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Liturgie - Page 402

  • Saint Ephrem

    Souveraine Mère de Dieu qui enfantas le Christ Dieu notre Sauveur, je place toute mon espérance en toi qui es au-dessus de toutes les puissances du ciel. O Vierge, emblème de la pureté, fortifie-moi de ta sainte grâce; dans cette vie, sois mon guide, conduis-moi selon la Volonté de ton auguste Fils notre Dieu. Obtiens-moi la rémission de mes péchés, sois mon refuge, ma protection, ma délivrance, sois la main qui me dirige vers la vie éternelle. Souveraine, Souveraine, ne m'abandonne pas à l'heure suprême, hâte-toi de m'apporter le secours qui m'est nécessaire, arrache-moi de la cruelle tyrannie des esprits de l'enfer. Tu es la très bonne Mère du Christ notre Dieu, tout ce que tu veux, tu dois le pouvoir.

    Toi, seule Souveraine et Génitrice de Dieu, tu es dans une sphère élevée au-dessus de toute la terre. Quant à nous, Épouse de Dieu, nous te bénissons avec foi, nous t'honorons avec amour, nous te rendons un culte respectueux, nous chantons tes louanges et nous proclamons ta béatitude dans le langage de la vénération. Tu es en effet la gloire des gloires, la récompense des récompenses, la puissance des puissances.

    O Souveraine, mon bonheur après Dieu, rosée divine qui apaises l'ardeur brûlante qui me dévore, source jaillissante du sein de Dieu même, à laquelle se rafraîchit mon cœur embrasé, lumière éclatante de mon âme plongée dans les ténèbres, guide du faible, appui du pauvre, manteau de la nudité, richesse de l'indigent, remède des plaies incurables, tu taris les pleurs, tu apaises les soupirs, tu allèges les infortunes, tu guéris les douleurs, tu brises les chaînes. Espérance de mon salut, exauce mes prières; aie pitié de mes gémissements, accueille mes lamentations, aie compassion de moi, laisse-toi fléchir par mes larmes.

    Que pour moi tes entrailles soient émues; n'es-tu pas la Mère d'un Dieu bienfaisant ? Jette un regard de bonté, accueille favorablement ma prière, réponds à mon désir, étanche ma soif; unis-moi à ma famille, à mes compagnons de service, dans la terre des hommes pacifiques, dans le sanctuaire des justes, dans le chœur des saints, et rends-moi digne, toi, protection et joie de tous et volupté pure, de participer à ta félicité, je te le demande, à la joie inénarrable du Dieu et Roi que tu as engendré, à ses noces inexplicables aux délices inépuisables, à son Règne éternel et sans fin. Car tu es ma Souveraine, mon refuge, ma vie, ma protection, mon armure, ma joie, mon espérance, ma force; fais-moi jouir, de concert avec toi, vers les régions célestes, des Dons indicibles et inconcevables de ton Fils.

    Tu as, je le sais, une puissance égale à ta volonté, telle enfin que doit l'avoir la Mère du Très-Haut. Aussi me suis-je enhardi; fais que je ne sois pas trompé dans mon attente, fais que cette attente soit remplie, ô très pure Souveraine, Épouse de Dieu, toi qui, contre les lois de la nature, as enfanté le Seigneur attendu de tous, notre Seigneur et vrai Dieu Jésus Christ à qui revient toute gloire, tout honneur et toute vénération, avec son Père sans commencement et son très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

    Saint Ephrem, Prière à la Vierge, n. 2 et 3.

  • Saint Grégoire Barbarigo

    La fête de saint Grégoire Barbarigo est l’une des deux fêtes de saints ajoutées au calendrier lors de la réforme de 1960. L’autre est saint Antoine Marie Claret, mais celui-ci avait été canonisé en 1950, alors que celui-là venait tout juste de l’être, deux mois auparavant. Dès 1961 il fut décidé de construire à Rome une église Saint-Grégoire Barbarigo. Du moins un truc en forme de silos emboîtés censé être une église. Elle fut inaugurée par Paul VI en 1971. Son titulaire actuel est le cardinal Panafieu.

    On lit dans le Mercure de France de juillet 1727 :

    « Le Pape a envoyé à Padoue une Commission Apostolique, pour faire l'Enquête de la vie & des miracles du feu Cardinal Gregoire Barbarigo , Evêque de Padoüe , & Oncle du Cardinal de ce nom, qui est actuellement Evêque de la même Ville. Les Evêques de Famagoste & de Bellano, qui sont nommés pour cette Enquête, ont commencé d'y travailler le 18. du mois dernier, jour auquel on célébre l’Anniversaire de ce Cardinal, qui est mort il y a environ 30. ans. Le Cardinal Barbarigo, neveu du défunt, fait tous les frais de cette Commission. »

    Si l’on ajoute que les Barbarigo étaient une grande famille de Venise (il y avait déjà eu un Grégoire Barbarigo ambassadeur – son père ?), et que la sainteté de l’évêque de la Réforme catholique à Padoue ne faisait pas de doute, on se dit qu’il y en a qui sont plus facilement canonisés que d’autres. Et pourtant sa cause s’enlisa après sa béatification en 1761. Il n’y avait plus de Barbarigo pour la relancer ? Jean XXIII, qui était de Bergame, utilisa la procédure d’équipollence pour canoniser celui qui avait été brièvement évêque de cette ville.

    Voici le palais Barbarigo à Venise :

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    Et l’église Saint Grégoire Barbarigo de Rome :

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  • La messe du premier dimanche après la Pentecôte

    Saint Jean-Paul II a fait du premier dimanche après Pâques le « dimanche de la divine miséricorde », en lien avec les révélations de sainte Faustine. Mais autrefois, avant le XIVe siècle, celui qui était appelé « dimanche de la miséricorde » était le premier dimanche après la Pentecôte. La messe de ce dimanche fut malencontreusement supplantée par la fête de la Sainte Trinité, et elle a donc disparu pour la plupart des fidèles. Toutefois on peut, et même on doit, la célébrer un des trois jours entre la Trinité et la Fête Dieu, s’il n’y a pas de fête de saint.

    Cette messe est véritablement une messe de la miséricorde divine, à tel point que c’est à se demander s’il n’y a pas eu un bug dans la révélation à sainte Faustine…

    L’introït chante l’espérance en la miséricorde divine, selon le psaume 12 où le psalmiste passe du désespoir à la joie du salut précisément grâce à la divine miséricorde. (L’introït renverse l’ordre du psaume : il commence par la joie du salut.)

    L’épître commence par la proclamation de saint Jean que « Dieu est amour » (ce passage de la première épître ne figure dans aucune autre messe). Saint Jean reprend le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain et montre que cet amour, fondement de la miséricorde de Dieu et de la miséricorde envers le prochain, est ce qui permet et opère l’union avec Dieu. « Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

    Le graduel, avec les mots du psaume 40, reprend la plainte initiale du psaume 12 mais ajoute que Dieu délivrera celui qui comprend l’indigent.

    L’évangile commence par le commandement du Christ : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. »

    L’antienne de communion montre que la suppliante prière qui parcourait toute cette messe a été exaucée, par l’union au corps du Christ : « Je raconterai toutes tes merveilles, je me réjouirai et j’exulterai en toi, je chanterai ton nom, toi le Très-Haut. » Ce verset du psaume 9 est similaire au verset du psaume 12 qui ouvrait la messe.

  • Fête de la Très Sainte Trinité

    La première lecture des matines est le début du chapitre 6 d’Isaïe. Pourquoi ? Parce qu’on y voit deux séraphins qui chantent « Sanctus, Sanctus, Sanctus », montrant que si le Dieu unique est trois fois saint c’est qu’il est en trois personnes. Et aussi parce que Dieu demande : « Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? » Saint Jérôme est le premier à avoir remarqué que Dieu parle d’abord à la première personne du singulier, en tant que substance divine, puis à la première personne du pluriel, en tant que pluralité de personnes. Voici les deux textes de saint Jérôme (de son grand commentaire d'Isaïe), dans la traduction de l’abbé Bareille (1878).

    *

    « Quand ils crient “le premier au second”, selon l’hébreu, “celui-ci à celui-là”, c’est-à-dire l’un à l’autre, ils s’excitent mutuellement aux louanges de Dieu en ces termes : “Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu des armées”, par quoi ils montrent le mystère de la Trinité en un seul Dieu ; et ce n’est nullement le temple des juifs, comme tout d’abord, mais l’univers qu’ils montrent tout rempli de la gloire de Celui qui, pour notre salut, a daigné se revêtir d’un corps d’homme et descendre sur la terre. Enfin, à Moïse, quand, après l’adoration du veau d’or, il le suppliait de pardonner au peuple coupable, Dieu répond : “Je leur pardonnerai ; mais je jure par moi-même que toute la terre sera remplie de ma gloire” ; et le psaume 71 dit : “Toute la terre sera remplie de sa gloire.” Aussi les anges criaient-ils aux bergers : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.” (…) C’est pourquoi il est dit qu’ils ont six ailes, qu’ils voilent la face et les pieds de Dieu, qu’ils rendent à l’envi témoignage de la vérité, que tout ce qu’ils crient montre le mystère de la Trinité, qu’ils admirent l’un et l’autre que le Dieu des armées, ayant la forme de Dieu le Père, ait pris la forme de serviteur, qu’il se soit humilié jusqu’à mourir et à mourir sur la croix, et qu’après n’avoir été d’abord connu que dans les cieux, il se soit fait connaître sur la terre. »

    *

    « Ce pluriel “nous”, dans la bouche de Dieu, a le même sens qu’en ce passage de la Genèse : “Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance.” Il indique le mystère de la Sainte Trinité. De même, en effet, que, lorsqu’on lit dans l’Evangile ces mots du Seigneur : “Mon Père et moi sommes un”, on rapporte “un” à la nature divine, et “sommes” à la diversité des personnes, de même, quand le Seigneur donne un ordre, c’est la Trinité qui commande. »

  • Samedi des quatre temps

    Nous avons toujours (et pour la dernière fois) les alléluias, antiennes, répons et hymnes de la Pentecôte, mais la messe de ce jour est néanmoins pleinement une messe de samedi des quatre temps, avec son ancienne vigile : ses cinq lectures avant l’épître, dont plusieurs évoquent les moissons et les fruits de la terre, et ses oraisons qui parlent du jeûne, et il y a même un « trait », sans alléluia.

    L’évangile paraît sans rapport avec ces divers thèmes, puisque c’est le récit de la guérison de la belle-mère de Pierre et d’autres guérisons, le même qu’au troisième dimanche de carême.

    Il y a toutefois une imposition des mains, qui est le geste par lequel est transmis le Saint-Esprit – par lequel sont conférées les ordinations sacerdotales, puisque c’est un jour d’ordinations. Et l’antique station était à Saint-Pierre de Rome : la maison de saint Pierre.

    Dom Pius Parsch :

    « L’Évangile représente le magnifique “mystère” de la messe : “Jésus entra dans la maison de Simon” (Station à Saint-Pierre). “Quand le soleil fut couché (la messe était célébrée, jadis, dans la nuit du samedi), on lui amena les malades” (ces malades, c’est nous qui venons à la messe) ; “il leur imposa les mains” (l’imposition des mains est le signe de la communication du Saint-Esprit), et il les guérit. Mais quand il fit jour, il s’en alla (après la messe, il nous quitte ; le temps pascal est achevé).

    « Le “mystère” trouve son accomplissement au Saint-Sacrifice. Dans la communion, les fidèles sentent le souffle du Saint-Esprit. Dans les anciens antiphonaires, on trouve une antienne de communion qui convient très bien ici. Nous entendons le Maître qui nous quitte nous dire, à la fin du temps pascal : “Je ne vous laisse pas orphelins, mais je reviens (chaque fois que se célèbre le sacrifice eucharistique) et votre cœur se réjouira.” »

  • Vendredi des quatre temps

    Comme mercredi, la liturgie est toujours dans la pleine lumière de la Pentecôte. Toutefois un aspect des quatre temps réussit à émerger : dans la première lecture de la messe. Il s’agit du passage de Joël qui précède immédiatement celui qui annonce la Pentecôte et qui a été cité mercredi par saint Pierre dans la première lecture (« Je répandrai mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront », etc.) Avant le don de prophétie, il y avait les dons de la terre : « Les aires seront pleines de blé, et les pressoirs regorgeront de vin et d’huile… » C’est ici l’écho de l’action de grâce des quatre temps d’été pour les récoltes. Mais il faudra attendre demain pour avoir dans la liturgie l’aspect de pénitence préparatoire aux ordinations prévues pour ce samedi.

    La « secrète » de la messe de ce jour est particulièrement remarquable. Le bienheureux cardinal Schuster la présente ainsi :

    « Dans la prière sur les oblations, faisant allusion au feu céleste qui, dans l’ancienne loi, consuma les sacrifices des Patriarches pour signifier qu’ils étaient agréables à Dieu et qu’il les acceptait ; nous demandons qu’ainsi l’Esprit Saint, feu dévorant de sainteté et d’amour, enveloppe aujourd’hui de ses mystiques flammes l’offrande de la sainte Église, pour que le sacrifice eucharistique soit agréé par Dieu et profitable au peuple chrétien. »

    Sacrifícia, Dómine, tuis obláta conspéctibus, ignis ille divínus absúmat, qui discipulórum Christi, Fílii tui, per Spíritum Sanctum corda succéndit. Per eúndem Dóminum…

    Que les sacrifices offerts en votre présence, Seigneur, soient consumés par ce feu divin qui, par l’Esprit Saint, embrasa les cœurs des disciples du Christ votre Fils.

  • Jeudi de Pentecôte

    La liturgie de ce jour est la même que celle du jour de la Pentecôte, en dehors des lectures de la messe. Voici une séquence de sainte Hildegarde pour la Pentecôte.

    O ignis Spiritus paracliti
    vita vitæ omnis creaturæ

    Ô feu de l'Esprit Paraclet, vie de la vie de toute créature

    Sanctus es vivificando formas

    Tu es saint, toi qui vivifies les formes

    Sanctus es unguendo
    periculose fractos

    Tu es saint, toi qui couvres de baume les dangereuses fractures

    Sanctus es tergendo fœtida vulnera

    Tu es saint, toi qui panses les fétides blessures

    O spiraculum sanctitatis
    o ignis caritatis
    o dulcis gustus in pectoribus
    et infusio cordium
    in bono odore virtutum

    Ô souffle de sainteté, ô feu de charité, ô douce saveur dans les poitrines, et infusion des cœurs, en bonne odeur de vertus

    O fons purissimus,
    in quo consideratur
    quod Deus alienos colligit
    et perditos requirit

    Ô très pure fontaine où l'on voit que Dieu rassemble les étrangers et recherche les égarés

    O lorica vitæ
    et spes compaginis
    membrorum omnium
    et o cingulum honestatis
    salva beatos

    Ô cuirasse de la vie, et espoir de l'union de tous les membres, et ô ceinture de noblesse, sauve les bienheureux !

    Custodi eos
    qui carcerati sunt
    ab inimico
    et solve ligatos
    quos divina vis
    salvare vult

    Garde ceux qui ont été emprisonnés par l'ennemi et délivre ceux qui sont enchaînés, ceux que veut sauver la divine puissance !

    O iter fortissimum
    quo penetravit omnia
    in altissimis
    et in terrenis
    et in omnibus abyssis
    tu omnes componis
    et colligis

    Ô chemin très puissant, qui pénètre tout, dans les hauteurs et sur la terre, et dans tous les abîmes, tu réunis et rassembles tous les êtres !

    De te nubes fluunt
    æther volat
    lapides humorem habent
    aquæ rivulos educunt
    et terra viriditatem sudat

    Par toi les nuages s’écoulent, l’éther vole, les pierres ont une source, les eaux se font ruisseaux et la terre transpire la verdure.

    Tu etiam semper
    educis doctos
    per inspirationem sapientiæ
    lætificatos

    C'est toi aussi qui toujours mènes les doctes et les remplis de joie par l'inspiration de ta sagesse.

    Unde laus tibi sit
    qui es sonus laudis
    et gaudium vitæ
    spes et honor fortissimus
    dans præmia lucis. Amen.

    Donc, louange à toi qui fais résonner les louanges et qui es la joie de la vie, espoir et honneur et force très puissante, toi qui donnes la récompense de la lumière. Amen.

  • Mercredi des quatre temps

    « Malgré le jeûne solennel des Quatre-Temps d’été, la messe stationnale de ce jour a un caractère nettement festif, et évoque les temps qui suivirent le pontificat de saint Léon le Grand alors qu’une octave solennelle, semblable à celle de Pâques, ayant été attribuée à la Pentecôte, le jeûne fut retardé de quelques semaines. Pendant plusieurs siècles, les deux traditions romaines se disputèrent la victoire ; mais finalement, au XIe siècle, Grégoire VII, tout en conservant à l’office de cette semaine son caractère festif, rétablit les Quatre-Temps d’été à leur ancienne place, c’est-à-dire après le mardi de Pentecôte. »

    Telle est l’explication que donne le bienheureux cardinal Schuster à ce qui paraît en effet comme une anomalie liturgique : nous avons des quatre temps au milieu de la deuxième semaine la plus festive de l’année, et la liturgie de ce jour, en rouge, qui a le Gloria, qui vibre de tous ses alléluias et se déroule tout entière sous le signe de la Pentecôte, ne fait pas la moindre allusion aux thèmes spécifiques des quatre temps, en cette saison l’offrande des prémices, et à la pénitence du jeûne. A peine le fait qu’il y ait deux lectures avant l’Evangile indique-t-il que ce n’est pas tout à fait une messe « normale » de l’octave.

    Mais c’est une belle pédagogie que ce jeûne en pleine fête. Voilà que nous avons chanté l’alléluia de la Résurrection pendant 40 jours, et pendant 10 jours de plus après l’Ascension, et qu’on nous donne encore une octave supplémentaire, mais attention, c’est fini, vous n’êtes pas encore au paradis, vous êtes toujours sur terre, sur cette terre où l’on mange son pain à la sueur de son front et où l’on doit se reconnaître profondément pécheur. Alors, avant même que se terminent les derniers échos de l’Alléluia pascal, il faut retrouver le chemin de la pénitence. Jeûner et chanter alléluia, finalement, c’est bien notre lot. Le bon chemin du ciel sur cette terre.

  • Mardi de la Pentecôte

    Ce jour est l’un des quatre jours de l’année où l’évangile parle du « bon pasteur ». Pourquoi en cette semaine de la Pentecôte ? L’explication habituelle est que cet évangile s’adresse d’abord aux nouveaux baptisés. De fait la Vigile de la Pentecôte, qui était autrefois presque identique à celle de Pâques, était également une nuit de baptêmes, et la liturgie de l’octave de le Pentecôte fait de nombreuses allusions au baptême et aux néophytes. Ainsi, l’évangile du bon pasteur avertit les nouveaux baptisés de se garder des « voleurs », des « brigands » et des « étrangers » qui veulent se faire passer pour des bergers : il s’agit des hérésiarques et des chefs de sectes. Que le baptisé veille à rester dans le troupeau catholique sous la conduite des pasteurs légitimes.

    Il serait logique toutefois que l’évangile en ce jour nous parle aussi du Saint-Esprit. Dom Pius Parsch suggère que le Bon Pasteur, ici, c’est le Saint-Esprit : Jésus le bon Pasteur est monté au Ciel et il nous a envoyé le Paraclet, le Consolateur, qui est aussi le guide de l’Eglise, donc le Bon Pasteur, qui veillera à ce que les brebis aient la vie et l’aient en abondance.

    Tout ce qui est à une personne divine appartient aux deux autres personnes, donc effectivement le Saint-Esprit peut être qualifié de Bon Pasteur après la Pentecôte.

    Saint Augustin, quant à lui, avait trouvé une autre solution. S’agit-il d’un sermon d’un jour après la Pentecôte ? On n’en sait rien. Toujours est-il que dans le sermon qu’il a inclus dans son Traité sur l’évangile de saint Jean, il explique pourquoi on peut voir le Saint-Esprit dans le portier.

    D’abord il explique magnifiquement comment Jésus est à la fois la porte, le portier et le pasteur. Il ajoute que Jésus est aussi la brebis (qu’on mène à l’abattoir), l’agneau (immolé), le lion (de Juda)… et la pierre sur laquelle est assis le pasteur.

    Il revient à la question de la porte et du portier, pour montrer qu’il n’y aucune difficulté à reconnaître que le portier qui ouvre la porte est Jésus qui s’ouvre lui-même pour se faire connaître. Il poursuit :

    « Inutile de chercher une autre explication; je ne vois à cela aucune nécessité, mais peut-être en aurais-tu la volonté ; si tel est ton désir, ne divague pas, ne cherche pas en dehors de la Trinité. Veux-tu qu’une personne différente de la seconde soit le portier? Suppose que c’est le Saint-Esprit : certainement, il ne dédaignera pas d’être le portier, puisque le Fils n’a pas dédaigné d’être la porte. Regarde donc le Saint-Esprit comme étant le portier; parlant du Saint-Esprit à ses disciples, le Sauveur lui-même a dit : “Il vous enseignera « toute vérité.” Qui est la Porte ? Le Christ. Qu’est-ce que le Christ ? La Vérité. Qui est-ce qui ouvre la porte, sinon Celui qui enseigne toute vérité ? »

  • Lundi de Pentecôte

    Le sublime commentaire de saint Augustin sur l’évangile du jour, qui traite en quelque sorte du premier effet du Saint-Esprit.

    Le médecin vient guérir le malade, autant qu’il est en lui. Celui qui refuse d’observer les prescriptions du médecin se donne à lui-même la mort. Le Sauveur est venu dans le monde. Pourquoi a-t-il été appelé Sauveur du monde, sinon parce qu’il est venu pour sauver le monde et non pour le juger ? Tu ne veux pas être sauvé par lui, tu seras jugé par l’effet de ta volonté même. Que dis-je, tu seras jugé ? Écoute ce qu’il dit : « Celui qui croit en lui n’est point jugé, mais qui ne croit point » ; que penses-tu qu’il va dire ? qu’il sera jugé ? Voici ce qu’il ajoute : « Il est déjà condamné. » Le jugement n’a pas encore été publié, et déjà la sentence est prononcée.

    Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui, il connaît ceux qui doivent demeurer pour la couronne, ceux qui doivent demeurer pour les flammes. Il connaît dans son aire le froment, il connaît aussi la paille ; il connaît le bon grain, il distingue aussi l’ivraie. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé. » Pourquoi ? « Parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

    Or, voici la cause de ce jugement, c’est que la lumière est venue dans le monde et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière : leurs œuvres en effet étaient mauvaises. » Mes frères, quels sont ceux dont les œuvres ont été trouvées bonnes par le Seigneur ? Il n’y en a pas. Il a trouvé leurs œuvres à tous, mauvaises.

    Comment donc quelques-uns ont-ils agi selon la vérité et sont-ils venus à la lumière ? Car c’est ce que dit la suite : « Celui qui accomplit la vérité vient à la lumière. »

    « Les hommes, dit le Seigneur, ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. » Là se trouve la force du raisonnement. Il en est beaucoup, en effet, qui ont aimé leurs péchés, il en est beaucoup qui les ont confessés ; celui qui confesse ses péchés et s’en accuse, agit conjointement avec Dieu. Dieu accuse tes péchés ; si toi aussi tu les accuses, tu te joins à Dieu. L’homme et le pécheur sont comme deux choses distinctes. Tu m’entends nommer l’homme, il est l’ouvrage de Dieu ; tu m’entends nommer le pécheur, il est l’ouvrage de l’homme. Détruis ce que tu as fait, afin que Dieu sauve ce qu’il a fait lui-même. Il faut que tu haïsses en toi ton œuvre, et que tu aimes en toi l’œuvre de Dieu. Lorsque ce que tu as fait aura commencé à te déplaire, l’accusation du mal que tu as commis sera le commencement de tes bonnes œuvres. Le commencement des bonnes œuvres, c’est l’aveu des œuvres mauvaises.