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Liturgie - Page 399

  • Saint Alexis

    En toi nous reconnaissons
    l'homme de Dieu par le nom et par les faits,
    car tu brillas par tes vertus,
    en acquérant sur terre la gêne, l'immense pauvreté;
    tes miracles ont affermi
    les croyants dans la foi;
    intercède pour qu'à nos âmes soient données
    la paix et la grâce du salut.

    Sous la rosée d'amour divin,
    Alexis, tu as éteint
    le brûlant amour de la chair,
    car tu échangeas le lit nuptial pour la demeure de l'Epoux
    et les charnelles voluptés
    pour la ressemblance avec les Anges de Dieu;
    avec eux intercède pour qu'à nos âmes soient données
    la paix et la grâce du salut.

    Tu demeures, inconnu,
    à la porte de tes nobles parents,
    bienheureux Père, longtemps accablé,
    insulté par tes propres serviteurs;
    tu te révèles, en mourant,
    par les miracles accomplis,
    chassant les esprits pernicieux
    et guérissant les maladies.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit,
    Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

    Stichère du lucernaire (vêpres) de la fête de saint Alexis, dans la liturgie byzantine. Comme je le soulignais l’an dernier, chaque strophe de cet office (sans même parler des textes antiques sur lesquels il est fondé) est une claque retentissante pour les misérables « experts » qui ont supprimé saint Alexis du (néo)calendrier en prétendant que c’était une légende occidentale inventée au moyen âge : il est impensable que les orthodoxes, après le schisme, aient composé un office d'après une légende occidentale...

  • Commémoraison de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel

    Les carmes ont tenté de faire remonter leur ordre au prophète Elie, sur le mont Carmel. La légende du bréviaire est émouvante, en ce qu’elle tentait encore, avant la réforme de 1963, de faire remonter l’ordre du carmel aux premiers chrétiens. En fait, on sait que l’origine lointaine de l’ordre est un prêtre de Calabre qui s’était installé au XIe siècle sur le mont Carmel où il trouva des ruines d'anciens monastères, et qui fit de nombreux disciples, lesquels durent s’exiler à Chypre, puis en Europe, après les croisades. L’ordre eut un énorme succès : il n’y a guère de ville en Europe qui n’ait une rue des Carmes. Les plus grands saints du Carmel sont saint Jean de la Croix et les deux saintes Thérèse.

    Le saint jour de la Pentecôte, les Apôtres, divinement inspirés, parlaient en diverses langues et faisaient beaucoup de prodiges par l’invocation du très auguste nom de Jésus. Or, on rapporte qu’en ce même jour, nombre d’hommes, qui avaient marché sur les traces des saints Prophètes Élie et Elisée, et que Jean-Baptiste, par sa prédication, avait préparés à l’avènement du Christ, ayant reconnu et constaté la vérité des choses, embrassèrent la foi de l’Évangile. Ayant eu le bonheur de jouir des entretiens et de l’intimité de la bienheureuse Vierge Marie, ils commencèrent à la vénérer et à l’aimer tout particulièrement. Les premiers d’entre les Chrétiens, ils construisirent un sanctuaire à la Vierge très pure, sur le mont Carmel, à l’endroit même où Élie avait jadis vu s’élever une nuée, figure de la Vierge.

    Ils se réunissaient donc plusieurs fois le jour dans le nouvel oratoire, et honoraient par de pieuses pratiques, des prières et des louanges, la très sainte Vierge, en qualité d’insigne protectrice de leur Ordre. Aussi, commença-t-on dès lors à les appeler partout : les Frères de la Bienheureuse Marie du Mont-Carmel. Non contents de ratifier cette dénomination, les souverains Pontifes accordèrent des indulgences spéciales à ceux qui désigneraient sous ce titre l’Ordre en général et les Frères en particulier. Avec l’honneur de son nom et sa tutélaire bienveillance, la sainte Vierge leur octroya généreusement la marque distinctive d’un scapulaire sacré. Elle le donna au bienheureux Simon, religieux anglais, pour distinguer cet Ordre saint de tous les autres, et le préserver des malheurs à venir. Mais, parce que cet Ordre n’était pas répandu en Europe, on multiplia les instances auprès d’Honorius III, afin qu’il le supprimât. C’est alors que la très bonne et compatissante Vierge Marie apparut pendant la nuit à ce Pape et lui signifia d’accorder sa bienveillance à l’Institut et à ses membres.

    Ce n’est pas seulement en ce monde que la sainte Vierge a voulu combler de prérogatives un Ordre qui lui est si cher. Une pieuse croyance admet volontiers que, dans l’autre monde aussi (car sa puissance et sa miséricorde étendent en tous lieux leur influence), elle soulage, par un effet de son amour vraiment maternel, ceux de ses enfants qui subissent l’expiation du purgatoire, et les introduit le plus tôt possible dans la patrie céleste, grâce à son intervention, lorsque, enrôlés dans la confrérie du scapulaire, ils ont pratiqué de légères abstinences, récité les quelques prières prescrites et gardé la chasteté, eu égard à leur état de vie. Ainsi comblé de tant et de si grandes faveurs, cet Ordre institua une solennelle Commémoraison de la bienheureuse Vierge Marie, à célébrer perpétuellement chaque année en l’honneur de cette Vierge glorieuse.

  • Saint Henri

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    Le couronnement d’Henri II, dans le Sacramentaire d’Henri II, réalisé du vivant de l'empereur à l'abbaye Saint-Emmeran de Ratisbonne entre 1002 et 1014 (Bibliothèque d’Etat de Bavière)

    Deus, qui hodiérna die beátum Henrícum Confessórem tuum e terréni cúlmine impérii ad regnum ætérnum transtulísti : te súpplices exorámus ; ut, sicut illum, grátiæ tuæ ubertáte prævéntum, illécebras sǽculi superáre fecísti, ita nos fácias, eius imitatióne, mundi huius blandiménta vitáre, et ad te puris méntibus perveníre. Per Dóminum nostrum...

    O Dieu, en ce jour, vous avez fait passer le bienheureux Henri, votre Confesseur, du sommet de l’empire de la terre au royaume du ciel : nous vous demandons en suppliant que, comme en le prévenant par l’abondance de votre grâce, vous l’avez fait triompher des attraits du siècle, vous nous fassiez aussi, à son imitation, éviter les séductions du monde et parvenir jusqu’à vous avec des cœurs purs.

  • Saint Pie Ier

    Pastorem vero nuperrime temporibus nostris in urbe Roma Hermas conscripsit, sedente in cathedra urbis Romæ Ecclesiæ Pio episcopo fratre eius.

    Récemment, en nos temps, Hermas écrivit à Rome le ‘Pasteur’, son frère Pie, évêque, siégeant sur la chaire de l’Église de la ville de Rome.

    C’est ce qu’on lit dans le « Fragment de Muratori », qui est le plus ancien canon des Ecritures, et cette phrase est celle qui permet de dater le texte vers l’époque de saint Pie Ier, donc à la fin du IIe siècle.

    La famille Pudens, qui avait autrefois accueilli saint Pierre, fit d’une de ses maisons une église confiée aux frères Hermas et Pie, qui y firent de nombreux baptêmes. Cette église, qui était donc l’église du pape, est sans doute la plus ancienne de Rome. C’est la basilique Pudentienne, ou « du Pasteur », devenue Sainte-Pudentienne, et l’on voit encore les restes du baptistère dans le chœur.

  • Les sept frères martyrs, saintes Rufine et Seconde

    La fête des sept frères martyrs (et de leur mère Félicité qui, ayant été martyrisée plus tard, fut ensuite célébrée le 23 novembre, avant de disparaître derrière saint Clément*) est l’une des plus anciennes fêtes de martyrs à Rome. Et c’était aux temps antiques une très grande fête, que le cardinal Schuster raconte par le menu. Elle était précédée d’une vigile jeûnée, avec une messe propre, et le jour de la fête on célébrait quatre messes, aux quatre lieux du martyre des sept frères : Félix et Philippe au cimetière de Priscille, Vital, Martial et Alexandre au cimetière des Jordani, Silain au cimetière de Maxime, Janvier au cimetière de Prétextat. La crypte de ce dernier fut retrouvée au XIXe siècle par le grand découvreur de tombeaux Jean-Baptiste De Rossi, avec l’inscription du pape saint Damase :

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    Le cardinal Schuster cite une belle préface du sacramentaire léonien pour cette fête :

    Vere dignum et justum est... Quoniam magna sunt opera tua, Domine, et immensa magnalia, per quæ nobis lætitia hodiernæ felicitatis accessit. Vere enim Felicitatis filii, et vera est suorum Felicitas Filiorum ; quos et casto fœtu sancti coniugii Mater fœcunda progenuit, et rursus, confessionis sacrosanctæ visceribus Martyr beata conceptos, per fidem denuo felicius peperit Martyres ad coronam. Per Christum Dominum nostrum…

    Car vos œuvres sont grandes, Seigneur, et immenses vos hauts-faits, par lesquels nous est donnée la joie de la félicité d’aujourd’hui. En effet ce sont vraiment des fils de Félicité, et elle est la vraie Félicité de ses Fils ; la Mère féconde les a engendrés dans le mariage saint, et de nouveau, la bienheureuse martyre a conçu par les entrailles de la sacrosainte confession, et par la foi elle donna naissance avec encore plus de félicité à des martyrs promis à la couronne.

    * Elle est néanmoins très présente dans la messe de ce jour.

  • Le psaume 28

    Le psaume 28 est un des textes les plus extraordinaires du psautier. Déjà il attire l’attention par son style particulièrement archaïque, avec ses sept propositions sans verbe commençant par « Vox Domini » : voix du Seigneur. On remarque aussi que le nombre se décompose en 2 et 8 : il insiste donc sur le caractère christique du psaume : 8, nombre du Christ, 2, nombre du Christ aussi par les deux natures et les deux préceptes de la charité. En outre, 2+8=10, les dix commandements. 28, c’est aussi 4x7 (le 4 de la création : membres de l’homme, éléments, points cardinaux ; le 7 de la totalité de la création par la Trinité). Et encore, le nombre 28 est un nombre parfait. Le nombre parfait est celui qui est le même que la somme de ses diviseurs. Les deux premiers nombres parfaits sont 6 (1+2+3) et 28 (1+2+4+7+14), et tous les suivants se terminant par 6 ou 28. (6 est un nombre parfait parce que la création a été faite en 6 jours et qu’elle a été refaite par le Christ crucifié le 6e jour à la 6e heure.)

    Enfin, en opérant ce qu’on appelle une agrégation, c’est-à-dire en additionnant les chiffres à partir de 1, on s’aperçoit qu’on arrive à 28 quand on a tout additionné jusqu’au 7 (1+2+3+4+5+6+7). Or dans le psaume 28 il y a sept fois la « Voix du Seigneur ». Ce psaume a été logiquement choisi pour être le premier psaume des matines de l’Epiphanie : la voix du Seigneur sur les eaux. C’est donc de ce point de vue le psaume du baptême du Christ, qui est l’un des mystères de l’Epiphanie, et le premier que célèbrent les matines, comme on le voit aussi par les deux premiers répons. Baptême où l’on voit le Saint-Esprit venir sur Jésus sous l’apparence d’une colombe, et donc apporter ses sept dons : le 7 de l’agrégation qui fait 28, et qui multiplié par 4 faire encore 28.

    Mais ce psaume est aussi un psaume de l’Epiphanie, de la Manifestation divine, par sa façon de révéler le Dieu caché en son centre même.

    Car il est construit comme une double boîte, qui renferme un trésor : le Christ qui attend qu’on aille le chercher.

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    La première boîte est constituée par les deux premiers et les deux derniers versets.

    Dans les deux premiers versets, on a quatre fois l’expression « Apportez au Seigneur ». Dans les deux derniers versets, on a quatre fois le mot « le Seigneur » comme sujet de quatre actions. Quatre et quatre font huit, le huit qui est le nombre du Christ.

    Ce huit se divise donc en deux. On ouvre la boîte, et l’on trouve les versets centraux, qui comportent sept fois l’expression « Voix du Seigneur » (1).

    Sept est le nombre de la perfection. Il est constitué de 4 et 3. Or il y a d’abord quatre fois la « voix du Seigneur », puis un verset qui ne comporte pas cette expression, puis trois fois la « voix du Seigneur ».

    On ouvre la seconde boîte, divisée en quatre et trois. Et l’on découvre « le bien-aimé ». Qui était annoncé par la boîte quatre et trois, puisque quatre est le nombre de l’homme et trois le nombre de Dieu : le bien-aimé est le fils de l’homme et le fils de Dieu. Et le bien-aimé était annoncé dès la première boîte, puisque huit est le nombre du Christ.

    Au cœur de ce psaume, de façon un peu décalée à cause de la dissymétrie du nombre 7, mais au centre exact si l’on ajoute une doxologie, on a donc le bien-aimé. Le bien-aimé qui est comme un fils de licornes. Ou plutôt « comme le fils des licornes ». Le fils unique de toutes les licornes. C’est-à-dire Celui qui concentre en sa personne toute la puissance de toutes les licornes (de toutes les « cornes uniques »), or la licorne est le symbole de la puissance, la puissance à l’état brut, qui peut servir pour le bien comme pour le mal, pour persécuter le fils de l’homme, comme dans le psaume 21, ou qui est l’exaltation même du fils de l’homme, du bien-aimé, au centre de ce psaume, au milieu de l’orage apocalyptique de Dieu qui se rend présent.

    Ce psaume est d’autre part un psaume de sacrifice. Les « afferte » du début sont des appels à apporter l’animal du sacrifice : des petits de béliers, précise le premier verset. Le dernier verset nous donnera le fruit du sacrifice : la puissance, la bénédiction et la paix. Au centre du psaume a eu lieu le sacrifice : celui du Bien Aimé, bien plus que fils de bélier, fils de licornes.

    (1) « Quand il cria, les sept tonnerres firent entendre leurs voix. Et quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j'allais écrire ; et j'entendis du ciel une voix qui disait : Scelle ce qu'ont dit les sept tonnerres, et ne l'écris pas » (Apocalypse 10, 3-4).

    Traduction française

    Apportez au Seigneur, fils de Dieu, apportez au Seigneur les fils des béliers.

    Apportez au Seigneur gloire et honneur, apportez au Seigneur la gloire de son nom, adorez le Seigneur en son saint parvis.

    Voix du Seigneur sur les eaux : le Dieu de majesté a tonné, le Seigneur au-dessus des grandes eaux.

    Voix du Seigneur en force, voix du Seigneur en magnificence.

    Voix du Seigneur brisant les cèdres ; et il brisera, le Seigneur, les cèdres du Liban.

    Et il les mettra en pièces comme le veau du Liban, et le bien-aimé est comme un fils de licornes.

    Voix du Seigneur fendant la flamme de feu, voix du Seigneur qui ébranle le désert, et le Seigneur agitera le désert de Cadès.

    Voix du Seigneur préparant les cerfs, et elle mettra à nu les forêts. Et dans son temple tous diront sa gloire.

    Le Seigneur fait habiter le déluge, et le Seigneur siégera, roi pour l’éternité.

    Le Seigneur donnera la force à son peuple, le Seigneur bénira son peuple dans la paix.

  • Sainte Elisabeth de Portugal

    Opes decúsque régium relíqueras,
    Elísabeth, Dei dicáta númini :
    Recépta nunc beáris inter Angelos ;
    Libens ab hóstium tuére nos dolis.

    Tu as renoncé à l’opulence et aux honneurs du trône,
    Élisabeth, pour te consacrer au service de la divine majesté :
    admise parmi les Anges et désormais bienheureuse,
    qu’il te plaise de nous protéger contre des ennemis perfides.

    Præi, viámque, dux salútis, índica :
    Sequémur : O sit una mens fidélium,
    Odor bonus sit omnis áctio, tuis
    Id ínnuit rosis opérta cáritas.

    Sois notre guide et montre-nous le chemin du salut :
    nous te suivrons : Oh ! puissent les fidèles avoir un même esprit,
    que toutes leurs actions soient de bonne odeur,
    comme ta charité dissimulée sous des roses.

    Beáta cáritas, in arce síderum
    Potens locáre nos per omne sǽculum :
    Patríque, Filióque summa glória,
    Tibíque laus perénnis, alme Spíritus.
    Amen.

    Bienheureuse charité, tu as le pouvoir de nous placer
    pour toujours au plus haut des cieux ;
    gloire souveraine au Père et au Fils,
    et à vous, Esprit vivifiant, louange éternelle.
    Amen.

    Hymne des laudes, d’Urbain VIII. La « charité dissimulée sous des roses » fait allusion à un miracle : un jour de plein hiver qu’Elisabeth allait porter de l’argent à des pauvres, serrant des pièces dans sa robe, elle rencontra son mari le roi qui commençait à trouver que la générosité de sa femme devenait excessive. Mais celle-ci étendit sa robe et au lieu de pièces de monnaie il tomba des roses. Un miracle semblable (avec des pains au lieu de pièces) est attribué à sa grand-tante sainte Elisabeth de Hongrie.

  • Saints Cyrille et Méthode

    On connaît la vie des deux frères. Au temps d’Hadrien II, Rome les vit entrer triomphalement dans ses murs, suivis d’une troupe choisie de disciples chargés d’un précieux fardeau : les reliques du martyr Clément trouvées par eux en Chersonèse.

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    Derrière le cercueil porté par des diacres, marche d’abord le pape Nicolas Ier avec les deux frères Cyrille et Méthode, à droite et à gauche. Le Pontife est revêtu de la chasuble et du pallium, et son front est couronné du regnum ; tandis que les apôtres des Slaves ont une simple chasuble sous laquelle descendent, sur la tunique, les bandes de l’étole. Deux clercs portent les férules épiscopales des deux frères, et le Pape n’en a pas. Il est remarquable que le nimbe rond orne seulement la tête de Nicolas et de saint Cyrille ; on s’explique d’ailleurs facilement l’absence de ce signe de vénération liturgique autour de la tête de Méthode. Le peintre romain du XIe siècle n’avait connaissance que de la vénération dont était l’objet dans la Ville la mémoire de Nicolas Ier et de Cyrille, et il ignorait entièrement le sort de l’autre apôtre des Slaves mort en 885 en Moravie.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • 4e dimanche après la Pentecôte

    « Nous aussi qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons intérieurement tandis que nous attendons (...) la Rédemption de notre corps. » Dans l'épître aux Romains, saint Paul voit cette « rédemption du corps » dans une dimension anthropologique et en même temps cosmique. La création en effet « était soumise à la contingence ». Toute la création visible, tout le cosmos, porte en lui les effets du péché de l'homme. « Toute la création gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. » Et en même temps, toute « la création (...) attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » et « elle nourrit l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu ».

    La rédemption de notre corps, selon Paul, est l’objet de l’espérance. Cette espérance a été implantée dans le cœur de l'homme, dans un certain sens, immédiatement après le premier péché. Il suffit de rappeler les paroles du livre de la Genèse qui ont été traditionnellement définies comme le « proto-évangile » (Genèse 3, 15)et donc, pourrait-on dire, comme le début de la Bonne Nouvelle, la première annonce du salut. La rédemption du corps est liée, selon les paroles de l'épître aux Romains, précisément à cette espérance selon laquelle – comme nous le lisons – « nous avons été sauvés ». Par l’espérance, qui remonte aux origines mêmes de l’homme, la rédemption du corps a sa dimension anthropologique : elle est la rédemption de l'homme. En même temps elle irradie, en un certain sens, sur toute la création qui, depuis l’origine, a été liée d’une manière particulière à l'homme et lui a été subordonnée. La rédemption du corps est donc la rédemption du monde : elle a une dimension cosmique.

    En présentant dans l’épître aux Romains l’image « cosmique » de la rédemption, Paul de Tarse place l'homme en son centre même, exactement comme « à l’origine » celui-ci avait été placé au centre de l'image de la création. C'est précisément cet homme, ce sont les êtres humains, qui possèdent « les prémices de l'Esprit », qui gémissent intérieurement en attendant la rédemption de leur corps. Le Christ, qui est venu pour révéler pleinement l'homme à lui-même et lui faire découvrir la sublimité de sa vocation, parle dans l'Evangile de la profondeur divine même du mystère de la rédemption qui trouve précisément en Lui son sujet « historique » spécifique. Par conséquent, le Christ parle au nom de cette espérance qui a été implantée dans le cœur de l'homme déjà dans le « proto-évangile ». Le Christ donne son accomplissement à cette espérance, non seulement par les paroles de son enseignement, mais surtout par le témoignage de sa mort et de sa résurrection. Ainsi donc, la rédemption du corps a déjà été accomplie dans le Christ. En Lui a été confirmée cette espérance dans laquelle « nous avons été sauvés ». Et en même temps, cette espérance a été rouverte à nouveau vers son accomplissement définitif eschatologique. « La révélation des fils de Dieu » dans le Christ a été définitivement orientée vers cette « liberté et gloire » à laquelle doivent participer définitivement les « enfants de Dieu ».

    Saint Jean-Paul II, La théologie du corps (éditions du Cerf, 2014, p. 431).

  • Saint Antoine Marie Zaccaria

    Fondateur des Clercs de saint Paul, dits barnabites, il fut canonisé par Léon XIII en 1897. La messe est déjà moderne à la façon de la récente révolution liturgique : outre l’épître, sont de saint Paul aussi (pour insister lourdement sur « clercs de saint Paul ») l’introït, le graduel, l’alléluia et la communion, avec des versets qui font spécifiquement allusion à la vie du saint, de même que l’épître, l’évangile et les oraisons…

    On remarquera spécialement la postcommunion :

    Cælésti dape, qua pasti sumus, Dómine Iesu Christe, eo corda nostra caritátis igne flamméscant : quo beátus Antónius María salutáris hóstiæ vexíllum, contra Ecclésiæ tuæ hostes, éxtulit ad victóriam : Qui vivis…

    Seigneur Jésus-Christ, que par le banquet céleste où nous avons reçu notre nourriture, notre cœur s’enflamme de ce feu de la charité, par lequel le bienheureux Antoine-Marie a élevé contre les ennemis de votre Église, l’étendard de l’hostie salutaire.

    Il s’agit d’une allusion à l’adoration eucharistique des quarante heures. Cette dévotion commença à Milan en 1527, à l’instigation d’un certain Jean-Antoine Bellotti, mais c’est saint Antoine Marie Zaccaria qui fut aussitôt son grand promoteur. Dès 1592, Clément VII recommandait cette dévotion et en fixait les règles dans sa constitution Graves et diuturnae. La prière de 40 heures devant le Saint-Sacrement symbolise les 40 heures pendant lesquelles le Christ est resté au tombeau. Mais ce nombre de 40 est aussi, notamment, celui de la pénitence, d’où les quarante heures qui furent instituées juste avant le carême (en réparation des péchés du carnaval).