Considérez, mes très chers frères, la mansuétude de Dieu. Le Sauveur était venu effacer les péchés du monde, et il disait : « Qui de vous me convaincra de péché ? » Il ne dédaigne pas de montrer par le raisonnement qu’il n’est pas un pécheur, lui qui, par la vertu de sa divinité, avait le pouvoir de justifier les pécheurs.
Les paroles qui suivent sont vraiment terribles : « Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les écoutez point c’est que vous n’êtes point de Dieu. » Si donc celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu, et si au contraire celui qui n’est pas de Dieu ne peut les entendre, que chacun se demande si l’oreille de son cœur perçoit les paroles de Dieu, et il connaîtra à qui il appartient.
La Vérité ordonne de désirer la patrie céleste, de fouler aux pieds les désirs de la chair, de fuir la gloire du monde, de ne point convoiter le bien d’autrui, et de donner généreusement ce que l’on possède. Que chacun de vous examine donc en lui-même si cette voix de Dieu frappe fortement l’oreille de son cœur, et il connaîtra s’il est déjà de Dieu.
Il y en a quelques-uns qui ne daignent pas même écouter des oreilles du corps, les préceptes divins. Il en est d’autres qui les entendent, il est vrai, de l’oreille du corps, mais sans avoir dans l’âme aucun désir de les pratiquer. Il y en a d’autres encore, qui reçoivent volontiers les paroles de Dieu, au point même d’en être touchés jusqu’aux larmes, mais, aussitôt que ce moment d’émotion est passé, ils retournent au péché. Tous ceux-là n’écoutent assurément point les paroles de Dieu, puisqu’ils négligent de les mettre en pratique par leurs œuvres. Remettez donc votre vie passée devant les yeux de votre âme, mes très chers frères, et imprimez profondément dans vos cœurs, le sentiment de crainte que doivent inspirer ces paroles qui ont été prononcées par la Vérité même : « Si vous ne les écoutez point, c’est que vous n’êtes point de Dieu. »
Mais ce que la Vérité dit des Juifs dignes d’être réprouvés, ces hommes condamnables le montrent eux-mêmes par leurs œuvres d’iniquité ; voici en effet ce qu’on lit après : « Les Juifs lui répondirent, et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que tu es un Samaritain, et qu’un démon est en toi ? » Écoutez ce que repartit le Seigneur, après avoir reçu un tel outrage : « II n’y a pas de démon en moi ; mais j’honore mon Père, et vous, vous me déshonorez. » Le mot Samaritain signifie gardien, et le Sauveur est véritablement lui-même ce gardien dont le Psalmiste a dit : « Si le Seigneur ne garde une cité, inutilement veille celui qui la garde »; et ce gardien auquel il est dit dans Isaïe : « Garde, où en est la nuit ? garde, où en est la nuit ? » Voilà pourquoi le Seigneur ne voulut pas répondre : Je ne suis pas un Samaritain, et dit seulement : « II n’y a pas de démon en moi. » Deux choses lui avaient été reprochées : il nia l’une, et convint de l’autre par son silence.
Saint Grégoire le Grand, leçons des matines.
Commentaires
Jéroboam, fondateur du royaume d'Israël, était membre de la tribu de Joseph. Or Joram, roi de Juda, épousa une fille (ou une petite-fille) d'Omri, roi d'Israël. De cette Athalie naquit le roi de Juda Ozias, encore appelé Azarias ou Ochozias, que saint Matthieu mentionne dans la généalogie du Christ.
Membre de la tribu de Juda et descendant des rois de Juda, le Christ avait donc aussi parmi ses ancêtres des rois d'Israël, membres de la tribu de Joseph, que la Samaritaine appelle "notre père Joseph". Notre Seigneur était samaritain par les femmes.
Le puits de Jacob ne préfigurerait-il pas aussi le Christ ?