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Liturgie - Page 401

  • Saints Jean et Paul

    Sur Introibo:

    Martyrs sous Julien l’apostat en 362 ; culte immédiat.

    Les pseudo-experts® nient l’existence de ces deux Saints : pour eux, le 26 juin est l’anniversaire de la dédicace de la basilique de Pammachius sur le Cœlius au IVe siècle, dédiée à St Jean-Baptiste et à l’apôtre Paul au Ve siècle. La fête est attestée dans le sacramentaire de Vérone au VIe siècle. A l’appui de cette théorie se trouve le fait qu’il est hors de coutume dans la Rome chrétienne antique d’enterrer des martyrs dans l’enceinte de l’Urbs. La fête fut donc supprimée dans le calendrier réformé.

    Contre cette théorie iconoclaste, on peut élever de nombreuses objections :
    - la date du martyre (362) est trop récente pour qu’une légende apocryphe ait pu se diffuser : ce martyre n’a pas eu lieu au temps des catacombes, mais après l’édit de Milan, sous la persécution de Julien l’apostat, à une époque donc où l’on n’est plus dans les Actes enjolivés des martyrs des premiers siècles, mais dans l’hagiographie historique ;
    - nous sommes au IVème siècle : l’objection de ne plus enterrer de martyrs dans la Ville n’est plus pertinente. D’autant plus que le martyre a été consommé dans la maison même des deux saints ;
    - la popularité de la fête, précédée d’une vigile, ne peut s’expliquer pour la simple dédicace d’une église ;
    - les preuves historiques, comme l’inscription votive du Pape Damase, élu en 366, donc cinq années après le Martyr, tout comme les fouilles de la basilique indiquant le culte des martyrs sur le lieu même ;
    - l’inscription des deux saints au Canon Romain ;
    - le témoignage de St Hilaire de Poitiers, mort en 367, consacrant une église dans sa ville épiscopale…

  • Saint Guillaume de Verceil

    Né de parents nobles, à Verceil, en Piémont, Guillaume avait à peine achevé sa quatorzième année, qu’embrasé des ardeurs d’une admirable piété il entreprit de se rendre en pèlerinage à Compostelle, au célèbre sanctuaire de saint Jacques. Il fit ce voyage, vêtu d’une seule tunique, ceint d’un double cercle de fer et nu-pieds ; il y souffrit du froid et de la chaleur, de la faim et de la soif et l’accomplit au péril même de sa vie.

    De retour en Italie, Guillaume médita un nouveau pèlerinage au saint sépulcre du Seigneur ; mais divers obstacles très sérieux s’opposèrent à son projet, la divine Providence entravant les desseins du jeune homme, pour tourner vers des œuvres plus élevées et plus parfaites ses religieux penchants. C’est alors qu’il passa deux ans au mont Solicchio, priant assidûment, prolongeant ses veilles, couchant sur la dure, et multipliant ses jeûnes ; ayant, par le secours divin, rendu la vue à un aveugle, le bruit du miracle se répandit, aussi Guillaume, qui ne pouvait plus rester caché, songea de nouveau à se rendre à Jérusalem, et, plein de joie, se mit en route. Mais Dieu, qui voulait de lui une vie plus utile et plus profitable pour l’Italie et d’autres contrées, lui apparut et l’avertit de renoncer à sa résolution.

    Gagnant donc le mont Virgilien, appelé depuis mont de la Vierge, il bâtit avec une rapidité étonnante un monastère au sommet, en dépit des difficultés que présente ce lieu inaccessible. Des compagnons laïques et religieux s’adjoignirent à lui, et Guillaume les forma à un genre de vie parfaitement en rapport avec les préceptes et les conseils de l’Évangile, tant par des lois déterminées, qu’il tira en grande partie de celles instituées par saint Benoît, que par sa parole et les exemples de sa très sainte vie.

    D’autres monastères s’élevèrent dans la suite, et de jour en jour la sainteté de Guillaume brillant davantage, de tous côtés l’on vint à lui, attiré par le parfum de cette sainteté et par la renommée de ses miracles. Car, à son intercession, la parole était rendue aux muets, l’ouïe aux sourds, la vigueur aux membres desséchés, la santé à tous ceux qu’affligeaient les plus diverses et les plus irrémédiables maladies. Il changea l’eau en vin, et accomplit une multitude d’autres merveilles, entre lesquelles on ne peut taire le trait suivant : une femme perdue ayant été envoyée pour tenter sa chasteté, il se roula, sans éprouver aucun mal, sur des charbons ardents répandus sur le sol. Roger roi de Naples, ayant eu connaissance de ce fait, conçut dès lors une vénération profonde pour l’homme de Dieu.

    Après avoir annoncé le moment de sa mort, au roi et à d’autres personnes, Guillaume, illustre par ses vertus et ses miracles, s’endormit dans le Seigneur, l’an du salut mil cent quarante-deux.

    (bréviaire)

  • Nativité de saint Jean Baptiste

    Voici une séquence d’Adam de Saint-Victor, avec une traduction du XVe siècle, dont j’ai modernisé l’orthographe et quelques rares mots de façon à ce qu’il n’y ait pas besoin d’une traduction de la traduction…

    Ad honorem tuum, Christe,
    Recolat Ecclesia
    Præcursoris et Baptistæ
    Tui natalitia.

    Doux Jésus-Christ, à ton honneur
    Doit sainte Eglise en vérité
    Du Baptiste et du précurseur
    Recorder la nativité.

    Laus est Regis in præconis
    Ipsius præconio,
    Quem virtutum ditat donis,
    Sublimat officio.

    Adonc est bien loué le roi,
    Quand sont message l’est pour soi ;
    Celui que de vertus fait riche
    Grandement exhausse en office.

    Promittente Gabriele
    Seniori filium,
    Hæsitavit, et loquelæ
    Perdidit officium.

    Gabriel au vieillard promit
    Que sa femme un fils aurait ;
    Mais en doutant de ce qu’il dit,
    Perdit la parole par droit.

    Puer nascitur, novæ legis
    Novi regis
    Præco, tuba, signifer.
    Vox præit verbum,
    Paranymphus sponsi sponsum,
    Solis ortum lucifer.

    L’enfant est né, de la nouvelle loi
    Bannière, trompe et messager du Roi.
    La voix par droit la parole devance,
    Devant l’époux son messager s’avance,
    Du jour l’étoile est du soleil monstrance.

    Verbo mater,
    Scripto pater
    Nomen edit parvulo,
    Et soluta
    Lingua muta
    Patris est a vinculo.

    La mère de l’enfant a dit
    Le nom, le père l’a écrit
    Et la langue du père mu
    Du lien déliée fut.

    Est cælesti præsignatus
    Johanncs oraculo,
    Et ab ipso præmonstratus
    Uteri latibulo.

    D’inspiration divine
    Jean porte le signe :
    Dieu fut de lui montré présent
    Qui au ventre était secrètement.

    Quod ætate præmatura
    Datur hæres, id figura
    Quod infecunda
    Diu parens, res profunda !

    Ce qui fut donné
    Au premier âge
    Tu fus figuré,
    Si tu es bien sage,
    Profonde est la chose
    Quand a enfanté
    La mère qui close
    A longtemps été.

    Contra carnis quidem jura
    Johannis hæc genitura :
    Talem gratia
    Partum format, non natura.

    Contre charnelle ordonnance
    Est de Jean l’engendrure :
    Par grâce de Dieu et plaisance
    Est formé, non pas par nature.

    Alvo Deum virgo claudit,
    Clauso clausus hic applaudit
    De ventris angustia.
    Agnum monstrat in aperto
    Vox clamantis in deserto,
    Vox Verbi prænuntia.

    Dieu Vierge en son corps enclos ;
    Jean à l’huis enclos se réjouit,
    Qui encore était au ventre étroit ;
    La voix du criant au désert
    Démontra l’agneau en apert,
    Car la voix du fils de Dieu annonçait.

    Ardens fide, verbo lucens,
    Et ad veram lucem ducens
    Multa docet millia.
    Non lux iste, sed lucerna ;
    Christus vero lux æterna,
    Lux illustrans omnia.

    Par foi ardente, par dit luisant,
    A vraie lumière menant,
    Moult de milliers endoctrine.
    Celui-là n’est pas lumière véritable,
    Mais la lanterne de clarté perdurable,
    Jésus qui le monde enlumine.

    Cilicina tectus veste,
    Pellis cinctus strophium,
    Cum locustis mel Silvestre
    Sumpsit in edulium.

    De haire il avait vêture
    Et de peau il avait ceinture ;
    Bêtes et miel sauvage était
    La nourriture qu’il prenait.

    Attestante sibi Christo,
    Non surrexit major isto
    Natus de muliere :
    Sese Christus sic excepit,
    Qui de carne carnem cepit
    Sine carnis opere.

    Jésus-Christ en témoigne
    Qu’onques plus grand ne s’éleva
    Né de femme naturellement.
    Ainsi Jésus s’en excepta,
    Quand de la chair sa chair prit
    Sans charnelle conception.

    Martyr Dei,
    Licet rei
    Simus, nec idonei
    Tuæ laudi,
    Te laudantes
    Et sperantes,
    De tua clementia,
    Nos exaudi.

    Doux martyr, combien que coupables
    Soyons, et non pas convenables
    De tes louanges annoncer,
    Nous, te louant en espérance,
    Te supplions que par clémence
    Tu nous veuilles exaucer.

    Tuo nobis in natale
    Da promissum gaudium,
    Nec nos minus triumphale
    Delectet martyrium.

    En ta nativité nous donne
    De joie promission ;
    Quand du martyre as la couronne,
    Nous ayons délectation.

    Veneramur
    Et miramur
    In te tot mysteria :
    Per te frui
    Christus sui
    nobis præsentia ! Amen.

    Tant de mystères de toi
    En louant nous honorons ;
    Dieu par toi nous donne de foi
    Avoir consolation ! Amen.

  • Franciscains de l’Immaculée : un article glaçant de Tornielli

    Le vaticaniste Andrea Tornielli rapporte que le pape a reçu une soixantaine de Franciscains de l’Immaculée, le 10 juin, à Sainte-Marthe. Il y avait là aussi le commissaire Volpi. Traduction intégrale de l’article chez Benoît et moi. J’en retiens :

    1 – « Le Pape Bergoglio s'est montré très informé sur tout, il suit l'affaire de près, et a montré à maintes reprises son estime pour le père Volpi, démentant ainsi que les actions de gouvernement du commissaire et de ses collaborateurs aient été prises à son insu. »

    2 – « Sur le motu proprio, le Pape François a dit qu'il ne voulait pas s'écarter de la ligne de Benoît XVI, et a réaffirmé que les Frères Franciscains de l'Immaculée avaient encore la liberté de célébrer l'ancienne messe, même si pour le moment, étant donné les polémiques sur l'utilisation exclusive de ce missel - élément qui ne faisait pas partie du charisme de fondation de l'Institut - il faut un «discernement» avec le supérieur et l'évêque s'il s'agit de célébrations dans les paroisses, les sanctuaires et les maisons de formation. Le pape a expliqué qu'il doit y avoir la liberté, à la fois pour ceux qui veulent célébrer selon l'ancien rite, et pour ceux qui veulent célébrer avec le nouveau rite, sans que le rite devienne une bannière idéologique. » En conséquence l’interdiction totale demeure, bétonnée.

    3 – « François a également dit que c'était lui qui avait voulu la fermeture de l'institut théologique interne aux Franciscains de l'Immaculée (STIM), veillant à ce que les séminaristes étudient dans les faculté théologiques pontificales romaines. Il a ensuite déclaré que l'orthodoxie est garantie par l'Église à travers le successeur de Pierre. » Sic.

    A la suite de quoi les Franciscains sont retournés dans leur prison…

  • Vigile de la nativité de saint Jean Baptiste

    L’évangile de ce jour est, logiquement, celui de l’annonciation à Zacharie. La parallèle avec l’annonciation à Marie est patent et évidemment voulu (par Dieu dans les faits, et par saint Luc – inspiré par Dieu - dans la façon de les raconter). Mais on peut voir aussi que cet épisode est tout tissé de références à l’Ancien Testament.

    La plus visible est sans doute la référence aux vieux couples stériles qui vont miraculeusement procréer, d’abord et avant tout Abraham et Sara, qui vont engendrer le peuple d’Israël.

    La mention qu’il ne boira pas de vin et de boisson fermentée (une des règles du nazirat, de la sainteté « nazaréenne ») renvoie aussi à l’annonciation à la mère de Samson, qui par ailleurs ressemble beaucoup à l’annonciation à Marie. Samson sera « nazaréen » dès le ventre de sa mère. Comme Jean Baptiste. Comme Jérémie. Comme Elie aussi selon l'interprétation traditionnelle du début du chapitre 49.

    Jean marchera devant le Seigneur dans l’esprit et la puissance d’Elie. Ceci renvoie à la toute fin de la prophétie de Malachie, c’est-à-dire à la dernière parole d’un prophète de l’Ancien Testament. Celui qui vient juste après… Zacharie. Malachie qui vient de transmettre cette parole de Dieu : « Voici que j’envoie mon ange (mon messager) qui préparera la voie devant ma face, et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, l’ange de l’alliance que vous voulez. »

    Jean sera grand devant le Seigneur. Et Jésus le soulignera. Dans l’Ecriture, peu de personnages sont qualifiés de grands : Moïse, Job, et… Naaman, le général syrien, qui était… « grand devant son seigneur ». Or Naaman, guidé par Elisée, le successeur d’Elie, va se plonger dans le Jourdain, et, baptisé dans le fleuve où Jean baptisera, il est guéri de sa lèpre.

  • 2e dimanche après la Pentecôte

    « Hora cœnæ », à l’heure de la cène, dit l’évangile, « l’homme » envoie son esclave dire aux « invités » (le mot grec veut d’abord dire appelés) de venir, car tout est prêt. Le mot grec pour dire le « souper », le « banquet », le « festin », dont il est question dans la parabole, est aussi celui qui désigne la « cène », et que la liturgie de saint Jean Chrysostome utilise dans la prière qui précède immédiatement la communion : « A votre cène mystique faites-moi communier aujourd’hui, ô Fils de Dieu… » et que le chantre proclame comme un héraut, sur un ton élevé : « Tou dipnou sou tou mystikou… » (on remarquera le jeu des voyelles, comme une sorte d’appel en morse : ou-i-ou-ou, ou-i-i-ou).

    Aujourd’hui, oui, et plus précisément à cette heure-ci, cette heure même. C’est maintenant le « kairos », le temps opportun, le temps favorable, c’est maintenant le jour du salut (II Cor. 6,2). Il est donc urgent d’accourir au divin festin. Qui ne s’y précipiterait pas ?

    Or voici qu’aucun des invités ne se déplace. Ils ont tous une « excuse » pour ne pas participer à la communion avec les personnes divines dans le Royaume. Ils rejettent l’invitation, ils rejettent l’appel du Ciel éternel pour répondre aux appels de la terre éphémère. L’auditoire de Jésus comprend aussitôt qu’il s’agit de chefs du peuple élu.

    « L’homme » alors dit à son esclave de se dépêcher d’aller sur les places et dans les rues chercher les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux : ce sont ceux du peuple qui ont accueilli la Parole, les pauvres et les malades.

    Mais il y a encore de la place. Alors « l’homme » demande à son esclave d’aller hors de la Ville, et de « contraindre les gens d’entrer » pour que la maison soit remplie. C’est le fameux « compelle intrare » qui a fait couler beaucoup d’encre… et de sang, quand il a été utilisé politiquement pour réprimer les hérétiques et « faire entrer » les païens. Cette interprétation ne cadre ni avec le contexte immédiat ni avec le contexte général de l’évangile de saint Luc. Cette contrainte est celle de l’amour, de la prévenance, de l’ami qui m’a « contraint » à venir avec lui au meilleur restaurant, et qui m’a « obligé » à accepter un somptueux cadeau. Ces gens qui sont « dans les chemins et le long des haies », ils sont sales et mal habillés, leur premier réflexe est de refuser d’entrer dans une salle de banquet, ils ont honte de leur tenue, c’est pourquoi il faut les « contraindre » à entrer. On est en plein dans l’évangile de la miséricorde, qui est l’évangile de saint Luc : entrez vite, c’est l’heure, il n’est plus temps de tergiverser, le Seigneur vous attend, tels que vous êtes, salis d’avoir trop traîné dans les chemins boueux du monde, dans les haies du paganisme, souillés par vos péchés. Entrez seulement, le Seigneur se charge de tout. (Où l’on voit que ce n’est pas la même parabole qu’en saint Matthieu, malgré les grandes ressemblances.)

  • Saint Louis de Gonzague

    On conte que saint Louis de Gonzague étant novice, pendant une récréation ses camarades, ou ses compagnons, — je ne sais pas comme il faut dire, — s'amusèrent, — mettons, pour me plaire, qu'ils jouaient à la balle au chasseur, — s'amusèrent tout à coup à se poser cette question, qui doit faire le fond d'une plaisanterie traditionnelle de séminaire. Ils se posèrent donc tout à coup cette question, qui fait, si l'on veut, un jeu de société, mais qui est, quand même on ne le voudrait pas, une interrogation formidable. Ils se dirent, entre eux, tout à coup, ils se demandèrent mutuellement : « Si nous apprenions tout d'un coup, en ce moment même, que le jugement dernier aura lieu dans vingt-cinq minutes, il est onze heures dix-sept, l'horloge est là, qu'est-ce que vous feriez ? >> Ils ne parlaient peut-être point aussi bref, et sans doute ils parlaient un peu plus comme des moines et comme des catholiques, mais enfin le sens était le même. Alors les uns imaginaient des exercices, les uns imaginaient des prières, les uns imaginaient des macérations, tous couraient au tribunal de la pénitence, les uns se recommandaient à notre Dame, et les uns en outre se recommandaient à leur saint patron. Louis de Gonzague dit : Je continuerais à jouer à la balle au chasseur.

    Ne me demandez pas si cette histoire est authentique. Il me suffit qu'elle soit une des histoires les plus admirables du monde. Je serais bien embarrassé de vous donner la référence. On peut donner des références pour du Hugo. Pour les saints c'est beaucoup plus difficile. C'est une histoire qui est vulgaire chez les catholiques. Elle court les catéchismes. Parlez-en à un catholique. Son premier mouvement sera de vous rire au nez. Parbleu, si je la connais, votre histoire. D'ailleurs il n'en mesure point l'immense amplitude, comme le paysan ne sent pas l'odeur de la terre, parce qu'il y est habitué. Son deuxième mouvement, surtout s'il est un peu un catholique savant, comme il y en a tant aujourd'hui, sera d'avoir un peu honte et de vous dire, négligemment et sur un certain ton qu'ils ont pris afin d'imiter la Sorbonne : D'ailleurs c'est une anecdote qui est attribuée à plusieurs autres saints. Les catholiques sont à battre avec un grand bâton, quand ils se mettent à parler sur un certain ton scientifique de leurs admirables légendes, afin de se mettre, de se hisser, à la hauteur de deux philologues traitant de trois versions d'un même épisode homérique. Son troisième mouvement est de courir chercher dans les textes et de vous rapporter enfin qu'il n'y a trouvé aucune trace de cette légende.

    Ce troisième mouvement est le plus décidément le mauvais.

    Je ne suis pas comme lui, moi. J'affirme que cette histoire est authentique, et cela me suffit, parce qu'elle est une des histoires les plus admirables que je connaisse. Moi aussi je pourrais vous dire qu'elle me paraît dépasser de beaucoup ce petit saint assez niais qui me paraît avoir été un des plus fréquents exemplaires, un des plus communs échantillons du petit saint jésuite. Mais c'est l'avantage des saints sur nous autres hommes qu'ils ont des paroles qui les dépassent infiniment, qui viennent d'ailleurs, qui ne viennent point d'eux, qui viennent de leur sainteté, non point d'eux-mêmes.

    Il ne s'agit donc point de savoir si cette parole le dépasse ou même si elle est de lui ou même si elle est de quelqu'un et si elle a jamais été prononcée. Comme elle est, c'est une des histoires les plus admirables, un des schèmes les plus exacts, un des symboles vraiment les plus rares et les plus pleins de sens, une formule incomparable pour tout ce qui tient à la règle de la vie et à l'administration du devoir.

    Charles Péguy

  • Saint Silvère

    Bélisaire, le général en chef de l’empire, ayant repris l’Italie tombée aux mains des Goths, destitua le pape Silvère au motif qu’il avait collaboré avec l’ennemi. L’accusation ne tenait que par une lettre qui était un faux. En réalité c’est l’impératrice Theodora qui voulait destituer le pape parce qu’il refusait de remettre sur le siège de Constantinople l’évêque monophysite que son prédécesseur saint Agapit avait déposé. Silvère, habillé en moine, fut envoyé en exil à Patare, en Lycie (lieu de naissance de saint Nicolas, aujourd’hui en Turquie). L’évêque (grec byzantin) de Patare fut choqué de voir comment on traitait le pape, et il alla voir l’empereur Justinien, lui disant cette phrase qui témoigne d’une vive reconnaissance de la primauté pontificale : « Le jugement de Dieu est pris à témoin par l’expulsion de l’évêque d’un si grand siège : beaucoup se disent rois dans ce monde, mais aucun ne l’est comme celui-ci, qui est pape sur l’Eglise du monde entier. »

    Le propos est rapporté par Libérat de Carthage, dans son histoire des hérésies nestorienne et monophysite (Breviarium causæ Nestorianorum et Eutychianorum) écrite une vingtaine d’années plus tard.

    Justinien donnera raison à l’évêque et renverra le pape à Rome. Mais Bélisaire, poussé par Vigile qui s’était fait pape, et par Théodora, exila de nouveau Silvère, sur une île déserte où il mourut de faim, le 20 juin 537.

  • Fête-Dieu

    Au milieu du très long, trop long commentaire de L’Année liturgique sur la Fête Dieu (c’est un véritable livre, et non une introduction à la fête), on découvre quelques lignes… de Dom Guéranger. On sait que Dom Guéranger est mort après avoir écrit L’Année liturgique jusqu’à la Pentecôte. Il avait toutefois rédigé une note préparatoire à son exposé à venir sur la Fête Dieu, suivie de références à des pages de saint Augustin. Voici cette note, dont les derniers mots sont, du coup, spécialement émouvants…

    La grande solennité a lui enfin, et tout l’annonce comme le triomphe de la foi et de l’amour. Nous le disions naguère, aux jours de l’Ascension, interprétant la parole du Christ : « Il vous est expédient que je me retire. » La soustraction de la présence visible de l’Homme-Dieu aux regards des mortels devait amener en eux, par l’énergique opération de l’Esprit-Saint, une plénitude de lumière et une ferveur d’amour dont le Sauveur n’avait pas été l’objet dans le cours de sa vie mortelle. Marie seule, illuminée du feu divin, avait pu accomplir envers lui, durant cette période, les devoirs que la sainte Église lui rend aujourd’hui.

    Saint Thomas, dans son hymne céleste, chante ainsi : « Sur la croix, la divinité seule se dérobait aux regards ; ici, c’est l’humanité elle-même qui s’est cachée » (1). Et néanmoins, en aucun jour de l’année la sainte Église n’est plus triomphante, ni plus démonstrative. Le ciel est radieux ; la terre a revêtu sa parure brillante, pour en faire hommage à celui qui dit : « Je suis la fleur des champs » et le lis des vallons » (Cantique des cantiques 2,1). La sainte Église, non contente d’avoir préparé un trône sur lequel la mystérieuse Hostie recevra, durant toute une Octave, les hommages d’une cour empressée, a jugé que la pompe d’un triomphe doit précéder ces solennelles et miséricordieuses assises. Aujourd’hui, elle ne se contentera plus d’élever le Pain sacré, après la prononciation des paroles divines ; elle lui fera franchir le seuil du temple, au milieu des flots de l’encens, à travers les fleurs et la feuillée, et le peuple catholique, fléchissant les genoux, adorera de toutes parts sous la voûte du ciel son Roi et son Dieu.

    Elles ne sont donc pas épuisées ces joies que chaque solennité de l’Année liturgique était venue successivement nous apporter. Elles revivent toutes dans celle d’aujourd’hui. Le roi-prophète l’avait prédit : « Le Seigneur a créé un mémorial de toutes ses merveilles : c’est l’aliment qu’il a préparé à ceux qui l’honorent » (psaume 110). La sainte Église tressaille d’enthousiasme, tenant entre ses mains l’Époux divin qui a dit : « Voici que je demeure avec vous jusqu’à la consommation du monde. » La promesse était formelle, et elle s’est accomplie. Nous le vîmes s’élever, il est vrai, de la cime du mont des Oliviers et aller s’asseoir à la droite du Père. Mais depuis le jour sacré de la Pentecôte où l’Esprit divin a pris possession de la sainte Église, le mystère auguste de la Cène sacrée s’est accompli, en vertu des paroles souveraines : « Faites ceci en mémoire de moi » ; et dès lors la race humaine n’a plus été veuve de son Chef et de son Sauveur.

    Quoi d’étonnant alors que l’Église, en possession du Verbe de Dieu devenu ainsi sa chose, ait avancé tout à coup dans l’intelligence ? Les espèces sacramentelles qui protègent le mystère sont là, mais elles ne restent que pour introduire dans l’invisible…

    (1) In cruce latébat sola Déitas, At hic látet simul et humánitas.

  • Le recteur du séminaire diocésain célèbre la messe de saint Pie V

    C’est à San José, à Ciudad del Este, Paraguay. Et c’est pour une cérémonie de tonsure.

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