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Liturgie - Page 62

  • Vendredi Saint

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    Christ de La Trinité de Belpuig, XIIe siècle.

    Crucem tuam adorámus, Dómine : et sanctam resurrectiónem tuam laudámus et glorificámus : ecce enim, propter lignum venit gaudium in univérso mundo.
    . Deus misereátur nostri et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos et misereátur nostri.

    Nous adorons votre Croix, Seigneur ; nous célébrons et glorifions votre sainte résurrection, car c’est par la croix que la joie a reparu dans le monde entier.
    . Que Dieu ait pitié de nous et nous bénisse : qu’il nous manifeste sa bienveillance et nous fasse miséricorde.

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    podcast

    Extrait d’un coffret de huit disques "La Semaine Sainte à Montserrat", enregistrés en direct pendant la Semaine Sainte de 1964 (production allemande Ariola-Eurodisc).

  • Jeudi Saint

    Homélie de Benoît XVI le Jeudi Saint 2009 en la basilique Saint Jean de Latran (photo prise lors de cette messe).

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    Qui, pridie quam pro nostra omniumque salute pateretur, hoc est hodie, accepit panem : ainsi dirons-nous aujourd’hui dans le Canon de la Messe. « Hoc est hodie » - la Liturgie du Jeudi Saint insère dans le texte de la prière le mot « aujourd’hui », soulignant ainsi la dignité particulière de cette journée. C’est aujourd’hui qu’Il l’a fait : pour toujours, il s’est donné lui-même à nous dans le Sacrement de son Corps et de son Sang. Cet « aujourd’hui » est avant toute chose le mémorial de la Pâques d’alors. Mais il est davantage encore. Avec le Canon, nous entrons dans cet « aujourd'hui ». Notre aujourd'hui rejoint son aujourd'hui. Il fait cela maintenant. Par le mot « aujourd'hui », la Liturgie de l’Église veut nous amener à porter une grande attention intérieure au mystère de ce jour, aux mots dans lesquels il est exprimé. Cherchons donc à écouter de façon neuve le récit de l’institution comme l’Église l’a formulé sur la base de l’Écriture, tout en contemplant le Seigneur.

    En premier lieu, il est frappant que le récit de l’institution ne soit pas une phrase autonome, mais qu’il débute par un pronom relatif : qui pridie. Ce « qui » rattache le récit entier aux paroles précédentes de la prière, « … qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur ». De cette façon, le récit est lié à la prière précédente, à l’ensemble du Canon, et il devient lui-même une prière. Ce n’est pas simplement un récit qui est ici inséré, et il ne s’agit pas davantage de paroles d’autorité indépendantes, qui viendraient interrompre la prière. C’est une prière. C’est seulement dans la prière que s’accomplit l’acte sacerdotal de la consécration qui devient transformation, transsubstantiation de nos dons du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. En priant, en cet instant capital, l’Église est en accord total avec l’événement du Cénacle, puisque l’agir de Jésus est décrit par ces mots : « gratias agens benedixit – il rendit grâce par la prière de bénédiction ». Par cette expression, la Liturgie romaine a énoncé en deux mots ce qui dans l’hébreu berakha n’est qu’un seul mot et qui dans le grec apparaît en revanche à travers les deux termes eucharistie et eulogie. Le Seigneur rend grâce. En rendant grâce, nous reconnaissons que telle chose est un don que nous recevons d’un autre. Le Seigneur rend grâce et par là il rend à Dieu le pain, fruit de la terre et du travail des hommes, pour le recevoir à nouveau de Lui. Rendre grâce devient bénir. Ce qui a été remis entre les mains de Dieu, nous est retourné par Lui béni et transformé. La Liturgie romaine a raison, donc, en interprétant notre prière en ce moment sacré par les paroles : « offrons », « supplions », « prions d’accepter », « de bénir ces offrandes ». Tout cela est contenu dans le terme « eucharistie ».

    Il y a une autre particularité dans le récit de l’institution rapporté dans le Canon romain, que nous voulons méditer en ce moment. L’Église priante regarde les mains et les yeux du Seigneur. Elle veut comme l’observer, elle veut percevoir le geste de sa prière et de son agir en cette heure singulière, rencontrer la figure de Jésus, pour ainsi dire, même à travers ses sens. “Il prit le pain dans ses mains très saintes…”. Regardons ces mains avec lesquelles il a guéri les hommes ; les mains avec lesquelles il a béni les enfants ; les mains, qu’il a imposées aux hommes ; les mains qui ont été clouées à la Croix et qui pour toujours porteront les stigmates comme signes de son amour prêt à mourir. Maintenant nous sommes chargés de faire ce qu’Il a fait : prendre entre les mains le pain pour que, par la prière eucharistique, il soit transformé. Dans l’Ordination sacerdotale, nos mains ont reçu l’onction, afin qu’elles deviennent des mains de bénédiction. En cette heure, prions le Seigneur pour que nos mains servent toujours plus à porter le salut, à porter la bénédiction, à rendre présente sa bonté !

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  • Mercredi Saint

    Ne avértas fáciem tuam a púero tuo, quóniam tríbulor : velóciter exáudi me. ℣. Salvum me fac, Deus, quóniam intravérunt aquæ usque ad ánimam meam : infíxus sum in limo profúndi, et non est substántia.

    Ne cachez pas votre face à votre serviteur, parce que je suis dans l’angoisse : vite, exaucez-moi. ℣. Sauvez-moi, mon Dieu, les eaux me montent à la gorge ; je suis enlisé dans la fange du gouffre, et rien de solide où poser le pied.

    Le texte du graduel de la messe de ce jour est pris du psaume 68 (versets 18 et 2-3), qui est l’un des grands psaumes prophétiques de la Passion.

    La mélodie est courante : c’est la même que celle de... 17 autres graduels, dont celui de Pâques… et de la messe des morts. Elle est donc quelque peu polyvalente… On remarque cependant qu’elle illustre remarquablement sur tribulor les méandres de la tribulation et sur exaudi me le cri de la demande. Puis le long mélisme sur Deus va bien à la majesté de Dieu.

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    Le trait.

    L’antienne de communion.

    • Le répons Dixerunt impii.

    La préface du missel ambrosien.

  • Mardi Saint

    La lecture évangélique était, à l’origine, celle où saint Jean narre le lavement des pieds (XIII, 1-15) et qui fut, par la suite, réservée au jeudi saint. Comme aux thermes, celui qui sort du bain — Jésus aimait à se servir d’images tirées de la vie quotidienne de son temps afin de se faire mieux comprendre par les simples — n’a besoin que de se laver les pieds ; ainsi, celui qui veut célébrer dignement la Pâque éternelle avec Jésus, celui qui veut être avec lui, doit se purifier auparavant même des plus légères imperfections, dans le sang de l’Agneau et dans les ardeurs de son amour.

    Plus tard on introduisit dans la liturgie stationnale de ce jour, la lecture de la Passion du Seigneur selon saint Marc (XIV-XV). Comme l’observent les exégètes, ce jeune homme dont il est parlé, éveillé brusquement par le tumulte et par l’annonce de l’arrestation de Jésus, était probablement l’auteur même de l’évangile, Marc, qui, sans se nommer directement, met ainsi toutefois une sorte de signature à son écrit évangélique. Tous les traits s’accordent en faveur de Marc, et rendent le récit très naturel. Marc demeurait en effet avec sa mère à Jérusalem, peut-être un peu en dehors des quartiers habités, en sorte que les premiers fidèles firent de sa maison leur lieu de réunion. Quand Jésus passa devant son habitation, le jeune homme reposait déjà, et, selon l’usage palestinien, ayant déposé ses vêtements du jour, il s’était enveloppé dans un large drap, qui est indiqué dans le texte comme étant de la toile la plus fine, car il s’agissait en effet de personnes riches. Au bruit de la troupe, le dormeur s’éveille et, ayant appris que Jésus, capturé, passait, il s’élance comme il était, hors de la maison et commence à se compromettre avec les soldats, exprimant peut-être même quelque menace à leur égard. L’un de ces hommes qui, à Gethsémani, avait expérimenté que les disciples du Nazaréen savaient encore manier l’épée, veut s’emparer de l’audacieux, mais le jeune homme, agile, lui laisse en main le drap et s’enfuit.

    Comme l’observe saint Grégoire, celui qui veut échapper aux violences du démon doit d’abord procéder à un parfait dépouillement intérieur, comme font les athlètes dans l’arène ; il est nécessaire que le diable n’ait aucune prise sur nous et il faut donc lui abandonner de bon cœur les choses matérielles, afin d’arracher l’âme à ses griffes.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Lundi Saint

    Dans la liturgie byzantine, les matines des trois premiers jours de la « Sainte et Grande Semaine » sont populairement appelées « Office de l’Epoux », parce que le premier tropaire évoque l’Epoux qui vient au milieu de la nuit et doit trouver son serviteur vigilant.

    Voici ce tropaire chanté par les moines de Vatopedi, le deuxième dans la hiérarchie des monastères de l’Athos. Version « lente » et version « courte ».

    Ἰδοὺ ὁ Νυμφίος ἔρχεται ἐν τῷ μέσῳ τῆς νυκτός, καὶ μακάριος ὁ δοῦλος, ὃν εὑρήσει γρηγοροῦντα, ἀνάξιος δὲ πάλιν, ὃν εὑρήσει ῥαθυμοῦντα. Βλέπε οὖν ψυχή μου, μὴ τῷ ὕπνῳ κατενεχθής, ἵνα μῄ τῷ θανάτῳ παραδοθῇς, καὶ τῆς βασιλείας ἔξω κλεισθῇς, ἀλλὰ ἀνάνηψον κράζουσα· Ἅγιος, Ἅγιος, Ἅγιος εἶ ὁ Θεός ἡμῶν, διὰ τῆς Θεοτόκου ἐλέησον ἡμᾶς.

    Voici, l'Epoux arrive au milieu de la nuit, et bienheureux le serviteur qu'il trouvera veillant. Mais indigne celui qu'il trouvera nonchalant. Veille donc, mon âme, à ne pas sombrer dans le sommeil, afin de n'être pas livrée à la mort et enfermée hors du Royaume. Mais reviens à toi et chante : Tu es Saint, Saint, Saint, notre Dieu, par la Mère de Dieu aie pitié de nous.

  • 2e dimanche de la Passion, dimanche des Rameaux

    Deux extraits du troisième sermon du bienheureux Guerric d’Igny pour le dimanche des Rameaux.

    Si donc, ainsi que j'avais commencé à le dire, on considère à la fois la marche et la passion de Jésus-Christ, on le voit d'un côté, glorieux et élevé, de l'autre humble et couvert de chagrins. Dans la procession, on le voit entouré d'honneur comme un roi, dans la passion, puni comme un malfaiteur. Là, le triomphe et la pompe l'entourent, ici il n'y a ni éclat ni beauté. Joie des hommes et objet de l'enthousiasme populaire, il est d'un autre côté l'opprobre des humains et le rebut de la populace. Ici on l’acclame : « Hosanna au Fils de David, béni soit celui qui vient, roi d'Israël (Matth. XXI, 9), » là, on hurle : « Il est digne de mort (Joan. XIX, 7), » et on lui reproche d'avoir voulu se faire passer pour roi d'Israël. Ici, on marche à sa rencontre en tenant des rameaux à la main, là, on lui donne des coups de poing à la figure et on frappe sa tête d'un roseau. Entouré d'hommages d'une part, il est rassasié d'opprobres d'une autre. Ici, à l'envi, on couvre son chemin des vêtements d'autrui, là il est dépouillé même des siens. Ici, il est accueilli à Jérusalem comme un roi juste, comme un libérateur, là il est chassé comme un criminel et un séducteur convaincu. D'un côté, il est assis sur un âne, entouré d'hommages, d'un autre, il est suspendu au bois de la croix, battu de verges, tout percé de plaies et abandonné des siens.

    Il y a ici mieux que Job, (Job. V,) puisque Dieu a soudainement et grandement changé pour lui tout en mal. « Vous avez entendu parler de la patience de Job, » dit l'apôtre saint Jacques (Jac. V, 11), « vous avez vu la fin du Seigneur. » C'est comme si cet apôtre disait : la patience de Job dura jusqu'à ce que les richesses qu'il avait perdues lui fussent rendues, les souffrances du Seigneur sont allées jusqu'à la fin de sa vie. Job souffrit patiemment d'être privé de ses biens, mais bientôt il en reçut le double dans son pays : Jésus-Christ quitta ce monde rempli de misères et abreuvé d'amertumes. C'est pourquoi il y a ici mieux que Job, précipité une fois et soudain d'une félicité qui paraissait souveraine, atteignit au terme de son extrême et terrible infortune. « Et j'ai souffert tous ces maux, » dit-il « sans que mes mains aient commis l'iniquité, lorsque j'adressais de pieuses prières au Seigneur (Job. XVI, 18) », même pour mes ennemis, afin qu’il leur pardonnent.

    (…)

    5. Aussi, mes frères, afin de suivre sans nous blesser notre chef, soit dans la bonne soit dans la mauvaise fortune, considérons-le dans ce cortège entouré d'honneurs, et, dans sa passion, soumis aux souffrances et aux opprobres, sans changer jamais au fond dans un si grand changement de choses, bien qu'il ait changé son visage devant Abimélech, c'est-à-dire le royaume des Juifs. L'Écriture dit de cette immobilité d'âme : « L'homme saint demeure dans la sagesse comme le soleil, car le sot change comme la lune (Eccl. XXVII, 12). » Un autre passage dit du changement de son visage : « La sagesse de l'homme luit sur sa face, et le fort changera ses traits (Eccl. VIII, 1). »

    Toujours et à grands traits, ô Seigneur Jésus, la sagesse éclate sur votre visage, quelque changé qu'il paraisse, soit glorieux, soit humilié : la lumière éternelle en fait jaillir ses lueurs. Plaise au ciel que la lumière de votre visage luise sur nous ! soit dans les événements heureux, soit dans les malheurs, que votre visage soit modeste, serein et tout épanoui de lumière intérieure qui vient du cœur : joyeux et agréable pour les justes, bon et clément pour les pénitents. Contemplez, mes frères, le visage de ce roi très calme. « La vie est dans l'hilarité du visage du roi, » s'écrie l'Écriture (Prov. XVI, 15), « et sa clémence est comme la pluie de l'arrière-saison. » Il regarde notre premier père qu'il venait de façonner, et, bientôt animé, Adam respire le souffle de vie (Gen. 1) : « Il regarda Pierre, et bientôt, Pierre, touché de componction, respire et reçoit son pardon (Luc. XXII, 61). » En effet, dès que le Seigneur eût jeté les yeux sur saint Pierre, Pierre reçut la pluie de l'arrière-saison, les larmes après le péché, larmes tombées de la clémence d'un visage très-bon.

    La lueur de votre visage, ô lumière éternelle, au témoignage de Job, ne tombe pas sur la terre (Job. XXIX, 24). Quel rapport y a-t-il, en effet, entre la lumière et les ténèbres (II Cor. VI, 14) ? Que bien plutôt les âmes des fidèles reçoivent ses rayons, et qu'ils réjouissent ceux dont la conscience est bonne et guérissent ceux qui l'ont blessée. Oui, le visage de Jésus triomphant, tel qu'il faut le considérer dans cette procession, est joie et allégresse : le visage de Jésus mourant, tel qu'il le faut considérer en sa passion, est remède et salut. « Ceux qui vous craignent me verront, dit-il, et se réjouiront (Psal. CXVIII, 74) : » ceux qui souffrent me verront et seront guéris, comme le furent ceux qui, après avoir été piqués des serpents, regardèrent le serpent attaché au bois. Pour vous, joie et salut de tous, monté sur un âne ou suspendu sur le bois, que les vœux de tous vous bénissent, afin que vous contemplant assis sur votre trône, ils vous louent aux siècles des siècles, vous, à qui soit la louange et l'honneur dans tous les siècles des siècles. Amen.

  • Samedi de la Passion

    Dans les temps anciens il n’y avait pas de messe ce samedi. Le cardinal Schuster et dom Parsch en donnent deux raisons différentes mais vraies toutes les deux. Plus tard on reprit les chants de la messe de la veille, avec des collectes et des leçons propres.

    Le long évangile pris dans saint Jean est une sorte de programme de la semaine qui vient. Il y a les Rameaux (avec le rappel de la résurrection de Lazare) et l’annonce de la Passion glorieuse.

    Dans la liturgie byzantine c’est le « samedi de Lazare ». C’est-à-dire le samedi où l’on célèbre la résurrection de Lazare. Cet épisode est en fait présent dans la liturgie depuis le lundi précédent :

    Voici, le Christ arrive dans la cité de Bethphagé. Réjouis toi, patrie de Lazare, Béthanie, car en toi il fera une grande merveille, en ressuscitant Lazare des morts.

    La porte est ouverte, du retour de Lazare à la vie, car le Christ vient relever du sommeil celui qui était mort. Il vaincra la mort par la vie. Grande est ta gloire, Béthanie, car tu as conduit le Créateur et tu fus digne de dire : Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur.

    Aujourd'hui la maladie de Lazare est annoncée au Christ qui marche de l'autre côté du Jourdain. Et dans sa prescience Il dit : cette maladie n'est pas mortelle. Prépare-toi, Béthanie, divinement, orne tes portes, élargis tes place, car le Maître vient avec les apôtres, rendre la vie à ton enfant.

    Aujourd’hui : voilà pourquoi la liturgie évoque Lazare en ce jour. Et il est remarquable que cette évocation vient en parallèle de l’évocation du « pauvre Lazare » (et du mauvais riche), qui était très présente jusque-là et va continuer à alterner avec l’autre Lazare.

    Le mardi, on chante notamment :

    Hier et aujourd'hui Lazare était malade, et ses parents l'annoncent au Christ. Béthanie, prépare toi dans la joie à conduire le Maître et le Roi et dis avec nous : Seigneur, gloire à Toi.

    Le mercredi :

    Aujourd'hui Lazare mort est enseveli et ses parents chantent leur plainte. Mais en Dieu qui sait d'avance toute chose tu avais annoncé aux disciples : Lazare dort. Mais maintenant Je viens ressusciter celui que J'ai créé. Nous t'appelons, Gloire au pouvoir de ta force.

    La mort de Lazare aujourd'hui n'a pas échappé au regard de Jésus qui voit tout. Et Il le dit aux disciples : Lazare que J'aime s'est endormi. Je vais le ressusciter.

    Le jeudi :

    Lazare est mort depuis deux jours et ses sœurs Marie et Marthe regardant la pierre du sépulcre versent sur lui des larmes de deuil. Mais le Créateur avec ses disciples vient dépouiller la mort et donner la vie. Nous lui disons : Seigneur, gloire à Toi.

    Le vendredi :

    De Jérusalem de nombreux juifs sont venus à Béthanie pleurer aujourd'hui avec les proches de Lazare. Mais quand demain ils l'auront vu sortir du tombeau, ils iront au meurtre du Christ.

    Le Christ est aux portes, Béthanie, ne pleure plus. Car Il changera ton deuil en joie, en relevant du tombeau ton enfant, Lazare qui le célèbre.

    Le thème de Lazare se conjugue avec celui des Rameaux, qui est souligné tous les jours jusque dans leur appellation : lundi avant les Rameaux, mardi avant les Rameaux... Dès les vêpres du dimanche :

    Commençant la sixième semaine du saint jeûne, fidèles, chantons avant la fête l'hymne des rameaux au Seigneur qui vient dans la gloire et la puissance de la Divinité faire mourir la mort dans Jérusalem. Préparons pieusement les signes de la victoire, les rameaux des vertus, pour dire : Hosanna au Créateur de l'univers.

  • Vendredi de la Passion

    Introït

    Miserére mihi, Dómine, quóniam tríbulor : líbera me, et éripe me de mánibus inimicórum meórum et a persequéntibus me : Dómine, non confúndar, quóniam invocávi te.

    Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis très affligé, délivrez-moi et arrachez-moi de la main de mes ennemis et de mes persécuteurs. Seigneur, que je ne sois pas confondu, car je vous ai invoqué.

    Graduel

    Pacífice loquebántur mihi inimíci mei : et in ira molésti erant mihi. Vidísti, Dómine, ne síleas : ne discédas a me.

    En m’adressant des paroles de paix, mes ennemis dans leur colère méditaient de perfides desseins. Vous avez vu, Seigneur ; ne restez pas en silence ; ne vous éloignez pas de moi.

    Offertoire

    Benedíctus es, Dómine, doce me justificatiónes tuas : et non tradas calumniántibus me supérbis : et respondébo exprobrántibus mihi verbum.

    Vous êtes béni, Seigneur : enseignez-moi vos commandements ; ne me livrez pas aux superbes qui me calomnient : et je pourrai répondre à ceux qui m’insultent.

    Communion

    Ne tradíderis me, Dómine, in animas persequéntium me : quóniam insurrexérunt in me testes iníqui, et mentíta est iníquitas sibi.

    Ne me livrez pas, Seigneur, à la merci de ceux qui me persécutent : des témoins iniques se sont élevés contre moi et l’iniquité a menti contre elle-même.

    Remarquons qu’aujourd’hui les quatre chants psalmodiques sont des plaintes du Christ souffrant. Que veut dire cela ? Les chants psalmodiques sont la participation du peuple à l’action de la messe ; ils indiquent les sentiments et les pensées que nous devons entretenir pendant la journée. La messe, en effet, la plus haute action de la journée, doit avoir son écho. Pour entrer dans les détails, disons : l’Introït nous indique les sentiments et les pensées que nous devons avoir en nous rendant à l’église, dans notre marche du monde vers le sanctuaire — nous allons aujourd’hui à l’église avec le Sauveur souffrant. Le Graduel est le chant intermédiaire entre les lectures et, en même temps, l’écho de la leçon ; cet écho doit retentir pendant tout le jour. Nous devons entendre, pendant toute la journée d’aujourd’hui, les lamentations du Christ. L’antienne de l’Offrande nous accompagne dans l’action sainte ; elle nous aide à entrer dans le sacrifice ; il s’agit, aujourd’hui, d’entrer dans le sacrifice de la Passion du Christ. L’antienne de la Communion nous enseigne à considérer comme il faut le corps du Seigneur et, en même temps, le mystère du jour. Aujourd’hui « nous annonçons », en mangeant ce pain, la mort du Seigneur.

    Considérons encore que les quatre chants psalmodiques parlent à la première personne. C’est le Christ qui se plaint et qui souffre ; en prononçant nous-mêmes ces plaintes, nous nous faisons un avec lui, ou plutôt, en tant que membres de son corps mystique, nous nous plaignons avec lui.

    Dom Pius Parsch

  • Jeudi de la Passion

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    Icône de Georges Kordis.

    L’évangile de ce jour est celui de la prostituée qui répand du parfum sur les pieds de Jésus. Dans la tradition latine c’est Marie-Madeleine. La tradition byzantine garde l’anonymat de l’évangile et l’appelle « la prostituée » tout au long des matines du mercredi saint. Cet office contient une pièce célèbre dans le monde byzantin, connue comme « le tropaire de Cassienne ».

    En 830, la mère du nouvel empereur Théophile décida de le marier. Il n’avait encore que 17 ans. On lui présenta les six plus belles vierges du pays. La plus belle à son goût était Cassienne. Il s’approcha d’elle et lui dit : « C'est par la femme qu'arriva la corruption. » Cassienne répliqua du tac au tac : « Mais c'est aussi de la femme que provient ce qui est supérieur. » Théophile battit en retraite devant une jeune fille aussi pleine d’intelligence et d’audace, et choisit une autre, Théodora. Cassienne en fut ravie : elle avait décidé d’être religieuse, et elle s’en alla fonder un monastère. Alors que Théophile était iconoclaste, elle défendit avec fougue le culte des icônes, et elle fut persécutée pour cela. Mais elle disait : « Je hais le silence quand c'est le temps de parler. » C’est pourquoi on la représente généralement sur l’icône du « Triomphe de l’orthodoxie », triomphe que l’on doit notamment à l’impératrice Théodora qui continuait en cachette à vénérer les icônes, apprenant à ses enfants (dont l’empereur suivant) à faire de même.

    Cassienne composait des pièces liturgiques d’une telle beauté qu’elle fut encouragée par les autorités de l’Eglise, et il y en a 33 dans la liturgie byzantine. La plus connue est donc celle du mercredi saint. On raconte que Cassienne était en train de la composer dans le jardin du monastère quand fut annoncée une visite de l’empereur. Cassienne partit se cacher en laissant là le papier et l’encre. Théophile vit le papier, ajouta quelques mots et s’éclipsa. Cassienne garda les mots de l’empereur et termina le tropaire. On ne peut pas garantir que l’anecdote soit véridique, mais si elle l’est, cet iconoclaste était néanmoins un génial connaisseur de la liturgie. Car il se sert du stratagème de Cassienne pour montrer l’opposition entre la prostituée qui baise les pieds du Christ et Eve qui s’était enfuie en entendant marcher ces mêmes pieds… tout en soulignant qu’il n’est pas dupe et en faisant allusion à leur première rencontre… Les mots de l’empereur sont en italiques dans la traduction ci-dessous.

    Voici le tropaire de Cassienne dans l’interprétation flamboyante de Dimitrios Rouméliotis.

    Κύριε, ἡ ἐν πολλαῖς ἁμαρτίαις περιπεσοῦσα Γυνή, τὴν σὴν αἰσθομένη Θεότητα, μυροφόρου ἀναλαβοῦσα τάξιν, ὀδυρομένη μύρα σοι, πρὸ τοῦ ἐνταφιασμοῦ κομίζει. Οἴμοι! λέγουσα, ὅτι νύξ μοι, ὑπάρχει, οἶστρος ἀκολασίας, ζοφώδης τε καὶ ἀσέληνος, ἔρως τῆς ἁμαρτίας. Δέξαι μου τὰς πηγὰς τῶν δακρύων, ὁ νεφέλαις διεξάγων τῆς θαλάσσης τὸ ὕδωρ· κάμφθητί μοι πρὸς τοὺς στεναγμοὺς τῆς καρδίας, ὁ κλίνας τοὺς οὐρανούς, τῇ ἀφάτῳ σου κενώσει· καταφιλήσω τοὺς ἀχράντους σου πόδας, ἀποσμήξω τούτους δὲ πάλιν, τοῖς τῆς κεφαλῆς μου βοστρύχοις, ὧν ἐν τῷ Παραδείσῳ Εὔα τὸ δειλινόν, κρότον τοῖς ὠσὶν ἠχηθεῖσα, τῷ φόβῳ ἐκρύβη. Ἁμαρτιῶν μου τὰ πλήθη καὶ κριμάτων σου ἀβύσσους, τίς ἐξιχνιάσει ψυχοσῶστα Σωτήρ μου; Μή με τὴν σὴν δούλην παρίδῃς, ὁ ἀμέτρητον ἔχων τὸ ἔλεος.

    Seigneur, la femme qui était tombée dans une multitude de péchés, ayant reconnu votre divinité, prit le rôle d’une myrophore et, tout en larmes, vous offrit du parfum avant votre sépulture et dit : Malheur à moi ! La tyrannie de la débauche et la passion du péché m’ont fait sombrer dans une nuit noire. Recevez donc les flots de mes larmes, vous qui attirez les eaux de la mer dans les nuages, et penchez-vous sur les sanglots de mon cœur, vous qui abaissez les cieux par votre indicible abaissement. J’embrasse et je sèche, avec les boucles de mes cheveux, vos pieds immaculés…

    … alors que, lorsqu’Eve entendit au paradis, le soir, les pas de ces mêmes pieds, elle se cacha de peur.

    O mon Sauveur et le salut de mon âme, qui sondera le gouffre de la multitude de mes péchés et l’abîme de vos jugements ? Ne vous détournez pas de moi, qui suis votre servante, vous dont la miséricorde est incommensurable.

  • Mercredi de la Passion

    L’hymne des vêpres au temps de la Passion, composée par saint Venance Fortunat pour l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers fondée par sainte Radegonde en 552. Peut-être pour la procession d’entrée à l’abbaye de la relique de la Vraie Croix donnée par l’empereur Justin II en 569. Mais ni le récit de Grégoire de Tours ni la Vie de sainte Radegonde ne le spécifient.

    Adaptation très grand siècle de Lemaistre de Sacy (sous son pseudo de J. Dumont pour les Heures de Port-Royal).

    Chant par les moines de Solesmes en 1953.

     
    podcast

    Vexílla Regis pródeunt,
    Fulget Crucis mystérium :
    Quo carne carnis cónditor,
    Suspénsus est patíbulo.

    Voici du roi des cieux l'étendard vénérable,
    Le grand mystère de la croix,
    L'homme Dieu, juste et saint meurt pour l'homme coupable,
    Et meurt percé de clous qui l'attachent au bois.

    Quo vulnerátus ínsuper
    Mucróne diro lánceæ,
    Ut nos laváret crímine,
    Manávit unda et sánguine.

    Une lance cruelle après son trépas même
    Déchire son corps de nouveau
    Et, pour laver le monde en l'eau du saint baptême,
    Son sang divinement coule entremêlé d'eau.

    Impléta sunt quæ cóncinit
    David fidéli cármine,
    Dicens: In natiónibus 
    Regnávit a ligno Deus.

    Nous voyons accomplis les fidèles oracles
    Qu'un prince a tracé dans ses vers
    Lorsqu'il chante, éclairé du plus grand des miracles
    Dieu, régnant par le bois, domptera l'univers.

    Arbor decóra et fúlgida,
    Ornáta Regis púrpura,
    Elécta digno stípite
    Tam sancta membra tángere.

    Arbre illustre enrichi de la pourpre sanglante,
    De ce roi divin mort en toi,
    Que cette chair sacrée en tes bras languissante,
    Rend infiniment saint aux yeux de notre foi.

    Beáta, cujus bráchiis
    Sæcli pepéndit prétium,
    Statéra facta córporis,
    Prædámque tulit tártari.

    Heureux arbre où le Père en sa balance juste
    A le prix du monde pesé,
    Le poids de nos péchés cède à ton poids auguste;
    L'enfer perd ses captifs, et son joug est brisé.

    O Crux, ave, spes única,
    Hoc Passiónis témpore
    Auge piis justítiam,
    Reísque dona véniam.

    Ô croix d'un Dieu mourant, notre unique espérance,
    Nous t'adorons en ce saint temps;
    De vertus en vertus fais que le juste avance
    Convertis les pécheurs pardonne aux pénitents.

    Te summa Deus Trínitas,
    Colláudet omnis spíritus:
    Quos per Crucis mystérium
    Salvas, rege per sæcula. Amen

    Qu'en la terre et qu'au ciel tout esprit te révère,
    Dieu seul, suprême Trinité,
    Et, nous ayant sauvés par un si haut mystère,
    Conduis-nous jusqu'au port de ton éternité.

    *

    Harmonisation par Domenico Bartolucci, interprétation du chœur de la Chapelle Sixtine en 1959. Occasion de saluer celui qui fut le directeur de ce chœur de 1956 à 1997, et fut créé cardinal par Benoît XVI en 2010 (il avait 93 ans). On avait découvert l’année précédente, à la faveur du motu proprio Summorum Pontificum, que ce prélat vivant au cœur du Vatican n’avait jamais célébré la messe de Paul VI… Ainsi commençait l’interview :

    Q.- Maître, la publication récente du Motu proprio Summorum Pontificum a apporté un vent d’air frais dans le panorama liturgique désolant qui nous entoure… en avez-vous profité vous-même pour célébrer la « messe de toujours » ?

    R. – A vrai dire, j’ai toujours célébré cette messe, de façon ininterrompue depuis mon ordination… En fait j’aurais même des difficultés à célébrer la messe du rite moderne, puisque je ne l’ai jamais dite…