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Liturgie - Page 404

  • La bienheureuse Vierge Marie Reine

    Voici la fin de l’encyclique Ad cœli Reginam de Pie XII, instituant la fête de Marie Reine. Cela date de 1954 et les propos d’actualité le sont toujours…

    De longues et mûres réflexions Nous ayant persuadé que si cette vérité solidement démontrée [la royauté de Marie] était rendue plus resplendissante aux yeux de tous - comme une lampe qui brûle davantage quand elle est placée sur le candélabre - l'Eglise en recueillerait de grands avantages, par Notre autorité apostolique Nous décrétons et instituons la fête de Marie Reine, qui se célébrera chaque année dans le monde entier le 31 mai. Nous ordonnons également que, ce jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie. C'est là, en effet, que repose le grand espoir de voir se lever une ère de bonheur où régneront la paix chrétienne et le triomphe de la religion.

    Que tous s'approchent donc avec une confiance plus grande qu'auparavant du trône de miséricorde et de grâce de notre Reine et Mère, pour demander le secours dans l'adversité, la lumière dans les ténèbres, le réconfort dans la douleur et les larmes ; qu'ils s'efforcent surtout de s'arracher à la servitude du péché et qu'ils offrent un hommage incessant, pénétré de la ferveur d'une dévotion filiale, à la royauté d'une telle Mère. Que ses Sanctuaires soient fréquentés et ses fêtes célébrées par la foule des fidèles ; que la pieuse couronne du Rosaire soit dans les mains de tous et que, pour chanter ses gloires, elle rassemble dans les églises, les maisons, les hôpitaux, les prisons, aussi bien de petits groupes que les grandes assemblées de fidèles. Que le nom de Marie, plus doux que le nectar, plus précieux que n'importe quelle gemme, soit l'objet des plus grands honneurs ; que personne ne prononce des blasphèmes impies, signe d'une âme corrompue, contre un nom qui brille d'une telle majesté ; qu'on n'ose même rien dire qui trahisse un manque de respect à son égard.

    Que tous s'efforcent selon leur condition de reproduire dans leur cœur et dans leur vie, avec un zèle vigilant et attentif, les grandes vertus de la Reine du Ciel, Notre Mère très aimante. Il s'ensuivra en effet que les chrétiens, en honorant et imitant une si grande Reine, se sentiront enfin vraiment frères et, bannissant l'envie et les désirs immodérés des richesses, développeront la charité sociale, respecteront les droits des pauvres et aimeront la paix. Que personne, donc, ne se croie fils de Marie, digne d'être accueilli sous sa puissante protection, si, à son exemple, il ne se montre doux, juste et chaste, et ne contribue avec amour à la vraie fraternité, soucieuse non de blesser et de nuire, mais d'aider et de consoler.

    En bien des régions du globe, des hommes sont injustement poursuivis pour leur profession de foi chrétienne et privés des droits humains et divins de la liberté ; pour écarter ces maux, les requêtes justifiées et les protestations répétées sont jusqu'à présent restées impuissantes. Veuille la puissante Souveraine des choses et des temps qui de son pied virginal sait réduire les violences tourner ses yeux de miséricorde dont l'éclat apporte le calme, éloigne les nuées et les tempêtes vers ses fils innocents et éprouvés ; qu'elle leur accorde à eux aussi de jouir enfin sans retard de la liberté qui leur est due, pour qu'ils puissent pratiquer ouvertement leur religion, et que, tout en servant la cause de l'Evangile, ils contribuent aussi par leur collaboration et l'exemple éclatant de leurs vertus au milieu des épreuves, à la force et au progrès de la cité terrestre.

    Nous pensons également que la Fête instituée par cette Lettre Encyclique afin que tous reconnaissent plus clairement et honorent avec plus de zèle l'empire clément et maternel de la Mère de Dieu, peut contribuer grandement à conserver, consolider et rendre perpétuelle la paix des peuples, menacée presque chaque jour par des événements inquiétants.

    N'est-Elle pas l'arc-en-ciel posé sur les nuées devant Dieu en signe d'alliance pacifique ? "Regarde l'arc et bénis celui qui l'a fait ; il est éclatant de splendeur ; il embrasse le ciel de son cercle radieux et les mains du Très-Haut l'ont tendu".

    Quiconque donc honore la Souveraine des Anges et des hommes - et que personne ne se croie exempté de ce tribut de reconnaissance et d'amour - l'invoque aussi comme la Reine très puissante, médiatrice de paix : qu'il respecte et détende la paix, qui n'est ni injustice impunie ni licence effrénée mais concorde bien ordonnée dans l'obéissance à la volonté de Dieu ; c'est à la conserver et à l'accroître que tendent les exhortations et les ordres maternels de la Vierge Marie.

    Vivement désireux que la Reine et Mère du peuple chrétien accueille ces vœux et réjouisse de sa paix la terre secouée par la haine et, après cet exil, nous montre à tous Jésus qui sera notre paix et notre joie pour l'éternité, à vous Vénérables Frères et à vos fidèles, Nous accordons de tout cœur, comme gage du secours du Dieu tout-puissant et comme preuve de notre affection, la Bénédiction Apostolique.

    Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la fête de la Maternité de la Vierge Marie, le 11 octobre 1954, seizième année de Notre Pontificat.

  • Sainte Jeanne d’Arc

    La personnalité de Jeanne d'Arc résiste aux rêveries du panthéisme comme son caractère se refuse aux explications du déisme. Que reste-t-il  après cela? Il reste une troisième solution également négative, que j'ose appeler plus profonde que les deux autres. Cette solution-là date de loin ; elle est contemporaine de Jeanne d'Arc. Elle a été donnée par des hommes que je regrette de trouver dans mon sujet ; elle a été donnée par un tribunal dont je ne dirai qu'une chose en ce jour : c'est qu'il a su, depuis quatre  siècles, fatiguer le mépris. Mais, s'il n'était pas réservé à ces âmes serviles et vénales de comprendre ce qui fait l'honneur d'un juge, l'indépendance du caractère et le respect de la faiblesse, il faut du moins leur reconnaître un mérite, celui d'avoir bien posé la question. Les juges de Rouen l’ont posée comme elle doit l'être : entre Dieu et Satan, entre le surnaturel diabolique et le surnaturel divin. Mais, s'ils l’ont  bien posée, ils l'ont mal résolue : j'en atteste la sainteté de Jeanne d'Arc.

    Non, Messieurs, ce n'est point parmi les saints que Satan choisit ses ministres : la vertu est le signe des envoyés de Dieu. C'est ce  qu'écrivait Gerson six jours après la levée du siège d'Orléans ; et je suis heureux, pour l’honneur de l'université de Paris, de trouver du côté de Jeanne d'Arc le plus célèbre théologien de l'époque : cela console du zèle fougueux de ces docteurs dont la scolastique parlait anglais.  Qu'eût dit le savant chancelier, si, au lieu de clore sa grande vie par ce témoignage rendu à  l'héroïne de son temps, il avait pu la connaître telle qu'elle s'est révélée depuis, jusqu'à l'heure  du supplice? Oui, sans doute, le doigt de Dieu apparaît dans cette prodigieuse carrière, lorsqu'on parcourt ces étapes de la victoire qui s'appellent Orléans, Jargeau, Patay, Troyes, Reims! Mais, je l'avoue, Jeanne d'Arc me  paraît plus grande encore dans sa vie intime, cette vie de l'homme avec Dieu, qui donne la  mesure de son mérite et de sa véritable grandeur : quand je la vois pieuse au milieu des camps comme dans le village natal, attendrie jusqu'aux larmes lorsqu'elle prie Dieu, mettant son bonheur à communier avec les petits enfants, chantant les hymnes de la Vierge à la suite de l'armée ; chaste, pure et inspirant la vertu à tous ceux qui l'approchent; douce au malheur, terrible au scandale ; rapportant à Dieu toute la gloire de ses succès, se dérobant aux honneurs qui viennent au-devant d'elle ;  humble villageoise dans l'éclat d'une cour, servante de Dieu au milieu des hasards de la  guerre, sainte sous l'armure du chevalier. Et lorsque arrivée à l'heure de l'abandon, à ce  couronnement de la souffrance qui attend les grandes missions et qui achève les grandes vertus, je l'entends répondre à des arguties misérables par ces paroles que je ne puis pas redire sans émotion : « Je m'en attends du tout à Notre Seigneur — je m'en attends à l'Église ma mère — je m'en rapporte à Dieu et à notre  saint père le pape » ; quand je la vois demander à ses juges, pour dernière grâce, de ne pas lui refuser la sainte eucharistie, et n'opposer à ses bourreaux que le calme de la résignation et la  sérénité de l'innocence : oh ! non, je ne discute plus la sainteté de Jeanne d'Arc; elle rayonne, elle brille de tout l’éclat qu'emprunte au martyre une vertu héroïque ; et si je ne savais pas que l'Église a les délicatesses d'une mère qui craint de blesser l'honneur d'une partie de ses fils, je ne m'étonnerais que d'une chose, de ne pas  voir Geneviève et Jeanne d'Arc, la vierge de Nanterre et la vierge de Domremy, associées dans un même culte comme les deux anges tutélaires de la France.

    Petit extrait du panégyrique de Jeanne d’Arc prononcé dans la cathédrale d’Orléans le 8 mai 1860 par l’abbé Charles-Emile Freppel, qui était alors professeur d’éloquence sacrée à la Sorbonne. (Il prononcera un second panégyrique en 1867, et après avoir donné à la Sorbonne des cours éblouissants sur, notamment, les premiers pères de l’Eglise, il deviendra évêque d’Angers et député du Finistère, et l’un des inspirateurs de Rerum Novarum.)

  • L'Ascension du Seigneur

    Il n’y a rien de plus à dire que ce qui a été dit de façon définitive par saint Léon le Grand, et qui fait partie de la liturgie (lecture des matines), et qui est superbement résumé dans la Préface de la messe :

    Les bienheureux Apôtres et tous les disciples, qui avaient été alarmés par la mort de Jésus sur la croix, et avaient hésité dans la foi à sa résurrection, furent tellement affermis par l’évidence de la vérité, que, loin d’être attristés en voyant le Seigneur s’élever dans les hauteurs des cieux, ils furent au contraire remplis d’une grande joie. Et certes, il y avait là une grande et ineffable cause de joie, alors qu’en présence d’une sainte multitude la nature humaine s’élevait au-dessus de la dignité de toutes les créatures célestes, pour dépasser les ordres angéliques, pour être élevée plus haut que les Archanges, et ne s’arrêter dans ses élévations sublimes que, lorsque reçue dans la demeure du Père éternel, elle serait associée au trône et à la gloire de Celui à la nature duquel elle se trouvait déjà unie en son Fils.

    Puisque l’ascension du Christ est notre propre élévation, et que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé sa tête glorieuse, tressaillons donc, mes bien-aimés, dans de dignes sentiments de joie, et réjouissons-nous par de pieuses actions de grâces. Car nous n’avons pas seulement été affermis aujourd’hui comme possesseurs du paradis ; mais en la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux ; et nous avons plus obtenu par sa grâce ineffable, que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux que le venimeux ennemi avait bannis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés, et il les a placés à la droite du Père, avec qui étant Dieu, il vit et règne en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

  • Vigile de l’Ascension

    L’évangile de ce jour est le début de ce que l’on appelle la « prière sacerdotale » du Christ : le chapitre 17 de l’évangile de saint Jean. C’est la suite de l’évangile de dimanche dernier, qui était la fin du chapitre 16 (hormis les trois versets qui ne correspondent pas au temps liturgique). L’annonce de l’Ascension est donc exprimée par le début de la prière sacerdotale : « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils… » L’heure est venue pour le Fils d’être glorifié de la gloire céleste, parce qu’il a accompli tout ce que le Père lui avait demandé d’accomplir. Et l’évangile du jour se termine au milieu d’un verset, le verset 11, où l’annonce est précise : « Et déjà je ne suis plus dans le monde, mais eux ils sont dans le monde, et moi je viens à toi. »

    Ou plus précisément « et Moi à Toi je viens ». Les mots importants sont « Moi à Toi ». En grec « ego pros se », avec le même « pros » de la première phrase de l’évangile : « Au Principe était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » Ou « le Verbe était avec Dieu ». Pour ma part je traduirais « le Verbe était chez Dieu », et c’est bien l’un des deux sens principaux du mot latin apud par lequel a été traduit le pros du premier verset de l’évangile.

    Le Christ n’est plus dans le monde depuis sa mort et sa résurrection, même si il y apparaît, et il quitte le monde pour « venir » chez son Père, c’est-à-dire chez lui, dans la gloire éternelle de la Trinité, cette gloire qu’il avait de toute éternité et qu’il n’a jamais perdue, mais dans laquelle il fait entrer désormais la nature humaine.

  • Saint Bède le Vénérable

    « Prêtre du monastère des bienheureux Pierre et Paul, Apôtres, je naquis sur leur territoire, et je n’ai point cessé, depuis ma septième année, d’habiter leur maison, observant la règle, chantant chaque jour en leur église, faisant mes délices d’apprendre, d’enseigner ou d’écrire. Depuis que j’eus reçu la prêtrise, j’annotai pour mes frères et pour moi la sainte Écriture en quelques ouvrages, m’aidant des expressions dont se servirent nos Pères vénérés, ou m’attachant à leur manière d’interprétation. Et maintenant, bon Jésus, je vous le demande : vous qui m’avez miséricordieusement donné de m’abreuver à la douceur de votre parole, donnez-moi bénignement d’arriver à la source, ô fontaine de sagesse, et de vous voir toujours. »

    Extrait du 24e et dernier chapitre du 5e et dernier volume de l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de saint Bède : brève notice sur sa vie et son œuvre, à la suite de la chronologie récapitulative de l’histoire de l’Angleterre depuis Jules César. C’est le texte qui se trouve sur cette dernière page du manuscrit du XIe siècle qui se trouve à la Bibliothèque de France :

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  • Rogations

    L’évêque saint Mamert de Vienne avait eu la très curieuse idée d’organiser des processions pénitentielles les trois jours avant l’Ascension, à la suite de « calamités publiques », et d’accompagner ces processions d’un jeûne, ce qui était totalement incongru, puisque, comme l’avaient déjà souligné nombre de conciles (conformément à Matthieu 9, 14-15), on ne jeûne pas pendant le temps pascal. Néanmoins la chose se répandit dans toute la Gaule et même au-delà. Rome résista longtemps puis finit par admettre les dites processions (qui furent dites Litanies mineures pour les différencier des Litanies majeures du 25 avril), sans toutefois admettre le jeûne.

    Comme la procession se termine normalement par la messe, celle-là a déteint sur celle-ci, et l’on a cru bon de donner également à la messe une allure pénitentielle : ainsi est-elle célébrée en violet (alors que l'office est toujours pleinement pascal).

    La réforme de 1960 a même voulu accentuer la chose, en remplaçant l’alléluia traditionnel, célébrant l’éternelle miséricorde de Dieu, par le double alléluia de la « messe pour toute nécessité », dont le premier est très explicitement pénitentiel.

    C’est un total contresens.

    Notre liturgie est grégorienne même quand elle n’est pas chantée, en référence à saint Grégoire le Grand. Or saint Grégoire le Grand annonce ainsi une procession du 25 avril : « Nous irons à Saint-Pierre, suppliant le Seigneur par des hymnes et des cantiques spirituels afin que dans la célébration des Saints Mystères nous puissions rendre grâce à sa bonté, autant qu'il est en notre pouvoir, pour ses bienfaits passés et futurs. »

    Or c’est la même messe qui fut reprise pour les Rogations. Donc une messe d’action de grâce, et non une messe pénitentielle, selon saint Grégoire. Or il suffit de jeter un coup d’œil sur les antiennes de cette messe pour constater qu’il en est bien ainsi. « Tous les textes de la messe », souligne dom Baron, « sont des paroles de reconnaissance ».

    Et les mélodies – grégoriennes - sont bel et bien des mélodies pascales, et non de pénitence. Citons simplement ces quelques mots de dom Baron (L'expression du chant grégorien, tome 2) sur l’introït :

    « Dès le premier mot, la voix, en se posant ferme sur la double note de exaudívit, met dans la sonorité claire de cette syllabe la joie de l'âme enfin satisfaite. Cette joie ne fait ensuite que se laisser aller très simplement à travers le balancement de témplo sáncto, la remontée de vócem, la tristropha et l'élan si délicat de l'Allelúia, vers les cadences en mi de súo, méam, Allelúia, si évocatrices de la tendresse émue dont sont baignés, au fond de l'âme, ces simples mots. Il y a plus de mouvement dans la deuxième phrase, voire une discrète exultation. » Etc.

    Et il faut lire ce que dit dom Baron de l’alléluia pour comprendre à quel point la réforme de 1960 fut une erreur aggravant le contresens sur la messe des Rogations :

    « L'action de grâces continue. Elle prend cette fois la forme d'un appel à la louange. (…) (La mélodie) 
 est très apparentée au Confitémini du Samedi Saint ; à ce point que, en plusieurs endroits, ce sont les mêmes notes sur les mêmes mots, mais il y a aussi entre les deux de notables différences. Le Samedi Saint, l'Allelúia est discret, gradué, tout à fait adapté à l'éveil progressif de la joie pascale. Ici il n'y a pas à ménager de transition, la joie est là depuis le début de la messe ; recueillie, discrète dans l'Introït, elle prend tout de suite avec l'Allelúia une ardeur plus vive et même un certain éclat. »

    Dans mon bréviaire bénédictin le premier jour des Rogations est (était) une férie majeure de deuxième classe, donc avec préséance sur la plupart des fêtes. Je constate que dans le missel de 1962 les fêtes de troisième classe priment les Rogations. Ainsi cette année saint Philippe Neri. Donc, là où il n'y a qu'une messe, c'est celle de la fête du saint. Et les Rogations passent à la trappe... Evidemment, dans la néo-“liturgie”, il n'y a plus rien du tout qui y ressemble. Pourtant c'est une nécessité de supplier Dieu de nous donner ce dont nous avons besoin, c'est une nécessité de lui rendre grâce, et la légitimité des Rogations en ce jour vient de ce qu'elles illustrent et mettent en pratique l'évangile d'hier.

  • 5e dimanche après Pâques

    Dans le bref évangile de ce dimanche, on voit bien sûr l’annonce de l’Ascension, qui aura lieu dans quatre jours (« Je quitte le monde et je vais auprès du Père »), et l’annonce des trois jours des Rogations à partir de demain : « Si vous demandez… Vous n’avez rien demandé… Demandez et vous recevrez… Vous demanderez en mon nom… »

    Cela dit on ne voit pas forcément la relation entre les Rogations – ces demandes que nous devons formuler – et l’Ascension. Du reste, les Rogations ont été instituées sans rapport avec l’Ascension. Le lien existe pourtant, et il est ainsi expliqué par Dom Pius Parsch : « Le Christ est prêt à partir pour le ciel. Avant son départ, nous voulons lui confier nos besoins et nos prières pour qu’il les présente à son Père céleste dans l’éternelle patrie. »

    D’autre part, il semble que, dans ce passage, le Christ, donc la liturgie, n’annonce pas explicitement la Pentecôte, qui approche elle aussi, alors qu’elle était déjà annoncée dimanche dernier. On sent pourtant confusément que l’annonce s’y trouve d’une façon ou d’une autre.

    En effet elle s’y trouve implicitement, et plus précisément elle se trouve dans le parallélisme entre un verset de l’évangile de ce dimanche et un verset de l’évangile… de la Pentecôte.

    Ce dimanche :

    « Je vous ai dit ces choses en paraboles. L'heure vient où Je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où Je vous parlerai ouvertement du Père. »

    A la Pentecôte :

    « Je vous ai dit ces choses pendant que Je demeurais avec vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en Mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que Je vous ai dit. »

    On voit que « en paraboles » correspond à « pendant que Je demeurais avec vous ». Mais l’heure vient où « je vous parlerai ouvertement », et cela correspond à : « l'Esprit Saint, que le Père enverra en Mon nom, vous enseignera toutes choses ». Je vous parlerai ouvertement par le Saint-Esprit qui parlera dans et par l’Eglise. Le Saint-Esprit, Esprit de Vérité, qui ne parlera pas de lui-même mais dira ce qu’il a entendu, comme le soulignait le Christ dans l’évangile de dimanche dernier (qui est le passage de saint Jean précédant immédiatement celui de ce dimanche).

    Et il y en a qui prétendent que les évangiles n’enseignent pas clairement la Trinité…

  • Virgini Mariae laudes

    Virgini Mariae laudes
    intonent christiani.

    O beata domina
    tua per suffragia
    reconcilientur peccatores.

    Fiant per te liberi
    a fermento veteri
    victimae paschalis
    perceptores.

    Da nobis Maria
    Virgo clemens et pia

    Aspectu Christi viventis
    et gloria frui
    resurgentis.

    Tu prece nos pia
    Christo reconcilia

    Quae sola mater intacta
    es Genitrix
    Verbi Dei facta.

    Credendum est ex te Deum
    et hominem natum
    resurrexisse glorificatum.

    Scimus Christum surrexisse
    a mortuis vere
    conserva Mater nos et tuere. Amen.

    De la Vierge Marie, chrétiens, faites retentir les louanges.

    O bienheureuse dame, par votre intercession, réconciliez les pécheurs à Dieu.

    Afin qu'ils puissent recevoir la victime pascale, daignez les délivrer du vieux levain.

    O Marie, vierge clémente et miséricordieuse,

    Faites-nous jouir de la vue du Christ vivant, et contempler la gloire de sa résurrection.

    Par vos tendres prières, faites notre paix avec lui.

    Vous seule êtes mère et vierge, la Mère du Verbe de Dieu.

    La foi nous enseigne que celui qui de vous naquit Dieu et homme, est ressuscité glorieux du tombeau.

    Oui, nous savons que le Christ est vraiment ressuscité des morts; ô vous qui êtes sa Mère, soyez notre salut et notre défense. Amen.

    (Séquence mariale imitée de Victimæ paschali laudes, dont il existe de nombreuses versions. Celle-ci vient du missel de Cluny de 1523, et a été publiée dans l’Année liturgique de Dom Guéranger.)

  • Le jubilé d’Una Voce

    Una Voce.jpgL’association Una Voce France fête cette année son cinquantenaire. A cette occasion elle organise un congrès les samedi 4 et dimanche 5 octobre 2014, en l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, à Paris (Porte de Saint-Cloud).

    Le thème principal sera : « Le chant grégorien, chant liturgique paroissial. »

    Una Voce souhaite insister sur le chant grégorien comme « chant propre de l’Église » dans le cadre de la schola d’une paroisse, et cela mérite d’être souligné. De ce fait, l’association a lancé un « appel à candidatures » aux chorales grégoriennes, afin de sélectionner celles qui se produiront au cours des deux jours du congrès. S’adresser à Philippe Nikolov ou à Una Voce, 42 rue de la Procession, 75015 Paris.

    Renseignements également dans les deux dernières pages du numéro 296 de la revue Una Voce qui vient de paraître, et où l’on pourra lire aussi ce que je dis de la miséricorde dans les psaumes.

  • In ecclesiis benedicite Deo

    ℟. In ecclesiis benedicite Deo, alleluia, * Domino de fontibus Israël, alleluia, alleluia.
    ℣. Psalmum dicite nomini eius, date gloriam laudi eius.
    ℟. Domino de fontibus Israël, alleluia, alleluia.

    Dans les églises bénissez Dieu, alléluia, le Seigneur depuis les sources d’Israël, alléluia, alléluia. Dites un psaume à son nom, donnez gloire à sa louange.

    Le répons proprement dit est le verset 27 du psaume 67. Son verset est le verset 3 du psaume 65.

    « De fontibus Israel ». Depuis au moins Lemaistre de Sacy, on traduit « vous qui sortez des sources d’Israël », ou quelque chose d’équivalent. Et à force de traduire ainsi, la néo-Vulgate a fini par ajouter « vos », alors que ce pronom ne figure dans aucun manuscrit en aucune langue. On a en effet décrété que tel était le sens dans l’hébreu, mais il n’y a pas « vous » dans le texte hébreu. Et saint Jérôme ne l’a pas ajouté quand il a traduit d’après le texte hébreu, donc il n’était pas non plus dans le texte qu’il avait.

    En fait, ajouter « vous » rompt la structure du texte.

    In ecclesiis benedicite Deo * Domino de fontibus Israël

    Ce verset est typique de ce balancement des versets de psaumes où le deuxième stique reprend le premier d’une façon différente pour l’éclairer ou l’enrichir. Ainsi on a d’abord : « Dans les églises bénissez Dieu », puis - en miroir - on reprend Dieu mais sous la forme de « Seigneur », on sous-entend « bénissez » qu’il n’y a pas lieu de répéter, et au lieu des « églises » on a les « sources d’Israël ». On bénit le Seigneur dans les églises, et on le bénit « depuis les sources d’Israël » ou « à partir des sources d’Israël ». Une expression à laquelle fera écho Isaïe : « Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris » : Puisez les eaux dans la joie, des sources du Sauveur. Les sources du Sauveur sont les sources de l’Israël de Dieu, elles jaillissent du Cœur du Sauveur et du cœur du fidèle qui le bénit dans les églises. Pour la vie éternelle.