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Liturgie - Page 397

  • En Finlande

    L’abbé Anders Hamberg a été ordonné le 7 juin dans la cathédrale Saint-Henri d’Helsinki. L’Eglisede catholique compte moins de 12.000 membres en Finlande (dont la moitié de Polonais). L’abbé Anders Hamberg est le… sixième prêtre a être ordonné dans le pays depuis la réforme protestante. Le lendemain 8 juin, il a célébré sa première messe… dans la forme extraordinaire du rite romain. Dans la cathédrale, qui était comble.

    Article, photographies et commentaires sur Paix liturgique.

  • Sainte Radegonde

    Radegonde était fille de Berthaire, roi des Thuringiens. A dix ans, elle fut emmenée captive par les Francs dont les rois se la disputèrent pour son insigne et royale beauté. Le sort la donna à Clotaire de Soissons qui confia son éducation à d’excellents maîtres. Plus que toutes sciences l’enfant reçut avidement les notions de la foi chrétienne, et abjurant le culte des fausses divinités qu’elle avait reçu de ses pères, elle résolut d’observer non seulement les préceptes de l’Évangile, mais aussi ses conseils.

    Lorsqu’elle eut grandi, Clotaire, dont c’était depuis longtemps l’intention, la voulut pour épouse. Malgré son refus, malgré ses tentatives de fuite, elle fut donc aux applaudissements de tous proclamée reine. Élevée aux honneurs du trône, la dignité royale dut se plier à ses charités, à ses continuelles oraisons, à ses veilles fréquentes, à ses jeûnes, à ses autres macérations, si bien que, par dérision pour une telle piété, les courtisans disaient d’elle que c’était, non une reine, mais une nonne que le roi avait épousée.

    Les dures épreuves, les chagrins de plus d’une sorte que lui infligeait le prince, firent briller grandement sa patience. Mais ayant un jour appris que son frère germain venait d’être par ordre de Clotaire injustement mis à mort, elle quitta aussitôt la cour, du consentement du roi lui-même, et se rendant auprès du bienheureux évêque Médard, elle le supplia instamment de la consacrer au Seigneur. Or les grands s’opposaient vivement à ce que le pontife donnât le voile à celle que le roi s’était solennellement unie. Elle donc aussitôt pénétrant dans la sacristie, se revêt elle-même du vêtement monastique, et de là se rendant à l’autel interpelle ainsi l’évêque : « Si vous différez de me consacrer, craignant plus un homme que Dieu, il y aura quelqu’un pour vous demander compte de mon âme ». Médard, ému de ces paroles, mit le voile sacré sur la tête de la reine, et par l’imposition de la main la consacra diaconesse.

    Elle alla ensuite à Poitiers, où elle fonda un monastère de vierges qui fut plus tard appelé de Sainte-Croix. L’éclat de ses vertus éminentes y attira, pour embrasser la vie de la sainte religion, des vierges presque innombrables. A cause des témoignages singuliers de la divine grâce qui était en elle, le désir de toutes la mettait à la tête ; mais elle aimait mieux servir que commander.

    Bien que la multitude de ses miracles, eût répandu au loin sa renommée, cependant oublieuse de la première dignité, elle ambitionnait les plus vils et les plus abjects offices. Le soin des malades, des pauvres, des lépreux surtout, faisait ses principales délices ; souvent ils étaient miraculeusement guéris par elle. Telle était sa piété envers le divin sacrifice de l’autel, qu’elle faisait de ses mains les pains à consacrer, et en fournissait diverses églises. Mais si parmi les délices royales elle s’était toute adonnée à mortifier sa chair, si dès son adolescence elle avait brûlé du désir du martyre : maintenant qu’elle menait la vie monastique, de quelles rigueurs ne devait-elle pas affliger son corps ? Ceignant ses reins de chaînes de fer, elle allait jusqu’à poser ses membres sur des charbons ardents pour les mieux tourmenter, à fixer intrépidement sur sa chair des lames incandescentes, pour qu’ainsi cette chair elle-même fût à sa manière embrasée par l’amour du Christ.

    Clotaire ayant résolu de la reprendre et de l’enlever à son cloître, étant même déjà en marche pour venir à Sainte-Croix, elle sut si bien l’en détourner par des lettres adressées à saint Germain évêque de Paris, que le prince, prosterné aux pieds du saint prélat, le supplia d’implorer de la pieuse reine pardon pour son roi et son époux.

    Elle enrichit son monastère de reliques saintes apportées de divers pays. Ayant même envoyé dans ce but des clercs à l’empereur Justin, elle en obtint une partie insigne du bois de la Croix du Seigneur, qui fut reçue en grande solennité par la ville de Poitiers, le clergé et le peuple entier tressaillant d’allégresse. On chanta en cette occasion les hymnes composées à la louange de la Croix auguste par Venance Fortunat, qui fut depuis évêque, et jouissait alors de l’intimité sainte de Radegonde, dont il administrait le monastère.

    Enfin la très sainte reine étant mûre pour le ciel, peu de jours avant qu’elle ne sortit de cette vie, le Seigneur daigna lui apparaître sous les traits d’un jeune homme éclatant de beauté, et elle mérita d’entendre de sa bouche ces mots : « Pourquoi ce désir insatiable de jouir ? Pourquoi te répandre en tant de gémissements et de larmes ? Pourquoi ces supplications répétées à mes autels ? Pourquoi sous tant de travaux briser ton pauvre corps ? Quand je te suis uni toujours ! Ma noble perle, sache qu’entre les pierres sans prix du diadème de ma tête tu es une des premières ». L’année donc 587, elle exhala son âme très pure dans le sein du céleste Époux qu’elle avait uniquement aimé. Elle fut ensevelie, selon son désir, dans la basilique de la bienheureuse Marie par saint Grégoire de Tours.

    (Bréviaire bénédictin cité dans L’Année liturgique)

  • Sainte Claire

    En ce temps-là, la sainte Eglise était secouée parles guerres du schismatique empereur Frédéric et le val de Spolète but le calice amer de sa fureur plus souvent que les autres pays. Le dit monarque avait envoyé dans cette vallée plusieurs escadrons et compagnies de gens armés, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de Sarrazins et de nombreux archers; ils fourmillaient comme un essaim d'abeilles et couvraient toute la terre. Ils brûlaient et démolissaient villes, forteresses et châteaux, coupaient les arbres, rasaient les vignes et les jardins, prenaient hommes, femmes et enfants pour les tuer ou les jeter en prison. Les habitants d'Assise, épouvantés, s'étaient enfuis à leur approche, à l'exception d'un très petit nombre. Bientôt, en effet, la rage des ennemis se tourna vers la cité qui était spécialement chère au Seigneur. Les Sarrazins, gens pleins de malice et de cruauté, toujours prêts à répandre le sang chrétien, coururent d'abord au monastère des Pauvres Dames. Avec une frénétique et bestiale audace, ils entrèrent dans le cloître en escaladant les murs. Les pauvres Sœurs eurent tant d'effroi que leurs cœurs tremblaient dans leurs corps. Tout en larmes, elles se pressèrent au chevet de leur bonne Mère, qui était alors couchée et gravement malade, et lui dirent la raison de leur épouvante. Sans aucune crainte, la douce vierge Claire réconforta ses filles en disant :

    « — Mes Sœurs et filles, ne craignez rien, si Dieu est avec nous, que pourront nous faire ses ennemis ? Confiez-vous en Notre Seigneur Jésus-Christ, car il vous délivrera. »

    Elle se fit alors conduire jusqu'à la porte et mettre devant les barbares. Puis elle ordonna d'apporter le corps de Notre Seigneur, lequel était précieusement enfermé dans une petite cassette d'argent, recouverte d'une autre en ivoire. La séraphique Claire recommanda à la Fleur de la virginité, Notre Seigneur Jésus-Christ, celle de ses filles, et, se prosternant à terre, le pria avec beaucoup de larmes, disant :

    « — Te plaira-t-il, mon doux Jésus, que tes servantes sans défense, que j'ai toujours nourries du lait savoureux de ton très doux amour, tombent maintenant aux mains de ces païens ? O mon Seigneur Jésus ! qu'il te plaise de garder tes pauvres servantes, car je ne les puis sauver maintenant ! »

    Lorsqu'elle eut dit ces paroles, Madame Sainte Claire et les deux Sœurs qui la soutenaient, sœur Françoise de Colle di Mezzo et sœur Illuminata, de Pise, ouïrent une voix d'enfant qui répondit avec une infinie douceur.

    « — Je vous garderai toujours. »

    Claire répliqua :

    « — Je te prie, mon Seigneur, s'il te plaît, de garder aussi cette ville, car pour ton amour elle nous donne de quoi vivre. »

    Et Notre Seigneur répondit encore :

    « — La ville n'aura aucun mal par ma grâce, et pour ton amour, je la délivrerai. »

    A cette voix merveilleuse, le visage de la sainte fut irradié de lumière, de sorte que les Sœurs étaient en grande admiration ; la séraphique vierge, levant vers le ciel ses yeux pleins de larmes, commença à réconforter ses filles, leur disant :

    « — Je vous commande, mes belles filles, de vous consoler et de n'avoir aucune peur, ayez confiance et espérance en Dieu, car les Sarrazins ne vous feront pas de mal. »

    Chose admirable, soudain tous ces méchants chiens qui étaient entrés avec tant de férocité dans le cloître furent saisis d'un si grand effroi que, remontant par-dessus les murs, ils s'enfuirent en hâte. Et c'est ainsi qu'ils furent chassés par la vertu de l'oraison de Madame Sainte Claire. Ni les Sœurs, ni le moutier, ni le jardin ne subirent aucun dommage, et peu après les Sarrazins partirent sans troubler la cité d'Assise.

    Cette invasion de Saint-Damien eut lieu au mois de septembre [1242], un vendredi, à trois heures environ, et la très douce vierge Claire, ce soir-là, dans sa profonde humilité, appela les deux Sœurs qui seules avaient ouï la voix et leur commanda de n'en parler à personne tant qu'elle vivrait.

    Thomas de Celano, Vie de sainte Claire, ch. 16

  • Saint Tiburce et sainte Suzanne

    Saint Tiburce, selon les Actes, était le fils du préfet Chromatius, et il fut mis à mort sous Dioclétien. Son corps fut enseveli dans le cimetière ad duas Lauros, non loin de ce qui devint plus tard la villa impériale de Constantin sur la voie Labicane.

    Damase y plaça l’inscription suivante :

    TEMPORE • QVO • GLADIVS • SECVIT • PIA • VISCERA • MATRIS
    EGREGIVS • MARTYR • CONTEMPTO • PRINCIPE • MVNDI
    AETHERIS • ALTA • PETIT • CHRISTO • COMITANTE • BEATVS
    HAEC • TIBI • SANCTVS • HONOR • SEMPER • LAVDESQVE • MANEBVNT
    CARE • DEO • VT • FOVEAS • DAMASVM • PRECOR • ALME • TIBVRTI

    Quand le glaive du persécuteur transperçait le sein de la Mère Église,
    ce noble martyr, méprisant les ordres du prince temporel,
    suivit, bienheureux, le Christ au royaume céleste.
    Cela t’a mérité les honneurs de la liturgie sacrée et une louange impérissable.
    O saint martyr Tiburce, cher à Dieu, je te supplie de protéger Damase.

    Grégoire IV transféra le corps de Tiburce à Saint-Pierre, et, dans l’Ordo Romanus XI, nous lisons que le Pape, avant de commencer les vigiles solennelles au Vatican, allait encenser l’autel de saint Tiburce.

    La liste des Évangiles de Würzbourg, d’accord avec la plus ancienne tradition romaine, n’indique que la seule messe de saint Tiburce, avec la lecture évangélique : Hoc est praeceptum meum, comme pour la vigile des Apôtres. Sainte Susanne est venue plus tard.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • 9e dimanche après la Pentecôte

    Et comme il approchait de Jérusalem, voyant la cité, Jésus pleura sur elle.

    Jésus vient de Béthanie, par le mont des Oliviers. Béthanie, où il a pleuré la mort de son ami Lazare avant de le ressusciter. Le mont des Oliviers, où il sera triste à en mourir, et où son corps lui-même tout entier pleurera des larmes de sang.

    Jésus descend du mont des Oliviers, du mont de l’Agonie, pour remonter, au-delà du Cédron, vers Jérusalem, vers le Temple du Dieu vivant.

    C’est le triomphe des Rameaux, mais Jésus descend dans la mort. Puis il ressuscite et entre dans le Temple de sa gloire, maison de prière qu’il débarrasse de tout négoce du monde des mortels.

    Pleurant sur Jérusalem, Jésus annonce de façon précise la destruction de la ville sainte par les Romains. Parce qu’elle n’a pas connu le temps où elle a été visitée. Jésus ne pleure pas sur les pierres mais sur les âmes. Or une autre Jérusalem va succéder à la première : l’Eglise. Dont nous sommes les membres. Origène : « Nous sommes nous-mêmes la Jérusalem sur laquelle le Seigneur pleure : quand malgré la connaissance de l’Evangile, l’enseignement de l’Eglise et ses sacrements, l’un de nous vient à pécher, il y a lieu de gémir et de pleurer sur lui. »

    C’est sur nous que pleure Jésus. Mais nous pouvons encore connaître le temps de sa visitation. Nous pouvons connaître aujourd’hui, in hac die, ce qui nous donnera la Paix, Celui qui est notre paix.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Fuit vir unus de Ramáthaim Sophim, de monte Ephraim. Potest, huius montis nómine, beatíssima semper Virgo Maria, Dei Génitrix, designari. Mons quippe fuit, quæ omnem electæ creaturæ altitúdinem, electiónis suæ dignitate, transcéndit. An non mons sublimis Maria, quæ, ut ad conceptiónem æterni Verbi pertingeret, meritórum vérticem, supra omnes Angelórum choros, usque ad sólium Deitátis eréxit? Huius enim montis præcellentíssimam dignitátem Isaías vatícinans, ait: Erit in novíssimis diébus præparátus mons domus Dómini in vértice móntium. Mons quippe in vértice móntium fuit, quia altitúdo Maríæ supra omnes Sanctos refulsit.

    « Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, dans la montagne d’Ephraïm… » (1 Rois, 1). La bienheureuse Vierge Marie mère de Dieu peut bien être désignée par le nom de cette montagne. Elle a été en effet comme une montagne, puisque par la dignité du choix qui en a été fait elle a surpassé tout ce qu’il y a de grandeur dans les créatures les plus excellentes. Ne peut-on pas dire que Marie est une montagne élevée, puisque pour être élevée à la dignité de mère du Verbe éternel, ses mérites l’ont élevée au-dessus de tous les chœurs des anges, et l’ont comme portée jusqu’au trône de la divinité. C’est de cette montagne dont par un esprit prophétique Isaïe relève l’éminente dignité, et dit : « Dans les derniers temps, la montagne sur laquelle sera bâtie la maison du Seigneur sera fondée sur le haut des monts. » Elle a été vraiment fondée sur le haut des montagnes, puisqu’elle a été élevée au-dessus de tous les saints.

    Saint Grégoire le Grand, commentaire des livres des Rois, lecture des matines. Traduction du bréviaire bénédictin latin-français de 1725.

  • Saint Jean-Marie Vianney

    C'est en 1921 seulement, à quatre-vingt-trois ans sonnés, que Mme Barrois, une paroissienne de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, confia à l'un des vicaires, M. l'abbé Laminette, ses souvenirs d'Ars, qui remontaient à 1847. « Soixante-quinze ans après, c'est bien tard ! » se récriera-t-on peut-être. Mais, outre qu'il n'est jamais trop tard pour révéler des choses intéressantes, ajoutons, avec l'abbé Laminette, que Mme Barrois était encore en 1921 « une personne à l'intelligence très lucide ». Du reste, plus d'une fois déjà elle avait raconté son histoire sans qu'on en communiquât le détail au presbytère d'Ars. Heureusement, M. le vicaire de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou y a pensé. « Il fallait observer, dans la narratrice, rapporte-t-il, la vivacité du regard qui semblait contempler le saint Curé et revivre la scène lointaine. »

    En 1847, dans la région d'Ars, il y avait une famille dont la mère n'était pas heureuse parce que le père se comportait comme un homme sans foi. Leur fille, qui avait neuf ans, était malheureuse aussi, parce que son papa faisait pleurer sa maman. « Oh ! ma petite, disait souvent celle-ci, il faut bien prier pour le papa. Le papa n'est pas gentil ! »

    Ce que ces paroles signifiaient, l'enfant avait peine à le comprendre. Tout ce qu'elle savait, c'est que sa mère avait de grands chagrins. On parlait beaucoup du Curé d'Ars à l'école où allait l'enfant. On disait qu'il « consolait les affligés ». Elle demanda ce que ces mots-là, au juste, voulaient dire. Une maîtresse les lui expliqua. Elle comprit. Alors, il se fit dans sa petite tête tout un travail : oui, elle aussi, puisqu'elle était une affligée, elle irait demander au bon Curé d'Ars de la consoler !

    Un beau soir, toute seule, à la sortie de l'école, elle partit. Ars, où était-ce ? Elle l'ignorait. Elle marcha sur une route qui devait l'y mener, pensait-elle. A force de marcher, elle arriva dans un grand village inconnu. La nuit tombait.

    « C'est ici Ars, madame ? demanda l'enfant à une femme qu'elle rencontra.

    — Tu vas à Ars, ma petite ? Mais ce n'est pas tout à fait le chemin ici.

    — Oh ! moi qui voudrais tant parler à M. le Curé !... »

    La pauvrette avait une telle sincérité dans la voix, une telle candeur dans le regard, que la femme en fut touchée.

    « Ma petite, lui dit-elle maternellement, tu dois avoir faim. Et il fait noir. Viens à la maison. »

    La jeune voyageuse fut donc hospitalisée, restaurée et logée pour la nuit. Le lendemain, les gens de foi qui l'avaient recueillie, au lieu de la renvoyer chez elle, la firent conduire à Ars en voiture.

    L'impression qu'éprouva en pénétrant dans l'église du saint cette enfant de neuf ans fut si forte que, soixante-quinze années plus tard, elle semblait la ressentir encore. Elle se crut perdue dans cette foule. Ah ! songeait-elle, il ne me verra pas, et je ne lui parlerai jamais !

    Pauvre petit cœur endolori ! Tout au fond de l'église, la tête dans ses mains, la fillette pleurait, secouée par les sanglots... Or la porte de la sacristie s'était ouverte et là-bas, sous l'arcade sombre du clocher, le Curé d'Ars faisait un geste d'appel.

    « Moi, mon Père ?... Vous m'appelez, mon Père ?... » questionnaient des pèlerins que paraissait désigner la main tremblante. Mais le saint leur faisait signe que non. Cependant, il insistait.

    « Mais c'est vous, ma petite fille, c'est vous qu'il appelle ! Allez donc ! » dirent soudain à l'enfant de charitables voisines.

    Et tout le monde fut étonné de voir s'avancer vers le Curé d'Ars, toute seule comme elle était venue, cette chétive gamine aux yeux pleins de larmes.

    Dès qu'elle fut agenouillée au confessionnal de la sacristie, M. Vianney lui dit avec une grande douceur :

    « Mon enfant, vous allez vous confesser bien vite, car chez vous on est inquiet et l'on vous cherche... Aimez bien le bon Dieu !... Vous vivrez longtemps, ma petite... Oh ! vous aurez des croix, beaucoup de croix... Mais ne vous tourmentez plus : le papa fera une mort bien chrétienne... Écoutez, mon enfant, la prière que vous réciterez chaque jour : Mon Dieu, venez en moi, pour que vous demeuriez en moi et que je demeure en vous... ».

    Que de fois la fillette devenue jeune fille, puis épouse, puis veuve, se les redit, ces paroles du saint restées si profondément gravées dans sa mémoire ! Fidèle à la recommandation de M. Vianney, elle répétait, dans ses prières quotidiennes, la belle invocation qu'il lui avait apprise.

    « Hélas ! confiait-elle à M. l'abbé Laminette, à neuf ans je ne comprenais guère ce que c'était que des croix. Je ne l'ai que trop bien compris plus tard !... Mais enfin, mon père fit une mort très chrétienne, et moi, me voilà bien vieille. Toutes les prédictions du saint Curé d'Ars à mon endroit se sont réalisées. »

  • Saint Donat

    Aujourd’hui c’est la fête de saint Gaétan de Thiene, que j’ai évoqué plusieurs fois. Cette fête a éclipsé celle de saint Donat, dont demeure néanmoins la commémoraison. Evêque d’Arezzo au IVe siècle, saint Donat est le patron d’Arezzo et de nombreuses autres villes d’Italie.

    Deus, tuórum glória sacerdótum : præsta, quǽsumus, ut sancti Martyris tui et Epíscopi Donáti, cuius festa gérimus, sentiámus auxílium. Per Dóminum…

    Sa qualité de martyr a été contestée car les plus anciens martyrologes et sacramentaires ne lui donnent pas ce titre. Mais on remarque dans cette oraison l’expression originale « tuorum gloria sacerdotum » : Dieu, qui es la gloire de tes prêtres. Le bienheureux cardinal Schuster explique : « Jésus est la gloire de ses prêtres, parce que le caractère sacerdotal imprime dans l’âme une spéciale conformité au Christ, Pontife éternel. Cette conformité qui, dans la vie présente, confère au ministre sacré la puissance efficace d’agir au nom du Christ dans l’administration des Sacrements, constituera aussi au ciel un titre éclatant de gloire. »

  • Transfiguration de Notre Seigneur

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    Petites vêpres de la liturgie byzantine

    Lucernaire

    Venez, nous transformant * et progressant vers le bien, * remplis de pensers célestes * pour nous conformer au Christ dans la foi * et, nous élevant de terre jusqu'au sommet des vertus, exultons de joie, * puisque, transfigurant le genre humain corrompu, * il l'a fait resplendir dans sa miséricorde sur le Thabor, * le Sauveur de nos âmes. (2 fois)

    Amis des voix célestes * et des visions qui dépassent l'entendement, * contemplons en ce mystère le Christ * resplendissant de son divin rayonnement, * et que la voix du Père vibre en nos cœurs, * car il proclame comme son Fils bien-aimé * celui qui éclaire la faiblesse humaine sur le Thabor * et fait jaillir la clarté sur nos âmes. Que l'ensemble des êtres peuplant * ce monde et le céleste séjour * se lève pour la louange du Christ notre Dieu, * seigneur des vivants et des morts, * divinement transfiguré sur le mont Thabor, * car il s'entoure des chefs et des hérauts * de la grâce et de la loi, selon son bon plaisir, * le Sauveur de nos âmes.

    Gloire au Père... Maintenant…

    Succédant à l'obscurité de la Loi, * voici la nuée lumineuse * qui entoure le Christ transfiguré; * en elle se trouvaient Moïse et Elie * qui,  jugés dignes de la gloire plus brillante que soleil, * dirent au Christ: Tu es notre Dieu, Roi des siècles.

    Apostiches

    Le Christ en ce jour, * sur la montagne du Thabor * transformant la nature humaine ternie, * lui conféra sa divine splendeur.

    A toi le ciel, à toi aussi la terre. Illuminés par l'éclat des vertus, * gravissons la montagne sacrée * afin de contempler * la Transfiguration du Seigneur notre Dieu. A ton nom le Thabor et l'Hermon exultent de joie. S'il éclaire la terre, le soleil * connaît encore son déclin, * mais le Christ, rayonnant de gloire sur le Thabor, * illumine le monde entier.

    Gloire au Père... Maintenant...

    Moïse et Elie * ont vu sur le Thabor * le Dieu qui a pris chair d'une Vierge * pour le salut du genre humain.

    (Icône de Théophane le Grec, maître d'André Roublev, 1408)

  • Dédicace de Sainte-Marie aux Neiges

    « A Rome, sur le mont Esquilin, Dédicace de la Basilique Sainte-Marie aux Neiges ». Cette basilique, une des plus importantes de Rome, est un sanctuaire qui intéresse grandement la piété de l’Église romaine. La dédicace d’une cathédrale ou d’une église paroissiale reste une fête locale ; la dédicace des églises-mères de la chrétienté (le Latran, Saint-Pierre, Saint-Paul, Sainte-Marie-Majeure) se célèbre, au contraire, dans l’univers entier, en signe de la communion de tous les fidèles avec Rome. Sainte Marie-Majeure est une des grandes stations du calendrier liturgique où nous nous rendons plusieurs fois tous les ans par la pensée (à Noël, à Pâques, aux mercredis des Quatre-Temps).

    Ce sanctuaire, primitivement appelé Basilica Sicinini, remonte à l’époque constantinienne. L’histoire de sa fondation repose sur une légende dont on ne trouve pas trace avant le moyen âge. En voici les épisodes d’après le bréviaire : « Sous le pontificat du pape Libère (352-366), le patrice romain Jean et son épouse, étant tous deux sans enfants, décidèrent de donner leur héritage à la Très Sainte Vierge en la suppliant ardemment de leur faire connaître, d’une manière ou d’une autre, à quelle œuvre pieuse devaient employer leurs richesses. Marie écouta leur prière et y répondit par un miracle. Le 5 août, à l’époque des grandes chaleurs à Rome, une partie du mont Esquilin fut couverte de neige durant la nuit. Cette même nuit, les pieux époux eurent un songe pendant leur sommeil, et la Mère de Dieu les avertit séparément d’élever une église qui lui serait dédiée à l’endroit qu’ils verraient couvert de neige : ainsi voulait-elle être instituée leur héritière. Le patrice Jean rapporta la chose au pape Libère qui avait eu la même vision. Celui-ci se rendit alors processionnellement, accompagné de son clergé et du peuple, à la colline couverte de neige, et y détermina l’emplacement de l’église ».

    La basilique fut reconstruite sous le pontificat de Sixte III (431-440) qui la dédia (432) à Marie, dont le Concile d’Éphèse (431) venait de proclamer le titre de Mère de Dieu. L’abside et les murs du nouvel édifice furent ornés de mosaïques représentant la vie du Sauveur. A la fin du quatrième siècle, on y avait bâti une grotte à l’image de la Grotte de Bethléem ; de là le nom de Sainte-Marie-à-la-Crèche qu’on lui donne aussi. C’était Bethléem que les fidèles de Rome croyaient retrouver en ce temple. On l’appelle encore : Basilique Libérienne (du nom du pape qui. l’a construite), Sainte-Marie-Majeure (en raison de son importance), et Sainte-Marie-aux-Neiges (d’après la légende de son origine).

    Contrairement à l’usage habituel, la liturgie utilise aujourd’hui, non pas l’Office de la Dédicace, mais l’office de la Sainte Vierge avec la messe si connue du commun : Salve Sancta Parens.

    Dom Pius Parsch