vous n’êtes point de Dieu. »

    Mais ce que la Vérité dit des Juifs dignes d’être réprouvés, ces hommes condamnables le montrent eux-mêmes par leurs œuvres d’iniquité ; voici en effet ce qu’on lit après : « Les Juifs lui répondirent, et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que tu es un Samaritain, et qu’un démon est en toi ? » Écoutez ce que repartit le Seigneur, après avoir reçu un tel outrage : « II n’y a pas de démon en moi ; mais j’honore mon Père, et vous, vous me déshonorez. » Le mot Samaritain signifie gardien, et le Sauveur est véritablement lui-même ce gardien dont le Psalmiste a dit : « Si le Seigneur ne garde une cité, inutilement veille celui qui la garde »; et ce gardien auquel il est dit dans Isaïe : « Garde, où en est la nuit ? garde, où en est la nuit ? » Voilà pourquoi le Seigneur ne voulut pas répondre : Je ne suis pas un Samaritain, et dit seulement : « II n’y a pas de démon en moi. » Deux choses lui avaient été reprochées : il nia l’une, et convint de l’autre par son silence.

    Saint Grégoire le Grand, leçons des matines.

  • L’Annonciation

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    Mosaïque de Jacopo Torriti dans l’abside de la basilique Sainte-Marie Majeure. Elle montre qu’à la toute fin du XIIIe siècle il y avait encore à Rome des artistes qui respectaient les canons iconographiques.

    Le mot Annonciation vient directement du latin adnuntiatio, qui voulait dire d’abord annonce de l’évangile. Comme le mot grec qui désigne l’Annonciation, Εὐαγγελισμὸς, évangelismos, sur ev-angelio, littéralement la Bonne Nouvelle, mot qui contient angelos, le messager, comme dans le latin nuntius, mais angelos a donné ange, l’ange de l’Annonciation. De même en slavon l’Annonciation est Благовещение, blagovechtchenié, formé sur благовестие, blagovestnié, évangile, blago-vest : Bonne Nouvelle.

    En grec le titre complet de la fête est Ὁ Εὐαγγελισμὸς τῆς Ὑπεραγίας Θεοτόκου καὶ Ἀειπαρθένου Μαρίας : l’Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie ». En slavon Благовещение Пресвятой Владычицы нашей Богородицы и Приснодевы Марии : Annonciation de la Bienheureuse Notre Dame Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie. On remarque le curieux « annonciation de », alors qu’il s’agit de l’annonciation à.

    Voici le tropaire et le kondak de la fête de l’Annonciation par le chœur du monastère Sretenski à Moscou.

    Днесь спасения нашего главизна, и еже от века таинства явление, Сын Божий, Сын Девы бывает, и Гавриил благодать благовествует, тем же и мы с ним Богородице возопиим: радуйся, Благодатная, Господь с Тобою.

    Aujourd'hui, c'est l'aurore de notre salut, où se manifeste le mystère éternel: le Fils de Dieu devient fils de la Vierge et Gabriel annonce cette grâce. Avec l'Ange disons donc à la Mère de Dieu: Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Взбранной Воеводе победительная, яко избавльшеся от злых, благодарственная восписуем Ти, раби Твои, Богородице, но, яко имущая державу непобедимую, от всяких нас бед свободи, да зовем Ти: радуйся, Невесто Неневестная.

    Que retentissent nos accents de victoire en ton honneur, invincible Reine, toi qui nous sauves des périls du combat, Mère de Dieu, Vierge souveraine! Vers toi montent nos louanges, nos chants d'action de grâce. De ton bras puissant dresse autour de nous le plus solide des remparts, sauve-nous de tout danger, hâte-toi de secourir les fidèles qui te chantent: Réjouis-toi, Epouse inépousée.

  • Vendredi de la quatrième semaine de carême

    Doxastikon des laudes « du saint et juste Lazare », du « samedi de Lazare » qui précède les Rameaux dans la liturgie byzantine. (L’événement est quelque peu décalé dans la liturgie romaine et se limite à l’évangile.) Par le chœur des chantres de la métropole d’Alexandroupolis.

    Μέγα καὶ παράδοξον θαῦμα, τετέλεσται σήμερον! ὅτι νεκρὸν τεταρταῖον, ἐκ τάφου Χριστὸς φωνήσας ἤγειρε, καὶ φίλον ἐκάλεσε, δοξολογήσωμεν αὐτόν, ὡς ὑπερένδοξον, ὡς ταῖς πρεσβείαις, τοῦ δικαίου Λαζάρου, σώσῃ τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Un grand miracle paradoxal est célébré aujourd'hui : le Christ a relevé du tombeau à sa voix celui qui était mort depuis quatre jours. Il a rappelé celui qu'Il aimait. Glorifions-Le, Lui qui est plus haut que la gloire. Que par l'intercession du juste Lazare Il sauve nos âmes.

  • La messe

    Propos de Mgr Athanase Schneider à la confraternité Notre Dame de Fatima le 13 mars :

    « Le pape n'a pas le pouvoir d'abolir la messe traditionnelle, parce que c'est une propriété, un trésor de toute l'Église, de tous les saints, de l'Église de tous les temps. »

    « En raison de l'âge très vénérable et de l'usage constant et pérenne de cet ordo de la messe par tant de saints et de générations de catholiques, et par presque toutes les nations catholiques, le pape n'a pas le pouvoir de l'abolir purement et simplement. Tout comme le pape n'aurait pas le pouvoir d'abolir le credo apostolique et de le remplacer par une nouvelle formule, et d'interdire en même temps l'utilisation du credo apostolique. Il en va de même pour l'ordo de la messe : il s'agit d'une formule d'usage ancien et vénérable. »

    « Nous ne pouvons pas obéir à l'ordre d'un pape qui, de toute évidence, porte atteinte au bien spirituel de l'Église. Ce serait une fausse obéissance que de coopérer avec quelque chose qui nuit manifestement au bien spirituel des âmes et de l'Église tout entière. »

  • Jeudi de la quatrième semaine de carême

    L’hymne des vêpres pendant le carême, avec la belle adaptation en vers français de Lemaistre de Sacy, sous le pseudonyme de J. Dumont, dans les Heures de Port-Royal.

    Audi, benígne Cónditor,
    Nostras preces cum flétibus,
    In hoc sacro jejúnio
    Fusas quadragenário.

    Dieu dont nul de nos maux n'a les grâces bornées
    Refuge unique en nos douleurs,
    Dans ce jeûne sacré de quarante journées,
    Entends nos voix, reçois nos pleurs.

    Scrutátor alme córdium,
    Infírma tu scis vírium :
    Ad te revérsis éxhibe
    Remissiónis grátiam.

    Tu vois notre cœur faible, impuissant à bien faire
    Puisqu'à ton œil rien n'est caché.
    Fais grâce à des pécheurs dont le regret sincère
    Te cherche en quittant le péché.

    Multum quidem peccávimus,
    Sed parce confiténtibus :
    Ad laudem tui nóminis
    Confer medélam lánguidis.

    Grand Dieu, nous l'avouons, nous sommes très coupables,
    Mais nous t'offrons nos humbles vœux,
    Montre en daignant guérir nos langueurs incurables
    Que tu ne perds que l'orgueilleux.

    Sic corpus extra cónteri
    Dona per abstinéntiam ;
    Jejúnet ut mens sóbria
    A labe prorsus críminum.

    Fais qu'en ce jeûne saint l'abstinence pénible
    Afflige tellement la chair
    Que par un plus grand jeûne aux sens imperceptible
    L'âme s'abstienne de pécher.

    Præsta, beáta Trínitas,
    Concéde, simplex Unitas ;
    Ut fructuósa sint tuis
    Jejuniórum múnera. Amen.

    Trinité souveraine, unique roi du monde,
    Fais goûter aux vrais pénitents
    Les admirables fruits que ta grâce féconde
    Tire du jeûne en ce saint temps.

    Chanté par « los monjes del Monasterio de Santa Magdalena en Barroux », avec une traduction en espagnol en prime…

  • Mercredi de la quatrième semaine de carême

    Cette très longue préface du missel mozarabe est un commentaire en prière de l’évangile de ce jour (la guérison de l’aveugle né, Jean 9, 1-38). On en trouvera le texte latin dans l’Année liturgique de Dom Guéranger, en même temps que cette traduction.

    Il est juste et équitable que nous vous rendions grâces, Seigneur saint, Père éternel, Dieu tout-puissant, par Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur.

    Lui qui, répandant l’illumination de la foi, a chassé les ténèbres de ce monde, et a fait enfants de la grâce ceux qui étaient captifs sous la juste condamnation de la loi.

    Il est venu en ce monde pour exercer un jugement selon lequel ceux qui ne voyaient pas seraient appelés à voir, et ceux qui voyaient deviendraient aveugles : en sorte que ceux qui confesseraient les ténèbres de leurs erreurs recevraient la lumière éternelle qui les délivrerait des ombres du péché.

    Quant à ceux qui, fiers de leurs mérites, pensaient avoir en eux-mêmes la lumière de justice, ils devaient, par une juste raison, s’abîmer dans leurs propres ténèbres. Enflés d’orgueil et pleins de confiance en leur propre justice, ils ne songèrent pas à chercher le médecin qui pouvait les guérir. Ils étaient libres d’entrer par Jésus qui disait : Je suis la porte pour aller au Père ; mais parce que dans leur malice ils s’enorgueillissaient de leurs mérites, ils demeurèrent dans leur aveuglement.

    Nous venons donc dans l’humilité, ô Père très saint ! Ce n’est point en présumant de nos mérites que nous découvrons nos plaies devant votre autel ; nous confessons les ténèbres de nos erreurs, nous dévoilons le secret de nos consciences. Faites-nous trouver le remède à nos blessures, la lumière éternelle pour éclairer nos ténèbres, l’innocence pour purifier nos âmes. Nous désirons avec ardeur contempler votre face ; mais nos ténèbres ordinaires nous tiennent aveuglés. Nous voudrions voir le ciel, et nous ne le pouvons, ayant les yeux obscurcis par nos péchés ; nous n’avons point imité dans leur vie sainte ceux qui, à cause de leurs vertus, ont été appelés les Cieux.

    Venez donc à nous, ô Jésus ! à nous qui prions dans votre temple, et guérissez-nous tous en ce jour, vous qui n’avez pas voulu astreindre au Sabbat ceux qui opèrent vos merveilles. Nous découvrons nos blessures devant la majesté de votre saint Nom ; appliquez le remède à nos infirmités. Secourez vos suppliants, vous qui de rien nous avez créés, faites un collyre, et touchez les yeux de notre cœur et de notre corps, de peur que notre aveuglement ne nous fasse retomber dans les ténèbres de l’erreur. Nous arrosons vos pieds de nos larmes ; ne repoussez point nos abaissements.

    O bon Jésus ! que nous ne quittions point vos pieds sacrés, vous qui êtes venu sur la terre dans l’humilité. Écoutez la prière de nous tous, et, dissipant l’aveuglement de nos crimes, faites-nous voir la gloire de votre face dans l’heureux séjour de l’éternelle paix.

    Audi jam nostrorum omnium precem : et evellens nostrorum criminum cæcitatem : videamus gloriam faciei tuæ in pacis æternæ beatitudine.

  • Leur Eglise

    Le cardinal Arthur Roche, préfet du dicastère pour le culte divin, déclare que s’il faut éliminer la messe traditionnelle, c’est parce que « la théologie de l’Eglise a changé ».

    Excellente réponse de « Father V » :

    « Non, la théologie de l'Église ne peut pas changer.  Mais le fait que les pouvoirs actuels croient qu'elle peut changer est tout ce qu'il faut savoir sur la racine de notre crise actuelle. »

    Mais en quoi la théologie de l’Eglise aurait-elle changé concernant la messe ? Et en quoi le concile Vatican II aurait-il changé la théologie de la messe ? (Puisque l’argument est bien sûr que ceux qui veulent la messe traditionnelle s’opposent à Vatican II et, comme le dit Roche lui-même, sont davantage protestants que catholiques…)

    La théologie de la messe dans la constitution Sacrosanctum Concilium est la théologie traditionnelle, dans la ligne de l’encyclique de Pie XII Mediator Dei. « La théologie des deux textes – que l’on ne s’y trompe pas – est fondamentalement la même », a écrit dans une étude sur la question Mgr de Moulins-Beaufort, qui n’est pas un ami de la liturgie traditionnelle…

    Le cardinal Roche dit : « Alors qu'auparavant le prêtre représentait, à distance, tout le peuple - ils étaient canalisés par cette personne qui était la seule à célébrer la messe, aujourd'hui ce n'est pas seulement le prêtre qui célèbre la liturgie, mais aussi ceux qui sont baptisés avec lui, et c'est une constatation capitale à faire. »

    Pour faire bref, le cardinal Roche fait semblant de ne pas savoir que la messe traditionnelle fait dire au prêtre à l’offertoire : « Nous vous offrons pour eux, ou ils vous offrent eux-mêmes, ce sacrifice de louange », et avant le canon, retourné vers les fidèles : « mon sacrifice, qui est aussi le vôtre ».

  • Mardi de la quatrième semaine de carême

    La famille de Jésus aurait aimé que le Sauveur, par ses prodiges et par son éloquence, appelât l’attention sur soi, spécialement dans la capitale et en un jour solennel ; Lui, au contraire, préfère l’obscurité et l’humilité, et, s’il monte à Jérusalem, c’est en cachette et sans aucun apparat ressemblant à un drame messianique. C’est qu’il ne se recherche pas Lui-même, ni sa propre gloire, mais seulement l’honneur du Père.

    Du reste, aux Juifs qui voulaient toujours voir des miracles, Il donnait l’une des plus fortes preuves de sa divinité, en ce que, malgré toute la haine que Lui portait le Sanhédrin, Il le défiait en se montrant en public, prêchant, guérissant les malades ; et, jusqu’à ce qu’arrivât l’heure établie par Lui-même, personne ne put Lui toucher un cheveu. Quand, par la suite, cette heure bénie arriva, les Juifs, dans la passion même du Christ, ne purent Lui faire rien de plus que ce qui avait été prédit par l’Esprit Saint parlant par les Prophètes, de nombreux siècles auparavant. Les moindres circonstances de temps, de lieu et de personne avaient été prévues, si bien que saint Pierre priant put dire que le Sanhédrin avait conspiré contre le Christ : Facere quæ manus et consilium tuum decreverunt fieri.

    Bienheureux cardinal Schuster

    Le Sanhédrin a conspiré contre le Christ pour « faire ce que ta main et ton conseil, (Seigneur), avaient décrété qu’il soit fait », dit le texte des Actes des apôtres (4,28). Le cardinal Schuster souligne opportunément cet aspect essentiel de la prière des apôtres et des disciples après que Pierre et Jean furent relâchés par le Sanhédrin. Voici le texte intégral de cette prière, qui contient les deux mouvements de toute antique prière juive (généralement bien plus longue) : le rappel de ce que Dieu a créé, l’exposé du problème vécu, le « et maintenant » qui introduit la demande. La prière cite seulement le psaume 2, mais de fait toutes les circonstances de la Passion se trouvent dans les psaumes et les prophètes.

    Seigneur, c'est vous qui avez fait le ciel et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent ; vous qui avez dit par l'Esprit Saint, par la bouche de notre père David, votre serviteur : Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains projets ? Les rois de la terre se sont soulevés, et les princes se sont ligués ensemble contre le Seigneur et contre son Christ (psaume 2). Car Hérode et Ponce Pilate se sont vraiment ligués dans cette ville avec les gentils et le peuple d'Israël, contre votre saint serviteur Jésus, que vous avez oint, pour faire ce que votre main et votre conseil avaient décrété qu’il soit fait. Et maintenant, Seigneur, regardez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d'annoncer votre parole en toute confiance, en étendant votre main pour opérer des guérisons, des signes et des prodiges, par le nom de votre saint Fils Jésus.