Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 64

  • Saint Joseph

    image.jpg

    Icône de Hanania Al-Musawwer, d’Alep, 1719. Monastère grec-catholique melkite (Ordre basilien choueirite) Saint-Jean-Baptiste de Khenchara (Liban). Influence latine (il n’existe pas d’icône canonique de saint Joseph), et spécifiquement jésuite (le couronnement de saint Joseph).

    Hymne des vêpres

    Te, Joseph, célebrent ágmina cǽlitum,
    Te cuncti résonent christíadum chori,
    Qui clarus méritis, iunctus est ínclitæ
    Casto fœ́dere Vírgini.

    Joseph ! Que les troupes célestes te célèbrent,
    Que te chantent tous les chœurs des chrétiens !
    Ton mérite éclatant te valut la chaste alliance
    Qui t’unit à l’auguste Vierge.

    Almo cum túmidam gérmine cóniugem
    Admírans, dúbio tángeris ánxius,
    Afflátu súperi Fláminis Angelus
    Concéptum Púerum docet.

    Lorsque tu vis gonfler le sein de ta fiancée,
    Ton étonnement devint doute angoissant.
    Un Ange vint t’avertir que l’enfant était conçu
    D’un Souffle venu d’En-haut.

    Tu natum Dóminum stringis, ad éxteras
    Ægýpti prófugum tu séqueris plagas;
    Amíssum Sólymis quæris, et ínvenis,
    Miscens gáudia flétibus.

    Le Seigneur né, tu le serres dans tes bras ;
    Avec lui tu fuis au lointain pays d’Egypte ;
    Perdu à Jérusalem, tu le cherches, tu le trouves,
    Tes larmes coulent de joie.

    Post mortem réliquos sors pia cónsecrat,
    Palmámque eméritos glória súscipit:
    Tu vivens, Súperis par, frúeris Deo,
    Mira sorte beátior.

    Les autres c’est après leur mort qu’un sort heureux les consacre,
    Que la palme de la gloire récompense leurs mérites ;
    Toi, ton sort est plus heureux : c’est vivant, égal à ceux d’En-haut,
    Que Dieu présent fait ta joie.

    Nobis, summa Trias, parce precántibus,
    Da Joseph méritis sídera scándere:
    Ut tandem líceat nos tibi pérpetim
    Gratum prómere cánticum.
    Amen.

    Trinité souveraine, exauce nos prières :
    Par les mérites de Joseph accorde-nous de monter au ciel,
    Afin qu’il nous soit permis de te chanter à jamais
    Une hymne de merci.

    (Traduction du site du sanctuaire Saint Joseph de Bon Espoir.)

  • Quatrième dimanche de carême

    Le propre de la messe par les moines d’En Calcat en 1956.

    Introït

    Lætáre, Jerúsalem : et convéntum fácite, omnes qui dilígitis eam : gaudéte cum lætítia, qui in tristítia fuístis : ut exsultétis, et satiémini ab ubéribus consolatiónis vestræ.
    Lætátus sum in his, quæ dicta sunt mihi : in domum Dómini íbimus.

    Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez ; tressaillez de joie avec elle, vous qui avez été dans la tristesse afin que vous exultiez et soyez rassasiés à la mamelle de vos consolations. (Isaïe 66)
    Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. (Psaume 121)

    Graduel (à 4’12)

    Lætátus sum in his, quæ dicta sunt mihi : in domum Dómini íbimus. ℣. Fiat pax in virtúte tua : et abundántia in túrribus tuis.

    Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. Que la paix soit dans tes forteresses, et l’abondance dans tes tours. (Psaume 121)

    Trait (à 6’14)

    Qui confídunt in Dómino, sicut mons Sion : non commovébitur in ætérnum, qui hábitat in Jerúsalem. ℣. Montes in circúitu eius : et Dóminus in circúitu pópuli sui, ex hoc nunc et usque in sǽculum.

    Ceux qui se confient dans le Seigneur, sont comme la montagne de Sion. Il ne sera jamais ébranlé, celui qui habite dans Jérusalem. Des montagnes sont autour d’elle ; et le Seigneur est autour de son peuple, dès maintenant et à jamais. (Psaume 124)

    Offertoire (à 9’18)

    Laudáte Dóminum, quia benígnus est : psállite nómini eius, quóniam suávis est : ómnia, quæcúmque vóluit, fecit in cælo et in terra.

    Louez le Seigneur, car il est bon : chantez à la gloire de son nom, car il est doux : tout ce qu’il a voulu, le Seigneur l’a fait au ciel et sur la terre. (Psaume 134)

    Communion (à 11’02)

    Jerúsalem, quæ ædificátur ut cívitas, cujus participátio ejus in idípsum : illuc enim ascendérunt tribus, tribus Dómini, ad confiténdum nómini tuo. Dómine.

    Jérusalem qui est bâtie comme une ville, dont toutes les parties se tiennent ensemble. Car c’est là que montaient les tribus, les tribus du Seigneur, pour célébrer votre nom, ô Seigneur ! (Psaume 121)

  • Samedi de la troisième semaine de carême

    « Suzanne entra, comme la veille et l'avant-veille, accompagnée seulement de deux jeunes filles et eut l'intention de se baigner dans le jardin, car il faisait chaud. » Quel est ce jour convenable sinon celui de Pâques ? C'est en ce jour qu'est préparé dans le Jardin le Bain, (qui doit rafraîchir) ceux que le (feu) devrait consumer, et que l'Église, lavée comme le fut Suzanne, se tient devant Dieu comme une épousée jeune et pure. Et, tout comme les deux servantes qui accompagnaient Suzanne, la foi et la charité, accompagnant l'Église, préparent pour ceux qu'on lave, l'huile et les savons. Que sont les savons sinon les commandements du Verbe ? Qu'est l'huile, sinon les puissances de l'Esprit ? Voilà ce qui sert de parfum pour oindre les croyants après le bain. Voilà ce que préfigurait autrefois la bienheureuse Suzanne, pour que, aujourd'hui, nous qui croyons en Dieu, nous ne trouvions pas étrange ce qui se passe de nos jours dans l'Église, mais que nous croyions que tout cela a été préfiguré autrefois par les patriarches, selon la parole de l'Apôtre : Ces choses sont arrivées pour eux en figure, mais ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des temps.

    Quand l'Écriture dit : « Elle entra comme la veille et l'avant-veille, accompagnée seulement de deux servantes et eut l'intention de se baigner dans le jardin », cela s'explique ainsi : quand l'Église désire recevoir le Bain spirituel, deux servantes doivent de toute nécessité l'accompagner : c'est par la foi au Christ et par l'amour de Dieu que l'Église, en pénitente, reçoit le Bain.

    Saint Hippolyte, Commentaire sur Daniel. Deux curiosités : saint Hippolyte est le seul anti-pape canonisé (parce qu’il est mort martyr après s’être réconcilié avec Rome) ; son commentaire sur Daniel est le premier commentaire patristique connu d’un livre de la Bible (vers 204) .

  • Vendredi de la troisième semaine

    Quelques images de la Samaritaine dans l'évangile de ce jour, que la tradition grecque (puis latine) appelle sainte Photine et la tradition slave sainte Svetlana, convertie et devenue martyre. Dans les icônes (voir les images 5, 6, 7), le puits a souvent la forme d'un baptistère.

    1 fotina28.jpg

    Catacombes de la Via Latina, Rome, IVe siècle.

    4 11_vek_evangelie_dionisiat.jpg

    Miniature d’un Evangile, Byzance, XIe siècle.

    2 fotina4.jpg

    Monastère de la Transfiguration de Pskov, XIIe siècle.

    5 41424.b.jpg

    Miniature d’un Evangile, Byzance, XIIIe siècle.

    8 Le-Christ-rencontre-la-Samaritaine.jpeg

    Manuel Panselinos, Athos, vers 1290.

    3 fotina34.jpg

    Monastère du Pantocrator, Athos, XVIe siècle.

    6 290350.p.jpg

    Monastère de Saint Denys, Athos.

    7 Le-Christ-et-la-Samaritaine.jpg

    Icône russe, XVIIIe siècle.

     

  • Jeudi de la troisième semaine de carême

    Il vint à Nazareth, où il avait été élevé ; et il entra selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue. (…) Il y avait dans la synagogue un homme possédé d’un démon impur (…) Jésus le menaça, en disant : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon, l’ayant jeté à terre au milieu de l’assemblée, sortit de lui (…) Etant sorti de la synagogue, Jésus entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une forte fièvre ; et ils le prièrent pour elle. Alors, debout auprès d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. (…) Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses maladies les lui amenaient. Et lui, imposant les mains sur chacun d’eux, les guérissait. (Saint Luc, 4)

    C’est le jour du Sabbat que le Seigneur commence son œuvre de guérison : ainsi la nouvelle création commence là où l’ancienne s’était arrêtée et, dès le début, il est manifeste que le Fils de Dieu n’est pas soumis à la loi, mais au-dessus d’elle, qu’il ne détruit pas la loi, mais l’accomplit. Car le monde a été fait non par la loi, mais par le Verbe. Nous lisons : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis. » (psaume 32) La loi n’est donc pas détruite, mais accomplie, afin de renouveler l’homme jadis déchu. Aussi l’Apôtre dit : « Dépouillant le vieil homme, revêtez-vous du nouveau, qui a été créé selon Dieu. » (Colossiens 3,9)

    Aussi bien le Sauveur commence-t-il le jour du Sabbat : il montre ainsi qu’il est le Créateur qui entrelace les œuvres dans la trame des œuvres et poursuit l’ouvrage qu’il a lui-même commencé. Comme le constructeur qui entreprend de réparer une maison ne commence point par démolir ce qui est délabré dans les fondations, mais bien ce qui est caduc dans la toiture. Il met donc d’abord la main là où il s’était autrefois arrêté ; par conséquent il commence par les choses moindres pour en venir aux plus grandes. Délivrer du démon, même des hommes le peuvent, mais par le Verbe de Dieu ; commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la seule puissance divine. Sous la figure de cette femme, la belle-mère de Pierre et d’André, peut-être était-ce notre chair qui souffrait des fièvres variées des péchés et s’enflammait de convoitises immodérées ? La fièvre de ta passion n’est pas moindre, dirais-je, que celle de la température. Cette fièvre-là brûle l’âme, l’autre le corps. Car notre fièvre, c’est l’avarice ; notre fièvre, c’est la débauche ; notre fièvre, c’est la luxure ; notre fièvre, c’est l’ambition ; notre fièvre, c’est la colère.

    Saint Ambroise

  • Mercredi de la troisième semaine de carême

    Dans l’évangile de ce jour, Jésus répond à ses disciples à propos des pharisiens scandalisés par ce qu’il vient de dire (« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme ») :

    « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. »

    Cette phrase ne se trouve pas dans les autres évangiles.

    Les Constitutions apostoliques commencent ainsi : « L’Eglise est la plantation de Dieu et sa vigne choisie. » Jésus ne reprend pas ici l’image bien connue de la vigne. La plantation dont il parle (c’est le même mot : phyteia, plantatio, qui veut dire d’abord plantation, puis plante) établit un parallèle entre l’Eglise et le paradis. « Au principe le Seigneur Dieu avait planté un paradis de volupté dans lequel il avait posé l’homme qu’il avait façonné », dit la Genèse. L’Eglise est le nouveau paradis où les arbres sont les chrétiens plantés par Dieu. Dans les Odes de Salomon, texte apocryphe du IIe siècle, le roi sage chante :

    Mes fondations furent placées par la main du Seigneur ; car c'est bien lui qui m'a planté : c'est lui qui a placé la racine, l'a arrosée, affermie et bénie, et ses fruits existent pour l'éternité. Il l'a enfoncée, l'a fait monter et croître ; et l'a remplie [de sève], et elle est devenue grande. Au Seigneur seul revient la gloire de sa plantation et de sa culture, de ses soins et de la bénédiction de ses lèvres, de la belle plantation de sa droite, de la beauté de sa plantation et de la notification de sa pensée.

    C’est par le baptême que l’homme est planté par Dieu dans le jardin de l’Eglise. Le baptême qui fait les néophytes : néo-phytos, les nouvelles plantes. Le baptême étant administré par les apôtres au nom du Seigneur, on dira aussi que ce sont les apôtres qui plantent. Dans l’Ascension d’Isaïe, autre texte apocryphe du début du christianisme, il est dit qu’aux derniers temps le « roi de ce monde » Béliar « persécutera la plantation qu’auront plantée les douze apôtres ». On pense bien sûr à la première épître de saint Paul aux Corinthiens : « Moi j’ai planté, Apollo a arrosé, mais c’est Dieu qui fait croître. »

    Saint Ignace d’Antioche emploie lui aussi le mot de « plantation », phyteia, pour désigner l’Eglise. Et les plantes que le Père n’a pas plantées sont les hérétiques. Il écrit aux Tralliens : « Fuyez donc ces mauvaises plantes parasites : elles portent un fruit qui donne la mort, et si quelqu’un en goûte, il meurt sur-le-champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père. » Et aux Philadelphiens : « Abstenez-vous des plantes mauvaises que Jésus-Christ ne cultive pas, parce qu’elles ne sont pas une plantation du Père. »

    « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. » Cette phrase de Jésus au milieu de l’évangile du jour peut passer presque inaperçue. Mais pas des catéchumènes, qui se préparent pendant le carême à devenir à Pâques la nouvelle plantation du Père.

  • Mardi de la troisième semaine de carême

    L’hymne des laudes au temps du carême, traduction Pierre Corneille, par le chœur de l’abbaye de Buckfast, Angleterre.

    Jam Christe, sol justitiæ,
    Mentis diescant tenebræ,
    Virtutum ut lux redeat,
    Terris diem cum reparas.

    Jésus, vrai soleil de justice,
    De l’âme ténébreuse éclaire enfin les yeux,
    Et fais que des vertus la lumière propice
    Y rentre en même temps que le jour en ces lieux.

    Dans tempus acceptabile,
    Et pœnitens cor tribue,
    Convertat ut benignitas
    Quos longa suffert pietas.

    Nous donnant ces jours favorables,
    Imprime au fond des cœurs un sacré repentir :
    Ta pitié trop longtemps les a soufferts coupables ;
    Par ta bénignité daigne les convertir.

    Quiddamque pænitentiæ
    Da ferre, quamvis gravium,
    Majore tuo munere,
    Quo demptio fit criminum.

    Fais-nous par quelque pénitence
    Obtenir le pardon des plus affreux péchés :
    Plus elle sera rude, et plus de ta clémence
    Nous bénirons la force et les trésors cachés.

    Dies venit, dies tua,
    In qua reflorent omnia :
    Lætemur in hac ut tuam
    Per hanc reducti gratiam.

    Ce jour vient, ce jour salutaire
    Où par tout l’univers tu fais tout refleurir :
    Ramène en ce grand jour au chemin de te plaire
    Ceux qu’à toi ce grand jour oblige à recourir.

    Te rerum universitas,
    Clemens adoret Trinitas ;
    Et nos novi per veniam
    Novum canamus canticum. Amen.

    Qu’en tous lieux t’adore un vrai zèle,
    Grand Dieu, dont la bonté nous tire du tombeau ;
    Tandis que renaissants par ta grâce nouvelle,
    Nous chantons à ta gloire un cantique nouveau.

  • Lundi de la troisième semaine de carême

    73653_original.jpg

    Gustave Doré : Joseph se fait reconnaître par ses frères,

     

    Deuxième répons des matines

    ℟. Iste est frater vester mínimus, de quo dixerátis mihi ? Deus misereátur tibi, fili mi. * Festinavítque in domum, et plorávit : quia erumpébant lácrimæ, et non póterat se continére.
    . Attóllens autem Joseph óculos, vidit Bénjamin stántem: et commóta sunt ómnia víscera ejus super fratre suo.
    ℟. Festinavítque in domum, et plorávit: quia erumpébant lácrimæ, et non póterat se continére.

    ℟. Celui-ci est-il votre plus jeune frère dont vous m’avez parlé ? Dieu te soit miséricordieux, mon fils. * Et il se hâta de se retirer dans son appartement, et il pleura ; car les larmes jaillissaient et il ne pouvait se contenir.
    . Mais Joseph levant les yeux, vit Benjamin debout devant lui, et toutes ses entrailles s’émurent au sujet de son frère.
    ℟. Et il se hâta de se retirer dans son appartement, et il pleura ; car les larmes jaillissaient et il ne pouvait se contenir.

    Ce répons paraît reprendre textuellement le texte de la Genèse, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Il l’utilise librement, et dans une version un peu différente de celle de la Vulgate :

    Attollens autem Joseph oculos, vidit Benjamin fratrem suum uterinum, et ait : Iste est frater vester parvulus, de quo dixeratis mihi ? Et rursum : Deus, inquit, misereatur tui, fili mi. Festinavitque, quia commota fuerant viscera ejus super fratre suo, et erumpebant lacrimæ : et introiens cubiculum flevit.

  • Troisième dimanche de carême

    La lecture biblique de cette semaine est l’histoire de Joseph (les 14 derniers chapitres de la Genèse). Voici les leçons du deuxième nocturne des matines, tirées du livre de saint Ambroise « de sancto Joseph ».

    C’est pour les autres une règle de conduite que la vie des saints. Aussi l’Ecriture nous en offre-t-elle une série ample et ordonnée. Cette lecture nous fait connaître Abraham, Isaac, Jacob et d’autres justes. Leur vie, tel un sentier d’innocence, frayé par leur vertu, s’ouvre aux pas de notre imitation. J’ai eu souvent déjà l’occasion d’en parler. Aujourd’hui se présente l’histoire du saint patriarche Joseph. De nombreuses vertus le signalent à notre admiration, mais c’est la chasteté qui brille en lui d’un éclat sans pareil. Ainsi donc, nous avons reçu d’Abraham l’enseignement d’une inlassable dévotion de foi, d’Isaac, celui d’une parfaite pureté de cœur, de Jacob, celui d’une remarquable fermeté d’âme et de patience dans les épreuves. Il convient de passer de la considération de ces types généraux de vertus à des enseignements plus particuliers.

    Que le saint patriarche Joseph nous apparaisse donc comme un miroir de chasteté. En sa conduite et en ses actes brille la pudeur et se répand l’éclat de ce charme inséparable de la chasteté. C’est pour cela même que ses parents l’aimaient plus que leurs autres fils. Or, de cette préférence naquit la haine. C’est un fait à ne pas oublier, car il commande tout l’enchaînement de l’histoire ; de plus, nous apprenons par là que l’homme parfait ne se laisse pas ébranler par la violence d’une douleur à venger et ne rend pas le mal pour le mal. Aussi David a-t-il dit : « Si j’ai rendu le mal à qui me le faisait [que je tombe devant mes ennemis]. »

    En effet, pourquoi Joseph aurait-il mérité qu’on le préfère aux autres, s’il avait voulu faire du tort à qui lui en faisait, et aimer seulement qui l’aimait ? Cela, la plupart le font. Mais voici ce qui est admirable, c’est d’aimer son ennemi, comme le Sauveur l’enseigne. Il mérite à bon droit qu’on l’admire, celui qui a fait cela avant l’Evangile. Offensé, il ne tient pas rigueur ; attaqué, il pardonne ; vendu, il ne compte pas le dommage, mais au contraire, il paie en bienfait le prix de l’outrage. Cela, l’Evangile nous l’a appris à tous, et nous ne savons pas l’observer. Même les saints ont éprouvé la haine, apprenons-le pour imiter leur patience et sachons qu’ils n’étaient pas d’une nature supérieure à la nôtre, mais d’une plus généreuse fidélité au devoir. Ils n’ont pas ignoré le vice, mais ils ont su le vaincre. Si donc la brûlure de la haine a touché même les saints, combien plus ne faut-il pas craindre qu’elle n’atteigne les pécheurs ?

  • Jacob le Trompeur ?

    L’« épître » de la messe de ce jour est l’histoire de Jacob qui, obéissant à sa mère, se fait passer pour son frère aîné Esaü afin d'obtenir la bénédiction de son père. La soi-disant Bible de la liturgie fait dire à Esaü : « Est-ce parce qu’on lui a donné le nom de Jacob (c’est-à-dire : le Trompeur) que, par deux fois, celui-ci m’a trompé ? Il a volé mon droit d’aînesse et voici que, maintenant, il a volé ma bénédiction. »

    Il est absurde d’imaginer que qui que ce soit puisse donner à son fils le nom de Trompeur, et il est impie de le penser quand il s’agit d’un saint patriarche donnant un nom à un saint patriarche.

    La Vulgate dit : supplantavit : il m’a supplanté. Le grec dit : ἐπτέρνικεν : il m’a supplanté. L’hébreu que nous avons dit : yaqabe : il m'a supplanté.

    Le jeu de mot sur Jacob, en hébreu Ya’aqob, vient de ce que ce sont les mêmes consonnes (les lettres qui structurent les mots et sont les seules écrites) que le verbe supplanter conjugué : y-q-b. Ce verbe vient du mot qui signifie « talon » : aqeb. Il en est de même en grec : le verbe est pternizo, qui est directement construit sur pternis (πτέρνης) : le talon. Le sens littéral est : frapper quelqu’un du talon, donc le supplanter.

    Cela renvoie naturellement à la naissance des deux frères. Jacob est explicitement appelé ainsi parce qu’il naît en tenant le talon de son frère jumeau. C’est ainsi en hébreu comme en grec. Le génie de saint Jérôme a été de conserver le lien entre la naissance et l’épisode de la bénédiction en utilisant un autre mot parce que le latin ne permettait pas d’avoir le même mot pour le talon et le fait de supplanter : Il est parti de supplanter, précisément, supplantavit, pour dire que Jacob est né en tenant la plante du pied d’Esaü : plantam.

    Esaü dit que Jacob l’a supplanté, et non « trompé », deux fois, parce que déjà il lui avait pris son droit d’aînesse, et que dans cet épisode il n’y avait eu aucune tromperie. Et Esaü ne dit pas que Jacob lui a « volé » son droit d’aînesse, parce que ce n’est pas vrai : Esaü a échangé son droit d’aînesse contre un plat de lentilles parce qu’il avait faim... Tant en hébreu qu’en grec et en latin Esaü dit que Jacob lui a « pris » son droit d’aînesse, ce qui est déjà très exagéré.

    Pour ce qui concerne la fin de la péricope, à savoir la bénédiction donnée à Esaü, je reproduis ci-dessous la question qui m’avait été posée en 2016, et ma réponse :

    Lire la suite